Premiers pas en terres guatémaltèques

Zipolite, Lago Atitlan

 

Mardi 2 mai, nous disons au revoir au RV rancho Park.

Le gros camping-car file au storage pour quelques mois, tandis qu’à chaudes larmes nous laissons nos amis mexicains. Une autre aventure nous attend cette fois, avec le petit véhicule !

 

 

L’un reste, l’autre part

 

 

En route pour le Guatemala !

 

 

A ce moment là, nous avons (encore) le projet de filer plein sud pour arriver au Panama dans quelques semaines, mais notre objectif de la semaine est plus modeste : longer le Pacifique pour se baigner dans ses eaux à 30 degrés.

 

 

Genre, celles là !

 

Je vise un camping à Zipolite qui, sur le papier a l’air pas mal : il s’appelle « Los mangos » et se trouve à proximité de la plage. Après 8 h de route de pure montagne depuis Oaxaca, nous y arrivons en fin d’après-midi bien fatigués. Le cadre est sympa : le camping est rempli de manguiers croulant sous les fruits mûrs. Pas un moustique à l’horizon … On s’installe confiants, d’autant que le coucher de soleil sur la plage est magnifique. Comme un mec est secouru sous nos yeux in extremis de la noyade par les secouristes, on renonce à faire trempette dans le coin…

 

 

A défaut on se goinfre de mangues hihi

 

C’est en se couchant qu’on se rend compte, qu’encore une fois en bord de Pacifique, on n’a ni anticipé l’épouvantable chaleur qui y règne, ni les bestioles qui se régalent de nos chaires fraîches de vacanciers. Ne pouvant climatiser le van, faute d’ampérage suffisant dans le camping pour le brancher, nous nous couchons portes et fenêtres ouvertes et nous réveillons (si on peut dire, car nul n’a fermé l’oeil), avec environ 150 piqûres (je vous jure que c’est vrai) de mouches des sables sur les jambes. L’horreur !!! Mes guiboles sont défigurées !!! Je suis dégoutée et un peu effrayée, il faut en convenir.

 

 

Un petit morceau de jambe

 

 

Pas question de rester là. On file. Tant pis pour la baignade. Direction la frontière. Une nuit de bivouac sauvage à Salina Cruz, puis une nuit dans un pasa dia dans le Chiapas et nous arrivons à Ciudad Hidalgo, ville frontière.

 

 

 

 

Et c’est là que les emmerdes (re)commencent

 

 

Pour tout vous dire, je me doutais que passer la frontière avec notre véhicule n’allait pas être de tout repos. Intuition féminine ? Oui, mais pas seulement hihi. En fait, nous savions qu’il n’était pas complètement en règle avec le Mexique. D’abord, car des étrangers n’ont officiellement pas le droit de se vendre des véhicules entre eux  (même si beaucoup de voyageurs le font) : or, nous avons acheté le nôtre (plaqué aux USA) à un français sur le territoire mexicain. Ensuite, nous l’avons fait réimmatriculer aux USA, sans y aller, pour avoir ses papiers et ses plaques à notre nom (ce qui est légal pour les US). Une fois fait, le véhicule était certes à notre nom, mais son certificat d’importation temporaire mexicain (TIP) était toujours à celui de l’ancien propriétaire. Or, en passant la frontière mexicaine, il nous fallait faire annuler ce fameux TIP à la douane pour pouvoir, en revenant un jour au Mexique, le faire remettre à notre nom et être bien avec ses lois à 100 %.

 

C’est donc avec une certaine appréhension que nous nous pointons à la petite douane de Ciudad Hidalgo. C’est le désert, nous sommes seuls. Un peu dans nos petits souliers nous tendons le TIP à la douanière et demandons son annulation. Jusque là, tout va bien, car celle-ci ne vérifie pas notre identité et ne voit donc pas que Jérôme ne s’appelle pas Jean-François. Bueno… Sauf que, pour annuler le TIP, cette dernière doit faire une inspection préalable du véhicule et le prendre en photos. Gloups … Elle va s’apercevoir que le véhicule a changé de plaques … Nous sortons avec elle : inspection, photos… Pas un mot de reproches. Nous retenons notre respiration. « Suivez-moi au bureau ! …. C’est tout bon, circulez et bon voyage !!! ». Oufff ! Nous sommes passés sans aucun problème en 15 minutes chrono, formalités migratoires incluses.

 

Les services migratoires guatémaltèques

 

Nous traversons la rivière qui nous sépare de la douane guatémaltèque, bien guillerets et détendus. On passe le véhicule au désinfectant (allez savoir …), présentons nos carnets de vaccination covid, faisons tamponner nos passeports. Comme nous sommes presque seuls, ça va hyper vite et bien. Sans faute.

Il ne reste que le certificat d’importation temporaire du véhicule à faire établir. Cette fois, aucun risque, car vis à vis du Guatemela nous sommes 100 % en règle. Toujours tout seuls dans la douane, nous tendons fièrement le titre de propriété du van au douanier et là, le mec décide que le document ne lui convient pas. D’après lui, il est moche et écrit au stylo. Il en voudrait un beau et écrit à l’ordi. Sans rire. Je le regarde incrédule, mais le gars n’en démord pas. Si l’administration du Vermont ne nous délivre pas sur le champ un joli titre de propriété qui fasse plus officiel que le nôtre, il ne nous laisse pas rentrer au Guatemela. J’ai beau lui expliquer que nous n’en avons pas d’autres plus jolis à lui offrir et que le nôtre est tout à fait légal et officiel, il s’amuse avec nous comme un chat avec une souris. Rien à faire. Le temps passant, on finit par s’asseoir. Le mec jubile. Il n’a que ça à faire car nous sommes seuls, hormis un pauvre uruguayen à qui il gâche la vie pour des raisons presque comparables depuis 8 jours, le contraignant à dormir dans sa bagnole sur le parking de la douane depuis tout ce temps. Bueno… Il reste la fameuse prière à Dios. Je la tente. Et là, miracle, Dios nous entend et une cheffe passe par-là, reconnaissant que notre titre de propriété est certes tout pourri, mais valide. En 45 minutes supplémentaires (la maladie de la tamponnite aiguë qui oblige le préposé à tamponner 72 docs inutiles), par 36 degrés et 80 % d’humidité, l’affaire est réglée.

 

 

 

Nous entrons officiellement au Guatemala, furieux, mais soulagés. Désormais le van est en règle partout et nous pourrons revenir au Mexique avec des papiers totalement régularisés pour lui. C’était aussi l’une de nos raisons de sortir du pays ces jours-ci.

 

Premières impressions mitigées au Guatemala

 

La première impression du pays est étrange : une chaleur accablante, un trafic routier dense et chaotique, des dizaines de « reductores de velocidad », des petites villes qui se succèdent sans fin, des piétons qui traversent n’importe où …. Nous avançons à 20 à l’heure et c’est très agaçant d’être bloqués ainsi.

 

 

 

 

Ce qui nous choque immédiatement, c’est la crasse ambiante. Après 5 ans passés auprès des colombiens, ratons-laveurs sud-américains, le contraste nous dégoûte : tout est dégueulasse, les maisons, les échoppes, les bords de routes jonchés d’ordures. On se croirait presque en Bolivie. En revanche, les prix demandés pour les denrées alimentaires et les choses de la vie courante, font eux penser à ceux de Panama City ! Tout est au minimum 30%  plus cher qu’au Mexique ! On hallucine !

 

 

Poussez pas derrière

 

Sur ce, nous quittons la panaméricaine pour partir en direction du lac Atitlan. Il nous faudra environ 6 heures pour y parvenir, ce qui nous contraint à dormir sur le parking d’une station service. C’est un mirador, mais à cause du brouillard, nous ne voyons ni lac, ni volcans. Et, en plus, il fait un froid de canard hihi.

 

Sans brouillard c’est mieux

 

Au réveil, nous filons vers le lac, dans le pueblo de Panajachel.

 

 

Au bord du lac Atitlan

 

 

Nous y arrivons un samedi matin et rencontrons Mary et Max, un bien sympa couple franco-canadien, qui bivouaque dans leur van sur les bords du lac depuis plusieurs semaines. La plage étant accueillante, juste en face des volcans, avec une vue de milliardaire, nous nous y établissons également. Notre expérience colombienne de nuits blanches musicales nous fait cependant redouter le pire, niveau bruit un soir de week-end. Pourtant, il n’y en aura aucun. Incroyable : pas un seul mec bourré écoutant du raggaeton à fond ! Dios est grand !

 

 

 

 

A midi, les bords du lac sont bondés. Des dizaines de familles guatémaltèques en tenues traditionnelles se baladent. Et quasiment aucun touriste étranger, puisque nous sommes les seuls.

 

 

 

La culture locale semble exiger que tout guatémaltèque présent abandonne sur la plage ou ses environs l’intégralité de ses détritus, emportés par le vent dans le lac. C’est consternant. Et répugnant. Mais comment est-il possible de se conduire ainsi dans un endroit aussi magique ??? Quand je pense que certains prétendent que les touristes internationaux polluent, qu’ils sortent de chez eux pour constater que bien souvent ce sont les locaux qui ravagent leurs propres sites naturels, alors que des poubelles sont mises à disposition…

 

 

On dirait bien que je n’exagère pas

 

Au milieu des ordures, des petits concerts attirent notre attention. Finalement, ce ne sont pas des concerts mais des groupes assistant à des messes « rock & roll » en plein air. Etant donné l’exaltation du « curé », je comprends que ce sont des protestants et apprendrai ensuite que ce sont des évangélistes. Depuis les années 60, beaucoup de catholiques se convertissent et il semblerait que les évangélistes soient devenus la première religion du pays. Reconnaissons qu’ils ont l’air de bien se marrer en chantant les louanges au petit Jésus. Le clou du spectacle est atteint quand le groupe se déplace soudainement au bord de l’eau pour procéder aux baptêmes d’adultes du jour. Presque comme Jean-Baptiste dans le Jourdain, le pasteur entre en costard cravate dans l’eau, jusqu’aux épaules, et fait tour à tour venir à lui les impétrants dans l’eau du lac Atitlan, entre deux roseaux et 3 bouteilles en plastoc flottant à sa surface. La foule est alors en délire et se presse pour voir « son » futur baptisé faire un plongeon en arrière tout habillé, sous la bénédiction du pasteur. Parfois, il arrive que le baptisé se noie. C’est rare, mais c’est arrivé en 2021, l’article dans le journal précisant que la famille avait été brisée de tristesse et … très honorée que Dieu ait pris aussi au sérieux le désir de sa brebis de se rapprocher de lui de la sorte. CQFD.

 

 

 

En attendant, ce lac, c’est un peu la cour des miracles. Il y a ceux qui s’y baptisent, ceux qui s’y baignent, ceux qui y font du bateau et … ceux qui s’y lavent ! Car, en effet, au village d’en face, nous croisons des dames d’un certain âge à moitié nues se savonnant sur les rives. Toujours au milieu des ordures et des touristes.

 

 

Le village d’en face, c’est celui de San Pedro de la laguna. On y accède en lancha pour 50 quetzales aller/retour par personne (environ 7 dollars). Le voyage sur le lac n’a pas grand intérêt car une fois dans le bateau, on ne peut rien voir de l’extérieur.

 

 

 

Le village, lui non plus, n’a pas grand intérêt architectural. Son église blanche, au milieu d’un joli parc est néanmoins jolie.

 

 

 

 

 

C’est surtout le marché du dimanche qui donne toute son animation au petit bled, avec tous les locaux en tenues qui font leurs courses.

 

 

 

L’ambiance en bord de lac est quant à elle plus internationalo-neo-baba-cool. Je n’ai pas détesté, sans être tombée en amour avec le lieu. C’est finalement un endroit assez étrange où les bobos vivent en bord de lac et les locaux au sommet du village, mais ne semblent pas vraiment se côtoyer.

 

 

2 neo hippies

 

 

De San Pedro, il est possible de rejoindre San Juan de la laguna en lancha ou en moto taxi. Le pueblo est mignonnet, organisé autour d’une rue principale dédiée aux touristes. Les prix affichés y sont dingues : 28 dollars le kilo de café organique, 500 dollars le dessus de lit brodé en motifs guatémaltèques naïfs, etc … Je ne sais pas qui achète à ce prix là, mais pas nous ! En soit, la visite du patelin se fait en une heure et les rues colorées sont mignonnes, tout comme les boutiques qui permettent d’observer les femmes tisser.

 

 

 

Néanmoins, je ne traverserai pas la planète pour visiter les pueblos du lac Atitlan qui restent assez basiques, si on est objectif. Des 3, j’ai largement préféré Panajachel avec sa plage très animée le WE, mais tranquille les nuits et en semaine. Le top du top pour bivouaquer en sauvage !

 

 

2 pensées sur “Premiers pas en terres guatémaltèques

  • 11 mai 2022 à 6 h 52 min
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    Bonjour à vous trois, toujours un plaisir de commencer, chère Valerie, une journée avec l’agréable lecture et découverte de vos aventures et si belles photos! Merci du partage et bonne route jusqu’a Panama, Luce

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