Panama : on n’est pas mal, mais le doute s’invite

Ciudad de Panama

 

Chers tous ! Bonne nouvelle ! Nous sommes toujours en vie ! Je rassure tous ceux qui se sont inquiétés de ne plus avoir de nos nouvelles sur ce site : tout va bien !

Quand j’ai bouclé mon dernier article, en juin, suite à notre voyage crevant pour arriver jusqu’à Ciudad de Panama, je concluais qu’il nous faudrait au-moins 2 mois pour nous en remettre et, finalement, 3 n’ont pas été de trop. 

 

Repos un peu forcé

 

Souvenez-vous que c’est épuisés par la chaleur terrible que nous franchissons le seuil de la porte de chez nous. De chez Uncle Sam nous ramenons un très joli souvenir clandestin : le covid bien planqué dans nos organismes ! BINGO !!!  Carlito débute, le refile à son père qui, avec générosité, me l’offre entre 2 quintes de toux et 3 crachats. Le séjour débute fort ! N’ayant ni voiture pour nous véhiculer chez un médecin, ni hôpital à proximité, ni voisin compatissant pour nous aider un peu, nous choisissons de nous confier à la bonne grâce de Dios et appliquons l’ordonnance du sage docteur Véran : doliprane, doliprane, doliprane et un peu d’eau pour ne pas mourir étouffés avec nos cachetons coincés au milieu de la gorge. 15 jours plus tard et autant de siestes interminables à 40 de fièvre, nous ressuscitons, totalement guéris. Les voies du Seigneur sont impénétrables.

 

 

 

Hourra ! Nous sommes désormais pourvus d’une petite voiture  achetée pour une somme raisonnable (à revendre en partant) et bien décidés 1) à recevoir notre déménagement colombien 2) à visiter un peu le Panama, voire le Costa Rica !

 

Pues … Comment vous dire que rien ne s’est passé comme prévu ?

 

En ce début du mois de juillet 2022, un phénomène rampant, également connu des français, mais dans une moindre mesure, est en effet sournoisement à l’oeuvre et va jeter dans les rues des milliers de personnes furieuses (et par-là même nous empêcher de sortir comme nous l’aurions souhaité). Ce phénomène, c’est l’inflation qui prend au Panama une tournure inquiétante . 

 

J’avais bien l’impression que le coût de la vie quotidienne avait beaucoup augmenté depuis l’année précédente, mais mes bouffées de fièvre me laissaient penser que je devais divaguer. Il n’en était rien. Depuis décembre, le prix de l’essence avait bien été multiplié par 2 et le coût des aliments ne cessait de grimper. Dans un pays où le salaire minimum est très bas, payer un kilo de tomates 5 ou 6 dollars, c’est juste pas possible.

 

Très légitimement, les panaméens sont donc descendus dans les rues et ont bloqué leur pays pendant un mois. Très, très fâchés, ne laissant même plus les aliments frais produits dans le nord du pays circuler dans le reste du Panama. Ce qui a, immanquablement, créé  des pénuries alimentaires plus ou moins graves en fonction des régions. Il n’était dès lors plus question de vouloir voyager puisque la Panaméricaine qui traverse le pays était fermée par de multiples  barrages. Il devenait même compliqué de recevoir notre déménagement car, pour des raisons similaires, celui-ci était bloqué à l’aéroport. De toute façon, la météo orageuse n’incitait pas à s’aventurer plus loin que le local à poubelles de son immeuble, un mini ouragan ayant même occasionné pas mal de dégâts mi-juillet dans la capitale.

 

 

 

 

Seule solution : faire comme les panaméens en temps normal : s’asseoir et prendre son mal en patience…  Mais comme nous n’y sommes pas vraiment habitués, nous avons finalement  vite retrouvé une position plus verticale nous permettant de réaliser quelques travaux chez nous. C’était encore ce qu’il y avait de mieux à faire. Et puis, un jour, miracle, le déménagement a fini par arriver. Quelques malles d’affaires ne servant à rien ou presque…  Ce qui a encore renforcé notre conviction qu’accumuler et vivre pour posséder des objets est une hérésie encombrante, coûteuse et vide de sens. 

 

 

Ouh merde ! Où va-t-on ranger tout cela ?!

 

 

Pendant ce temps en Colombie

 

Pendant que nous goûtions aux joies de l’immobilisme à la panaméenne, la vente de notre maison colombienne était en cours de finalisation, enfin !!! Souvenez-vous qu’elle devait se faire au mois de mars, mais que d’obscures raisons administratives provoquées par  des fonctionnaires lents et malheureusement incorruptibles  (!), nous avaient contraints à la repousser au  15  juillet.

 

Pour les épisodes (encore) précédents de la vente de la maison, c’est ici  :

 

 

Le suspens est néanmoins resté complet jusqu’à la dernière seconde du dernier jour, nous créant une décharge de stress de nature à nous revigorer du covid !

 

En effet, à 10 jours de la vente, l’acquéreur a décidé de jouer les emmerdeurs en exigeant que le jardin soit livré à l’identique de ce qu’il était 6 mois plus tôt lors de la première visite. Ce qui, en climat tropical n’est pas vraiment possible. Et c’est ainsi qu’il s’est mis à nous menacer de ne pas acheter la maison si tout n’était pas conforme à ses désirs, hauteur du lac incluse (je n’invente rien). Comment faire comprendre à un citadin que oui les arbres peuvent perdre leurs feuilles, que non les fleurs ne restent pas toujours épanouies, que l’herbe peut être plus ou moins verte, les fruits plus ou moins mûrs et … que la hauteur du lac ne dépend que de l’entreprise d’électricité qui l’exploite et non de nous ? J’y ai laissé ma patience et ma bonne humeur, tout en faisant à distance mon maximum pour que tout soit au mieux.

 

Et que pensez-vous qu’il arriva ? Le gars a finalement accepté de venir signer la vente, mais s’est retrouvé chez le notaire sans le chèque de banque nécessaire pour nous payer. Il avait dépensé tellement d’énergie à nous chercher des embrouilles, qu’il n’avait soit disant pas eu le temps de se le procurer. Il pensait signer et payer un autre jour. Ce que nos avocats (qui nous représentaient car nous étions bloqués au Panama) n’ont évidemment pas accepté, provoquant sa furie (le comble). Ce n’est qu’après de longues heures  d’attentes que la situation a trouvé une solution dans un virement bancaire, mettant un terme à cette vente rocambolesque. Ouf !!!

 

 

On s’installe au Panama ou pas ?

 

 

Ces 3 mois au Panama nous ont-ils convaincus d’y prendre nos visas et de nous y installer à plein temps ? En fait, nous n’avons toujours pas tranché, un jour enthousiastes, le lendemain consternés.

 

 

 

 

Certes, le Panama a beaucoup d’atouts et pourrait être un paradis sur Terre voire, plus prosaïquement, une Suisse de l’Amérique latine, si ses épouvantables hommes politiques ne le transformaient pas en enfer pour la majorité de ses habitants. A ma connaissance, c’est quand même le seul pays où les dirigeants passent dans la presse nationale pour confesser ouvertement que « oui, ils volent de l’argent public », que « oui ils gagnent des millions de dollars pendant leur mandat pour gouverner « au nom du peuple » » et que grosso modo – c’est moi qui extrapole – « les riches sont faits pour être très riches et les pauvres très pauvres ». C’est tellement écoeurant que je n’arrive pas à comprendre comment le peuple accepte cela (même si de temps en temps un sursaut de révolte le fait descendre dans la rue, quand les gens en ont marre de sustenter de riz au thon pendant que leurs dirigeants crèvent de trop baffrer ou quand ils se lassent de payer les médicaments à un prix indécent à cause d’ententes tarifaires).

 

 

Don Salluste de Panama

 

 

A titre personnel, nous adorons Ciudad de Panama, notre quartier et notre appart’, ce qui pourrait être une raison suffisante pour rester.

 

 

 

C’est en effet une ville encore assez sure, très photogénique, avec une longue et agréable promenade en front de mer, de la nature accessible facilement et plein d’animaux « exotiques » à observer.

 

 

 

Nous y avons, en plus, rencontré des français très sympas (qui se reconnaitront !) et il semblerait que trouver un emploi au lycée français, pour moi, ne soit pas trop difficile (comme disait l’autre, il me suffit juste de traverser la rue ; en l’occurrence le Canal).

 

 

 

 

Néanmoins, il reste des points noirs qui nous font encore hésiter à franchir le pas. Je vous les liste :

 

  • commençons par le coût de la vie : le Panama n’est pas un pays bon marché, encore moins sa capitale. Tout est cher, hyper cher : des loyers qui sont rarement en-deçà de 1500 dollars mensuels pour être dans un quartier correct, à la nourriture dont les prix sont beaucoup trop élevés pour sa médiocre qualité. C’est un pays de fric : la moindre activité coûte les yeux de la tête : une heure de padel est à 50 dollars (pour 4), une entrée au musée à 18 dollars (Biomuseo), une mini visite dans la jungle à 25 dollars par personne, etc, etc … Du coup, ça freine un peu la spontanéité et calme les ardeurs. Je ne sais pas comment font les familles nombreuses et encore moins les familles panaméennes de la classe moyenne (les pauvres sont, quant à eux, disqualifiés, même s’il existe quand même des activités moins chères dans les « quartiers ») … Je ne vous parle d’ailleurs pas du prix du lycée français qui fixe l’inscription à 8 000 dollars puis facture entre 800 et 1000 dollars mensuels pour chaque élève (si vous voulez vérifier par vous-même, c’est ici)…

 

  • la qualité de la nourriture. C’est bien simple, même si le pays est producteur d’un certain nombre de fruits et légumes (dont les bananes qui lui permettent de se prévaloir du titre glorieux de République bananière au sens premier du terme), rien n’est  savoureux (en tout cas dans la capitale, sauf à payer 10 fois le prix normal), hormis les ananas qui sont absolument divins. Pour le reste, quel que soit ton fournisseur, c’est boffffffff : tomates « rouges dehors, blanches dedans » (entre 4 et 6 dollars le kg quand même),  salades vertes dures comme du bois à 3 ou 4 dollars pièce etc, etc. Seule la viande est assez bon marché, mais elle dégorge de flotte quand tu la fais cuire. Reste les oeufs, quand ils ne sont pas pourris. C’est , en effet, la première fois de nos vies qu’en 3 mois on se retrouve avec autant d’oeufs pourris dans les boîtes achetées … Nous n’avons pas goûté le poisson, sauf en ceviches sur le port (plutôt bons, d’ailleurs, pour être honnête). Par ailleurs, beaucoup d’aliments sont importés, ce qui permet d’accéder à toute la nourriture frelatée nord-américaine ou chinoise, elle aussi vendue à prix excessif. Bref, sans faire de chichi, ça pèse sur le moral de se nourrir ainsi. Et sur le budget car, à courses équivalentes, c’est environ 2 fois plus cher qu’au Mexique. 

 

En revanche, si voulez un peu de moutarde, c’est avec plaisir !

 

  • la gastronomie : les restos panaméens du quotidien sont clairement sans grand intérêt. On dirait que les spécialités locales tournent autour du sel, tant les cuistots en ajoutent partout en grande quantité. « Tiens ! Aujourd’hui je vais commander un sel aromatisé au poisson ! Et toi ? Un sel goût platanos ?! Bonne idée ! » Pfffff …. Je ne vais pas en rajouter, mais la cuisine « locale » n’a rien de très enthousiasmant (un peu le même style qu’en Colombie, le sel en plus et 3 fois plus cher à plat équivalent). D’ailleurs, avez-vous déjà entendu quelqu’un vous dire les yeux brillants de gourmandise  « Et si on se faisait un petit panaméen ce soir ?! » (je parle des restos, of course :mrgreen: ). Non !!!! Personne n’a jamais prononcé ou entendu prononcer cette phrase : un mexicain, un italien, un libanais, un thaï, des sushis, un couscous, oui !!! Mais pas « un panaméen » ! C’est impossible hihi. Personne n’a jamais entendu parler de leur cuisine, nulle part au-delà de leurs frontières avec le Costa-Rica et la Colombie !  Et pour cause !

 

 

 

 

  • La saleté du pays : le ramassage des ordures n’est absolument pas une priorité pour les gouvernants, bien au contraire. Quand je pense à tout ce qu’on impose aux européens au nom de l’écologie, tous les raffinements, les règles débiles, les calculs énergétiques… Au Panama, le concept même d’écologie n’a jamais été traduit en espagnol. Il n’y a que les étrangers pour s’en étonner, la majorité des locaux n’étant ni éduqués en ce sens, ni dotés du moindre bon sens en la matière.

 

  • L’incroyable corruption qui gangrène le pays sans que personne ou presque ne trouve rien à y redire. En fait, les hommes politiques panaméens sont  des génies universels car ils ont réussi à faire admettre et répéter par  l’homme de la rue, comme une excuse en leur faveur, « certes, ils volent, mais du moment qu’ils font un peu quelque chose pour le pays (alors c’est moins grave) … ». Le Panama est le 105ème pays le plus corrompu du monde, moins que le Salvador, le Honduras, le Mexique et le Guatemala, mais plus que la Colombie (87ème)  et le Costa-Rica (39ème).

 

  • Enfin, l’organisation folkorique du pays qui te fait tourner en bourrique (et pourtant, on commence à avoir l’habitude des latinos !).
  • Vous avais-je parlé de l’amende que la police nous a infligée le 15 juin ? Cette dernière était à payer avant le 15 juillet. En bons français, nous nous sommes donc pointés  le 10 juillet dans un bureau dédié au paiement des PV ce qui a fait beaucoup rire mon interlocutrice ! « Faudra revenir dans un mois ou deux quand le service enregistrement des PV aura fait son boulot ! » « Mais ! je ne vais pas avoir une majoration ? » « Oui, c’est possible, ça dépendra si le bureau (qui ne fait pas son boulot à temps donc) vous l’inflige ou pas ! » (j’hallucine). Un mois plus tard, nous revenons au même endroit : il est 15H20, c’est fermé. « Trop tard ! me dit le gardien, revenez demain ! ». Je reviens donc le lendemain et ( je n’invente rien), un papier collé sur la porte m’apprend que ce bureau est définitivement supprimé. Bilan : l’amende reste à payer … comment ? Je n’en sais toujours rien !
  • Et que dire des horaires d’ouverture des administrations ou des commerces ? Rien n’est coordonné ou n’a vraiment de sens… On dirait que le maître mot est de travailler le moins possible, même dans les boutiques, qui ouvrent tard et ferment tôt (hors malls). Plus amusant, avant de se rendre dans le magasin convoité, il faut encore vérifier la religion de son gérant : si c’est un musulman, ce sera fermé le vendredi ; si c’est un juif, le samedi et si par hasard il est chrétien, oublie le dimanche. Quand j’ai acheté la bagnole, j’ai dû attendre que le monsieur fasse sa prière sur son tapis en plein milieu du garage avant qu’il ne daigne reprendre le négoce hihi… Remarque, ça change un peu de Dios

 

Voilà, vous savez tout … Nous allons réfléchir encore un peu avant de dépenser presque 10 000 dollars pour faire faire nos visas ! En attendant, notre visa touristique expirant le 8 septembre, il nous faut filer  ! Nous allons continuer à prospecter un peu …

 

 

 

3 pensées sur “Panama : on n’est pas mal, mais le doute s’invite

  • 2 septembre 2022 à 22 h 51 min
    Lien Permanent

    Que de rebondissements… on est presque à dire, c’est pas si mal la France… non je plaisante. Dans tous les cas, vous avez une patience d’ange, et beaucoup de chance de vous en sortir, entre la langue, les problèmes, etc… waouh, faut être costauds bonne continuation, des gros bisous les voisins

    Répondre
  • 12 septembre 2022 à 7 h 21 min
    Lien Permanent

    Je vois que l’aventure continue ! C’est loin l’Islande ! Je pense qu’on peut être bien partout mais le paradis est difficile à trouver.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.