Guatapé
Je vous avais laissés le 19 février avec un doute : pourrions-nous vendre la maison le 11 mars comme cela était prévu dans la promesse vente … ou pas ? Comme pour vous tous (et nous avons la chance de n’être ni ukrainiens, ni vénézuéliens, ni syriens, ni ….) la période est faite de flottements, d’incertitudes, d’attentes angoissées, de demi-décisions, d’impossibilités de se projeter dans le futur. Pourtant, on en a eu marre de laisser nos vies aux seules mains de facteurs extérieurs sur lesquels nous n’avons aucune prise, et nous nous sommes décidés à suivre nos envies et à les concrétiser. Dios fera le reste. Ou pas. Mais on a besoin de vivre intensément pendant que c’est encore possible.
Comment ne jamais trouver la sortie de l’escape game colombien ?
Chez nous, on y croyait fortement, mais, rappelez-vous que Juan-Fernando-Felipe et Maria-Eugenia-Monica, notre avocat et celle du client, avaient fortement sympathisé et n’avaient pas exclu de repasser du temps de qualité en réunions virtuelles à sodomiser des coléoptères. Ils savaient, les bougres, que l’espace-temps colombien pourrait encore se dilater un peu, beaucoup, passionnément au besoin depuis la signature de la promesse de vente jusqu’à son épilogue-un-jour-si-Dios-quiere.
Et, devinez quoi ??? Bingo !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Ils avaient raison !
La faute au covid ? A la 3ème Guerre Mondiale (que je n’avais pas inclus dans nos plans lors de mon dernier article, je conviens de mon imprévoyance) ? Aux inondations ? Au client ? Que nenni ! La faute … à cette maudite administration colombienne qui, pour vous la faire courte, devait nous rendre un document dans les 5 jours de la promesse de vente (fin janvier) et qui, le 8 mars, nous a fait savoir qu’il n’y avait rien à espérer avant … mi-juillet !!! Et sans ce document, pas de vente possible (en théorie).
Nous voici donc le mardi 8 mars avec ce gros doigt d’honneur administratif bien enfoncé dans nos narines, un tantinet agacés. Je dis bien un tantinet.
On aurait pu en rire et tout bêtement se rasseoir en attendant que le bureau de Dios s’active un peu en notre faveur, mais d’autres paramètres étaient présents pour rendre l’expérience plus savoureuse. C’est ainsi que le dimanche 5 mars, sous une pluie torrentielle, nous avons dit adios à notre déménagement parti en direction du Panama, via Bogota. Certes, il restait les meubles, mais nos affaires quotidiennes n’y étaient plus. Paramètre 2 : la moto et la voiture étaient vendues au 11 mars. Nous étions donc à pied. Paramètre 3 – nous avions trois billets d’avion pour le Mexique le samedi 12 mars où – Paramètre 4 – nous devions récupérer nos nouveaux (mais très vieux) camping-cars avant le 17 mars à deux endroits différents du Mexique.
Soit l’équation suivante :
Bien sûr le client a été à la hauteur puisqu’il a refusé de faire le moindre effort pour nous faciliter la tâche (dont celui d’accepter de signer sans le document administratif, ce qui pourrait malgré tout se faire). Le top du top ! Ou, comme disent les colombiens, « que pereza !! »
Nous voici donc à 2 jours du départ, navrés, fatigués et énervés, le bec dans l’eau. Que faire ?
Pour nous mettre bien à l’aise, notre avocat insiste : nous ne pouvons pas laisser « la finca » toute seule pendant plusieurs mois. Ce qui est amusant, c’est que lorsque les colombiens parlent de notre maison, ils l’appellent tous avec tendresse « la finca », employant un ton protecteur, presque paternel, comme s’ils parlaient non pas d’un inanimé, mais d’un être vivant digne de compassion hihi. « La finca » pourrait-elle déprimer en notre absence ? S’enrhumer ? Se volatiliser ? Qui sait ???
Je suggère alors que nous pourrions la louer pendant 4 mois le temps que le document administratif nous soit enfin remis. Mais, Juan-Fernando-Felipe est formel : c’est impossible car le locataire pourrait s’incruster à vie et empêcher la vente. Grrrrr …. Tout cela commence à nous gonfler +++ : on ne peut pas non plus s’arrêter de vivre tout ça parce que l’administration colombienne en a décidé ainsi !!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Les heures passent et le stress monte. A l’unanimité avec nous même nous décidons malgré tout d’activer le « plan B ». Puisque le client (qui nous a déjà bloqué une belle somme d’argent) ne semble pas pressé, nous lui donnons rendez-vous au 15 juillet 2022 (si Dios y la administracion colombiana quieren) et nous mettons la « finca » en location. Justement, notre voisin cherche une maison de fin de semaine jusqu’à début juillet. Je suis quand même un peu perturbée par le risque potentiel que le gars refuse de nous rendre la maison à temps pour la vente, mais, ma copine Maria me rassure : chaque « plan B » s’accompagne d’un « plan C » en Colombie. Morte de rire, elle me suggère d’inclure dans mon combo « vente-location de finca », une option « tu seras toujours à temps de payer un mec pour venir déloger le locataire éventuellement récalcitrant ». Bueno, allons-y pour le combo « plan ABC », en espérant qu’il ne se décline pas à l’infini sur toutes les lettres de l’alphabet hihi En 5 ans, je n’aurais jamais imaginé devenir une telle descarada ! On va dire que nécessité fait raison hihi
Hasta lueguito Colombia !
Ce ne sera donc pas un adieu mais seulement un au revoir à notre belle Colombie : nul doute que les mois qui arrivent nous réserverons de nouvelles surprises et qu’il faudra y retourner. De toute façon, j’y reviendrai début juillet pour finaliser la vente et m’assurer que le locataire est bien parti. En attendant, notre autre avocate a aussi tous les pouvoirs pour gérer les problèmes en notre absence.
Finalement, ce départ en 2 temps me convient. Depuis 15 jours, nous disons au revoir à tous les gens que nous connaissons et … systématiquement, tout le monde se met à pleurer. Déjà que je suis triste à mourir de laisser mes amis colombiens, c’est juste horrible : il pleut des trombes d’eau, il fait froid, tout le monde est en larmes … J’ai l’impression d’assister à nos propres obsèques de notre vivant hihi. Chacun me dit des gentilles choses sur nous, nous recommande à Dieu et à tous ses saints, prie pour que nous revenions. Bref : un enterrement de première classe hihi
Et c’est vrai que pour moi, en tout cas, me déraciner une nouvelle fois n’a rien d’évident d’un point de vue émotionnel car j’avais tissé de très beaux liens avec beaucoup de villageois.
C’est donc le coeur lourd que nous saluons tout le monde et l’idée de revenir en juillet m’offre un peu d’oxygène. Je ne pensais pas que je me serais attachée ainsi à ce petit pueblo, ni que ses habitants nous aimaient autant, nous les « gringos », les « franceses ». Je crois que certains étaient quand même un peu fiers que nous soyons restés parmi eux si longtemps, montrant implicitement que le pays allait mieux.
Et c’est ainsi que le samedi 12 mars, après beaucoup de larmes versées, nous avons pris la direction de Cancun. De nombreuses autres surprises nous y attendaient aussi, mais ce sera pour le prochain article ….
PS- Nous n’avons pas abandonné nos chats et nos poules : un gentil couple de retraités les ont adoptés pour qu’ils ne restent pas tout seul pendant que la finca n’est pas vendue
Impatiente de connaître j’espere vos autres belles lettres plus estivales en attendant profitez bien tous les trois de vos aventures mexicaines! Voyageusement, Luce
Finalement toutes les administrations se ressemblent !!!Vous avez un moral en béton nous vous souhaitons de belles aventures au Mexique et attendons de vos nouvelles très bientôt. C’est toujours un bonheur de vous lire .De grosses bises à vous 3
gracias amigo !