La redescente de l’ Ari(de)zona

Sedona (Red Rock Country), Jerome, Contwood, Montezuma Well, Black Canyon, Phoenix (Apaches Trail), Tucson (Sonaora Desert Museum, Mission de San Xavier)

 

Congelés, nous quittons Grand Canyon, bien décidés à retrouver un peu de chaleur !
Une seule solution : rouler en direction du sud ! En théorie, d’autres alternatives auraient été possibles, mais notre camping-car doit sortir des US avant le 8 mai. Alors, autant se rapprocher de la frontière mexicaine !

 

Nous laissons derrière nous les sites dits « d’exception », dont la découverte m’avait autant oppressée qu’impressionnée à l’automne précédent, pour nous lancer dans des visites plus intimes. Adieu le tourisme de masse des parcs nationaux, tu ne me manqueras pas !

 

Ce qui continue à m’épater aux US, ce sont les distances entre deux points d’intérêt ou deux villes ! L’Ouest américain n’est en fait qu’une grande zone vide où la monotonie des paysages désertiques n’a d’égale que ceux de la Patagonie Argentine ! Bien sûr l’Arizona, que l’on aurait plutôt dû baptiser l’aride zona, ne fait pas exception et nous avons une pensée émue pour tous ces pionniers en chariots qui, à l’époque, traversèrent cette région hostile dans des conditions précaires ! Quelle horreur cela a dû être pour beaucoup d’entre eux !

 

En voiture, c’est déjà looooong, mais alors en chariots !

 

Pour nous, le temps passé sur la route s’allonge aussi. La traversée des villes nous occupe de longs moments. Avec ses 100 bornes de long pour 1 500 000 habitants, Phoenix nous retient presque une matinée ! L’occasion de constater que les américains vivent ici comme ailleurs par quartiers de lotissements, les plus cheap étant constitués de mobiles homes serrés les uns contre les autres, les plus chics s’organisant autour de petites marinas artificielles. Mais, dans tous les cas, chacun occupe une maison similaire à celle de son voisin, organisée autour d’un point essentiel : le garage double pour les voitures de monsieur et madame. A observer ces milliers de baraques soigneusement rangées dans le désert et répondant à des codes sociaux que je devine, je suis prise d’un doute : de quoi et comment vivent leurs habitants ? Quels sont leurs boulots, leurs loisirs ? Sont-ils heureux ou malheureux ? Mon coeur se serre en apercevant les panneaux « publicitaires » qui jalonnent les bords de routes et déplorent aux yeux de tous plus de 18 000 morts par opioïdes en 2017 rien qu’en Arizona. Il y a 40 ans, aurait-on imaginé Sue Ellen se défoncer aux cachetons plutôt qu’au whisky ?! Encore une fois, je ne comprends rien à l’American Way of Life, ni à son évolution… Ces overdoses sur ordonnance semblent malheureusement démontrer que les choses ne vont pas si bien que ça chez Uncle Sam

 

 

Un quartier de mobiles homes … comme un autre …

 

Malgré cet implicite et triste constat, l’Arizona nous enchante. Loin des circuits incontournables des parcs stars du nord de l’État, nous retrouvons un tourisme à taille humaine fait de petites mais savoureuses découvertes.

 

En Arizona, reprenons un peu de déserts !

 

Ami lecteur qui rêve de l’Ouest-américain, ne t’aventure pas en Arizona si les paysages désertiques ne t’intéressent pas ! Parce qu’à défaut de desserts, tu vas bouffer du désert à chaque moment de ta journée !

 

De fait, quand nous reprenons la route depuis Grand Canyon en direction du sud, nous savons que le désert de Sonora et ses variantes nous attendent.

 

 

Le désert de Sonora ? Disons une gigantesque étendue plutôt plane et bordée au loin de montagnes, recouverte d’une végétation a priori assez monotone. Pourtant, à y regarder de plus près et, surtout au printemps, ce désert présente bien plus d’intérêts qu’il ne peut de prime abord le laisser penser.

 

 

Le désert fleuri est un enchantement et nous sommes éblouis par la diversité des cactées en fleurs et de celles poussant dans leurs environs !

 

 

La star du coin est évidemment le mythique cactus Saguaro dont la croissance est particulièrement lente puisque, à 25 ans, il ne mesure que 30 cms ! A 60 ans, il atteint les 2 mètres de haut et commence seulement à donner des fruits. Ce n’est qu’entre 75 et 100 qu’apparaîtront ses célèbres tiges lui donnant sa forme caractéristique de cactus en forme de chandelier.

 

 

 

 

Le désert qui semble de prime abord hostile à toute forme de vie recèle en réalité une grande richesse de faune.

 

 

Vous ai-je parlé des serpents à sonnette qui se cachent sous chaque pierre ? En Arizona tu ne peux pas faire un pas sans qu’une affiche t’avertisse du danger qu’ils représentent. Je passe sur les araignées venimeuses, les iguanes  et les scorpions qui rigolent en te voyant passer devant eux !

 

 

Mais s’il n’y avait que ça ! Tu peux aussi finir dévoré par un puma (il y en a 4 aux 100 km²) ou un coyote (densité plus faible de 2 aux 100 km²), adopté par un ours des montagnes (20 aux 100 km²), piétiné par un mouflon (400 aux 100 km²), picoré par une dinde des montagnes (400 aux 100 km²) ou grignoté par un chien de prairie  !

 

 

 

Je n’invente rien, nous avons appris tout ça au génialissime musée zoo Arizona-Sonora Desert museum de Tucson. Il nous a fallu une journée pour le parcourir et découvrir les subtilités du désert. Je le recommande chaudement (21 dollars par adulte, 10 dollars par enfant, ouvert de 7h30 à 17h) : on y découvre toute la flore du désert, toute la faune terrestre, aérienne et aquatique, mais aussi les richesses minérales de l’Arizona. Vraiment, cet endroit est au top !!

 

Espèce très rare

 

En Arizona, sur les traces des tribus indiennes  !

 

Pas d’ouest américain sans indiens et sans cow-boys  ! La redescente de l’Arizona est absolument propice pour découvrir ces différents aspects de la culture américaine et pas un jour ne se passe sans qu’une occasion ne nous soit donnée de la côtoyer.

 

 

Contournant Flagstaff, nous amorçons notre quête par un arrêt à Oak Creek Vista, promontoire où des indiens natifs vendent leur artisanat. Oh ! Des arbres !! Profitons-en ça ne va pas durer !

 

Un canyon, des arbres …

 

Direction Sedona et son « Red Rock Country » qui permet de traverser des paysages dignes des meilleurs westerns de notre enfance. Petite déception cependant, la ville est entièrement tombée aux mains d’adeptes du nouille-age pratiquant une spiritualité lucrative à chaque coin de rue. Renonçant à faire lire mes auras, mes urines ou n’importe quoi d’autre, nous plions bagage à la recherche d’un coin de bivouac.

 

 

Ce que j’aime particulièrement aux US c’est la liberté laissée à tous (hors Californie) de dormir où bon lui semble. Ce jour-là, nous jetons notre dévolu sur un bivouac en forêt, sans jamais nous demander si la police va venir nous déloger ou si nous allons nous faire agresser ! Et comme tous les soirs depuis notre arrivée, nous nous endormons au son des coyotes qui hurlent à la lune. Impressionnant !

 

Le lendemain, visite de Montezuma Well, autre site indien à quelques kilomètres de Cottonwood. Des ruines d’habitats Sinaguas datant du 13ème siècle y sont disséminées autour d’une lagune formée par l’effondrement d’une caverne naturelle. C’est là que nous prenons définitivement conscience que l’Arizona est truffé de serpents à sonnette ! Chaque frôlement d’herbes, chaque minuscule bruit suspect fera désormais hurler de peur Carlito qui se transforme en véritable système d’alarme ! Ce n’est plus la neige qui désormais nous casse les pieds, mais la menace qui plane de mettre le pied sur un reptile récalcitrant !

 

 

Pour en revenir aux indiens, une magnifique route doit être absolument parcourue : le Apaches Trail. Elle emprunte le tracé de chemins anciennement parcourus par les tribus et a permis de relier Apache Junction avec le barrage Roosevelt Dam au début du 20 siècle.

 

Les premiers kilomètres contournent Superstition Moutain :

 

 

 

Avant de traverser des paysages exceptionnels de montagnes arides recouvertes de Saguaros et autres plantes grasses en fleurs.

 

 

Parfois ces décors incroyables offrent des accès à la Salt River ou à des plans d’eau.

 

 

La route se transformant ensuite en piste que nous ne souhaitons pas parcourir avec le CC, nous stoppons notre découverte à Tortilla Flat, hameau de 3 maisons qui faisait à l’époque office d’étape pour les diligences. Amusant, les murs de son saloon sont recouverts de billets de 1 dollar !

 

 

 

L’ Arizona et ses villes fantômes !

 

Mais le Apache Trail ne permet pas seulement de randonner à pied ou en véhicule. Comme un peu partout dans l’Ouest américain, il offre un accès à une ville fantôme, la ville de Goldfield fondée en 1893. De cette dernière, qui connut un essor remarquable lorsque la ruée vers l’or faisait rage dans la région, il ne reste plus qu’une quinzaine de maisons en bois. Elles sont aujourd’hui occupées par des boutiques de souvenirs et d’attractions et 5 fois par jour de midi à 16 heures, à l’heure pile, a lieu un petit spectacle en costumes. L’effet western est finalement bien sympa, même si la ville en question fait beaucoup penser à celle de Calico.

 

 

 

Plus authentique, dans un style différent, est aussi l’ancienne ville minière de Jérome, près de Cottonwood et Sedona (donc plus au nord). Ici, aucune reconstitution, mais un State Park donnant accès à l’ancienne mine (que nous n’avons pas pu visiter car nous sommes arrivés trop tard dans la journée) et un village plutôt mignon aux mains d’artistes locaux.

 

 

Et, devinez qui était content ?! Charles bien sûr (ben oui, Jérôme a un peu passé l’âge de se réjouir d’avoir une ville à son nom ! Quoique …)

 

Nous avons passé un bon moment ici, surplombant une vallée magnifique s’étendant aux pieds du village.

 

Si le concept de la Ghost Town vous plaît, il y en a plein d’autres en Arizona !

D’ailleurs, ne serait-il pas possible de ranger Tucson parmi ces dernières ? Imaginez une ville de 500 000 âmes, vide … Une ville sans personne à croiser ou presque à l’heure du déjeuner. Une ville aux avenues et aux places désertes un mardi entre 11 et 14 heures … Telle a été notre morne expérience de Tucson où aucune ambiance ne régnait, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Mais qui avait bien pu partir avec  ? On se serait presque cru à Salt Lake City par un froid dimanche d’automne. L’Archange Mormonide en moins…

 

C’est lé désert, ici, ce soir, Loyd ?!

Absolument monsieur … Les rues sont vides … terriblement vides ….

 

 

Autant vous le confesser, l’ambiance ne se cachait ni en centre-ville de Tucson, ni à la mission San Xavier un peu plus au sud …

 

 

Elle avait simplement pris ses quartiers dans l’immense campus universitaire de la ville dans lequel nous n’avons malheureusement pas pu nous stationner. Dommage !

 

Pour nous remettre de notre absence d’émotion du jour, nous achevons la journée en beauté. A peine arrivés sur le parking d’un casino où nous comptons dormir, apprenons-nous que ce ne sera pas possible et … tombons-nous en panne dans la foulée ! Il pleut (nous sommes les grands chamans du mauvais temps, contactez-nous en cas de sécheresse), il va faire nuit, nous sommes priés de déguerpir et le CC refuse de redémarrer. C’est le démarreur qui a définitivement lâché !

 

Et en plus il pleut

 

Por Dios ! Comme disent les colombiens. Voilà une panne qui tombe à pic ! Plusieurs non solution s’offrent à nous : appeler un dépanneur (qui?!), contacter notre assurance (laquelle?!), prier (Dios n’a rien fait pour sauver ND de Paris, alors 3 blaireaux en rade)… Jérôme préfère néanmoins s’en charger lui-même ce sera plus sûr ! Par chance (ou prévoyance de Mathieu l’ancien proprio du CC) nous avions la pièce de rechange avec nous. Il ne restait plus qu’à démonter et remonter le démarreur. Trop facile ! Surtout pour moi qui n’ai rien fait du tout! Et voilà, 1h30 plus tard, nous dormions dans le désert ! Encore une fois le mécano a pu déployer tout son génie !

 

 

 

 

Il ne nous restait plus qu’à prendre la direction de la frontière mexicaine. Passerions-nous les douanes sans encombre avec notre véhicule échangé ou de nouvelles surprises allaient-elles se faire jour ? Vous le saurez (et nous aussi) la semaine prochaine en suivant nos aventures mexicaines !

2 pensées sur “La redescente de l’ Ari(de)zona

  • 20 avril 2019 à 4 h 31 min
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    Salut les voyageurs, très heureux de constater que tout se passe au mieux pour vous et que vous avez bien fait attention où vous mettiez vos pieds . Au plaisir de vous lire. Good way

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  • 21 avril 2019 à 8 h 01 min
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    Salut la petite famille,
    Toujours aussi surprenantes vos découvertes et vos aventures. Seul regret, les compétences mécaniques de Jérôme rendent le voyage presque trop facile , arrachant le lecteur à son intrigue beaucoup trop tôt ! Tant mieux tout de même… À bientôt : hâte de savoir si le CC passera la frontière.

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