Nogales, Magdalena de Kino, Santa Ana, Hermosillo, San Carlos-Guayamas, El Alamo
Nous voici à présent à Nogales pour passer la frontière USA/Mexique. Trump n’est qu’une grande gueule : je ne vois pas l’ombre d’un mur-de-Berlin pour nous abriter de la chaleur ! Tant mieux pour les américains et les mexicains, mais du coup, il n’y a nulle part où s’appuyer pour déguster un bon pulco citron …!
En route pour le 20ème pays que nous visiterons avec Carlito (et peut-être le 30ème pour nous : pinaise on a encore du pain sur la planche si on veut tout voir avant le passage de la grande faucheuse !). Mais, tout d’abord, il nous fallait résoudre un problème d’itinéraire : le Sonora ou la Baja California ?
Le Sonora ou la Baja California ?
Vous vous demandez peut-être ce que nous sommes allés faire dans le Sonora, cet Etat du nord du Mexique dont personne (ou presque) n’a jamais entendu parler à part ses habitants, la police frontalière de l’Arizona et moi. En effet, il y a 1000 ans je crois avoir vu un reportage sur les cartels frontaliers de la drogue, assassinant les récalcitrants en les pendant sous des ponts… J’avais donc très envie d’aller y faire un tour, histoire de pouvoir faire une étude comparative sérieuse avec la Colombie (c’est de l’humour les gars, comme vous je serre les fesses à l’idée de faire des mauvaises rencontres dans le Sonora ou ailleurs).
C’est sûr, comme 92 % des touristes internationaux nous aurions pu nous contenter de partir explorer le Mexique du Sud, les all inclusive de Cancun ou le seul Chiapas. Petit souci, nous n’avons pas trouvé d’avion cargo pour transporter le CC des US au sud du Mexique. Il allait donc falloir se bouffer des bornes pour y accéder (ou pas) un jour.
Contre toute attente, depuis la frontière américaine, la solution confortable consistait à passer par la Baja California. En effet, il existe plein d’infos sur ce bout de terre, la quasi totalité des voyageurs motorisés pénétrant des US au Mexique par-là. Et puis … pfff …. Nous avons décidé de faire autrement pour plusieurs raisons :
1) Nous étions en Arizona et le trajet le plus logique et le plus court était de descendre par le Sonora
2) Les blogs lus concernant la Baja étaient loin d’être dithyrambiques : tous vantaient les plages et les animaux marins, mais tous déploraient l’état des routes secondaires, la monotonie des paysages et la totale américanisation de la péninsule
3) Nous n’avions aucune envie de prendre le ferry pour regagner le Mainland : c’était encore se rajouter des formalités, des horaires, du stress et se délester d’un billet supplémentaire de 500 euros. En plus, en bateau, ma survie est loin d’être assurée, je crève de mal de mer ! Et ne me dites pas que ça ne bouge pas, ça n’a aucune incidence sur mes nausées hihi
4) Contrairement au reste de l’humanité, nous n’aimons ni les plages, ni la baignade en eau froide, ni farnienter sur le sable !
Alors, nous avons opté pour le Sonora. Nous aurions jeté notre dévolu sur la banlieue nord de Bagdad que nous n’aurions pas trouvé moins d’infos… J’ai retourné internet, questionné des groupes FB spécialisés sur le Mexique : personne ou presque n’a su me dire ce qu’il y avait à visiter dans cette région ! Même les voyageurs qui y sont passés n’ont pas été très prolixes sur leur blog. Du coup, le Sonora résonnait presque comme une promesse de découverte de contrées lointaines encore inexplorées . Presque. N’exagérons rien.
La première aventure, consistait bien sûr à passer la douane !
(Ami lecteur non voyageur, je t’autorise à sauter directement au paragraphe suivant car celui-ci risque de ne pas t’intéresser beaucoup ^^)
Je ne sais pas si pour vous c’est la même chose, mais quand je passe une douane, j’ai toujours l’impression qu’on va me retenir là, dans un no man’s land hideux, prisonnière du bon vouloir de douaniers corrompus … Mon imagination débordante, sans doute !
Cette fois, je redoutais de tomber sur des fonctionnaires pointilleux qui n’auraient pas accepté que nous circulions avec un véhicule échangé et donc sans carte grise française à notre nom (faute d’avoir pu faire passer un contrôle technique au CC). Le fruit de mon imagination, encore une fois, car tout s’est finalement passé avec une facilité déconcertante :
– 14h51 : nous quittons les USA sans qu’un seul douanier américain ne s’intéresse de près ou de loin à nous. Opportunément, un panneau « Bienvenidos A Mexico » a été planté un peu plus loin pour signifier aux distraits yankees qu’ils ne sont plus chez eux ! Bon … ça s’passe comme ça chez Uncle Sam … !
– 14h53 : quelques centaines de mètres plus loin, un douanier mexicain totalement démotivé fait mine d’inspecter notre CC. Très occupé par la Chupa Chups qu’il déguste, il ne s’exprime que par mouvements de tête et onomatopées … On le dérange, c’est sûr ! Du coup, il passe complètement à côté de l’arsenal militaire que nous trimbalons ! (je plaisante, c’est trop encombrant)
– 14h53 et 48 secondes : on circule !! Curieusement la douane n’est pas à la frontière, mais 10 bornes plus loin …
– 15H02 : le bâtiment de la douane est tellement miteux que nous manquons de le zapper !
– 15H03 : cet endroit est désert … Le douanier moyennant 500 pesos (environ 25 euros) par personne nous délivre nos visas pour 6 mois. Il ne demande même pas à voir Carlito qui a préféré rester dans le CC. A quoi bon ? Il fait trop chaud pour travailler … Il nous envoie payer à la « banque » de la douane.
– 15H05 : nous apprenons incidemment que la « banque de la douane » est aussi l’endroit où se réalisent les formalités d’importation du véhicule. Bien … Je tends la fiche d’identification du véhicule, des copies du passeport, du permis et de l’assurance du véhicule (qu’on a prise la veille sans aucun souci par internet chez Sanborn’s Insurance pour 6 mois moyennant 326 euros) et tout se passe magiquement. En 10 minutes le douanier-banquier-qui-ne-parle-que-l’espagnol établit notre certificat d’importation du véhicule pour 10 ans. Pour ce faire, il nous reprend quand même 1624 pesos (environ 84 euros) au passage. Mais bon, c’est la loi … alors nous payons !
– 15h27 : les tramites sont accomplies ! A nous le Mexique !!!
Au passage,nous remercions chaudement le blog Rouler sa vie, qui donne des infos précises sur le passage à Nogales qui nous été bien utiles !
La seconde … à visiter le Sonora !
Comme son nom l’indique, le Sonora est le prolongement mexicain du désert éponyme situé en Arizona. Il y a donc quelques ressemblances entre les paysages de l’un et de l’autre ! Avec quelques variantes néanmoins. Le cactus par exemple, il y a moins de Saguaro et plus de Pitahayas !
La première impression du Sonora est logiquement donnée par la ville frontière de Nogales : des taudis s’accumulent le long de la route, parfois séparés par des casses autos ou des décharges. C’est la plus moche entrée dans un pays que je vois depuis la Libye !
Nous empruntons l’autoroute. Les policiers se baladent dans la benne de leurs pick-up, le nez au vent, le doigt sur la gâchette de la mitraillette qui trône en hauteur au milieu d’eux. Même en Colombie, les flics sont armés plus légèrement. Ok, on va pas jouer aux plus malins !
Comme aux US, l’autoroute est excellente et parfaitement rectiligne dans tout l’Etat. Ce qui nous permet en quelques jours d’en avoir un aperçu correct, à défaut d’exhaustif (c’est un immmmense Etat !) ! Les mexicains considèrent qu’il constitue à lui seul un petit Mexique, réunissant des paysages et des problématiques qu’on retrouve au niveau national : la mer, le désert, les forêts, la montagne, les « pueblos magicos », l’amabilité des habitants, la corruption, la drogue …
Un regret : Puerto Peñasco
Trop loin, nous n’avons pas pu y aller. Pourtant les mexicains en disent le plus grand bien !
Un « pueblo magico » : Magdalena de Kino
Ayant franchi la douane en milieu d’aprem, nous savions que nous n’irions pas très loin ! Un principe depuis toujours : ne pas rouler de nuit. Nous faisons donc halte à Magdalena de Kino, « pueblo magico ». Bonne pioche ! La ville est absolument charmante avec ses arcades, sa cathédrale blanche et son mausolée en l’honneur de San Francisco de Kino.
Comble du bonheur et du bon goût, le squelette du saint est en présentation !
On retrouve là tout ce que nous aimons chez les latinos : une ambiance de village chaleureuse, des petites échoppes, des endroits mignons et des gens prêts à bavarder. Hum ! Nous sommes déjà loin des moches villes des US !
Une grande ville vide : Hermosillo
Le lendemain, direction la grande ville de Hermosillo. C’est Jeudi Saint. Nous nous attendons donc à voir les églises déborder de monde, mais même la cathédrale est fermée ! Etrange dans un pays que je pensais hyper catho… Tous les habitants semblent avoir déserté la ville pour le Pont, évêque et curés y compris ! On les comprend un peu vus les 36 degrés ambiants en plein mois d’avril !
Tant mieux pour nous, nous ne sommes pas bousculés ! La ville reprend néanmoins vie dans le quartier du marché municipal où nous dégustons notre premières quesadillas et tortillas locales. Ah ! Dieu est grand ! Il est tellement grand que nous passons un bon moment dans ce quartier à fouiner. Néanmoins, la chaleur finit par avoir raison de nous, et nous mettons le cap vers la mer de Cortez pour aller y chercher un peu de fraîcheur.
Les « autoroutiers » du Sonora sont en grève pour dénoncer la corruption de la police et réclamer des routes « libres » (j’ai pas bien compris le concept, mais bon …). Nous passons donc gratuitement à chaque péage de l’État. C’est sympa pour notre portefeuille, mais la corruption semble être un problème majeur ici. Partout celle-ci est dénoncée par les locaux et, cerise sur le gâteau, un certain nombre de points Ioverlander établis par des voyageurs font état de tentatives d’arnaques par des policiers véreux. Pfff …
Une jolie petite station balnéaire et son oasis : San Carlos
Arrivés à San Carlos, nous jetons notre dévolu sur un arrière de plage pour y passer la nuit. Les mexicains sont en famille et beaucoup campent sur le sable. Bercés par les vagues, nous dormons beaucoup mieux que la veille dans une station-service coincée entre 2 autoroutes !
Au matin, très tôt, nous partons visiter le petit canyon de Nacapule. A 8 heures du matin, quand nous y arrivons, il fait déjà une trentaine de degrés !
La marche à faire est courte mais assez technique !
Ici, bien malin qui saurait dire si nous traversons des paysages mexicains ou marocains !
Partout des trous d’eau naturels jalonnent le canyon volcanique et le contraste entre l’eau fraîche et l’aspect minéral et désertique du lieu est splendide !
Carlito en profite pour tester une petite tyrolienne, mais il y en a de beaucoup plus longues (ainsi que des ponts suspendus et des vias ferratas,bref pour tous les goûts).
Décidément San Carlos nous plaît bien !
Un petit tour au mirador avant d’échouer notre tentative de plage-pour-faire-plaisir-a-Carlito. Il doit faire 38 degrés à l’ombre, le sable est à 60 et l’eau … à 18 ? 19 ? Horreur ! Je déteste l’eau froide ! Carlito sera plus courageux que moi, mais les courants sont trop forts pour que nous restions plus longtemps à la plage (véridique mais bon prétexte pour ne pas s’attarder hihi) ! Vamos !
La station service Pemex de Navojoa
Alors ensuite, nous avons traversé Ciudad Obregon, et Ciudad Obregon c’est nul ! Déjà que les ciudad-obregonnais y restent ( y a quand même 376 000 pékins) …. Mais que les autres y aillent ! Non ! J’vois pas ! Malheureusement, tout le monde est obligé de la traverser. Pour le dire honnêtement c’est une ville moche qui ne donne nulle envie d’y dormir, même et surtout sur son point Ioverlander « Wallmart« . C’est la zone.
Continuant notre route, nous sommes malheureusement pris de court par la nuit. Nul autre choix que de s’arrêter pour dormir à la station service Pemex de Navojoa, la grande ville suivante. Ah la station-service ! Cet incontournable du bivouac nul du voyageur ! Encore une fois nous passons une nuit pourrie coincés entre les camions frigos, les laveurs de camions et les petits trafiquants à vélos .! Une expérience … non incontournable !
El Alamo : un autre « pueblo magico » !
Vous l’avez compris, le point précédent était une blague ! Notre vrai coup de coeur à proximité de Navajoa est le village de El Alamo .
Coincé entre deux montagnes et de style colonial, il possède un charme fou !
Ses rues bordées d’arcades invitent à la paresse.
Les bougainvillées sur les façades …
Nous y passons le samedi et le dimanche de Pâques, en compagnie des touristes mexicains en vacances. Nous sommes de toute évidence les seuls « gringos » du coin. Un peu comme dans le reste du Sonora, d’ailleurs qui est déserté par le tourisme international.
Nous nous gardons bien d’assister aux célébrations de Pâques : 2 ans de Colombie avec des représentations de la mort du Christ frisant l’hystérie collective (la mort du Christ en direct, c’est ici !) et un passage chez les Mormons en novembre, nous ont un peu saturés des bondieuseries chrétiennes (l’Archange Mormonide, c’est par-là !)…
Nous nous contentons donc de profiter de la piscine de l’hôtel dans la cour duquel nous avons élu domicile. De toute façon, il fait une chaleur accablante.
C’est là qu’une famille mexicaine nous invite à partager leur dimanche de Pâques. Nous apprenons que la chasse aux oeufs à bien lieu ici (ce n’est pas le cas en Colombie ou au Pérou où nous étions en 2016), mais se fait avec des oeufs en plastique creux que les parents remplissent de sucreries ou d’argent. Carlito est ravi !
Bières après bières, nous sympathisons fortement ! A tel point que nous sommes ensuite invités à cuisiner et déguster une « discada », plat ici préparé avec des lardons, du chorizo, du porc, du boeuf et … des piments ! Rico !! A part pour Carlito qui manque de défaillir hihi
A ce point là, notre visite du Sonora touche à sa fin car nous sommes géographiquement presque à sa frontière ! Nous achevons cette région méconnue satisfaits : le Sonora offre à ses visiteurs une authenticité appréciable et l’occasion d’entrer en douceur de plain-pied dans le Mexique profond. Nul doute : si c’était à refaire, nous repasserions par cet itinéraire !
Il nous restait ensuite à affronter le Sinaloa, Etat à la réputation des plus sinistres malheureusement … à suivre si Dios quiere ….
Très intéressant, merci
Luc