Petit voyage déboussolant dans la Colombie d’après !

Honda (Tolima), Manizales (Caldas), Termales de San Vicente (Risaralda), Finlandia (Quindio), Montenegro (Quindio), Medellin (Antioquia)

 

On l’attendait depuis plus de 6 mois cette escapade ! Mais, dans un monde désormais dirigé par les cartels du Covid (je continue à le nommer au masculin ce virus, désolée l’Académie française, mais ici on dit « el covid » et non pas « la covid »), difficile de s’échapper. J’ai relu mes articles des six derniers mois et je suis rétrospectivement contente d’avoir tout écrit, tant ce que nous avons vécu  me paraît fou.

 Vivre autrement que pour ne pas mourir était, certes, redevenu possible depuis le 1er septembre, mais nous avons préféré attendre quelques semaines supplémentaires pour nous échapper quelques jours de Guatapé

Bizarrement, ici, rien n’a changé. L’Etat s’est juste contenté de plaquer des règles sanitaires plus ou moins absurdes sur l’existant, ce qui donne souvent une impression « d’emplâtres sur jambes de bois », impression parfois très comique, parfois très anxiogène. 

Voici donc notre expérience personnelle dans la Colombie d’après : 5 endroits visités, 5 ambiances différentes et leurs lots de fous rires ou de frissons, pas seulement liés au conarovirus hélas. On voulait du dépaysement et de la nouveauté, nous en avons eus !!!

 

Quand le papier colle au bonbon : le port du masque en climat (très) chaud et (très) humide

 

Autant être franche avec vous, j’appréhendais de re-voyager dans un pays traumatisé par le conarovirus.  L’idée de devoir porter un masque partout et tout le temps me filait des sueurs froides à l’avance. Je n’ai rien contre, mais bon, en Colombie, comme ailleurs, les exigences le concernant frisent parfois la crétinerie profonde. En voiture, par exemple, où il est obligatoire de le porter pendant tout le trajet (même si le véhicule est occupé par une même famille qui partage les mêmes plats et verres au quotidien, voire plus si affinités pour les parents).

 

 

 

 

Nous voici donc partis de fort bonne humeur, en ce jeudi matin. Direction Honda, dans le département du Tolima, en climat trrrès chaud. Bien sûr, comme nous vivons H24 ensemble, nous décidons de ne pas nous museler. Nous nous sentons d’autant plus légitimes à enfreindre cette règle stupide que nous n’avons jamais mordu personne, pas même un pompiste qui se serait trompé sur la monnaie ! Alors pourquoi nous imposer cela ??? Erreur, ô erreur ! A chaque fois que nous croisons un uniforme (et ils sont nombreux en Colombie), nous bondissons sur nos masques comme des fous, pour ne pas nous faire verbaliser. Le stress commence à s’installer. On dirait des français récalcitrants des années 1980, tirant frénétiquement sur leurs ceintures de sécurité pour ne pas prendre un PV à l’approche d’un gendarme hihi. Sauf que là, c’était avec des muselières. Le truc bien relou quand tu as 6 heures de route brûlante devant toi…

 

 

Honda vue de haut

 

 

La route, parlons-en ! La autopista Medellin-Bogota, route principale du pays, est toujours aussi dégueulasse. On dirait presque un chemin montagnard avec son lot de folklores locaux : trous, glissements de terrain, caravanes de camions et, cerise sur le gâteau, bandits de grands chemins dépouillant les voyageurs. Coup de bol pour nous : nous parvenons à nous glisser entre un gros éboulement, déblayé la veille, et une attaque de grande ampleur des véhicules circulant, survenue le  lendemain. Comme quoi, si on jouait au loto, on pourrait peut-être gagner avec toute cette chance hihi

 

Honda, c’était mon rêve : un village historique au bord du plus grande fleuve colombien, le Rio Magdalena

 

 

 

 

Les conquistadors et leurs descendants, descendaient ou remontaient les marchandises depuis ou vers l’Atlantique jusqu’à Honda (ensuite la navigation n’est plus possible), avant de les acheminer à dos de mules dans le reste du pays. Il reste de beaux vestiges de demeures coloniales, de beaux ponts, de superbes halles et une ambiance hors du temps. De ce point de vue, nous avons adoré et j’en recommande vraiment sa visite, tout comme celle de son joli petit musée sur le Rio Magdalena.

 

 

 

 

 

Il fait une chaleur torride et nous sommes totalement déphasés. Après 6 mois d’enfermement, nous ne savons plus si nous sommes en mars, en juillet ou en septembre. D’ailleurs, nous ne savons pas non plus si nous arrivons à l’hôtel (Waka hotel rural) ou dans la salle d’attente d’un médecin. Avant de pénétrer dans son enceinte, la gérante s’emploie à prendre nos températures et à nous désinfecter. Bien qu’elle soit fort sympathique, et finalement bien plus cool que je ne le craignais, je ne peux m’empêcher de me demander comment en 6 mois, tous les commerçants, hôteliers, restaurateurs, vigiles et autres personnes lambda ont acquis un diplôme de médecine, leur permettant de diagnostiquer avec un simple relevé de température si j’ai ou non le covid ??? C’est magique. Le moindre mec munit d’un thermomètre peut désormais décider si j’ai le droit ou non de participer à la vie de la cité ou si je dois être enfermée avec les autres nuisibles de mon espèce dans un hôpital. Les règles semblent claires : tu n’as pas de température, tu peux vivre normalement. Tu en as : ta vie s’arrête. L’abus de pouvoir est si exagéré et le syllogisme tellement con que j’en reste pantoise à chaque fois que je sors de chez moi. Enfin, gracias a Dios, aucun de nous n’avait de la fièvre et l’hôpital s’est brusquement transformé en hôtel accueillant.

 

 

 

 

D’autant plus accueillant que la gérante ne tolérait pas de musique (ô joie !!!)  dans son établissement, que la piscine était tiède, les paysages alentours superbes et le cocktail de bienvenue délicieux !

 

 

 

 

En plus, la direction n’embêtait pas trop sur le port du masque dans les zones communes. Heureusement car avec cette chaleur humide il nous collait au visage, le rendant immédiatement dégoutant et malsain à porter, un vrai nid à microbes. J’admire vraiment les habitants de ces zones chaudes qui tous, sans exception, se le coltinaient dans les rues. Quel décalage cependant entre cette exigence et la vie des pêcheurs plongeant dans le Rio Magdalena en furie ou se maintenant sur des barques précaires pour faire vivre leurs familles… Supuestamente protégés d’un  dangereux virus par un tapaboca en papier, mais abandonnés dans les eaux déchaînées … Cherchez l’erreur … 

 

 

 

 

 

 

Quand le masque se fait cache-nez hivernal : retour à la montagne 

 

En ce début après-midi de samedi, nous quittons Honda avec regret. Mais il le faut : tous les hôtels réservés de longue date sont pris d’assaut pour le WE par les bogotanais cherchant à s’évader de la capitale. Or, petit problème, les Booking et autres Tripadvisor ne sont pas nécessairement à jour de toutes les fermetures d’établissements provoquées par la stupide quarantaine de 6 mois du Gouvernement le conarovirus.  Du coup, réserver une chambre ou un resto quelque part ne t’assure pas de pouvoir effectivement y dormir ou y manger. Avis aux suivants, faites gaffe à ce petit détail. Téléphonez avant ! Quand on a sa propre voiture, ce n’est pas très grave, mais en bus ça doit devenir beaucoup plus ennuyeux. N’ayant d’autres solutions que de poursuivre notre route, nous mettons le cap sur Manizales, la capitale du Caldas. Comme elle compte environ 400 000 habitants, on se dit qu’on devrait pouvoir y dégoter un hôtel.

 

 

 

Nous voici donc partis, presque en slips, tellement il fait chaud, direction Manizales. 140 kms nous en séparent. Une paille. Pffff … on avait juste oublié qu’il fallait franchir un mur, euh… une montagne impressionnante pour y parvenir. Et nous nous élevons, passant en 2 heures de 250 mètres d’altitude à 3800 mètres de hauteur. En slips, donc. Ou presque. Comment on l’a apprécié notre masque-cache-nez quand nous sommes restés coincés pendant une heure dans un embouteillage provoqué par rien du tout ! Pour un peu on se tricotait un gilet avec le reste du paquet ! A 2200 mètres d’altitude Manizales se fait presque printanière et douce, en comparaison !

 

 

 

Sur la route

Ville moche, mais superbe par ses vues

 

 

Nous trouvons un chouette hôpital pour nous héberger. Il s’agit d’un hôtel centre des congrès, trrrrès à cheval sur les protocoles sanitaires (Estelar recinto del pensamiento). A la réception, on ne rigole pas. Le monsieur est barricadé derrière une vitre en plexi et porte lui-même un masque et une visière en plastique par-dessus. Quand il me parle, c’est bien simple, je n’entends rien et ne comprends rien ! Mais alors rien ! Mes oreilles ne se sont pas adaptées assez vite aux fantaisies du conarovirus. Prise de température pour tout le monde, inscription sur un registre, signatures, désinfection des mains et des chaussures (je l’adore celle là !), vérification du port correct du masque, remise d’un kit anti-covid. Nous sommes prêts à entrer. Je ne sais pas si c’est censé rassurer les gens, mais moi, ça me fait peur toutes ces conneries. Au resto de l’hôtel, c’est pire. On nous donne des sachets dans lesquels ranger nos masques pour ne pas contaminer les tables, le serveur désinfecte tout et partout, une chaise sur deux est barrée de scotch … 

 

 

… et son kit anti covid hihi

 

 

Le lendemain, mauvaise nouvelle. Le Parc National des Nevados que nous souhaitions visiter est toujours fermé, tout comme, plus loin, le jardin botanique d’Armenia qui ne rouvrira pas avant le 19 décembre. Par chance, l’hôtel propose une magnifique visite (payante) de son domaine, alliant montée en télésièges, serre de papillons, refuge pour colibris, jardin de bonzaïs et forêt d’orchidées. C’est avec joie que nous nous offrons le tout, commenté par un guide lui-même vêtu comme un décontaminateur de site nucléaire ! Je ne sais pas s’il faut mourir de rire ou pleurer à chaudes larmes …

 

 

Tu vas nettoyer un site nucléaire ? Non ! non ! je pars en balade avec un groupe !

 

 

Toujours est-il que Manizales, aussi moche soit-elle, nous plaît bien, toute entourée de montagnes qu’elle est. Carlito suggère même d’y déménager ! Il faut juste prévoir plus de cache-nez-masques pour ne pas y mourir de froid.

 

 

 

 

Après une dernière prise de température pour toute la famille, supposée attestée que nous ne sommes pas tombés malades lors de nos 2 nuits dans l’hôtel-hôpital-centre-des-congrès, nous reprenons la route, vers une autre absurdité !

 

 

En Colombie, on ne rigole pas avec le masque. Petit message placardé par un habitant à l’adresse de tous les fils de p… qui n’en portent pas (SIC)

 

 

Le masque, les roues de la bagnole et les eaux thermales.

 

En ce lundi matin, nous sommes bien décidés à atteindre Filandia pour rendre visite à nos amis Sandrine et Vincent qui possèdent une finca cafetera dans ce beau village. Mais, auparavant, petit détour par les thermes de San Vincente à Santa Rosa de Cabal. Nous connaissions les autres thermes de cette ville, mais pas ceux-ci, enfoncés de 20 bornes dans la montagne. 

 

 

Bienvenido aux bagnoles « libres » de covid

 

 

Quand nous y parvenons, il fait un temps islandais. Nuages, froid, forte odeur d’eau soufrée. En fermant les yeux, on s’y croirait. Nous avions acheté nos billets (bien chers) au point de vente situé à la sortie du village, nous savons donc qu’ils sont ouverts.  Quand nous arrivons, et comme nous allons nous tremper dans l’eau, je m’attends à un protocole sanitaire de dingues. En prévision, je sors de la voiture pour me soumettre aux facéties locales, mais la dame me dit que ce n’est pas la peine. Ils veulent juste … désinfecter les roues de la bagnole avant que nous pénétrions dans l’enceinte ! Ce qu’ils font avec application. Je tente la blague de savoir si je peux désormais laver voiture dans les piscines, mais ça ne fait rire personne. Après quoi, nous sommes autorisés à aller nous baigner. On ne nous recommande même pas de prendre une douche avant, du moment que les roues de voiture sont propres. J’en ris encore ! 

 

 

 

Devant la décontraction générale, nous passons 3 heures à barboter. Sans masques. Que c’était bon !!!!

 

 

 

Retour sur la route Medellin-Pereira. Comme ça descend fort, nous croisons hélas un des très nombreux accidents de « gravity-bike » (voir cette vidéo) qui ont lieu tout le temps en Colombie. Des ados s’accrochent derrière des camions pour remonter au sommet d’une route très fréquentée et se laissent glisser le plus vite possible dans la descente sans freiner. Jusqu’à la mort trop souvent. Triste. 

 

 

Photo, La Prensa Oriente

 

 

Mais quelle joie d’arriver enfin chez Sandrine et Vincent ! Sans protocoles, mais avec apéros, nous partageons 2 formidables soirées avec eux et leur accueil chaleureux nous fait un bien fou. Encore merci les amis !!!

 

 

 

La disparition des masques dans les bambous 

 

Le mardi, nous prenons la route du « Paradis des bambous et de la guadua«  à Montenegro, dans la banlieue d’Armenia. C’est un centre de renommée internationale, qu’un autre ami français nous invite à découvrir.

 

 

 

 

Comme nous sommes seuls, notre guide nous autorise à visiter ce superbe site sans masques. Hourra !!!! Quel bonheur de se débarrasser de ce machin en pleine nature !

 

 

 

 

Non seulement nous apprenons plein de choses sur ces plantes (entre autres que les bambous n’ont pas d’épines, contrairement aux guaduas), mais en plus une délicieuse collation en bambous comestibles nous est servie, le tout dans un cadre de grande beauté et un calme parfait. Je recommande vraiment cet endroit, même si son entrée peut paraître un peu chère de prime abord. On peut même y dormir à un prix très raisonnable dans un luxe de quiétude.

 

 

Les chambres

 

 

Le masque accessoire de mode ridicule

 

Nous reprenons la route, direction le sud de Medellin pour visiter 2 villages que nous ne connaissons pas encore. Comme la route reliant Medellin à Pereira, l’une des principales du pays, a été refaite, nous avançons à vive allure et pensons être dans un timing parfait. Pfff … c’était sans compter sur la dernière tranche des travaux, quelques kms avant La Pintada. Sans prévenir, la route se ferme brusquement. Nous sommes coincés dans un embouteillage monstrueux pendant plus de 3 heures. A l’arrêt total. Sans que personne ne sache dire pourquoi. C’est le folklore colombien de la route, que nous avions oublié. La journée est perdue. Quand nous en sortons enfin, il fait nuit noire. Pas d’autre solution que d’aller dormir à l’hôtel à Medellin

 

On rêvait de quelque chose comme ça (Tamesis, Antioquia):

 

 

 

 

On s’est retrouvé dans ça :

 

C’est finalement l’occasion d’y retourner, depuis plus de 8 mois que nous n’y avons pas mis les pieds. Premier constat : il y a plein de commerces et restaurants qui n’ont pas survécu à la quarantaine ou plutôt à la « simoizaine ». Deuxième constat : en ville, le port du masque est respecté scrupuleusement et c’est même devenu un business juteux pour certains et un accessoire de mode pour tous les autres. On en trouve de plein de sortes : des rigolos, genre masques de carnaval, des fashions, des « casquettes-masques », enfin, des trucs de fous hihi. C’est trop laid hihi

 

 

 

Dans les grands Mall, bien loin des masques inefficaces des pêcheurs de Honda, des caméras thermiques sont installées aux différentes entrées. Tu es sommé de te désinfecter à longueur de temps. Encore une fois, cette ambiance me donne envie de m’enfuir ! Tout est exagéré, tout est angoissant et … d’une utilité parfois douteuse. Menfin ….

 

 

Un business juteux le covid

 

 

Bref, nous rejoignons Guatapé à grande vitesse pour nous soustraire à ces délires en nous réfugiant dans notre jardin !

 

Conclusion 

 

Retour dans le village de « l’ego tourisme » où faire de l’argent pour les uns, et des selfies pour les autres, semblent la seule finalité des colombiens.

Ce voyage d’une petite semaine était réellement le bienvenu, bien que tous les protocoles sanitaires et la désorganisation légendaire du pays l’aient quelque peu compliqué.

Et maintenant ?

Les frontières aériennes de la Colombie sont désormais ouvertes avec quelques pays du continent américain, essentiellement. Il semblerait que les français puissent accéder au pays par des voies détournées. Certains l’ont déjà fait. Il y a néanmoins un strict protocole à réaliser : s’inscrire sur le site des migrations, réaliser et fournir un test PCR négatif de moins de 96 heures et se soumettre à un bilan quotidien de santé à répertorier sur l’application Coronapp pendant 14 jours.

 

Quant aux frontières maritimes et terrestres, elles demeurent fermées jusqu’au 1er novembre 2020, sans que cette date signifie pour autant une ouverture de celles-ci, le Gouvernement laissant planer le doute qu’elles restent fermées jusqu’en 2021.

 

L’état d’urgence sanitaire a été replongé jusqu’au 30 novembre, sans que cela n’implique les mêmes abus de pouvoir étatique qu’en France.

 

Enfin, l’épidémie n’est pas réglée, mais je crois que plus personne ne veut en entendre parler, tant elle a fait des ravages économiques et autres que sanitaires.

 

Petit conseil : attendez encore pour venir !

 

 

 

 

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