Oaxaca ,Quérétaro ; Durango, Mexiquillo ; Mazatlan, La Concordia
Quand je vous ai laissés, il y a 3 mois, notre plan de passer l’hiver dans le sud du Mexique, à Oaxaca, s’effondrait. C’était un peu déboussolant car non seulement nous n’avions rien prévu d’autre, mais en plus notre gros véhicule se trouvait en storage là-bas.
J’ai remarqué que dans le genre de vie que nous menons depuis des années la vraie difficulté est cette obligation de se remettre en question tous les jours et de s’adapter en permanence aux aléas. Ne jamais pouvoir tenir pour acquis un futur dont on a dessiné les plans un peu trop à l’avance. C’est vrai dans toutes vies me direz-vous, mais encore plus dans une existence peu routinière. Or, cette routine, on en a parfois besoin et c’est justement ce que nous recherchions pour notre hiver : être dans un endroit fixe et pouvoir reprendre des activités du quotidien, ne serait-ce que la classe de 4ème de Carlito sans toujours courir après un wi-fi extérieur et improbable.
Nous nous décidons donc à laisser quelques jours en storage notre van à Durango, au Balneario San Juan, pour prendre l’avion jusqu’à Oaxaca et récupérer notre gros CC. L’idée est de le remonter à côté du petit, pour avoir les 2 au nord du Mexique et y passer décembre, janvier et février.
Voici donc le compte-rendu d’une saison sèche dans le désert …
Les villes coloniales mexicaines, joyaux du pays
J’ai souvent parlé de la superbe ville de Oaxaca ces dernières années (ici et ici) et notre passage éclair dans cette dernière nous éblouit encore une fois. Nous sommes le 1er décembre et le gouverneur nouvellement élu a plus ou moins payé les communautés indigènes pour venir l’honorer en ville au cours d’un défilé. Ce n’est pas très très éthique, mais nous apprécions le spectacle qui met en scène tous les personnages de ce folklore si particulier !
Après avoir retrouvé notre imposant véhicule au storage en parfait état (gracias a Dios !), nous prenons donc le chemin en direction du Nord : 1350 kms nous séparent de Durango. Quand je pense que pour réaliser ce trajet il nous a fallu 12 heures de voyage en avion à cause des correspondances idiotes , j’espère qu’il ne nous faudra pas 3 semaines pour revenir par la route …
A défaut de correspondance absurde, une étape touristique s’impose : la visite de la ville coloniale de Queretaro que nous ne connaissons pas encore. Le trafic y est absolument dingue entre les autoroutes en travaux et la saturation du réseau routier. Une pure horreur !
Pourtant, nous ne renonçons pas et découvrons une ville magnifique et enthousiasmante où les bâtiments de l’époque coloniale sont bordés de délicieux jardins, où chaque petite rue débouche sur une surprise. Elle a d’ailleurs de faux airs de Guanajuato (ici).
Nous y aurions bien passé nos 3 mois mais, comme souvent au Mexique (hors côtes), il n’y a pas de campings. C’est vraiment dommage ….
Les joies du Mexique … enfin, si on peut dire ….
Nous poursuivons donc notre route par le San Luis Potosi et le Zacatecas qui est alors à feu et à sang. Il l’était déjà quand nous y avions passé 2 nuits quelques semaines auparavant (ici), mais début décembre tout s’est aggravé et les habitants nous invitent à faire encore plus attention. De fait, pendant tout le mois les gangs s’affronteront faisant un certain nombre de victimes, la « délinquance ordinaire » se contentant quant à elle de dépouiller les « paisanos mexicanos » (mexicains vivant aux US et revenant passer Noël au pays) et de voler leurs voitures sur des axes routiers à grands passages et en plein jour. Bueno ….voyager au Mexique implique décidément un maximum minimum de précautions et de bon sens. Nous rayons par conséquence de notre itinéraire, les 46 kms de route allant de Colotlan (Jalisco) à Tepetongo (Zacatecas) où 17 personnes ont été enlevées et/ou assassinées rien qu’en décembre 2022 (ici). C’est triste et horrible pour les personnes concernées et leurs familles et bien préoccupant et contraignant pour les autres.
Tout cela n’est cependant rien avec ce qui se produira quelques semaines plus tard dans le Sinaloa, autre Etat limitrophe du Durango (pris en sandwich entre 2 voisins peu recommandables). Comme tout le monde en ce 5 janvier nous apprenons que des tirs à balles réelles ont visé un avion de ligne décollant de Culiacan (ici) et que des scènes de guerre ont éclaté dans cette même ville suite à l’arrestation du fils du tristement célèbre narcos El Chapo. Durango n’étant, à vol d’oiseaux, pas très loin, nous redoutons que cette flambée de violence ne s’étende jusqu’à nous, mais il n’en sera heureusement rien : quelques membres des gangs ont incendié un camion à l’entrée de l’autoroute reliant le Durango au Sinaloa, ce qui empêche alors tout le monde de passer, bons ou mauvais. Bien que cela n’ait duré que quelques jours, l’ambiance est cependant un peu plombée en ce mois de janvier, aucun voyageur ne s’aventurant dans la région pendant plusieurs semaines, nous contraignant un peu à l’isolement.
PS – On nous demande souvent si le Mexique nous paraît plus dangereux que la Colombie ? Pour ne pas encombrer le propos, je répondrai à la question à la fin de l’article ***
Durango, « havre de paix » au milieu du chaos
Avec tout cela, vous vous dites sûrement « quel agréable pays pour voyager et vivre ! », « comme je les envie d’être là-bas ! » ou, plus vraisemblablement « ce sera bien fait pour eux s’il leur arrive quelque chose ! ». Vous aurez en partie raison, mais en partie seulement.
En effet, ce n’est malheureusement pas que le Mexique du Nord qui est gangrené par la violence : il me semble que hormis le Campeche, le Yucatan (et encore) et quelques bulles touristiques ponctuelles comme Puerto Vallarta, tout le pays est soumis au même régime, seule l’intensité des problèmes de violence et de cartels faisant passer un Etat du statut de « à éviter » à celui de « à fuir absolument » (et en plus, ça varie au fil des années). Or, au moment où j’écris le Durango fait plutôt partie de ceux les moins problématiques (sa capitale en particulier, mais ça n’a pas toujours été le cas).
Pour en revenir à Durango, disons que l’expérience des 3 mois est globalement positive et intéressante. J’ai déjà présenté la ville à 2 reprises (ici et là), je n’y reviendrai pas. C’est une jolie petite cité coloniale et provinciale, bien proprette à l’intérieur et très poussiéreuse à l’extérieur. Surtout quand le vent se lève ! Et du vent, en hiver, il y en a presque tous les jours ………. Je crois que la poussière est à Durango ce que la pluie est à Guatapé : un fléau hihi. On ne voulait plus de flotte sur la tête ?! La vie nous a écoutés : elle nous a ensevelis sous la poussière ! J’ai même vu des gens balayer les feuilles des arbustes de leur jardin pour qu’ils redeviennent un peu moins jaunes ! Bref, dans la région de Durango-capitale c’est sec, sec et sec … et encore plus en saison sèche ! Imaginez une vaste zone désertique ponctuée de miraculeux points d’eau et parsemée de végétation rase et de cactus… Des nuits froides, des journées tièdes … Un ciel bleu azur … Le tout bordé de montagnes au loin…
Intra muros :
Extra muros :
Cela étant dit, j’ai particulièrement apprécié l’organisation des fêtes de Noël, entre le défilé type corso quelques jours avant le 25 décembre, les décorations et les spectacles de patinage offerts gratuitement par la mairie. Nous avons eu la chance d’y assister avec la « Familybro » un soir et plusieurs jours d’affilée avec nos amis « Hasta La Luna » (qui nous nous ont fait l’amitié de venir passer les fêtes ici avec nous, pour notre plus grand plaisir).
J’ai également beaucoup aimé le Balneario San Juan où nous avons passé nos trois mois. Certes, tout n’y est pas parfait (beaucoup de poussière et des douches froides), mais c’était génial d’avoir à disposition permanente des piscines thermales chaudes et beaucoup d’espace pour nous. Nous y avons assisté à des couchers de soleil fabuleux et avons pu y observer de très nombreuses espèces d’oiseaux endémiques ou migrateurs.
Enfin, Carlito a eu la chance de pouvoir intégrer très facilement un super club de VTT (« La tribu » , contact via Instagram – latribu.dgo) au centre-ville de Durango dans le Parque Guadiana, pratiquant son sport favori en compagnie de petits mexicains 3 fois par semaine. En nous fixant quelques temps à un endroit, c’est ce que nous recherchions : remettre en place une certaine routine pour réaliser des activités scolaires et sportives.
Nous avons même eu l’opportunité de pouvoir rencontrer toute la communauté française de Durango : c’était facile, il n’y a au total que 5 charmantes jeunes femmes mariées (ou pas) à des mexicains qui vivent ici !
Cela dit, faire une pause dans le voyage, c’est aussi accepter de s’ennuyer un peu. D’une vie trépidante où l’on découvre tous les jours de nouveaux endroits, on passe à une vie ralentie où il faut se réinventer un quotidien sans posséder aucun repère.
C’était assez facile pour Carlito dont les journées sont rythmées par le travail scolaire le matin, le vélo un jour sur deux, la tablette et les piscines quand il n’a personne pour jouer et les jeux avec d’autres enfants quand il y en a eu au camping. Je l’ai vu heureux de partager son temps avec les copinettes « Hasta la Luna » puis avec Julieta et Leonardo, 2 argentins de son âge qui ont passé un petit mois au San Juan avec leur famille.
Je n’ai pas eu trop de difficultés non plus car, à l’arrêt, je partage mon temps entre le travail scolaire de mon fils et l’aquarelle. Il n’y a qu’au milieu du mois de janvier, quand l’affaire El Chapo a fait fuir les voyageurs, que je me suis sentie un peu isolée à Durango. Mais c’est assez vite passé.
Seul Jérôme s’est un peu ennuyé, privé de tennis et de rencontres francophones en janvier, jusqu’à ce que nos amis Greg et Sandra (rencontrés l’an dernier à Oaxaca) nous fassent le plaisir de venir nous voir spécialement et que d’autres voyageurs s’installent un moment au San Juan.
Du coup, le reste du temps, il en a profité pour redonner un coup de jeune et de propre au camping-car en peignant les façades rustiques de ses meubles en blanc. A chacun son talent de peintre dans la famille hihi
Ces moments de relative solitude nous ont également donner le temps de visiter un peu mieux le Durango, très étrange Etat partagé entre désert, canyon et montagnes boisées.
Des paysages désertiques à l’océan
Le moins que l’on puisse dire du Durango, immense Etat par sa taille, est qu’il propose des paysages insolites. On aime ou on déteste, mais ici rien n’est galvaudé, tout est rude et la moindre trace d’eau paraît miraculeuse. C’est un pays de cow-boys où les santiags et les « sombreros de vaqueros » sont rois, et pas seulement pour le folklore.
Cascade de El Saltito
Je pense par exemple à la cascade de El Saltito à proximité du pueblo de Nombre de Dios. Bel endroit même en saison sèche, qui gagnerait néanmoins à être nettoyé car c’est hélas un dépotoir.
Canyon « Tres molinos »
En revanche, mention spéciale au canyon « 3 molinos » situé en périphérie de Durango-capitale. Une route paumée traversant des champs de cactus, puis une piste abrupte conduisant à une rivière bleu-saphir. Eblouissant ! Gros véhicules non 4X4 s’abstenir.
Parc naturel de Mexiquillo
Autre bel endroit : le parc naturel de Mexiquillo, près de la ville de El Salto. Nous y avons passé une nuit, au milieu des rochers étranges jouxtant une forêt de pins. La rivière et sa cascade, un peu à sec en cette saison, étaient moins spectaculaires que le joli petit lac près duquel nous avons dormi.
Quand tu sors enfin du désert !
Mais que ça reste très minéral derrière toi !
Miraculeusement, même en saison sèche, il reste un peu d’eau !
La ruta 40 « libre » de El Salto à Mazatlan
C’est de cet endroit que nous avons emprunté la route 40 « libre » qui, autrefois reliait seule le Durango au Sinaloa. Une succession de virages au sein de la Sierra Madre Occidental offrant des vues panoramiques à couper le souffle. J’avoue que l’affaire « El Chapo » nous avait de prime abord un peu dissuadé à emprunter cette route sauvage et délaissée par le trafic local en raison de l’autoroute. Pourtant, après consultations des habitants et de la police, tous les feux étaient au vert pour la parcourir et nous n’avons pas regretté notre décision.
Mazatlan, Sinaloa
Notre idée était d’aller passer quelques jours à Mazatlan, en bord de Pacifique. Quelle surprise de voir cette ville que nous connaissions déjà (ici) en pleine expansion ! Partout des immeubles en construction ! Son malecon reste néanmoins fabuleux à parcourir.
Sur le retour, une courte visite dans le pueblo de La Concordia a achevé de nous persuader que le Sinaloa est lui aussi un superbe Etat auquel une partie de ses habitants fait bien peu honneur, hélas !
Et maintenant ?
Depuis un an, la question revient rituellement tous les 3 mois !
Comme certains d’entre vous le savent, nous reviendrons passer un mois en France en mars/avril. Après 4 ans d’absence, gageons que notre pays aura bien des choses pour nous étonner !
Entre temps, il nous reste à vendre ou mettre en storage notre gros véhicule, à remonter jusqu’à Dallas avec le van, à visiter quelques parcs nationaux mexicains ou texans et … à prendre l’avion le 20 mars !
Ensuite … j’en reparlerai dans d’autres articles car celui-ci est d’ores et déjà beaucoup trop long !
Affaire(s) à suivre !
*** Réponse à la question : le Mexique nous paraît-il plus dangereux que la Colombie ?
- Réponse courte : oui .
- Réponse plus élaborée : – 1° dans les classements internationaux le Mexique ressort toujours comme plus « criminel » ; 2° – dans le ressenti subjectif et à cause de notre mode de voyage, on se sent beaucoup plus vulnérables qu’en Colombie. Il y a de la délinquance « ordinaire » dans les 2 pays, mais au Mexique les activités criminelles (assassinats / enlèvements) semblent pouvoir viser n’importe qui, n’importe quand, n’importe où, alors qu’en Colombie elles sont désormais plus « ciblées » ;
- Réponse « touristique » : la plupart des touristes internationaux voyagent dans des zones « protégées » et n’ont donc aucune vraie raison de ne pas venir au Mexique (il faut évidemment se méfier de la délinquance ordinaire et de la police corrompue). Quant aux voyageurs au long cours qui doivent traverser tout le pays, je dirais que l’ennemi n°1 est la fausse sensation de sécurité que génère la grande amabilité des mexicains et qui incite à peu près tout le monde à considérer le Mexique comme un « pays safe » habité par des bisounours mignons. Ce qui est faux, tout le monde le sait bien. Il me semble que rester prudent, vigilant et informé est la meilleure attitude à adopter au Mexique (comme en Colombie d’ailleurs), tout comme éviter de conduire de nuit. Pas de psychose, pas d’angélisme non plus.
Super, les enfants attendent la visite de Charles avec impatience, lyon est prêt !!!!
Coucou amigos ! On va essayer de combiner ça :))
Allo les amis ,
Val quel beau récit captivant de votre aventure.
Nous reviendrons l’an prochain mais cette fois sans caravane. Nous vous souhaitons un beau séjour en France ainsi que le meilleur pour la suite.
Lyne et Denis de Québec.
merci beaucoup les amis ! Profitez bien de Puerto Vallarta !