New-York (Bronx, Newark, Staten Island, Lower Manhattan, China Town, Little Italy, Harlem, Central park nord)
Nous quittons Newport avec une intention précise et un souci de taille : visiter New-York et trouver un storage pour le van avant le 7 août 2023 (je vous expliquerai plus tard pourquoi). Sur le papier, tout semble facile !
Pourtant, l’affaire vire rapidement au casse-tête : j’appelle tous les storages de France et de Navarre de NY et de son immense agglomération et chaque fois la réponse est la même : NON. « Non, vous n’avez plus de place ?! » « Non, nous ne voulons pas de VR chez nous ». « Même à 950 dollars par mois ?! » » Oui madame, même à ce prix » …
Mais quel est donc ce racisme anti camping-car ? Je finis par poser la question et le couperet tombe : en saison estivale les storages ne louent pas aux VR car les gens s’en servent de campings … Sans rire … Nous, on ne veut pas tricher, on veut juste une place de stationnement longue durée ! Je suis réellement au bord de la crise de nerfs à force de me faire balader virtuellement de Boston à Philadelphie quand, miracle, un Cubesmart de la région de Newark (New-Jersey) me dit banco … à condition que nous passions au bureau dans les 48 heures !! Or, nous en sommes à 250 bornes et une agglo de 20 millions d’habitants à traverser …
Comble du bonheur, une alerte canicule vient d’être déclarée pour les 4 jours qui arrivent …
Tant pis ! On fonce même si on ne comptait pas venir à NY aussi vite et tôt.
Vous allez voir qu’avec nous, vous allez découvrir des facettes de NY dont on ne vous a jamais parlé hihi. Je vais essayer de glisser quelques petites vidéos pour illustrer certains propos. Je réponds par avance à une question : je les publie d’abord sur Youtube avant de les insérer dans les articles car ça m’évite d’utiliser un logiciel de réduction de format.
Premiers pas dans une agglo gigantesque
Si vous avez déjà visité NY en tant que français, j’imagine que vous y êtes arrivés en avion pour la très grande majorité. Un gars a posé l’appareil tranquilou, vous avez ensuite pris un transport X ou Y qu’un autre gars a conduit (et déjà, vous vous êtes trouvés bien courageux et trop fous de cette aventure), et, au pire, vous avez marché dans trois rues avant de vous effondrer dans une chambre d’hôtel possédant au minimum un lit, une douche et des toilettes. A l’agonie mais fiers de vous.
Pour nous, en van, c’est un poil plus compliqué :
- personne ne conduit pour nous et ne nous dirige
- nous devons trouver notre route dans une zone très densément peuplée d’individus
agressifspeu patients en voiture - nous ne savons pas où loger en sécurité : à NY il n’y a que 2 campings dont un est fermé pour 2023 et l’autre complet et à 150 balles la nuit. Certes, d’aimables voyageurs ont laissé quelques points Ioverlander dans des rues, mais aucun ne présente un soupçon de confort et encore moins de possibilité de brancher notre climatisation pour ne pas succomber à la canicule durant la nuit
- nous ne savons pas où trouver de l’eau pour le réservoir, de douches pour nous laver ou des toilettes pour vous savez quoi (aucune dump n’existant à NY ou environ, sauf celle du camping à condition de payer 40 dollars pour vider ton bac à crottes). Ni même un hôtel qui posséderait un parking pouvant accueillir un véhicule de plus de 3.50 m de haut. Il y a bien quelques motels dans le New Jersey, mais c’est mal placé et vu leur faible prix (entre 120 et 150 dollars la nuit), on risque de tomber dans des chambres puant le tabac froid, aux lits garnis par les poils et cheveux des précédents occupants et à la moquette douteuse (ça nous est arrivé une fois à Los Angeles et dans un hôtel d’aéroport à Atlanta). Donc, merci bien !
La visite de NY en van s’annonce donc de haut niveau hihi ! Dans tous les cas, ce sera une expérience unique, loin des sentiers battus de certains touristes qui se promènent leur « to do list » à la main pour ne pas oublier de faire exactement le même cliché que celui posté sur Insta des millions de fois par d’autres.
Quoi qu’il en soit, en ce jeudi matin, nous n’avons qu’une ambition : arriver à Newark au storage pour valider notre inscription. L’ambiance dans le véhicule est aussi exécrable que la chaleur est accablante : la circulation est infernale, il y a des péages que nous ne savons pas comment payer car tout se passe par photos, le GPS n’arrive pas à distinguer les trop nombreuses voies qui circulent presque (c’est le mot important) en parallèle mais ne vont pas au même endroit, il y a des travaux, des déviations. On se perd avant de se retrouver. Bref, c’est l’enfer.
Quand nous arrivons dans le Bronx, il est l’heure de déjeuner. Même si le quartier a mauvaise réputation, nous n’avons pas peur du tout. Nous lui trouvons, au contraire, un air de havre de paix comparativement aux autoroutes parcourues. J’achète même des mangues à une mexicaine qui en vend en bord de rue ! J’irais bien visiter le jardin botanique, mais nous n’avons hélas pas le temps.
Nous continuons notre route en direction du New-Jersey, de l’autre côté du pont Georges Washington qui traverse le fleuve Hudson.
Des heures s’écoulent dans les embouteillages avant que nous ne parvenions enfin au storage. Je tremble de peur que le gérant ne change d’avis, mais, très cordialement il nous confirme que moyennant 250 dollars par mois plus 50 de frais de dossier (tous payables le jour même), nous pourrons laisser le véhicule chez lui aussi longtemps que nous payons. Ouf !!!!!!!!!!!!!! C’est cher, mais finalement beaucoup moins onéreux que dans le reste de NY où les prix peuvent monter jusqu’à 950 dollars le mois de stationnement pour un petit véhicule (à condition qu’il soit accepté, vous avez suivi).
Il n’en reste pas moins que nous devons trouver où dormir et nous doucher. Je demande dans un centre récréatif si nous pouvons utiliser leurs douches, mais me heurte à un refus. Le gars nous renvoie dans un centre pour SDF, ce qui vexe Carlito hihi. Comme il est tard et que nous sommes épuisés, nous décidons à contre-coeur d’abandonner l’idée. Nous tombons au hasard sur un Walmart qui fera l’affaire pour la nuit. Pourtant, c’est une idée pourrie : il fait 36 degrés dans le van à la nuit tombée, il n’y a pas une pique de brise pour nous rafraîchir quand nous ouvrons les fenêtres et les trafics routier et aérien proches de nous sont dingues. Nuit blanche.
Staten Island, notre refuge !
Au matin, nous sommes las. Vraiment las. Si nous voulons survivre aux 11 jours qui s’ouvrent devant nous, nous devons trouver un endroit ventilé pour les nuits et, éventuellement pas trop craignos. Nous écartons l’idée de dormir dans Manhattan où il fera trop chaud, celle d’aller à Brooklyn car on n’est vraiment plus dans le coin et qu’on veut limiter les trajets en van dans ce chaos de circulation. En bord de fleuve, pas trop loin de nous, il ne nous reste plus que Staten Island.
Personne ou presque n’en a jamais entendu parler, mais c’est un quartier de NY, peu touristique et plutôt résidentiel (au sens de banlieue dortoir). Il n’y a qu’un seul point Ioverlander, montrant que même les voyageurs n’y vont que rarement. C’est pas grave, nous trouverons bien où dormir.
Nous nous dirigeons en direction du terminal du ferry qui relie gratuitement Staten Island à Manhattan et trouvons un petit parking en bord de fleuve, au pied d’une barre d’immeubles qui ne font pas très riches. Nous estimons que ça fera l’affaire pour le soir à venir et partons de ce pas nous garer au parking du ferry pour aller faire 3 pas dans Manhattan !
Le ferry, qui part toutes les 30 minutes, H24, nous épate. Il est en permanence bondé. La vue sur la skyline de Manhattan est magnifique et nous passons à proximité de la Statue de la Liberté. C’est assez émouvant.
Premiers pas dans Manhattan
Passée la première émotion d’arriver dans une ville mythique, nous nous lançons à l’assaut du Lower Manhattan à pied.
Nos premières images sont celles-ci et, bizarrement, ça nous épate moins que prévu. Il y a toutes sortes d’immeubles grands ou petits, de diverses générations. C’est plus chaotique que réellement beau. Et surtout, ça ressemble à tout ce que nous avons déjà vu en photos de la ville (évidemment hihi), donc l’effet de surprise n’y est pas, contrairement à Chicago qui nous a tant étonnés et émerveillés au premier coup d’oeil.
Bueno, nous continuons en longeant le fleuve en direction du pont de Brooklyn. Nous apprécions davantage car de nombreux bateaux sont amarrés, qu’il s’agisse de bateaux historiques à visiter ou de voiliers de particuliers.
Nous regardons longuement les voiles sur le fleuve.
Puis nous traversons le quartier de Seaport, l’un des tous premiers historiquement parlant.
De fil en aiguille, nous atterrissons devant le World Trade center.
Le quartier est vraiment sympa et coloré, très design également.
Le mémorial, en revanche, est plus triste. J’avoue ne pas très bien comprendre la symbolique qu’il véhicule. C’est néanmoins poignant.
L’après-midi avançant, nous rejoignons le ferry, refaisons coucou à la Statue de la Liberté et regagnons Staten Island.
Nous allons voir si notre coin pour dormir est correct ou non. A la réflexion, coincé entre les immeubles un peu miteux et la zone industrielle du port, il a l’air un peu louche. Tant pis, on s’en contentera pour la nuit. N’ayons peur de rien et gardons la foi car on devra dormir fenêtres ouvertes à cause de la chaleur.
La nuit tombe. La vue depuis notre spot est très belle !
Contre toute attente, nous passons une excellente nuit, dérangés par absolument personne et nous réveillons frais et dispos pour entamer une nouvelle journée de canicule. N’ayant aucune douche en ligne de mire nous nous lavons au gant de toilette pour le 2ème jour consécutif, les cheveux sous le robinet de l’évier. Quant aux toilettes, nous utilisons ceux d’une bibliothèque publique à proximité, ceux du terminal de ferry, voire ceux du ferry lui-même. Faut être motivés, c’est pas niveau « voyageurs débutants ou effarouchés » hihi
Chinatown et Little Italy
L’idée est d’aller visiter Chinatown et Little Italy en ce samedi 27 juillet de l’an de grâce 2023.
Mais avant, un petit tour dans « notre quartier » (Saint Georges de Staten Island) pour trouver une laverie. L’occasion de constater que plusieurs communautés s’y côtoient : blanches- bobos, afro-américaines, asiatiques et latinos. Les premiers vivent dans de jolies demeures en bois fin 19ème, les autres dans des immeubles en briques. Tous ont l’air de cohabiter plus ou moins tranquillement, dans ce coin en tout cas.
Notre linge lavé, nous reprenons le ferry en direction de Manhattan et plus précisément de Chinatown. Nous sommes très curieux de visiter ce quartier un peu mythique.
Même s’il est tout petit, il est très typique et nous intéresse beaucoup. Il n’a en revanche pas grand chose à voir avec ce que les films nous en ont montré.
Dans une rue, un rabatteur nous indique un salon de coiffure mixte : ça tombe bien, Jérôme et Carlito ont besoin d’une coupe de cheveux. Curieux et amusés, ils entrent et sont immédiatement pris en charge. Pas le temps de se rendre compte que les conditions d’hygiène sont presque inexistantes : une bonne vingtaine de clients sont alignés tandis que des coiffeurs s’affairent sur leurs tignasses. Les cheveux coupés s’accumulent sur le sol qui en devient glissant. Les brosses et tondeuses passent d’une tête à l’autre sans précaution de nettoyage. Et bien sûr, tout le monde s’exprime en chinois. Hallucinant !
Une minute de Chinatown et de coiffure sino-americaine 😁
Pour autant, les 2 sont contents de leur coupe de cheveux. C’est au moment de payer que les choses se corsent. En entrant, j’avais demandé le prix et le patron m’avait dit « thirteen » (13) par personne. Donc « twenty-six » (26). Nous tendons donc 30 dollars à la patronne qui ne nous rend aucune monnaie et s’en va sans dire au-revoir. Nous patientons un petit moment, pensant qu’elle va revenir, mais non. Je vais donc la voir et lui demande notre monnaie. Et là, absolument furieuse, elle refuse net. Poliment, j’essaie de lui demander pourquoi mais elle se fâche encore plus fort en sino-anglais, nous traitant carrément de voleurs en hurlant comme une hystérique. C’est le comble. Voyant le tapage, son mari s’approche et nous dit qu’il manque encore 2 dollars sur ce qu’on leur doit. Donc, en Chine, 13 +13 ne font pas 26, mais 32. Nous n’en sommes pas à 6 dollars près, mais vue l’amabilité de nos interlocuteurs, on se braque à notre tour. Finalement, j’obtiens l’explication : les 6 dollars supplémentaires, c’est pour le TIP (pourboire). Morts de rire sur la façon de réclamer un pourboire en traitant les clients de voleurs, nous sortons sans donner plus d’argent que les 30 dollars initiaux. Qu’ils aillent se faire voir !
Toujours est-il que le quartier est très pittoresque, bien que peu accueillant hihi
Il débouche sur Little Italy. C’est encore plus petit que Chinatown, mais l’ambiance européenne y est plus paisible. C’est appréciable sous la chaleur accablante qu’il fait alors à NY.
Après toutes ces émotions, nous revenons en ferry à Staten Island où un petit cadeau nous attend : une amende de stationnement de 35 dollars. Notre véhicule étant plaqué aux US, pas d’autre choix que de la payer …
Nous dormons devant la bibliothèque de Saint-Georges, ne souhaitant pas rester plusieurs nuits d’affilée sur un même emplacement plus ou moins safe, afin de ne pas nous faire repérer.
Un dimanche à Harlem
Notre dimanche sera consacré à Harlem car je voudrais assister à une messe en Gospel. Sur le « marché », on a le choix entre des églises présentant des shows à l’américaine bien rodés et spéciaux pour les touristes ou des églises moins connues, plus modestes, mais plus authentiques. Optant pour l’option 2, Sandrine des « Seme en Amérique », nous conseille celle de Saint John de la Holy Family.
C’est à l’opposé exact de Staten Island.
Nous mettons donc notre réveil tôt et prenons le ferry vers 8H30 du matin.
Puis, nous montons dans le métro et arrivons tout juste à l’heure de la messe, à 10 heures.
C’est quand même assez touristique : nous autres sommes parqués en fond d’église tandis que la communauté afro-américaine pratiquante s’installe devant. C’est normal.
L’office dure une heure, les chants se succédant les uns aux autres. C’est très enthousiasmant même si je trouve le prêche du pasteur un peu mou. J’aurai l’occasion de vous raconter dans un prochain article une autre messe en gospel en plein air à laquelle j’ai assisté par le plus grand des hasards le dimanche suivant qui, elle, était totalement non touristique et complètement hallucinante. Celle de ce dimanche-là à Harlem constituait juste une petite entrée en matière hihi. Par respect, je n’ai pas filmé.
Nous nous baladons ensuite dans Harlem, mais comme c’est dimanche la plupart des commerces sont fermés et l’ambiance un peu désertique.
Nous déjeunons dans un boui-boui africain. C’est bon !
Sur les murs défraîchis, on fait la place belle aux grands hommes africains. Je trouve ça très intéressant.
En face se trouve un marché de produits venus d’Afrique.
Nous finissons notre balade au nord de Central Park. Tous les dimanches estivaux des concerts y sont organisés et nous avons la chance d’assister à de nouveaux chants Gospel. C’est un très chouette moment !
Par contre, le parc en lui-même nous déçoit un peu : hormis sa situation en plein coeur de Manhattan, c’est un parc classique et assez peu fleuri. Original par sa situation géographique, mais banal dans son contenu paysager. C’est joli, mais pas dingue.
New-York à la
plage ?
Pour finir cet article et cette journée de dimanche, je vous emmène à la plage.
Après avoir passé de nombreuses heures à Harlem et North central park, nous revenons à Staten Island. Même si me lave au gant depuis 4 jours et que je ne suis pas sale, j’ai envie de prendre une douche. Il fait trop chaud pour rester ainsi.
Problème : aucune douche publique n’est indiquée à Staten Island (comme dans le reste de la métropole, d’ailleurs) sur les applications pour voyageurs. Je consulte donc mon ami Google qui m’indique qu’il y a des douches de plage à Midland beach. J’imagine que ça devrait faire l’affaire.
Quand nous arrivons au lieu dit, c’est bondé de monde. Je renonce donc à sortir shampoing et savon et à faire la queue avec ceux qui sortent de la « mer » et du sable. Par contre, l’endroit est sublime et totalement déroutant par rapport à ce que l’on croit savoir de New York. Oui, il existe des belles plages dans cette ville et les estivants en profitent (à leurs risques et périls car l’eau doit être dégueulasse – ce qu’un garde côte me confirmera le lendemain).
Nous apprécions le coucher du soleil et partons dormir dans une rue à proximité.
C’est le lendemain matin qu’armée de tout l’outillage nécessaire je prends enfin ma première douche new-yorkaise : la plage est vide, je suis presque seule. En maillot de bain, je me lave à l’eau froide, toute contente. Carlito et Jérôme en feront autant. La vie est faite de joies simples hihi
Alors ?! Qui a eu l’occasion de voir New-York sous cet angle ?! J’imagine que beaucoup d’entre vous sont horrifiés et inquiets pour notre santé mentale, mais nous, nous appréhendons les choses différemment : nous savons que nous en conserverons le souvenir d’une expérience riche et extra-ordinaire, très au-delà des visites classiques et finalement sans âmes que propose la ville aux touristes pressés.
Le meilleur reste néanmoins à venir dans les 2 articles qui suivront !