Kelâat M’Gouna, Boulmane-Dadès, Gorges du Dadès, Gorges de Todgha, Tineghir
Nous poursuivons donc notre périple touristico-touristique. Il est loin le temps où nous parcourions les pistes du Maroc en 4X4-tente de toit ! Cette fois-ci nous resterons bien sagement sur ses routes goudronnées car – on s’embourgeoise – nous avons un peu la flemme de nous ensevelir tous les jours sous des kilos de poussière qui entrent dans chaque interstice du véhicule et pourrissent tout. Au passage, nous sommes épatés par le bon état général des routes que nous parcourons : quels progrès depuis 15 ans ! Le revers de la médaille, ce sont les policiers partout, leurs jumelles, leurs radars et leurs contrôles incessants … Pour un peu on se croirait presque en France !
Une vallée des roses sans roses … puisque c’est l’hiver !
Depuis Ouarzazate, nous prenons la direction de la célèbre « vallée des roses ».
Arrivés à Kelâat M’Gouna, nous ne nous faisons aucune illusion : c’est l’hiver et nous ne verrons aucune rose en fleur. Seules des dizaines de boutiques vendant des produits dérivés de la fleur nous indiquent que nous sommes bien au bon endroit. A moins que ce ne soient les taxis d’une couleur improbable qui ne nous mettent la puce à l’oreille hihi ?!
Nous passons la nuit sur le parking d’une superbe maison d’hôtes (maison d’hôtes IZZA que je recommande chaudement car les chambres sont magnifiques et l’accueil au top). Il fait toujours aussi froid, mais nous avons réussi à faire fonctionner notre chauffage et, vraiment, cela nous sauve la nuit, même si sous le toit relevable il fait 10 degrés de moins que dans l’habitacle.
En repartant le lendemain matin, nous nous arrêtons dans une coopérative recommandée par IZZA pour y faire quelques achats de bon aloi. Elle nous conseille, en effet, de nous arrêter chez Soffi car les produits y sont de qualité et que … les prix sont affichés ! OK, pour des français en France, c’est juste normal, mais au Maroc, les commerçants ont du mal avec ça. Ce qui est insupportable pour la plupart des visiteurs : ne pas savoir combien coûte un produit, perso ça me gonfle. Avoir à négocier, pareil. Donc, je passe ma route. Je sais que c’est un trait culturel du Maghreb, mais, désolée, je déteste. Pire : quand le commerçant te propose un service, que tu demandes le prix et qu’il te dit, « on verra à la fin, quand tu auras fait ton tour/mangé/dormi » : ça pue tellement l’arnaque que je fuis à toute allure. Bref, chez Soffi, le magasin était top, ce qui m’a permis d’acheter plein de trucs à la rose. J’étais ravie !
Cela dit, notre destination du jour, ce sont les gorges du Dadès.
Les gorges du Dadès
Les paysages plats et désertiques s’enchaînent sous nos yeux. C’est assez moche.
Et puis, soudain, à l’approche des montagnes, la magie opère à nouveau. Nous nous enfonçons progressivement dans une vallée parsemée de petits villages, au milieu de paysages de roches ocres agrémentés d’une végétation qui magnifie l’ensemble.
Nous ne tardons pas à tomber sur la falaise de Tamlat qui se compose de rochers arrondis qui font la réputation des gorges du Dadès pour leur forme « en doigt de singes ».
Nous les admirons depuis un petit parking, renonçant à suivre « un guide » qui veut nous emmener les visiter de plus près. Dans notre souvenir, l’ensemble était plus vaste et plus impressionnant, mais c’est beau quand même.
Puis, nous poursuivons notre chemin pour pénétrer dans les gorges à proprement parler.
Hautes et étroites, elles sont spectaculaires !
Au sommet, la vue est superbe.
Nous nous baladons un petit moment pour en prendre plein les yeux et rebroussons chemin via la ville de Boulmane-Dadès.
Si nous ne nous attardons pas c’est que nous souhaitons aller dormir à quelques dizaines de kms plus loin, à l’entrée des gorges de Toghda (Todra).
Nous arrivons en toute fin de journée à Tineghir.
La vallée de Todgha
Pour dormir, nous choisissons un petit camping familial (Djamil Mabrouk sur Park4night). Bonne pioche !
Nous pénétrons dans sa cour, saluons une gentille vache enfermée dans une étable et stationnons en arrière-plan de la maison principale, avec une vue imprenable sur la palmeraie qui s’étend à nos pieds.
Le coucher de soleil, en plusieurs temps, y est sublime. La preuve :
Et puis surtout, nous faisons la connaissance de l’incroyable famille berbère qui tient ce lieu et accueille chacun de ses clients comme un nouveau membre du clan.
Au début, nous nous méfions un peu car il n’est pas rare que les commerçants Marocains t’accueillent généreusement autour d’un thé pour mieux te facturer ensuite leurs produits ou services à prix « spécial gringos ». Pourtant, les femmes de la famille savent nous mettre en confiance et je passe un joli moment à discuter avec elles dans leur cuisine d’un autre temps. Ici pas de Thermomix, d’appareils compliqués, ni même d’évier. Tout tient de façon plus ou moins brinquebalante sur des planches, le manque d’hygiène est évident, mais la chaleur humaine fait tout oublier.
Ce soir-là, la famille prépare un couscous pour ses clients du restaurant. Nous ne souhaitons pas diner avec ces derniers car nous mangeons frugalement les soirs.
Nous en profitons, au contraire, pour boire un petit verre de vin dans le van avec de jeunes voyageurs français rencontrés sur place. Cependant, la famille n’en démord pas : elle nous invite à partager la part de couscous qu’elle s’est réservée pour elle.
Imaginez une grande maison sans âge sur 2 étages, glaciale, presque pas meublée, assez sale, dont les sanitaires vétustes sont dans la cour et partagés avec les campeurs. Une dizaine de personnes y vivent : les grands-parents, 5 de leurs 11 enfants adultes et les petits-enfants. Les pièces du rez-de-chaussée sont organisées autour d’un très large couloir dans lequel … un brasero est allumé pour y faire cuire des brochettes hihi. A gauche se trouve la pièce de vie pour l’hiver : son entrée n’a pas de porte en tant que telle, mais est obstruée par une épaisse couverture berbère qu’il faut soulever pour pénétrer plus en avant. Meublée uniquement de banquettes marocaines, de tapis au sol et de tables basses, elle sert de pièce à vivre et à dormir pour tout le monde tant qu’il fait aussi froid dehors. Nous nous y sentons pourtant immédiatement bien ! Un plat regorgeant de couscous a été posé sur une des tables et, nantis de cuillères à soupe, nous y piochons tous de quoi manger, famille et invités inclus. L’ambiance est excellente, les sœurs de la famille passant leur temps à rigoler entre elles ou avec nous.
Le couscous terminé et les parents se couchant au fond la pièce, nous pensons nous retirer pour leur laisser plus d’intimité. Pourtant, le reste de la famille nous invite à rester et apporte même, dans la salle, le petit brasero qui se consumait jusqu’alors dans le couloir, pour que nous n’ayons pas froid. C’est vraiment gentil, même si la fumée envahit toute la pièce. Nous discutons encore un bon moment avec ceux qui sont encore là et prenons congé vers 22h30, contents de notre soirée.
Pendant ce temps, Carlito n’a pas perdu de temps. Il a filé dans une des autres pièces glaciales de la maison pour jouer à la « PS 5 » qu’un cousin de la ville a apporté pour les vacances. Il n’en revient pas du décalage entre cet objet moderne et le caractère spartiate du lieu. Cependant, comme d’habitude, rien ne le dérange, ne l’effraie ou ne le perturbe : il a trouvé 4 copains Marocains et il joue comme un fou avec eux, heureux.
Au petit matin, nous partons faire un tour à pied dans la palmeraie qui court au pied de la ferme-camping. Il a gelé pendant la nuit et le sol est blanchi.
Cette dernière est dominée par une ancienne kasbah à l’abandon.
La ville nouvelle, quant à elle, a élu domicile un peu plus loin.
En fin de matinée, nous partons pour les gorges de Todgha (Todra). Nous les connaissons déjà, alors nous optons pour une pause préalable dans un resto qui nous a été conseillé : « Les poissons sacrés ».
Le site est remarquable car, situé en bord de la palmeraie, il abrite une source translucide qui regorge de poissons sacrés (personne donc ne le les pêche). C’est magnifique.
Nous y mangeons d’ailleurs très bien.
Puis, de là, nous partons marcher un bon moment dans la palmeraie, visitant une autre Kasbah abandonnée et serpentant au milieu des canaux d’irrigation. Qu’est-ce que c’est beau !!!
L’après-midi avançant, nous nous rendons enfin à l’entrée des gorges. Surprise : il y a des bus d’asiatiques. C’est rigolo. Nous laissons le van à l’entrée du site et le parcourons à pied, le nez en l’air.
C’est grandiose, mais il y souffle un vent glacial.
Nous n’y trainons donc pas, revenant passer une seconde nuit au camping où notre linge gentiment lavé à la main par Hyatt, car la machine est en panne, est entrain de sécher.
Encore une fois le coucher du soleil nous laisse sans voix !
Le froid qui tombe brusquement contraste avec les couleurs chatoyantes du ciel : nous sommes contents d’avoir pu brancher le van et d’avoir le chauffage !
Carlito repasse une soirée à jouer et, le lendemain, les adieux s’éternisent. Après quelques litres de thé, nous nous en allons vers d’autres aventures, mais certains de revenir voir cette famille formidable !
Nous mettons le cap sur le désert, mais ce sera une autre histoire !