Mon précédent article ayant soulevé plus de questions que donné de réponses, voici donc sa suite logique
Pourquoi nous quittons la Colombie ?
J’adore mon titre, on se croirait dans un journal people ou sportif : « Pourquoi doña Valérie quitte-t-elle l’Atletico Nacional de Guatapé ? » / « Doña Valérie et la Colombie : chronique d’une rupture annoncée ! » / « Doña Valérie et la Colombie : que cache son départ précipité ?! » / « Doña Valérie : sa nouvelle vie loin de la Colombie », etc, etc … Avant que les rumeurs les plus folles ne soient publiées dans toutes les presses nationales et internationales, coupons court aux suppositions et expliquons-nous !
La Colombie, c’est désormais presque 5 ans de notre vie. 5 ans sur lesquels je porterai pour toujours un regard heureux et positif. Avec le recul, nous y installer a été la meilleure décision que nous ayons prise et, malgré les hauts et les bas que j’ai pu décrire dans ce blog, le bilan est largement positif. Oui, j’ai (et nous avons) aimé la Colombie, ses habitants chaleureux, aimables et serviables, son climat, ses paysages, ses fruits délicieux, ses fayots, sa musique qui empêche tout le monde de dormir … Oui je continuerai à en parler avec enthousiasme et à promouvoir ce pays qui effraye les européens.
A titre personnel, et comme je l’ai déjà dit (désolée, je me répète un peu, mais j’ai des nouveaux lecteurs tous les jours), la Colombie a pour moi été le retour à une vie plus simple, plus authentique, plus joyeuse et plus libre.
C’est ici que je me suis rendue compte que ce que nous nommons « la vraie vie » pour décrire nos vies françaises n’est en fait qu’un modèle sociétal auquel nous adhérons par défaut, en le faisant nôtre depuis l’enfance, mais qu’il en existe une infinité d’autres qui peuvent tout aussi bien convenir.
C’est ici que je me suis rendue compte qu’on peut se définir par autre chose que son statut social, ses relations hauts placées, sa profession, l’épaisseur de son compte en banque ou la masse des objets accumulés ou restant à acquérir.
C’est ici que j’ai pu explorer d’autres aspects de ma personnalité sans être soumise au manque de temps ou au stress sociétal : enfin pouvoir « être soi-même », plutôt que de devenir quelqu’un …
C’est ici que je me suis rendue un peu plus compte que nous avons en nous des ressources insoupçonnées qui ouvrent des portes de vie auxquelles nous n’avions pas forcément pensé, pour autant qu’on accepte de confronter ses peurs et ses croyances et ne pas rester prisonnier de ses attachements ou préjugés.
C’est ici que j’ai pris confiance quant au futur : les problèmes viennent aussi avec leurs solutions et aucun colombien ne dira que « c’est impossible » : souvent, tout n’est qu’une question de temps et de patience, voire de débrouillardise et de courage, mais au final « ça le fait »
C’est ici, que j’ai relativisé cette peur de la vieillesse et de la mort qui prend aux tripes tout occidental qui se respecte – ne pas mourir « quoi qu’il en coûte » , rester jeune et beau « quoi qu’il en coûte », se protéger de toutes formes de dangers « quoi qu’il en coûte », etc . Ici la mort rôde partout et à toute heure, on la sent et on la voit au quotidien, ne serait-ce que sur les routes. Pour autant, aussi douloureuse soit-elle pour la personne concernée et ses proches, elle n’est qu’une évidence naturelle et banale qui doit être acceptée comme une partie de la vie.
Bref, j’ai aimé et j’aime Colombie, mais je la quitte. Vous penserez peut-être que certaines choses ne nous ont malgré tout pas convenu et vous aurez raison. J’ai déjà expliqué en long et en large dans mes précédents articles ce qui est gonflant ici dans un quotidien : les fayots, le bruit, le danger de la route, les impôts, la corruption, la dévaluation du pesos et le caractère sans gêne des colombiens. Je n’y reviendrai pas. Mais nous ne quittons pas la Colombie pour ces raisons, car tous ces défauts nous les retrouverons ailleurs. Et d’ailleurs, nul ne sait si nous n’y reviendrons pas.
Nous quittons la Colombie tout simplement parce que … nous avons envie de faire autre chose !! De la même façon que nous n’avions pas quitté la France parce que nous la détestions, mais parce que d’autres projets nous attiraient ! Voilà : c’est pas plus compliqué que ça ! Avant de devenir trop vieux pour se lancer dans de nouveaux défis, ou trop embourgeoisés, nous souhaitons repartir une nouvelle fois de zéro. Bien sûr, c’est une façon de parler car au fil des années nous avons mis de l’argent de côté et acquis des expériences de vie qui nous placent bien au-delà du zéro sur le curseur de la vie, mais, oui, nous désirons recommencer autre chose ailleurs sans avoir de projets encore formellement établis !
Et, por favor, ne pensez pas que c’est « plus facile » pour nous. Comme n’importe qui nous avons un coeur et laisser nos amis et animaux d’ici nous bouleverse ; comme n’importe qui nous aimons notre confort et renoncer à une si belle maison n’est pas chose aisée ; comme n’importe qui nous avons un budget à tenir et nos nouveaux projets l’ébranleront; comme n’importe qui nous avons une routine sécurisante et que nous apprécions, mais l’appel de la nouveauté est le plus fort. C’est un dilemme malgré tout : arrêter de vivre pour protéger l’acquis et le faire fructifier ou se relancer dans de nouvelles expériences qui nous enrichiront autrement que financièrement ? On opte une nouvelle fois pour l’option 2 : si on ne vit qu’une fois, autant explorer tout ce qui nous intéresse plutôt que de se figer en ayant peur du lendemain.
Mais où s’en va-t-on ? That is the question …
Pourquoi pas la France ?
Je ne sais plus qui m’a posé cette question (d’ailleurs, peut-être un peu tout le monde), mais elle m’a sérieusement étonnée. Pourquoi ne pas rentrer en France ? A vrai dire, et sans vouloir offenser qui que ce soit, aucun de nous n’y avait songé avant qu’on nous le suggère. Et je ne plaisante pas. On avait mentalement égrainé pas mal de pays, mais pas celui-ci.
En fait, vue de loin et d’un point de vue général, la situation française n’est pas très attirante. L’économie – malgré les gesticulations de son brillant ministre pour faire croire le contraire – n’est quand même pas au mieux de sa forme, tout comme les finances publiques du pays. Les services publics ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes (je crois que les profs et les « hospitaliers » en témoignent suffisamment). La hausse des prix est décourageante. La société paraît de plus en plus fracturée et au bord de la crise de nerfs. Les discours des candidats à la présidentielle ne sont absolument pas à la hauteur des enjeux qui attendent la France et qui vont bien au-delà du Covid. Du coup, ne le prenez pas mal, mais ça ne fait pas très envie. Sans parler de l’insécurité qui n’a pas l’air de se tarir, ni de la lourdeur des impôts et des prélèvements en tous genres qui sont peu attractifs (cela dit, on file toujours une belle obole au Trésor Public français, même si on ne profite absolument de rien en France : au mieux ça me donne le droit d’avoir un regard critique sur mon pays de naissance hihi) .
Tout cela constitue une première série de raisons nous éloignant d’un retour en France, mais j’avoue que l’instauration du passe sanitaro-vaccinal-QR codé a fini de nous achever. Quand je lis le porte-parole du gouvernement annoncer sans frémir qu’après la réélection de Macron sera mis en place un nouveau modèle sociétal faisant découler l’exercice des libertés du respect préalable de devoirs, je frémis, pleure et me mouche dans ce qui a un jour été notre Déclaration des droits de l’Homme de 1789. Qui peut tolérer cela ? Et, d’ores et déjà, qui peut tolérer d’être un citoyen qu’on active ou désactive en fonction des caprices sages décisions du Guide Suprême par le biais d’un QR code ??? Pas moi, en tout cas. Et même si le modèle devait s’exporter, je le fuirai tant que cela est possible.
Désolée donc, familles et amis. On vous aime, mais le moment n’est pas venu pour nous de rentrer au bercail. Personnellement je n’ai pas interrogé, depuis si longtemps, mes conditionnements familiaux, professionnels et sociétaux, affronté mes peurs, mes chagrins, mes paresses, mon besoin inné de confort et de sécurité, cherché à remettre en cause mes croyances et mes attachements pour, à bientôt 50 ans, rentrer dans un pays qui me promet une vie qui ne me fait plus rêver. On verra plus tard, si les circonstances nous font changer d’avis. Car … il ne faut jamais dire jamais. En attendant, on a encore plein de chemins à parcourir !
Le transfert de l’année !
Compte tenu de ce qui a été exprimé ci-dessus, seuls des pays nous foutant la paix (ou une paix relative) pouvaient retenir notre attention. En plus, l’expérience de vivre à l’étranger nous a montré qu’on ne peut s’y plaire que si on parvient à s’intégrer un minimum dans le nouveau pays. Et l’intégration passe d’abord par la maîtrise de la langue, sinon on n’est pas intégré, mais seulement juxtaposé (soit dit en passant, même au bout de toutes ces années et bien que des colombiens de toutes catégories sociales nous aient généreusement ouvert leur intimité, je ne suis pas sure de tout avoir compris du pays et de ses habitants. Je pense que c’est l’apprentissage d’une vie entière). Bref, tout ça pour dire qu’il nous fallait un pays francophone, anglophone ou hispanophone.
Pour cette année, nous jetterons donc notre dévolu sur le Mexique et le Panama. Enfin, si Dios quiere, por supuesto (parce que Dios ne veut pas toujours : la preuve il rit encore de tous nos projets avortés de l’année 2021. J’espère juste qu’il ne se moquera pas de ceux de 2022. Sinon, on s’assoira et on rira avec lui…. pffff …. ou on pleurera).
Le Mexique, on adore. Ce sont les mêmes problématiques qu’en Colombie, on devrait donc gérer, même si nos potes colombiens sont hyper effrayés de notre décision car « c’est un pays trop dangereux » (^^ ça ne s’invente pas). Pour l’instant, il n’est pas question que nous y investissions, ni que nous y demandions un visa. On vient d’y racheter 2 vieux camping-cars, un gros et un moyen. Un qu’on laissera à l’année dans un camping qu’on apprécie et qui nous servira de « maison mexicaine » et l’autre pour voyager. Comme les 2 sont plaqués aux USA et qu’il faudra les mettre à notre nom dans ce même pays sans pouvoir nous y rendre, ça nous offre quelques nuits en blanches en perspective dès notre arrivée au Mexique. M’enfin … on y arrivera bien un jour ou l’autre. Et dans tous les cas, on se fera aider par quelqu’un sur place aux US.
De là, toujours si Dios aime nos projets, nous partirons avec notre « moyen » véhicule jusqu’au Panama, via toute l’Amérique centrale. Cette fois-ci pour y faire faire nos visas résidents et y accueillir notre mini déménagement. Je ne me vois pas du tout vivre à l’année à Ciudad de Panama, même si j’aime bien cette ville. Elle est trop sale, trop inégalitaire, trop peu culturelle et … trop chère. Par dessus tout, je trouve qu’on y mange mal. Néanmoins, il nous faut bien un point de chute quelque part.
Ensuite ? Disons que si l’ambiance est redevenue plus agréable en France et qu’on ne risque pas d’y être désintégrés désactivés, on reviendra y passer des vacances. Sinon, et en tout état de cause, on remontera via l’Amérique centrale jusqu’au Mexique où on aimerait passer 6 mois par an. Quelques projets concernant ce pays sont entrain de germer, tout doucement … Et ce ne sera pas dans le tourisme.
En attendant … il nous reste à vendre la maison de Guatapé le 11 mars. Le déménagement est programmé pour le 5. Tout cela paraît très proche, mais dans l’espace-temps colombien où tout s’étire en longueur et rien n’est prévisible avec certitude, c’est encore à quelques années d’imprévus devant nous. Ensuite, Dios fera le reste. Ou pas. On vous tiendra au courant !
Un seul mot BRAVO!
Wow quelle nouvelle! Vous avez tellement raison. La situation mondiale vous le confirmed chaque jour, tant qué vous pouvez bougez faites le (Dixit Celle qui est councee depuis 2 ans)
C est ou au Mexique et ou au Panama??
Profitez bien. Vous avez raison. On est tous différents mais moi j’aime bien partir particulièrement en Grèce, puis en Savoie, en tout entre 6 et 7 mois ou plus. Mais j’aime bien aussi revenir dans ma maison. Peut-être est-ce à cause de nos 20 ans d’écarts d’âge ! Alors j’espère que vous vendrez votre maison et que votre prochain pays vous conviendra aussi. Bises
Bonjour je suis tombée sur ce blog par hasard en cherchant une agence immobilière avec une phrase du style « comment acheter un terrain en Colombie en habitant la France ». Derrière tout cela une demande permanente à l’univers de pouvoir bientôt quitter la France des droits de l’homme (rire… nerveux…). J’ai adoré ce moment passé avec vous chère inconnue, j’ai pu retrouver des souvenirs d’un périple de six mois sac à dos en Amérique du Sud (pourquoi je suis revenue ???). Des photos de villes complètement effacées de ma mémoire et qui revenaient chargées de parfums, ambiance et souvenirs d’un voyage qui remonte à presque trente ans maintenant. Rien de tel qu’un journal de bord, un blog et des photos pour vous faire « revivre » dans le temps avec en prime 30 ans de moins (por dios). Merci donc pour ce joli moment qui marque comme une parenthèse enchantée cette période où l’on remet tout en question et où il ne manque plus grand chose pour que la notion de partir, quitter s’en aller, tout larguer, décamper, décaniller etc…. prenne tout son sens et entre en conflit avec ses antonymes. Actuellement c’est possible-impossible, probable-improbable, la liste est longue….. Bonne continuation dans votre périple. Carpe Diem
Merci beaucoup pour votre joli commentaire. Oui, la période est si difficile, même pour les non ukrainiens. Au plaisir d’échanger avec vous sur ce blog ou en vivo !
bonsoir de passage par hasard en préparant un deuxième voyage en Colombie en juillet avec mon amie ,je me suis régalé en lisant votre blog et vous avez un talent de narration que l on trouve rarement .
je suis en admiration de vos choix de vies sans votre courage et je me contente de voyager le plus souvent possible des que mes finances le permettent
Merci infiniment pour votre retour, ça me fait chaud au coeur !