Montreal
Il est tard quand nous franchissons la frontière canadienne à Windsor, en face de Détroit. Pour une fois, ça passe facilement ! Le douanier canadien est charmant.
Du Canada nous ne connaissons rien d’autre que ce que les voyageurs ou ses habitants nous en ont raconté. Nous avions très envie d’y venir et y entrons pleins d’a priori positifs !
Premières surprises
Notre premier contact avec le pays se fait à la tombée de la nuit. Nous sommes en Ontario (Etat anglophone) et on se croirait presque en Europe. En effet, les maisons apparaissent d’emblée plus soignées et coquettes que chez les cousins étasuniens et le parc automobile, plus restreint quant à la dimension des voitures, pourrait correspondre à celui de la France.
Cependant, ce sont les prix de l’essence qui scintillent dans l’obscurité qui attirent immédiatement notre attention : on la savait plus chère qu’aux US, mais là ça dépasse l’entendement des voyageurs morts de fatigue que nous sommes à ce moment-là : partout le litre ou le galon (à ce stade, nous n’en savons rien) est affiché à 155,9 dollars canadiens ou 174,8 ou 180,4 (etc). Ce que ça veut dire, nous n’en savons rien. Nous éluciderons ça plus tard, un peu perplexes.
Notre point de chute sera le Walmart de Windsor. L’occasion de voir s’il y a des différences avec ceux du Mexique ou des US (je compte écrire un guide de référence sur la question ^^). Bingo !! C’est différent ! Les rayons nourritures sont assez peu vastes et variés, nous ne retrouvons aucun ou presque des produits que nous aimons, aucun rayon d’alcool et … les prix sont encore plus élevés qu’aux US (même avec un taux de change favorable). Bueno … Encore un truc à élucider le lendemain …
Quelques prix au hasard (c’est en dollars canadiens) :
En attendant, nous cherchons une poubelle pour jeter la nôtre et n’en trouvons pas. Etrange …
Au matin, il pleut. Nous décollons tôt car il nous reste encore plus de 1000 bornes à faire pour rejoindre, quelques jours plus tard, le rassemblement de voyageurs francophone qui se tient non loin de la ville de Québec.
Premières adaptations
Mais qu’allons-nous faire de nos poubelles ? On se croirait en Alsace où les containers sont verrouillés « pour l’écologie ». De guerre lasse, comme des délinquants, nous abandonnons la nôtre dans une poubelle qu’un particulier n’a pas encore rentrée chez lui : ça va être gai s’il faut ruser pour jeter ses ordures hihi. De toute façon, on ne va pas les entasser dans le van et vivre dedans. Rien ne semble prévu pour les visiteurs.
Nous partons prendre de l’essence un peu angoissés, ne sachant pas ce que nous allons payer. C’est en réglant la facture que nous comprenons que les prix s’entendent au litre et sont affichés en centimes de dollars canadiens (179,4, ça fait donc 1,794 dollar canadien) : mais pourquoi donc cette coquetterie hilarante ?!
Pas le temps de faire du tourisme : nous enquillons l’autoroute. Entre Windsor et Montreal, via Toronto, c’est un enfer : surchargée de véhicules, croulant sous les travaux, elle est épuisante à parcourir. Heureusement que quelques aires d’autoroute très bien faites nous permettent de reprendre pied car, à ce moment-là, nous sommes très loin de l’image rêvée et fantasmée du Canada.
C’est sur l’une d’elles que nous tombons en admiration devant un dispositif que seuls des humoristes auraient imaginé : des bornes électriques alimentées par un énorme groupe électrogène hihi. Curieux…
Deux jours d’autoroute plus tard, nous arrivons enfin dans la banlieue de Montreal : il pleut, il y a du brouillard et il fait un froid de canard. Mais ! Tout devient écrit en français pour le plus grand bonheur de Jérôme ! Il va néanmoins falloir nous familiariser avec le jargon québécois qui ne correspond qu’imparfaitement avec le français de France. Les mots anglais sont traduits : le « drive » devient ainsi « service au volant », le « pick-up » des courses, « cueillette d’épicerie », les panneaux « stop » se transforment en panneaux « arrêt », etc. Le « dépanneur », quant à lui, n’est pas un gars qui vient dépanner ta voiture ou ton électroménager, mais une épicerie ! Pourquoi pas, après tout ?!
En ce samedi 17 juin, nous avons rendez-vous dans une pizzeria avec des amis de Jérôme, mais pour s’y rendre, encore faut-il comprendre les règles de circulation : il y a des « 4 stops à l’américaine » tous les 100 mètres (l’équivalent canadien du « tope » mexicain hihi) et des feux de circulation qui ont un « vert clignotant ». Dans nos esprits cela signifie « traversez en faisant attention à la priorité à droite », mais les klaxons des québécois nous laissent deviner que nous sommes à côté de la plaque. En effet, nous apprendrons plus tard que le feu vert clignotant veut au contraire dire que nous sommes « super prioritaires », bueno… Toujours est-il qu’à force de stopper à chaque instant, pour un oui ou pour un non, nous arrivons en retard ! Il nous reste à choisir une pizza mais, pour un français (et un italien aussi, je présume), le choix est rocambolesque hihi. Laquelle auriez-vous mangée ?!
Nous passons néanmoins une très bonne soirée en compagnie de ces canadiens « pure souche » qui nous offrent déjà pas mal d’explications sur le fonctionnement du pays.
Direction Montreal !
C’est la fleur au fusil que nous nous lançons en véhicule dans Montreal, braves cons touristes que nous sommes. Comme nous ne devions pas venir au Québec, nous n’avons rien préparé du tout.
Nous ne savons donc pas qu’y circuler est un pur enfer, que la ville est partout en travaux et que le stationnement est un running gag qui fait rire (jaune) tous ceux qui tentent un jour d’y garer une voiture !
Le Plateau Mont-Royal
Pour l’heure, c’est dimanche et nous nous aventurons confiants dans le centre-ville. Nous souhaitons tout d’abord visiter « le plateau », un arrondissement branché, jeune, bobo-chic et cosmopolite.
Nous nous garons dans une rue, un peu au hasard d’une place libre, sans rien comprendre à la réglementation. Comme c’est dimanche, nous pensons de bonne foi que c’est gratuit, mais pas vraiment en fait.
Le quartier est réputé pour ses jolies maisons mitoyennes, abritées d’arbres et de plantations. C’est vraiment charmant.
Des écureuils traversent les rues un peu partout. On trouve aussi pas mal de commerces de proximité.
Plus loin le boulevard Saint Laurent a été rendu piéton pour un festival de graphs et de chansons.
L’ambiance y est excellente et nous y passons tout l’après-midi entre spectacles de rue et street art.
La ville est gaie, les gens sont cool. Nous adorons.
L’énergie du lieu est vraiment très positive et engageante. Nous sommes épatés par le cosmopolitisme et l’ambiance décontractée qui y règnent.
Gavés de couleurs, nous redescendons ensuite vers le centre-ville, en direction du fleuve.
Le moins que l’on puisse dire est que l’architecture de Montreal est pour le moins … insolite : des buildings hyper modernes côtoient de petites maisons mitoyennes très mignonnes ; au milieu d’une rue, un temple neo-romain s’insère entre 2 gratte-ciels ; plus loin les maisons du 17ème siècles jouxtes des immeubles et centres commerciaux modernes. C’est une vraie cacophonie, mais une cacophonie assez sympa qui brise les codes. On ne peut pas dire que ce soit très beau, mais c’est très sympa.
Même quartier :
Il n’en reste pas moins qu’à Montreal, rien n’a été prévu pour les visiteurs en véhicules aménagés : aucun camping, aucun parking, rien de rien. Comme il se fait tard, nous décidons de dormir dans une rue au pied de « la montagne » (la colline de Montreal qui abrite son vaste parc du Mont-Royal) et devant l’hôpital général. Impossible de dormir car la circulation ne cesse pas de la nuit.
Le parc du Mont-Royal
Mal réveillés, nous montons cependant visiter ce parc si renommé. C’est une superbe colline boisée où les familles et les sportifs se rejoignent.
De petit lac en sentiers variés, nous arrivons au belvédère. Une vue dégagée sur la ville s’offre à nous.
Nous comprenons que nous ne pourrons pas tout visiter à pied vue l’immensité de la ville. Il va nous falloir repartir en van !
Le vieux Montreal
Direction le vieux Montreal en bord de Saint Laurent.
Une question existentielle nous prend aux tripes : où allons-nous stationner ? On passe un premier parking à 5 dollars les 30 mns, puis un second, puis un troisième… Non seulement c’est hors de prix, mais le véhicule ne passe pas en hauteur. Interrogeant un des gardiens nous demandons où nous garer gratuitement – même loin ou très loin – et manquons de le faire mourir de rire. Nous repartons avec cette phrase étrange (mais que nous n’allons pas tarder à comprendre » : « il n’y a rien de gratuit au Québec ».
En attendant, nous sommes un peu le bec dans l’eau. Longeant la vieille ville par le quai, nous constatons que ça a l’air très joli, mais que s’en approcher à pied va constituer un défi. Quand soudain ! Hourra ! Une place dans la rue se libère en bout de quai.
Et c’est là que le casse tête commence : chaque secteur est réglementé par différents panneaux de stationnement qui, au mieux, semblent se compléter, au pire être contradictoires. Tu ne sais donc pas lequel s’applique. L’horodateur, quant à lui, doit d’abord être découvert dans une autre rue et, piloté comme s’il s’agissait du tableau de bord d’une fusée. N’y comprenant rien, nous décidons … de manger dans le van en attendant un potentiel sauveur. Qui ne tarde pas : un préposé aux contraventions se pointe carnet en mains.
« – Pitié monsieur l’agent, nous sommes innocents !!! Quel est donc notre crime ?
– C’est l’heure de la balayeuse de rue, elle passe le lundi, le mercredi et le vendredi de mai à octobre entre 13 et 14 heures. D’octobre à mai, les jours impairs et quand il neige, c’est la déneigeuse. Vous ne pouvez donc pas rester garés là. Mais vous pouvez revenir après, à condition de payer entre 17h et 19 h en mai, entre 14 et 15 heures en juin, et 24/24 h le reste du temps. Sauf si c’est la pleine lune ou que vous stationnez exactement entre le numéro 80 et 81 de la rue. Ou que vous êtes français et n’y comprenez rien !
– ça tombe bien monsieur l’agent, nous sommes français et n’y comprenons rien…
– très bien, vous me ferez 2 Notre Père et un Ave Maria, après avoir dégagé votre saleté de van qui bloque la balayeuse ! Vous n’aurez qu’à revenir plus tard ! Amen et bonne journée ».
Le sketch des panneaux de stationnement :
Retour dans les rues… Nous errons en van sans savoir où aller et finissons par traverser le fleuve en direction du parc Jean Drapeau, sur l’île d’en face.
C’est plutôt sympa, mais toujours payant et incompréhensible. On fait juste une petite halte pour admirer la géode et repartons.
Revenant en direction de la vieille ville, nous en profitons pour jeter un œil au projet immobilier « Habitat 67 », conçu pour l’Expo 67 et très avant-gardiste.
Finalement, après avoir errer pendant plus d’une heure en van, nous revenons à la case départ : la balayeuse étant partie, on se gare et partons visiter le vieux Montreal, enfin !!!
C’est charmant avec ses vieilles maisons du 17ème siècle et ses jolis commerces.
On y trouve, bien sûr, du sirop d’érable à vendre !
Le vieux port est également sympa.
Nous pensons entrer visiter la basilique Notre Dame mais … l’entrée est payante. Pffff… Honnêtement ça saoule de devoir payer pour entrer chez Dios, d’autant que des cathédrales ou des églises, quand tu es français, tu en as visité toute ta vie.
L’après-midi touchant à sa fin, nous repartons en direction du « Plateau » où nous sommes très gentiment invités par Marion et Laurent, des voyageurs que nous avions rencontrés à Guatapé en 2019. 5 bornes nous séparent d’eux, mais il nous faudra plus d’une heure pour les parcourir : toutes les rues de Montreal sont en travaux. Un enfer.
Et le sketch du stationnement recommence : cette fois, n’ayant pas la vignette du quartier nous n’avons juste pas le droit du tout de nous garer. Super pratique. J’imagine que les habitants doivent renoncer à inviter des amis chez eux quand ils choisissent de venir vivre dans cette zone (ou ses voisines car c’est partout pareil). A la rigueur, on pourrait stationner dans les angles de rue, mais à condition de ne pas gêner la circulation et … qu’il n’y ait pas une borne à incendie à proximité. Un vrai gag. Nous sommes obligés de tourner encore de longues minutes avant de pouvoir enfin arrêter le moteur, pas trop certains d’être vraiment dans les clous, mais épuisés par ces règles hermétiques.
Heureusement, Laurent et Marion nous accueillent à bras ouverts, nous proposent une douche et un bon repas. Nous passons une soirée formidable en leur compagnie, oubliant pour un instant le stress de la route.
Hélas, n’ayant d’autre choix, nous repartons dormir dans « notre » rue bruyante de la veille.
Le Mile-end , la petite Italie et le marché Jean Talon
Sur les conseils de nos hôtes de la veille, nous consacrons une journée supplémentaire à la visite de Montreal.
La matinée se passe dans le Mile-end , quartier branché et haut lieu de la communauté juive.
On achète des baggels. Vraiment délicieux.
Puis, nous filons au renommé marché Jean Talon. La nourriture fraîche fait envie, mais il faut que l’un de nous se dévoue pour vendre un de ses reins pour pouvoir penser acheter ne serait-ce qu’un kilo de fraises. On se rabat sur une tourte au saumon. Chère. Et au final fourrée avec 98 % de patates et 2 % de saumon, à notre grande déception. Tant pis, ça nous changera un peu !
On y trouve aussi des trucs étranges ^^ :
A midi, pour ne pas mourir bête, nous revenons vers le « Plateau » pour aller déguster une « poutine » dans un établissement renommé. Misère. Il est midi et une queue de 30 mètres nous précède. Plus nous attendons, moins j’ai finalement envie de déguster ce « met » typiquement canadien : des frites croulant sous le fromage qui fait « chwiq chwiq sous la dent », le tout arrosé de 2 sauces différentes au sel. On peut y rajouter d’autres ingrédients comme du poulet ou de la saucisse. Bref, ça tient au corps. Jérôme, en commande 2 grandes pour 3. Nous ressortons avec – sans exagérer – au-moins 4 kilos de bouffe dans les bras. A la première bouchée, je constate que je déteste. Jérôme et Carlito sont plus enthousiastes que moi, mais malgré tout, en unissant tous nos efforts, nous ne parvenons qu’à en avaler une sur deux. C’est gras, salé et roboratif. Never again pour moi (désolée amis canadiens ^⁾.
L’après-midi se déroule dans un parc à proximité – c’est le grand avantage de Montreal qui regorge d’espaces verts. Il faut digérer et éliminer toutes ces calories hihi
Une fois remis de nos émotions culinaires, il ne nous reste plus qu’à quitter la ville : il est hors de question de passer une troisième nuit blanche d’affilée ! Nous n’aurons pas eu le temps de jeter un oeil à sa ville souterraine …
C’est dommage que la ville de Montreal ne propose rien pour les véhicules aménagés car nous aurions volontiers passé quelques jours de plus dans cette ville qui nous a vraiment plu par l’énergie incroyable qu’elle dégage. Impossible de s’y ennuyer … à condition toutefois d’avoir de gros moyens financiers. Elle restera pour nous une ville enthousiasmante, non par sa beauté, mais pour son ouverture d’esprit.
On verra si la ville de Québec nous plaît davantage ou pas !
Profitez bien et payez bien alors !
on va essayer !
D accord avec vous sur la poutine. Que surtout nos amis belges ne viennent pas ici pour déguster des frites !
Valérie bonjour,
ça alors coïncidence, j’étais à Saint-Bruno de Montarville (un peu plus de 20 km de Montréal) chez ma fille du 15 juin au 5 juillet
En voiture aussi c’est un casse-tête pour se garer surtout dans le quartier du Plateau – ma fille et son mari ont vécu dans le quartier jusqu’à l’été 2022
Je pense que l’animal croisé au Parc Jean Drapeau est plutôt une marmotte qu’un castor (LOL)
Je vais continuer à lire votre épopée vers Québec que personnellement j’apprécie mieux que Montréal
a bientôt
Mireille