Les lagunes du sud Lipez : comme une envie de chocolat chaud …

Sud Lipez

 

De quebrada en quebrada

 

Située au sud de la Bolivie, la petite ville de Tupiza (j’ai bien écrit Tupiza et non pas Tipaza, amie algérienne, encore qu’il existe certaines ressemblances comme la tendance à ne pas se servir de poubelles et à tout jeter dans la nature) nous a offert une petite escale très sympa. De marchés couverts en marchés couverts, de petits restos en petits restos  … Nous nous détendons …

 

Tupiza, contrairement à Tipaza, n’est pas connue pour son fameux îlot mais pour sa quebrada. Nous voici donc partis à sa recherche, aux alentours de la ville. Amis voyageurs, si vous la cherchez, voici un indice qui vous sera utile : elle se trouve juste après la décharge à ciel ouvert qui s’étend sur quelques hectares. Après l’avoir traversée, à vous les merveilles géologiques ! Mais avant, à vous l’exploration des déchets ménagers humains !

 

 

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Le froid nous tombe dessus brutalement

 

Grisés par la majesté des montagnes environnantes, nous décidons séance tenante de partir visiter le Sud Lipez et notamment ses fameuses lagunes connues dans le monde entier et réputées pour leur grande beauté.

 

On avait lu beaucoup de choses sur cette région et nous la considérions comme un passage obligé de notre voyage.  Après avoir rassemblé quelques vivres, fait le plein du fourgon (75l + un bidon de 20l), jeté un œil à la carte routière, nous nous sentions prêts à partir. Sans trop savoir à quoi nous attendre quand même … En effet, la plupart des voyageurs se rendent là-bas depuis le Chili qui offre un accès direct au parc naturel. A vue de nez, depuis Tupiza, ça n’avait pas l’air très long : sur la carte Michelin, environ 4 cms :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: .

 

Dans la vraie vie, nous nous lançons sur une piste très raide, assez intimidante qui offre des vues spectaculaires sur d’autres curiosités géologiques.

 

 

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Néanmoins, au bout de 5 heures de route, vers 19 heures, nous devons bien convenir que notre avancée se fait à un rythme d’escargot et que nous n’avons parcouru que 5 mms sur notre carte Michelin … La nuit tombe, le vent se lève, le froid s’abat sur nous. Il faut s’arrêter. Nous nous garons le long de la piste. Nous sommes à 4200 mètres d’altitude, seuls au monde. Jérôme et Charles ont le mal des montagnes. Tant qu’à moi, je ne suis pas super à l’aise de me trouver là … comme si toutes mes peurs primaires avaient décidé de se bousculer dans ma tête ce soir là … Mes peurs primaires ? Mais oui ! Vous savez bien ! Celles qu’avaient déjà nos ancêtres les hommes préhistoriques et qui s’articulent toutes autour de cette question inhabituelle dans nos sociétés gavées : « comment survivre en milieu hostile ?! ». J’échafaude 1000 scénarii tous plus rocambolesques les uns que les autres avant de m’endormir très tard et pas du tout rassurée sur mes capacités à survivre au milieu des vigognes !

 

 

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A l’aube, une nouvelle question se pose : le fourgon va-t-il démarrer ? Avons-nous assez de batterie car il a fait froid ? Le moteur aura-t-il assez d’oxygène ? Jérôme tourne la clé. Nous retenons notre souffle. Au troisième essai, le fourgon accepte finalement de se mettre en route. Nous progressons avec difficulté toute la matinée, les pistes étant particulièrement cassantes. Nous croisons un premier petit hameau au bout d’une centaine de kms. Isolé du monde.

 

 

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Nous arrivons finalement à un autre petit village – San Pablo de Lipez, battu par une tempête de vent de sable. Inutile de chercher un restaurant. La minuscule « tienda de comestibles », quant à elle, ne vend que des aliments assez rudimentaires et inutiles, comme du Coca ou des biscuits. Pas d’eau en bouteilles. Nous déjeunons dans le fourgon, hésitant à poursuivre notre route sous le vent de sable. Mais que faire dans ce petit village ?  Sur la carte Michelin, nous avons parcouru 1,5 cm … Pas très encourageant !

 

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La piste de « tôle ondulée » se prolonge sur un plateau, avant de replonger vers  San Antonio de Lipez. Le fourgon ne démérite pas, bravant les intempéries et l’altitude , en dépit de tous les bruits suspects qu’il offre à nos oreilles et à nos nerfs en boule. Tout à coup, des 4X4 de location s’arrêtent nets devant nous. Ce sont des marseillais, très surpris de voir dans le Sud Lipiez un fourgon immatriculé dans les Bouches du Rhône ! Une petite photo plus tard, leur guide les presse de repartir. Nous sommes de nouveau seuls. C’est le moment que le fourgon choisit pour caler.  Plus de puissance, plus rien … Nous sommes à 4600 mètres d’altitude, le vent est glacial (il doit faire moins 10 degrés) et nous avons un col à presque 5000 mètres devant nous à gravir avec une pente qui doit avoisiner les 20 %. Problème de filtre à air ? Problème d’injection ? Silence de mort … Il repart aussi soudainement qu’il s’était arrêté … Nous choisissons alors de rouler aussi longtemps qu’il le faudra et que nous le pourrons pour gagner le village à l’entrée du parc.

 

 

 

 

 Le Mont Blanc dans les Andes, ça c’est fait !

 

Au bout de 12 heures de route depuis le matin, nous arrivons enfin à l’entrée du parc. Nous avons parcouru 3 cms sur notre carte routière ! On s’acquitte de 150 bolivianos par personne, roulant encore ¾ d’heure avant de nous garer à Pena Barrosa (98 habitants à vue de nez). Nous sommes morts de fatigue. Il fait toujours aussi froid. Au passage, nous nous rendons compte que nous sommes passés bien au-dessus de la barre fatidique des 4810 mètres de notre Mont Blanc ! Charles est super fier.

 

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Au petit matin, après quelques révisions de bon aloi du fourgon, nous partons vers la Laguna Colorada. La piste est toujours aussi atroce, le fourgon vibrant de toutes ses tôles, nos vertèbres se tassant chaque seconde un peu plus. Je commence à regretter d’avoir fait tout ce chemin pour de simples lagunes ! Mais que fait Vinci ?!! Je rêve d’une autoroute bien asphaltée ! C’est sûr, il y a des parts de marché à prendre !! Quand, tout à coup, le paysage devient somptueux. La lagune rougeâtre s’offre à nos regards émerveillés et nous fait oublier la piste.

 

 

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oui, ce sont bien des flamands roses

 

 

Nous repartons après avoir déjeuné car le vent glacial et le mal des montagne qui gâche la journée de Jérôme, ne nous permettent pas de nous attarder. Sur la route, il y a des geysers à voir, passage obligé pour regagner  la « sortie » du parc. Encore faut-il y arriver car ils sont à 5000 mètres d’altitude et que le fourgon recommence à donner des signes de fatigue inquiétants. Privé d’oxygène, goinfré de poussière de volcans, il se met à chauffer dangereusement. Nous nous arrêtons plusieurs fois in extremis pour ne pas planter le joint de culasse. C’est à ce moment précis que nous rencontrons un très sympathique couple de jeunes français qui font le même parcours que nous dans le parc, mais … en vélos !! Encore une fois je suis stupéfaite et admirative !

 

 

 

 

 

Nous décidons de « redescendre » pour dormir à l’abri de la tempête de vent qui vient de se (re)lever. L’endroit le plus bas que nous trouvons est à 4300 mètres d’altitude. On se gare devant la laguna blanca, non loin de la lagune verde. En plein vent. Las. Nous calfeutrons comme nous le pouvons l’intérieur du fourgon pour éviter les courants d’air et tentons de dormir en dépit des bourrasques qui se fracassent contre lui. J’en ai ras le bol !!! Je boirais bien un bon chocolat chaud ! Je pense à nos amis cyclistes qui dorment sous la tente dans les mêmes conditions que nous, espérant qu’ils ne souffrent pas trop. Nous, nous sommes bien au chaud. Le Webasto fonctionne impeccablement. Je pense même que nous sommes les seuls du sud Lipez à dormir à 22 bon degrés quand dehors il gèle à pierre fendre.

 

 

 

 

 

La Laguna Verde est-elle bleue ou verte ?

 

Le clou du spectacle du sud Lipez bolivien c’est la laguna verde. C’est en tout cas ce que disent tous les guides touristiques et toutes les agences locales. De fait, alors que nous dormons encore, des 4X4 de location arrivent de toutes parts, nous ensevelissant sous la poussière au passage. Ni une ni deux, nous parcourons à notre tour les quelques centaines de mètres qui nous en séparent. Si la beauté du site est saisissante, il nous semble que la lagune est bleue et non pas verte émeraude. OK. Vous allez me dire que je chipote ! C’est un peu vrai, mais je vous rappelle qu’au moment où je découvre cette lagune j’ai déjà 25 heures de pistes épouvantables sous les fesses et que je veux voir du vert émeraude !! Et là …miracle … alors que tous les 4X4 de location viennent de filer vers d’autres aventures, la lagune devient verte !

C’est superbe !

 

Avant … c’est bleu !

 

 

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Après, ça devient vert …

 

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En route pour le Chili

 

Seule petite ombre au tableau : le réservoir de diesel est au plus bas. La première station service est à environ 55 kms, au Chili. Nous ne pouvons pas nous permettre de passer une nuit de plus surplace car nous serons en panne.. Nous choisissons donc de passer la frontière bolivienne. Le douanier est charmant. Il enregistre facilement notre sortie. Jusqu’au moment où il nous explique que pour le fourgon, il faut faire les formalités 80 kms en arrière sur la piste, au niveau des thermes. Immense moment de solitude. Nous n’avons plus de diesel et il faut repartir en arrière. Le garde du parc ne nous avait rien dit à notre entrée, alors que j’avais insisté pour qu’il m’explique tous ces points … Devant ma tête déconfite, le douanier prend pitié et accepte de faire passer lui-même ledit papier à son confrère des thermes. Espérons qu’il le fera, sinon nous aurons des problèmes pour revenir en Bolivie la semaine prochaine afin de visiter le salar d’Uyuni.

 

 

En attendant nous allons un peu nous reposer à San Pero de Atacama et pourquoi pas, aller visiter son fameux désert … Les centaines de touristes qui se baladent dans les rues, au milieu des agences / tour operator, contrastent avec l’âpreté de la montagne que nous venons de quitter !

 

Quelques précisons pratiques pour les voyageurs :

Par où y aller ?

A mon avis il vaut 1000 fois mieux s’y rendre par le Chili. Par Tupiza c’est très beau, mais très très long et pénible.

L’essence ?

Aucune station dans le sud Lipez : il faut partir avec le plein et un bidon depuis Tupiza.

On peut quand même demander aux quelques rares habitants de nous vendre un peu de diesel, à condition qu’ils en aient (c’est pas évident, ici on préfère l’essence et en général on ne se place pas en voiture !).  A Pena Barrosa la tienda de comestiles en vend (disons qu’elle a un grand bidon bleu de 500 litres et qu’elle peut dépanner).

 

Les vivres ?

Il faut partir avec : inutile de compter sur les petites épiceries locales, mal achalandées

 

Le prix ?

150 bolivianos par personne pour l’entrée du parc en 2015 (pour Charles, gratuit)

 

Les formalités douanières ?

Côté bolivien, à la sortie du parc se trouve la douane. Mais, attention, les formalités pour les véhicules se font 80 kms avant au niveau des thermes

Côté chilien, pour l’instant, la douane est encore à San Pedro de Atacama à environ 40 kms de la douane bolivienne

 

3 pensées sur “Les lagunes du sud Lipez : comme une envie de chocolat chaud …

  • 14 août 2015 à 18 h 45 min
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    Salut, pas trop froid ? Aux infos on nous annonce une tempêtes de neige en Bolivie !!!! Bisous on pense a vous

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  • 15 août 2015 à 22 h 12 min
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    Ma Val, je découvre enfin, pleine d’admiration béate, votre blog. Tu es décidément une femme épatante et Jérôme l’est manifestement tout autant (en homme, vous avez compris que je voulais éviter la répétition). Vous offrez à votre fils Charles la plus infinie des richesses… Mais ce voyage qui nous laisse tous rêveurs vous fait quand même louper des informations françaises archi fondamentales. La croissance est égale à zéro mais il paraît que c’est une excellente nouvelle: nos gouvernants défilent sur les plateaux télé pour se féliciter de son caractère non négatif… Alors oui, je crois que partir à la découverte d’autres contrées, d’être « en-vie » était une bonne chose. Encore fallait-il avoir le courage d’oser s’envoler si loin et si longtemps. Mais dis-moi ma Val, moi qui ne te vois plus assez souvent: tu es toujours aussi coquette, même dans ton van ?? Je vous embrasse très fort et vous suis dorénavant de près ! Wanda

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    • 15 août 2015 à 22 h 29 min
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      Oooh merci ! Hélas ! Je ressemble désormais à une femme des bois (la femme de capitaine caverne si tu vois ce que je veux dire !!) gros gros bisous !

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