La Colombie, la gastronomie et moi

Vie quotidienne

 

L’autre jour je suis tombée sur un article très sympa intitulé « Le top 20 des spécialités mexicaines à goûter« . Pinaise … L’article regorgeait de belles photos appétissantes de mets tous plus désirables les uns que les autres : des ceviches, du guacamole, des quesadillas … J’avais beau subir les effets collatéraux d’une gastro carabinée, le blog en question n’arrivait pas à m’écoeurer ! Je m’en léchais les babines, en attendant des jours meilleurs où je pourrais déguster ces plats autrement qu’en photos !

 

Et puis, brusquement, je me suis dit : « Mais ! Moi aussi je vis à l’étranger ! Je pourrais faire un article comparable avec la Colombie ! ». Ouais … ouais… ouais… je pourrais … J’ai pris mon plus beau stylo pour commencer à établir une liste de mon top 20 de la gastronomie colombienne, mais très vite la réflexion a tourné un peu court. Du coup, j’ai essayé de me faire aider par mes 2 hommes : 

– « Les gars ! On mange quoi de bon en Colombie ?!!! ».

– « En Colombie ?!!! T’es con ou quoi ?!  Tu le sais bien, tu y vis ! ».

– « Ben …  je veux dire des plats dont on se souviendrait toute notre vie et qu’on voudrait (re)cuisiner en France si un jour on rentrait ».

–  » Facile !!! Eh ben, t’as …  … … Eh ben, t’as … … … Oh ! Débrouille toi un peu ! Y a pas écrit « Marmiton.co » sur nos fronts ! C’est pas les plats qui manquent ! Photographie les cartes des restos et tu auras ta réponse ! »

 

La mémoire manquant à chacun de nous, je suis donc sortie mener mon enquête. Procédant en caméra cachée et prenant tous les risques de l’espionnage commercial, j’ai réussi à photographier ces 2 menus de restaurants immédiatement concurrents : 

 

(Je vous jure que les photos sont réalisées sans trucage et à 2 endroits différents hihi)

 

Ah la Colombie !!!! Ce merveilleux pays où  la nature offre une incroyable diversité de fruits et légumes tous plus savoureux les uns que les autres, des viandes et des poissons de qualité, des produits laitiers en veux-tu en voilà (je n’ai pas parlé de fromages, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit) ! Mais bon Dieu (que Dios me pardonne)  !!! Où disparaissent les fruits et les légumes vendus sur les étales des marchés ? Que peut-il bien se passer pour qu’une production aussi diversifiée ne soit jamais mise à profit dans les restaurants ? Y a-t-il une mafia du frijoles et de la banane plantain imposant aux restaurateurs de toujours proposer les mêmes plats constitués de 3 ou 4 pauvres aliments tous cuisinés de la même façon !!!  A quand une pétition visant à faire libérer l’inventivité culinaire ???!!!

 

 

 

Il n’aura, en effet, pas manqué à votre sagacité  que les 2 menus ci-dessus proposent exactement la même chose ! Heureusement qu’il y a le plat du jour, m’objecterez vous ! Ah … le plat du jour ! Quelle belle invention ! En France, vous vous rendez chaque jour à l’heure du déjeuner Chez Ginette, le p’tit resto en face du boulot et, si sa carte demeure la même, son plat du jour se renouvelle constamment ! Lundi, c’est lasagnes. Mardi, magret de canard. Mercredi, steack / gratin dauphinois. Jeudi, couscous. Vendredi, saumon au beurre blanc. Même si tous les plats sortent de chez Metro, vos papilles ont au-moins eu l’illusion de manger de façon diversifiée pendant votre dure semaine de labeurs … 

 

En Colombie, le plat du jour existe aussi !

Le lundi, de Carthagène à Ipiales, tu as le choix entre une soupe aux haricots rouges et une soupe aux lentilles, comme entrée. Vient ensuite le plat principal : toujours au choix : une semelle de porc, une semelle de boeuf, une semelle de poulet, un chicharron (lard frit) ou une saucisse (appelée chorizo, mais ce n’est pas du chorizo comme vous l’entendez en France). Le tout accompagné d’un morceau d’avocat, de riz, d’une tranche de bananes plantain frite, de frites,  de laitue iceberg et de carottes râpées  aspergées de sauce vinaigrette aigre-douce. Et le mardi, le mercredi, le jeudi, le vendredi, le samedi et le dimanche, de Carthagènes à Ipiales, c’est pareil ! Et voilà ! Tu arroses le tout avec une petite limonada (jus de citron dilué dans de l’eau sucrée à la panela) et roule ma poule ! De fait, tu as le choix : lundi tu peux prendre poulet, mardi boeuf, mercredi saucisse, jeudi chirarron et vendredi porc. Mais dans la réalité, tu as vite fait de constater que le renouveau culinaire est un simple mirage hihi

 

 

Le jour où je n’ai pas choisi soupe de frijoles hihi

 

 

En tout cas, pour la gestion des stocks des restaurateurs, c’est nickel ! 

– « Chéri ! Tu peux aller faire les courses du mois pour le resto, por favor ? »

– « Et j’prends quoi ?! »

– « Ben comme d’hab’ ! 100 kgs de frijoles (haricots rouges), 75 kgs de riz, 30 kgs de laitues iceberg et de carottes, 10 kg d’avocats et un régime de bananes plantain ! Ah ! Pendant que j’y pense ! Passe aussi chez le cordonnier, il nous a mis de côté ses vieilles semelles, les clients ne feront pas la différence ! » 

– « Ah bon ? C’est pas un peu abusé de servir toujours les mêmes aliments sous une forme ou sous une autre ??? »

– « Mais non ballot ! AU CONTRAIRE !!!  C’est hyper tendance ! On appelle ça tu batch cooking en France ! En 2 heures je cuisine pour tout le mois et pour tous les clients !!! »

 

 

Mais c’est pas tout ! Le meilleur reste à venir ! Le gars retourne ensuite au resto, enfile son costume de serveur et attend le chaland. Il pourrait le faire patiemment en regardant du coin de l’oeil la télé allumée dans un coin de la salle, mais il préfère généralement sortir directement sur la route et agiter frénétiquement un chiffon rouge en braillant. C’est en voyant faire les rabatteurs, que j’ai compris que nous possédions beaucoup plus de points communs avec les taureaux que je n’aurais pu l’imaginer avant. Car, quand un mec agite un chiffon rouge, beaucoup d’entre nous fonçons aussi hihi. Bref, appâté, tu rentres dans le resto. Et là, tu demandes un peu perfidement (car dans le fond tu connais déjà très bien la réponse) ce qu’il y a à manger. Et le gars (bon acteur) te regarde d’un air effaré, comme s’il venait d’arriver dans le pays et qu’il était habitué à vendre des nems à Pekin,  et fait mine de foncer en cuisine demander quel est le plat du jour. Satisfait, il ressort et t’annonce : sopita de frijoles y despues, el seco viene con pollo, cerdo, res, chicharroncito o chorizo ! Bingo !!!! 

 

Alors voilà … Vous comprendrez que je sois en proie aux interrogations. Comment un peuple aussi formidable, possédant une nature aussi généreuse qu’exubérante, a-t-il pu sombrer dans le quasi néant culinaire ? Qui est parti avec l’inventivité et le goût ? Où sont les fruits et les légumes ? Répondez !!! S’ils ont été pris en otage, on peut payer la rançon !!! Mais rendez-les nous !!! Des poivrons ! Des courgettes ! Des ananas ! Des épinards ! Des mangues ! Des mures ! Si vous ne libérez pas les végétaux, j’enfile mon gilet jaune!

 

Fin de la 1ère partie …. Rendez-vous à présent dans mon top 20 des spécialités culinaires colombiennes à goûter absolument (ou pas). Vous allez voir que, comme d’habitude, j’exagère un peu, mais qu’il y a quand même un gros fond de vérité dans mes propos !

 

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