Medellin, Guatapé
La Colombie me manquait… Ou peut-être juste mes ami(e)s de Colombie, je ne sais pas … Toujours est-il qu’en étant si proches de cette dernière, je ne voulais pas passer à côté de l’occasion d’y retourner. De toute façon, quelques raisons administratives m’obligeaient à y revenir, ne serait-ce que pour quelques jours…
Direction donc la Colombie !
Certes, le Panama c’est déjà un peu la Colombie : leurs territoires ont fait partie du même pays entre 1823 et 1830 (la Grande Colombie qui comprenait également les territoires des actuels Equateur et Venezuela) et, sur 4 millions d’habitants en totalité 65 000 colombiens y résident (c’est la plus grande communauté, suivie par les vénézuéliens, les nicaraguayens, les chinois et les étasuniens). Il n’est donc pas très difficile d’en rencontrer à Ciudad de Panama.
Pour les débusquer, c’est d’ailleurs assez simple : quand quelqu’un est sympa au Panama, c’est presque à coup sûr un colombien. Les panaméens pures souches et costeños de surcroît sont tendanciellement (on trouve toujours des exceptions heureusement) assez aigris, peu bavards et mettent un point d’honneur à exécuter tous types de prestations en y consacrant le moins de coeur possible et en les facturant comme s’ils bossaient à New-York, suivant un vieil adage local « gringo … bingo !!!« . Les mecs font littéralement n’importe quoi : tu les vois peindre en blanc des murs extérieurs noircis de crasse, de poussière et de toiles d’araignées sans prendre la peine de les lessiver avant. Et quand tu t’en étonnes, ils ne voient pas le problème puisque le blanc recouvre tout. Plus généralement, tout est fait par-dessus la jambe et de mauvaise grâce, de la caissière du supermercado au gars le plus haut placé … Donc, quand tu rencontres une personne avenante, souriante et de bonne volonté tu en déduis que c’est un étranger et quand tu poses la question de sa nationalité, c’est presque toujours un colombien.
Tu repères aussi les colombiens au fait qu’ils sont plus joyeux que les autres communautés. On le savait déjà pour avoir vécu plusieurs années dans leur pays, mais la Copa America de football qui a eu lieu en juin, nous l’a encore montré récemment. On a franchement rigolé les soirs de match quand la Colombie jouait et que nous nous rendions non loin de chez nous dans les bars et restos qui retransmettaient l’évènement. Tout le monde portait alors la tenue complète de la sélection, des chapeaux paisas, des vuvuzelas à portée de mains pour faire un max de bruit, des drapeaux colombiens. Et plusieurs heures avant et après le match, tous les colombiens réunis assuraient à eux seuls le spectacle ! Sous les regards parfois mornes des panaméens, parfois tristes (quand la Colombie a gagné 5 buts à zéro le Panama) ou carrément revanchards (quand la Colombie a été battue en finale par l’Argentine). On ne peut pas leur enlever ça, même si parfois ça saoule, les colombiens sont les rois de la fête J’ai l’impression que les panaméens ont pour eux, comme pour les américains du nord, une sorte de répulsion-attraction qui les leur fait détester parfois, mais soutenir à d’autres occasions (pour les Jeux Olympiques par exemple, quand les colombiens ont eu des médailles, les panaméens considéraient que c’était aussi un peu les leurs car ils représentaient alors une fierté latino américaine …).
La preuve avec le son !
Bref, malgré cette ambiance colombienne à domicile, je mourrais quand même d’envie de retourner sur place.
Alors, comme une grande, j’ai pris un billet aller-retour « Panama Pacifico – Medellin Rionegro » que la compagnie Wingo m’a vendu comme un supposé low-cost, mais que les taxes aéroportuaires ont finalement transformé en billet high-cost 👿 . 250 dollars pour 2 fois une heure de vol, sans bagage aucun, sans boisson et sans air conditionné tant que l’avion n’avait pas décollé (c’est pas gênant dans un pays chaud)… Pffff …
C’est en atterrissant au milieu des Andes que je me suis souvenue à quel point les paysages sont beaux et bluffants en Colombie. Voler au dessus de ces montagnes aux 1000 déclinaisons de vert est un pur enchantement.
Ce qui l’était moins, en revanche, c’était l’attente à la sortie de l’avion pour franchir les services migratoires et la douane : 2H30 à patienter avec des centaines d’autres personnes dans une salle non climatisée… L’horreur ! Heureusement quelques panneaux informatifs nous tenaient compagnie, dont celui-ci concernant les crimes sexuels :
Il ne me surprend pas vraiment car depuis quelques années, Medellin est devenue un haut lieu de la prostitution mondiale (certains la considérant désormais comme la Thaïlande de l’Amérique du sud). On en avait eu un avant goût quand nous vivions encore à Guatapé et c’est l’une des raisons qui nous avait convaincus de partir : voir à longueur de WE des bateaux passer sous nos fenêtres avec des femmes dépravées, presque nues, alcoolisées, voire droguées faisant des orgies bruyantes avec des hommes payant pour en profiter, avait fini par nous lasser. Surtout avec un enfant.
Mais les choses ont encore empiré. De nombreux scandales éclatent en permanence, mettant en cause des pédophiles (pour la plupart) nord-américains venus se payer des gamines pour 3 fois rien dans des hôtels ou des AirBNB. Certains, pédophiles ou non, y laissent d’ailleurs leur peau (une trentaine en 2023 et le même nombre en 2024 mais en seulement 6 mois) : attirés par des rencontres « gratuites » sur Tinder ou autres applications de rencontres, par des femmes faisant partie de réseaux criminels, ils sont retrouvés morts quelques heures ou jours plus tard, en overdose ou pas, mais toujours dépouillés à 100 %. C’est une des tristes réalités colombiennes : leur excellent sens du commerce leur permet de tirer profit du meilleur comme du pire. La drogue est l’arbre qui cache la forêt, car la traite humaine est également une immense source de profits avec, d’une part, la prostitution, mais aussi l’acheminement des migrants sud-américains (et parfois asiatiques ou africains) à travers le Tapon du Darien, cette jungle qui sépare la Colombie du Panama.
Je finis par me sortir de cette file interminable et pars à mon premier rendez-vous ! Je vais passez deux nuits chez notre avocate et amie, Monica. Nous avons été ses premiers clients français en 2016 et conservons de ce fait de vrais liens d’amitié. C’est une vraie joie de la retrouver elle et sa mère.
Son jardin planté d’arbres fruitiers et accueillant de nombreuses espèces d’oiseaux est superbe.
Un baranquero andino, ces oiseaux qui nous rendaient aussi visite à Guatapé, vient me saluer. J’adore !
Retrouver la nourriture colombienne est aussi un bonheur. Souvenez vous pourtant que je ne pouvais plus la voir en peinture car je la trouvais trop répétitive et fade (voir à ce sujet un de mes meilleurs articles « La Colombie, la gastronomie et moi »). Pourtant, le Panama, comme les USA et le Canada, par la bouffe infecte et hors de prix qu’ils produisent, cuisinent et vendent, arrivent à créer un effet « whaou » par contrecoup, dès que tu sors de leur pays et goûte à autre chose ! Du coup, tout paraît délicieux, divin, même la nourriture la plus banale hihi.
Mais, au-delà du goût, j’avais un grand besoin de manger des aliments sains car ceux du Panama, d’épouvantable qualité, me rendent malade. La superbe chaîne de crêperies « Crepes and waffles » me donne enfin l’occasion de me régaler après un mois et demi de pénitence à perdre mes cheveux par poignées et à souffrir de douleurs au ventre !
Après une grosse journée à El Retiro et Medellin, je prends la route de Guatapé !
Direction Guatapé !
Je suis tellement impatiente de revenir ici ! Bien sûr pas pour y faire du tourisme, mais pour y revoir tous les gens que nous avons laissés ici. J’ai conservé des liens étroits et réguliers avec la plupart d’entre eux et je suis très contente de les revoir !
Je ne vais pas vous raconter dans le détail toutes ces retrouvailles car elles ne vous intéresseraient pas.
Je peux juste dire que j’ai été entraînée pendant 6 jours dans un tourbillon d’amitiés latinas ou françaises qui me laissera un souvenir indélébile. J’étais attendue comme l’aurait été la soeur du Christ et reçue comme si j’étais Dios en personne. Je retrouve alors en Colombie ce qui nous avait fait quitter la France en 2016 : une chaleur humaine unique et indescriptible pour qui ne l’a pas connue.
Je revois aussi mes anciens voisins, ainsi que mon chien et mon chat en pleine forme ! Ils ne pouvaient pas partir en voyage avec nous et je savais qu’avec les colombiens ils seraient choyés au-delà de tout. Je suis dons très heureuse d’avoir fait le meilleur choix pour tous.
Je me demandais si les villageois me reconnaîtraient et tel est bien le cas ! Tout le monde veut m’inviter chez soi, me partager ses nouveautés, c’est la folie aussi de ce côté là ! A tel point qu’une amie me suggère mi-hilare, mi-sérieuse de me présenter aux prochaines élections municipales, vu ma popularité du moment dans ce pueblo hihi. C’est bon pour le moral de voir qu’on a laissé de bons souvenirs, surtout quand on s’est installé sans connaître personne, ni posséder de culture commune !
Je retrouve également des us et coutumes que j’avais mis de côté, comme celui – périlleux – de manger sur ses genoux car il n’y a pas de table dans la maison hihi
Entre deux rencontres, il me reste à vérifier si le village a changé ?!
En voici une vidéo complète et à jour pour les intéressés :
Hormis quelques nouveaux commerces et petits immeubles, je ne vois rien de particulier.
Mes « amis » les hélicos sont toujours là hélas (le procès intenté en 2021, gagné en première instance devant le tribunal administratif de Medellin, est toujours en cours devant le Conseil d’Etat depuis juin 2022…).
Par contre, le lac a presque disparu, victime d’une sécheresse rare dans le pays et de la production d’électricité. Nous avions déjà vu cela en 2020 pendant le COVID et c’est assez moche.
C’est la semaine de la fête des fleurs à Guatapé. Bien que je connaisse le folklore par coeur, j’apprécie de le revoir !
Un petit Guatapé by night, pour la route !
Bien sûr pendant 3 soirs consécutifs je n’ai pas pu dormir en raison des concerts organisés par la municipalité, qui débutaient parfois à 7 heures du matin et se poursuivaient jusqu’à minuit … De ce point de vue rien n’a changé à Guatapé : il s’agit toujours du village le plus bruyant et festif du monde 😕
Une semaine filant aussi vite qu’une minute, c’est le coeur rempli de tendresse mais bien triste que je m’en retourne dans le pays voisin. Ce n’est heureusement qu’un aurevoir !
Alors, on retourne vivre en Colombie ?!
Avant d’achever cet article, il me semble intéressant de proposer un petit bilan quant à ce retour en Colombie.
J’étais très contente d’y revenir. Même si nous l’avons quittée, elle nous restera chère car c’est le pays qui nous a fait changer de vie, qui a su déclencher cette étincelle de lucidité nous faisant sortir de notre zone de confort et découvrir qu’il y a autre chose que le « métro-boulot-dodo » français. En cela, elle occupera à tout jamais une place particulière dans notre histoire et dans notre coeur. J’ai donc du mal à être objective. Pour autant, une chose demeure certaine, c’est que Guatapé était devenu trop touristique, trop bruyant, trop malsain les WE et trop petit (c’est un petit monde clos où tout le monde se connaît) pour que nous puissions y demeurer dans de bonnes conditions à plus longue échéance que les 5 ans passés sur place. Et en cela rien n’a changé.
Cela dit, après avoir visité tant de pays et vécu dans certains autres, je peux affirmer que je sais pourquoi nous avons eu un coup de foudre pour la Colombie et plaisir à y vivre et pourquoi tel n’est pas le cas avec le Panama. Je ne retrouve rien ou presque dans ce dernier de ce qui fait le charme de la première :
- les paysages et climats : beaucoup plus variés et enthousiasmants
- la propreté du pays et l’hygiène en général : le Panama est une décharge à ciel ouvert à peu près partout ce qui n’est pas le cas en Colombie
- les habitants : globalement beaucoup plus polis, chaleureux, accueillants, serviables et attachants
- la mentalité : dans la Colombie des montagnes les gens sont bosseurs, entreprennent, vont de l’avant et ont globalement une mentalité positive (je veux dire que quand ils font un travail, ils ne mettent pas un point d’honneur à le saloper et à le facturer +++. Il arrive que le boulot ne soit pas fait avec un standard européen, mais c’est plus par méconnaissance que par mauvaise volonté, contrairement au Panama où ce sont les 2)
- la qualité de la nourriture qui est bien supérieure, même si les gastronomies des 2 pays sont très similaires
- le coût de la vie qui est bien plus agréable en Colombie qu’au Panama où tout est cher et galvaudé
Par contre, le Panama offre plus de sécurité que ce soit sur les routes, quant à la délinquance ou aux cartels, ainsi que d’un point de vue monétaire puisque la monnaie est le dollar américain. Il est donc moins risqué d’y investir (le cours du COP est une vraie montagne russe, hélas). Et puis, chose ô combien importante puisque c’est ce qui a causé notre départ de la Colombie, les panaméens sont quand même beaucoup moins bruyants au quotidien que les colombiens grâce à qui j’ai perdu la moitié de mon audition…
Cela étant dit, est-ce que je préfère la Colombie au Mexique ? Je dirais oui et non. Nous avons adoré le Mexique où les gens sont généralement accueillants, où la nourriture est bonne, où les paysages sont très variés et dans lequel les aspects culturels sont autrement plus développés que dans la première et le second. La monnaie est assez stable, l’économie s’y porte bien. Par contre, dans un quotidien, on ne peut pas oublier que la plupart des Etats mexicains sont aux mains de cartels dangereux. Comme en Colombie me direz vous, mais quand même quelques crans au-dessus encore. On ne se sentait pas d’y projeter l’avenir de notre ado.
Il reste une comparaison avec le Maroc. Comme je l’ai déjà écrit, ce dernier a été un vrai coup de coeur inattendu. On y a retrouvé beaucoup de ce qu’on avait apprécié en Colombie, notamment dans l’accueil, la gentillesse et la chaleur humaine des gens. Le côté bordélique de l’organisation sociétale également. Tout comme l’omniprésence de la religion (certes différente). Mais aussi une gastronomie qui y est excellente et une relative sécurité (disons qu’on ne risque pas de se faire braquer à l’arme lourde à chaque kilomètre fait en voiture). Ce qu’on a aimé en plus, en tout cas à Rabat, c’est un vrai accès à la culture en langue française. Même si 2 d’entre nous parlent l’espagnol comme le français, il est toujours agréable de faire des activités dans sa langue natale. Et c’est possible au Maroc. Enfin, c’est un pays plus proche de l’Europe, ce qui offre d’autres possibilités. C’est pourquoi … c’est finalement là-bas que nous retournons avec la haute approbation de Carlito !
Quel suspense !
Salut les amis ! Comment allez vous ?