San Roque, Guatapé, rocher del Penol
Voir aussi : nos chambres d’hôtes à Guatapé
Nous ne pouvions quitter la Colombie sans un détour par le village de Guatapé, son « embalse » (disons son plan d’eau) et son célèbre rocher del Penol. Vous allez bientôt comprendre pour quelles raisons.
Toutes les routes mènent à Guatapé, mais certaines sont plus rocambolesques que d’autres
Petit souci, néanmoins, nous sommes alors vers Bucaramanga au centre-nord est du pays et il nous faut une nouvelle fois traverser la cordillère pour aller à côté de Medellin, au centre sud ouest de la Colombie. Bref, plusieurs centaines de kms de route de montagne au revêtement parfois aussi douteux que celui pris en photo dans l’article précédent. Beaucoup de bonheur en perspective, donc, quand nous quittons le camping aux parapentes ! Les virages s’accumulent, les files de camions s’allongent. Pas d’autre solution que de reprendre une conduite à la colombienne, de doubler dans les virages, d’ignorer les doubles lignes jaunes. Ce qui devait arriver arrive : la police nous arrête pour ce que je suppose être un excès de vitesse. Mais pas du tout ! Jovial le policier vient de se rendre compte que nous sommes français. Son inquiétude : sommes-nous bien au courant que le match France-Suisse, à cause du décalage horaire, commence dans peu de temps et que nous risquons de rater le début si nous ne nous dépêchons pas un peu plus ???
Très bien monsieur l’agent ! Nous filons ! Nous filons tellement que nous oublions de consulter la carte routière, nous fiant aux seuls panneaux indiquant Medellin et au guidage GPS. Au bout de 9 heures de route par une chaleur harassante, nous arrivons comme des fleurs (fanées) dans le petit village de San Roque. San Roque, 5000 habitants, sa place de l’église, son architecture coloniale, ses 80 bars hurlant de la cumbia et de la salsa, ses rues en pente douce (environ 40% d’inclinaison, une paille quoi !), ses cow-boys à chevaux. Typique ! L’ambiance y est dingue ! Tout le village est de sortie, discutant ou picolant, profitant de la fraîcheur de la fin de journée.
Souci (bis) il va falloir traverser ses rues étroites sans renverser les motos garées et grimper au sommet du village si nous voulons parcourir les 60 derniers kils qui nous séparent de Guatapé. Débute alors un parcours du combattant qui finit par nous conduire en haut d’une longue et encombrée voie s’achevant sur des escaliers. Horreur ! Nous sommes coincés car il est absolument impossible de faire demi tour ! Je sors, étudie la situation. A moins de grimper les escaliers, on est dans la m… Alternative : redescendre en marche arrière la piste noire que nous venons de grimper. Le stress et la bonne humeur familiale sont à leur paroxysme. Un colombien, attendri par la situation, décide de nous aider. Au moment où nous finissons par nous en sortir, celui-ci assène le coup final en nous apprenant que, pour aller à Guatapé depuis le village où nous sommes, ce n’est pas la peine de chercher une route car elle n’existe tout simplement pas ! Seule une piste « muy fea » (comprenez, « pas bonne du tout ») y mène. Il faut faire un détour de 180 bornes supplémentaires via Medellin pour y accéder par une route décente. Horreur (bis !) !
Il est 18h30 … nous sommes lessivés … Nous n’irons pas plus loin. Nous garons le Charles de Gaulle et partons picoler avec les cow-boys qui, fraîcheur oblige, ont revêtu leurs ponchos. La bière et l’ambiance du village auront raison de notre mauvaise humeur : nous sommes au cœur de la Colombie profonde, presque dans une image d’Epinal. Je n’ai pu en voler que quelques photos avec le téléphone et elles sont trop moches pour être mises en ligne ! A vous de faire marcher votre imagination !!
Le solstice d’été au sommet du rocher de Penol
En venant de Bucaramanga, la bonne route pour Guatapé est donc celle qui passe le plus au sud et non celle du nord ! Nous y arrivons finalement le 20 juin, veille du solstice. Il pleut. Grrrr …
En Amérique du sud, les solstices sont fêtés avec emphase. Pas forcément avec une fête de la musique, mais la chose est prise très au sérieux, surtout par les peuples indigènes en lien avec le culte du soleil. A Guatapé, nous sommes très loin des temples incas péruviens et pourtant … Il est 4 heures du matin quand, une grosse centaine de personnes, munies de tambours et autres instruments s’emparent brusquement des rues du village pour réveiller à peu près tout le monde, dont nous ! Je manque de me cogner au plafond de peur, Charles se réveille tout aussi soudainement. Le temps d’analyser ce qui se passe, les bruyants ont déjà disparu. Pfff … Une chose est sure : ils ont réussi à faire fuir les nuages car, lorsque nous nous levons il fait un temps superbe. Le soleil est donc bien à son propre rendez-vous !
Nous entreprenons l’escalade de la roche de Penol, immense rocher de 200 mètres de haut, planté dans un paysage de rêve. « Déchet » volcanique ou météorite tombée du ciel ? Les avis sont partagés.
Toujours est-il que 659 marches nous attendent.
Du haut, la vue est époustouflante.
C‘est le solstice, le soleil brille ! Magnifique !
Pourtant, en Colombie, du fait de la proximité du pays avec la ligne équatoriale, le soleil se couche à 18h30, comme tout le reste de l’année !!
Et Guatapé dans tout ça ?
J’y viens ! Guatapé est un village qui fut partiellement inondé lors de la construction du barrage alimentant Medellin en eau et électricité dans les années 1970.
Sa spécificité réside essentiellement dans les couleurs bariolées de ses maisons.
Plus précisément, chacune d’entre elles présente des fresques murales représentant des scènes de la vie quotidienne dans la région.
Le village se regarde donc comme une véritable bande dessinée !
C’est tellement joli que nous y passons finalement 3 jours à nous y promener.
On fait même un tour de bateau. L’idée était de voir le lac d’un peu plus près. Finalement, nous aurons surtout l’occasion de mesurer la bonne humeur colombienne : trois notes de salsa et les passagers oublient ce qu’ils sont venus faire pour se mettre à danser !!
Mais si les colombiens paraissent pouvoir tout encaisser avec le sourire, des FARC à la corruption de leurs hommes politiques, de leurs conditions de travail inacceptables à leurs maigres salaires, peuvent-ils conserver leur bonne humeur en cas de défaite de leur équipe en demie finale de la Copa America? Rien n’est moins sûr … Quand le jour se lève sur Guatapé ce mercredi 22 juin, je crois d’abord que les fêtes pour le solstice se prolongent : la moitié du village est habillée en jaune. Renseignements pris ce n’est pas ça : « on » joue au foot le soir même et la plupart des habitants ont revêtu le maillot de l’équipe nationale. C’est très chic. Nous nous mêlons à la foule le soir tombé pour assister à l’évènement du jour. L’ambiance est à son comble pendant environ 3 minutes, le temps pour la Colombie d’encaisser 2 buts du Chili : en route pour une roustasse de première classe !! Carlito qui, habituellement, arbore fièrement sa casquette « bomberos de Chile », comprend instinctivement qu’il est temps de la faire disparaître sous sa chaise s’il ne veut pas qu’on la lui fasse bouffer !!
Epilogue : la Colombie a été battue en demie finale. Tout le monde affiche une mine de circonstance. Même la signature, aujourd’hui même, de l’historique traité de paix entre la Colombie et les FARC ne remettra pas le sourire sur les lèvres des colombiens. Heureusement, il y a bientôt les JO hihi
Vraiment des cartes postales. Magnifique ! Ton récit Valérie, me fait toujours rêver !! Bisous
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Salut
Alors l’anecdote avec le flic… Dingue … Le foot est donc une institution supérieure à l’Etat et ses prérogatives régaliennes !!!
La vue du Rocher Penol sublime ça valait la galère 😉 entre nous j’aurais été en panique être coincée !!
Et Guatapé extraordinaire un remède contre la déprime toutes ces couleurs j’adore !
Encore une fois d’après vos récits les colombiens ont l’air accueillants joyeux et bienveillants sans doute comme tu l’expliques pour ne pas sombrer dans la tristesse et le désespoir en raison de leurs conditions de vie
Des bisous
Et coucou,
Une petite pensée pour vous en ce début de mois de juillet : encore dans des paysages paradisiaques ? C’est incroyable toutes ces couleurs !
Grosses bises à vous tous, Géraldine