A Marrakech, une semaine après le séisme

Marrakech

 

Nous voici donc fraîchement arrivés au Maroc, avec un grave tremblement de terre pour nous souhaiter la bienvenue.

 

Quand nous ouvrons un oeil, le samedi 9 septembre au matin, nous sommes loin de mesurer l’ampleur des dégâts que le tremblement de terre ressenti jusqu’à Rabat a causé plus au sud. Ce sont vos messages inquiets arrivant sur Whatsapp qui nous l’apprennent. Mais comme nous n’avons pas de chaînes de télé pour nous informer, nous nous bornons à constater que là où nous sommes, tout semble aller bien. Après avoir rassuré tout le monde – merci d’avoir pensé à nous, ça nous a fait chaud au coeur – nous descendons explorer la ville blanche qui – nous le constatons – est intacte. La vie y continue donc normalement à ceci près que tous les groupes Whatsapp sur lesquels je suis inscrite sont désormais en effervescence : une incroyable solidarité est entrain de se mettre spontanément en place ! Chaque citoyen marocain se sent concerné et propose son aide pour secourir au plus vite les sinistrés, que ce soit en apportant son sang, des biens utiles, de la logistique ou de l’argent. Cette générosité qui se déploie en dehors de tout cadre étatique ou d’ONG est juste incroyable et donne une sacrée leçon d’humanité !

 

 

 

 

Mais quelle est l’ampleur du sinistre ? Nous avons du mal à nous en rendre compte. En effet, nous ne pouvons nous informer que via internet et les sites de la presse écrite et, dans un premier temps, il est insinué que Marrakech a été presque détruite. On voit aussi ces images de la Koutoubia qui vacille dans l’obscurité et celle d’un minaret s’affaissant, ce qui pourrait laisser penser qu’elle est désormais à terre. Chaque organe de presse y va alors de sa Une la plus inquiétante et il est alors assez difficile de démêler le vrai du faux. J’abandonne rapidement la lecture des sites français car je n’y apprends rien de factuel, seule une volonté lunaire de polémique politique  animant les journalistes quant à l’aide française non acceptée par le Maroc. Mais ici, dans l’instant, tout le monde s’en fout de cette polémique, l’urgence étant sur le terrain. Ce n’est que plus tard que la presse marocaine y répondra à sa façon.

 

Maroc hebdo :

 

 

C’est dans ce contexte que nos amis Gérard et Véronique – grands voyageurs nantais rencontrés au Pérou en 2016 – nous confirment maintenir leur arrivée à Marrakech dans leur riad pour le mercredi 13 septembre et leur invitation à leur rendre visite dans la foulée. Nous l’avions déjà acceptée de longue date et leur confirmons notre venue pour le dimanche, soit une semaine après le drame.

 

Dimanche 17 septembre

 

De Rabat à Marrakech, il faut un peu plus de 3H30 de train : nous traversons une partie du pays en direction du sud. Quand nous arrivons dans les faubourgs, Carlito est surpris : la ville existe toujours ! Elle est même bien debout !

 

 

 

 

Aurions-nous mal compris les infos ou nous auraient-elles un peu induits en erreur en exagérant la situation à Marrakech ? Pour le moment, nous filons en taxi vers le quartier de Bab Doukkala dans la médina, où Gérard et Véro nous accueillent chaleureusement avec d’autres amis à eux. Dans le quartier, la vie paraît tout à fait normale : les étales des marchands bloquent l’entrée de la médina, les taxis klaxonnent dans tous les sens, les mobylettes nous bousculent…

 

 

 

 

Le joli  riad des potes est indemne, comme presque tout leur quartier.

 

 

 

 

Après un délicieux repas, nous partons faire un tour dans la médina. Ce qui nous frappe d’entrée c’est que la majeure partie de la médina est  intacte, contrastant avec le vide touristique observé : les gringos ont déserté, seuls quelques-uns arpentant les rues, dont nous. Mais comme la nature a horreur du vide, toutes les mobylettes du quartier s’en donnent à coeur joie dans ces ruelles normalement bondées. Dérangé par l’odeur des fumées d’échappement et le bruit des moteurs Carlito déclare d’entrée : « on a bien fait de s’installer à Rabat ! ». Il n’en démordra plus hihi.

 

 

 

 

Dans ces ruelles touristiques, le « ménage » a été fait et tout va bien.

 

 

 

 

Une semaine plus tard, il ne reste plus grand chose de visible des conséquences du séisme. Certes, quelques maisons détruites sont clairement identifiables :

 

 

 

D’autres demeures ou murailles fendues laissent aussi  penser qu’une prochaine réplique ou une tempête auront raison d’elles dans un futur plus ou moins proche. Mais il n’y a pas de vraies raisons de s’inquiéter dans l’instant présent.

 

 

 

 

D’ailleurs, les pouvoirs publics ont pris en charge la démolition des maisons les plus dangereuses pour les piétons passant à proximité :

 

 

Puis, complètement détruite

 

 

Dans l’ensemble, en ce dimanche aprem, tous les commerçants sont à leur poste. Seuls, mais au boulot ! Aucun n’a envie de revivre ce qu’ils ont vécu pendant le covid et beaucoup demandent qu’on montre au monde entier que Marrakech va bien et qu’il faut y revenir au plus vite.  En quelque sorte, dans cette ville, le drame doit rester à l’échelle individuelle et non faire plonger le collectif.

 

 

 

Lundi 18 septembre

 

Mais, est-ce que Marrakech va bien ? Le lundi, nous déjeunons dans un restaurant de  la ville nouvelle qui n’a pas été affectée par le séisme. Quand nous en ressortons, un client marocain assis à une table proche de la nôtre prend la peine de se lever pour nous remercier « d’être quand même venus », nous expliquant que la meilleure façon de soutenir le Maroc est encore de continuer à y voyager.

 

 

 

 

A proximité de la place Jemaa El Fna, la Koutoubia est toujours là même si un cordon de sécurité empêche de s’en approcher.

 

 

 

 

Sur la place et à ses alentours, les charmeurs de serpents, les montreurs de singes, les vendeurs de fruits secs et de jus de fruits, les calèches attendent les clients : il n’y a presque  aucun visiteur en ce lundi après-midi.

 

 

Ailleurs ce n’est guère plus vivant  :

 

 

 

Si la plupart des quartiers sont globalement dans un état normal, ce n’est hélas pas le cas de la medina juive. Certains de ses habitants qui n’ont pas encore pu être relogés ont élu domicile sur la place des Ferblantiers ou sous les terrasses des bâtiments la bordant. Même s’ils ne sont pas très nombreux, c’est ici que l’on comprend vraiment le drame individuel qui se joue sous nos yeux de touristes impuissants. Ou parfois indifférents car certains n’entendent pas faire une concession à leurs vacances en adoptant des comportements pudiques en présence de ces sinistrés. Mais c’est une minorité.

 

 

 

Le soir venu, la place Jemaa El Fna s’anime un peu, mettant de l’allégresse dans ce Marrakech devenu subitement trop sage.

 

 

Mardi 19 septembre

 

Mardi, notre dernier jour, nous revisitons la médina. Le syndicat national marocain du tourisme a donné son feu vert au retour des tours opérateurs et nous croisons quelques groupes de visiteurs étrangers. Le mot d’ordre n’est plus à susciter l’émotion en montrant des ruelles détruites et des malheureux, mais de faire revenir le tourisme le plus vite possible !

 

 

A défaut, chats et chatons occupent le devant de la scène

 

 

Le vieux souk El Haddadine, souk du fer forgé, a tenu bon même si quelques décombres le jonchent encore ! Ce ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir, au train où vont les travaux de remise en état.

 

 

 

 

Nous nous offrons une visite de la Medersa que nous ne connaissions pas encore, laissant tomber l’idée des jardins Majorelle déja visités lors d’un autre séjour. Datant du 16ème siècle, l’école coranique a très bien résisté au séisme. Son intérieur est somptueux.

 

 

 

Nous rentrons au Riad par un quartier de la médina qui n’est pas touristique et constatons une dernière fois que tout ne va pas si mal à Marrakech, le drame se jouant en fait dans les montagnes.

 

 

Au Riad, nous rions avec Gérard et Véro d’une amie à eux qui leur a demandé « s’ils arrivaient encore à se repérer dans la ville », persuadée que celle-ci était réduite en poussière et gravats, BFM TV faisant foi. En fait, rien ou presque n’a changé pour nous autres visiteurs et les touristes sont plus que jamais les bienvenus ! Quant aux marocains affectés, l’Etat semble avoir pris la mesure des choses, divers plans de relogement et de reconstruction étant officiellement à l’étude ici, comme dans l’Atlas partie du pays la plus sinistrée.

 

 

 

 

Il est temps pour nous de repartir à Rabat et de remercier chaleureusement nos hôtes pour l’excellent séjour passé dans cette ville secouée mais toujours debout à 95% !

 

 

 

Venez sans craintes car, de toute façon, les pouvoirs publics feront tout pour que leur locomotive touristique soit réparée au plus vite …

 

2 pensées sur “A Marrakech, une semaine après le séisme

  • 24 mars 2024 à 3 h 48 min
    Lien Permanent

    Les marocains ont été très solidaires.
    Le gouvernement a versé une somme d’argent pour chaque cas.
    Certains monument sont en cours de restauration.
    Puisse Dieu nous épargner nous tous.
    Amitiés de Marrakech

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