Notre expérience personnelle des passages de frontières impliquant le Mexique

 

Passer une frontière est toujours un peu stressant et celles impliquant le Mexique sont toujours un peu rocambolesques.

 

Entre 2019 et 2023, nous avons fait 5 passages de douanes en camping-car et 6 en arrivant ou repartant en avion et ce furent chaque fois des expériences différentes et pas toujours agréables. Parfois à cause du système douanier un peu absurde, parfois aussi par notre propre faute (soit que notre véhicule n’ait pas été tout à fait en règle, soit que nous n’ayons pas assez préparé en amont le passage de frontière).

 

Avant d’entrer dans le détail de ce qui nous a ou non posé problème, il me faut apporter quelques autres précisions pour contextualiser mon propos.

 

1) Considérations générales

 

1 – A – En tant que personnes :

 

Je précise tout d’abord que nous sommes de nationalité française. C’est un avantage d’un point de vue migratoire : nous entrons au Mexique sans visa particulier, uniquement avec un visa touristique. Normalement celui-ci est de 180 jours, mais les services migratoires peuvent aussi choisir d’accorder moins.

 

Notre expérience personnelle :

– Chaque fois que nous sommes arrivés en avion au Mexique (2019, 2020 et 2022) il nous a été demandé un billet d’avion retour ou de sortie du territoire à l’embarquement. Une fois, nos valises voyageant en soute ont été fouillées car elles contenaient des fruits frais qui avaient été détectés au scanner à leur descente de l’avion (donc avant qu’on ne les récupère). Les agents les ont ouvertes devant nous et ont jeté les fruits. Nous n’avons pas payé d’amende. Pour obtenir le « Graal » des 180 jours, nous avons toujours préparé un petit dossier comportant l’adresse d’un ami au Mexique, une lettre de sa part attestant que nous allions passer notre séjour chez lui et un relevé bancaire prouvant que nous avions les moyens financiers de vivre au Mexique pendant tout ce temps. Mais on ne nous l’a jamais demandé et les agents migratoires nous ont toujours donné les fameux 180 jours sans faire de problème.

– Chaque fois que nous avons passé une frontière avec notre véhicule, et d’un point de vue migratoire (c’est à dire pour nous et pas pour le camping-car), il nous a fallu payer une taxe touristique (638 pesos par personne en 2022) et systématiquement les services migratoires nous ont donné 180 jours, sauf une fois en revenant du Guatemela, où nous n’avons obtenu que 90 jours (mais on n’avait pas besoin de plus).

 

 

1-B- Quant à nos véhicules 

 

Je précise, car c’est important pour la suite des aventures, que nous avons circulé au Mexique avec 2 types de camping-cars :

 

1) un véhicule français, immatriculé en France, acheté à des français aux USA et qui n’a donc jamais été à notre nom (2018-2020) : comme il avait plus de 15 ans nous n’avons pas pu faire faire son contrôle technique et avoir une carte grise officielle (il aurait fallu le rapatrier en France et le réacheminer sur le continent américain : c’était impensable car trop coûteux). Nous avons donc roulé avec la carte grise des anciens proprios et un « poder » fait par eux, lequel nous autorisait à entrer et à circuler au Mexique (ainsi qu’aux USA, of course). Pour être tout à fait franche, nous avions aussi « bricolé » une fiche française d’identification du véhicule à notre nom (on en trouve sur le web) au cas où le « poder » ne nous aurait pas permis d’entrer. Et de fait, c’est elle que nous avons présenté en douane à Nogales en 2018 (voir ci-dessous n° 2-A-a). Pour ceux qui seraient choqués, inutile de nous faire la morale : il y a les discours vertueux et la réalité du terrain : quand les législations des différents pays ne coïncident pas et que tu es de bonne foi, il faut bien trouver des solutions si tu veux voyager.

 

El francés

 

 

2) un véhicule américain, immatriculé aux USA, acheté au Mexique à un français. Celui-ci a eu 2 configurations administratives au regard du Mexique :

a) tout en étant sur le sol mexicain nous l’avons immédiatement fait immatriculer aux USA dans le Vermont via Alex Smith (contact : , seulement par mail car il ne répond pas aux whatsapp) : 4 semaines plus tard il nous a envoyé les plaques et le titres de propriété au Mexique. Seul problème le permis d’importation du véhicule (TIP) n’était pas à notre nom jusqu’à ce qu’on sorte du Mexique et qu’on y revienne (voir ci-dessous n°4-A)

b) le même véhicule américain, immatriculé aux USA, mais cette fois-ci à notre nom et avec un permis d’importation à notre nom (voir ci-dessous n° 2-A-a ; n°2-B)

 

El gringo

 

 

Vous allez voir que rien ne s’est jamais passé comme prévu aux passages de frontières avec nos véhicules que ce soit pour le meilleur ou pour le pire, mais aussi que ce soit pour entrer au Mexique ou pour en sortir pour rejoindre les USA ou le Guatemala. Lisez jusqu’au bout, ça peut vous être utile car beaucoup de voyageurs français se retrouvent dans un des cas de figure que nous avons expérimentés. Sachez néanmoins que nous nous en sommes toujours tirés juste avec de la patience et sans jamais verser de « propina ».

 

2) Entrer au Mexique

 

Pour entrer au Mexique avec un véhicule depuis le Belize, le Guatemala ou les USA, voici les exigences officielles. Je les ai prises en photos :

 

 

Il y a une petite subtilité que personne ne peut deviner avant d’être venu au Mexique : l’endroit où l’on obtient le permis d’importation provisoire du véhicule (TIP) et où on l’annule, s’appelle « Banjercito ». Donc, d’un côté tu cherches le bureaux des migrations pour faire tamponner ton passeport et, de l’autre, le « Banjercito » pour ton CC. Là où ça devient rigolo c’est que parfois le Banjercito n’est pas au même endroit physique que le bureau des migrations (donc tu le zappes, ce qui peut te coûter la confiscation de ton véhicule si la police t’arrête et constate que tu n’as pas de permis d’importation) et surtout, surtout, ses horaires ne sont pas les mêmes. Il arrive donc que tu puisses faire tamponner ton passeport et que le Banjercito soit fermé. Mais le truc encore plus amusant c’est qu’il n’y a pas un horaire unique pour tous les Banjercito  du Mexique : c’est en fonction de chacun. Parfois ils ouvrent de 8H à 16h et pas une minute de plus ; parfois ils sont ouverts H24 et 7/7; parfois ils ferment le samedi et le dimanche, etc, etc … Tu dois donc le deviner ou regarder sur Google ou sur Ioverlander, des fois que l’info soit disponible. Sinon tu passes la nuit ou le WE sur place.

 

PS- Je précise qu’il est possible de faire les formalités de permis provisoire par internet (site officiel ici). Néanmoins, beaucoup de voyageurs qui ont procédé ainsi de façon prudente ont eu la mauvaise surprise une fois en douane de constater que les douaniers n’étaient pas capables de retrouver une trace informatique de leur permis. Ce qui leur a engendré une double perte de temps et d’argent car il a fallu tout recommencer en présentiel. 

 

Ps – Ce site (ici) est également très bien car il répond à beaucoup de questions.

 

2-A- Entrer au Mexique depuis les USA

 

2-A-a Arizona / Nogalès, Mexique, Etat du Sonora (2019)

 

C’est notre première entrée au Mexique en 2019.

 

En route pour le Sonora !

 

Pourquoi on flippait ?

Je redoutais un peu le passage frontalier avec notre véhicule français (Iveco Laika) sans carte grise officielle à notre nom. Nous avions juste un « poder » et une fiche d’identification française du véhicule.

 

La difficulté de cette douane ?

Il y en a 2 :

1) quand tu sors des USA avec ton véhicule (ici comme ailleurs), tu n’as aucune démarche à accomplir que ce soit pour ton véhicule ou pour toi-même : personne ne tamponne tes passeports et personne ne te donne un document qui atteste que ton véhicule est bien sorti des USA. C’est assez déroutant.

2) la douane mexicaine ne se trouve pas dans le prolongement de la douane américaine, mais une dizaine de kms plus loin et c’est un bâtiment minable que tu peux facilement zapper.

 

 

La douane côté mexicain

 

Notre expérience personnelle :

– nous quittons les USA sans qu’un seul douanier américain ne s’intéresse de près ou de loin à nous. Opportunément, un panneau « Bienvenidos A Mexico » a été planté un peu plus loin pour signifier aux distraits yankees qu’ils ne sont plus chez eux ! Bon …

– quelques centaines de mètres plus loin, un douanier mexicain totalement démotivé fait mine d’inspecter notre CC.

– on circule !! Curieusement la douane n’est pas à la frontière, mais 10 bornes plus loin … Le bâtiment officiel est tellement miteux que nous manquons de le zapper !

– L’agent des migrations moyennant 500 pesos par personne (2019) nous délivre nos visas pour 6 mois.

Nous filons au Banjercito … Plutôt que le « poder » (je suis alors prise d’un doute qu’on me laisse rentrer au Mexique avec un véhicule qui n’est pas à notre nom et juste avec une « autorisation » des anciens proprios) je décide de tendre la vraie-fausse fiche d’identification du véhicule à notre nom, des copies du passeport du conducteur, du permis et de l’assurance du véhicule (qu’on a prise la veille sans aucun souci par internet chez Sanborn’s Insurance pour 6 mois). Miracle : l’agent du Banjercito considère ma vraie-fausse fiche comme un vrai-vrai papier officiel français et établit notre certificat d’importation du véhicule pour 10 ans. Pour ce faire, il nous reprend quand même 1624 pesos au passage. Mais bon, c’est la loi … alors nous payons !

 

 

Pourquoi on ne le referait pas ?

C’est assez flippant d’être à la limite de la légalité, même si nous avions par ailleurs un « poder » qui aurait pu nous sauver. Je pense qu’en 2019 le préposé du Banjercito n’a pas relevé la supercherie car 1) Nogales n’est pas la douane la plus empruntée par les voyageurs et qu’il n’avait sûrement jamais vu une carte grise française 2) il n’a pas regardé sur internet à quoi ressemble un tel document. Or, en 2022, à une autre douane (voir ci-dessous) (et alors que nous avions de vrais papiers bien officiels cette fois-ci), le préposé du Banjercito est allé sur le web pour voir si nous ne trichions pas.

Par ailleurs, et en 2023, il me semble (c’est à confirmer) qu’on ne peut plus faire rentrer au Mexique un véhicule avec un « poder ».

 

 

2-B-b – El Paso / Santa Teresa (Texas) – Ciudad Juarez (Chihuahua) (octobre 2022)

 

Nous avons choisi d’entrer au Mexique par le 5ème poste de douane de la grande ville de El Paso au Texas, en direction de Ciudad Juarez dans l’État du Chihuahua.

 

 

Barrancas del Cobre, Chihuahua

 

Pourquoi on était confiants ?

Notre petit Ford Coachmen immatriculé aux USA était a priori en règle, tout comme nous.

En plus, nous l’avions déjà fait rentrer au Mexique en mai 2022 par la frontière avec le Guatemela.

 

Pourquoi on aurait dû se méfier ?

L’administration du Vermont s’est trompée en immatriculant le van comme une voiture et non comme un VR. Ce qui n’a aucune importance, sauf pour entrer au Mexique.

En effet, si tu entres avec une voiture ton TIP n’est que de 6 mois, alors qu’avec un VR (camping-car) il est de 10 ans. Tout dépend de ce que dit la carte grise du véhicule.

Autre problème, si c’est une voiture, elle n’a pas le droit de rentrer au Mexique si elle pèse plus de 3,5 tonnes. Et ce n’est pas le poids sur une éventuelle balance qui compte, mais ce qui est inscrit sur les documents du véhicule.

 

 

Vendredi soir à la douane

 

Notre expérience personnelle :

Nous sommes sortis des USA encore une fois sans que personne ne tamponne nos passeports, ni ne nous donne un document comme quoi le véhicule était sorti du pays. Rétrospectivement, ça ne pose pas de souci car, plus tard, nous sommes revenus aux US et nous étions en règle.

 

L’entrée du côté mexicain se fait dans la foulée de la frontière des US. Le service des migrations et le Banjercito sont dans le même bâtiment. Ce dernier était ouvert un vendredi soir à 18 heures.

 

Seul petit souci : le préposé du Banjercito a immédiatement relevé qu’il y avait un problème sur notre carte grise américaine : c’était bien un VR, mais enregistré comme une voiture. Il a donc demandé à un douanier le poids du véhicule, qui a constaté qu’il faisait 4,2 tonnes poids constructeur. On n’avait donc pas le droit de le faire rentrer au Mexique.

 

Ce qui nous a sauvé, c’est que le poste frontière entre le Guatemala et le Mexique nous avait déjà laissé entrer en mai 2022 avec le van et nous avions gardé la preuve de cette entrée.

Le douanier, spécialement sympa, a pris en compte cette première entrée et a accepté sans parlementer pendant des heures de nous faire une dérogation pour que le van puisse re-rentrer au Mexique. Summum du bonheur : il n’a pas demandé de propina. Ce n’était pas un douanier corrompu. Il en existe, gracias a Dios !

 

2-B- Entrer au Mexique depuis le Guatemala : Mesia (Guatemala) / Cuauhtémoc (Mexique, Chiapas), (Mai 2022)

 

Pourquoi nous étions confiants ?

Notre petit Ford Coachmen était en règle tant au regard des USA  (où il est immatriculé) que du Guatemala. Nous avions rendu son permis d’importation provisoire au nom de l’ancien propriétaire quand nous étions sortis du pays quelques semaines auparavant.

 

Nous n’avions juste pas relevé une subtilité (et aucun douanier ne l’avait fait jusque alors) : l’administration du Vermont s’est trompée et ne l’a pas enregistré comme un VR, mais comme une voiture.

 

C’est moche, c’est une douane !

 

 

Pourquoi ça a été n’importe quoi finalement ?

Nous sortons du Guatemala en 5 minutes chrono, le temps de rendre le TIP et de faire tamponner nos billets. Jusque-là, on a tout bon.

Nous entrons donc au Mexique, confiants et sûrs que tout se passera bien vu que nous avons mis notre véhicule en règle.

Pourtant, dès le service des migrations, les choses démarrent mal. L’agent n’est pas là. Il est parti manger. Ou faire la sieste. On nous fait donc poireauter de longues minutes en pleine chaleur le temps qu’il revienne. Un coup de soleil plus tard, et le gars, de mauvaise humeur, revient et nous donne 90 jours de temps de présence sur le territoire mexicain. C’est peu, mais, c’est OK car nous n’avons pas besoin de plus.

Reste le véhicule à enregistrer. Bien fiers, nous tendons notre « carte grise » américaine au gars du Banjercito et celui-ci nous accorde un permis de … 3 mois pour le van. Comme il s’agit d’un camping car, nous avons normalement le droit à 10 ans, pas à 3 mois ! Stupéfaits nous contestons avec insistance (car à ce moment-là) nous souhaitions storer le van au Mexique pour plus de 3 mois. Mais le mec n’en démord pas : l’administration américaine a fait une erreur quand elle a enregistré le van, en l’inscrivant comme voiture normale, et non comme camping-car. Nous sommes donc soumis au régime des voitures. Et au Mexique, le temps maximal d’importation de celles-ci est de 6 mois. Sauf si l’agent des migrations a donné moins de temps que 180 aux propriétaires du véhicule, dans ce cas le TIP s’aligne sur le nombre de jours accordé aux personnes physiques. En l’occurrence, 3 mois ….

 

Si c’était à refaire ?

En l’occurrence, on n’a pas fait d’erreurs. C’est l’administration du Vermont qui s’est trompée. Le seul souci c’est que lorsque tu reçois tes papiers officiels, comme tu es français, la « carte grise » du Vermont t’es totalement étrangère : tu ne sais pas ce que veulent dire les différentes abréviations, ni les numéros de code, etc. Donc, s’il y a une erreur autre que sur ton nom ou ton numéro de VIN, tu ne peux que le deviner. En l’occurrence on ne l’avait pas vue.

 

Le Chiapas, ça se mérite

 

 

3) Sortir du Mexique pour aller aux USA

 

Nous l’avons fait 2 fois : ça aurait dû être facile, mais …

 

3-A- La douane la plus facile de notre carrière de voyageurs : Colombia (Nuevo leon) – Texas (juin 2022)

 

Pourquoi on arrivait ici confiants ?

Parce que notre Ford Coachmen était 100 % en règle au Mexique (même si on n’avait un TIP que de 3 mois depuis notre entrée au Guatemala) comme aux US.

Parce que nous étions nous mêmes 100 % en règle, ESTA et carnet de vaccination inclus.

 

 

Pourquoi ça a été facile ?

Le premier miracle est que nous avons passé cette frontière un dimanche matin et que nous étions seuls à le faire. Nous n’avons donc pas attendu plus de 2 fois 5 minutes.

Le second miracle est que nous sommes arrivés juste avant la fermeture du Banjercito qui se trouve sur le même site que les migrations, ce qui nous a évité de patienter jusqu’au lendemain.

 

Comment on a fait ?

Côté mexicain, c’était facile.

Tout d’abord, nous sommes passés en voiture devant un petite cabane qui tient lieu de Banjercito. On a rendu notre TIP qui a été annulé. Le préposé a pris des photos du véhicule et de son VIN sur la portière. Comme nous avions payé la caution en CB, il nous a dit qu’elle serait recréditée un peu plus tard sur notre compte en banque.

 

 

Tu me crois si tu veux, mais ça c’est le Banjercito de Colombia !

 

Puis nous nous sommes rendus au service des migrations (c’est un grand bâtiment tout neuf) avec beaucoup de place pour se garer. Le préposé ne voulait pas tamponner nos passeports, motif pris que la procédure est dorénavant dématérialisée. J’ai insisté pour qu’il le fasse car je ne voulais pas avoir de problèmes avec les USA ensuite. Il a rechigné, mais s’est quand même exécuté.

 

 

Et ça c’est le bâtiment des migrations

 

Côté américain, c’était encore plus rapide.

D’abord, tu passes en véhicule. C’est comme une sorte de péage où tu ne paies pas. Ton véhicule est pris en photo et tu présentes tes passeports au préposé. Ici on nous a demandé nos ESTA. Mais aucun document ne nous a été remis attestant que le véhicule était bien entré sur le territoire américain.

Puis, nous sommes allés aux services migratoires. On nous a redemandé nos ESTA. Mais pas nos carnets de vaccination. Après avoir acquitté 3 fois 6 dollars de taxes pour les visas touristiques, nous sommes entrés aux US sans autre problème.

 

 

3-B- La maison des fous : Piedras Negras – Eagle Pass (Texas) (mars 2023)

 

Remontant depuis Durango par le Coahuila, c’était la douane la plus logique. C’est aussi celle qui a eu raison de notre patience. Je n’ai jamais vu un tel degré d’inorganisation et de bêtise institutionnalisée ailleurs. D’autres voyageurs m’ont aussi dit qu’ils avaient dû payer une « propina » de 300 dollars US aux douaniers mexicains pour qu’ils acceptent de laisser rentrer leur voiture de plus de 3.5 tonnes dans le sens USA/Mexique.

 

Pourquoi on arrivait ici confiants ?

Parce que notre véhicule était 100 % en règle au Mexique comme aux USA.

Parce que nous étions nous mêmes 100 % en règle, ESTA et carnet de vaccination inclus.

 

Pourquoi ça a été compliqué ?

Parce que le Banjercito « annulation des TIP », n’est pas à Piedras Negras, mais 53 kms avant dans la ville de Allende.

Parce que la frontière est saturée de monde en semaine.

Parce que les douaniers mexicains et américains ne sont pas très sympas, voire corrompus (selon l’expérience d’autres voyageurs).

 

Comment le folklore local nous a rendus fous ?

Après des heures de route en provenance du pueblo magico de Cuatro Cienagas, nous arrivons vers 15 heures à Piedras Negras.

Nous nous mettons dans la file de bagnoles d’un bon km qui nous sépare de la frontière (« Puente internacional II »). Après 1H15 d’attente, nous arrivons enfin aux migrations et aux douanes. Si le service migratoire est bien ouvert, le Banjercito, quant à lui, vient juste de fermer. Il est 16H15. Incrédules, nous demandons à un douanier qui nous dit qu’il n’ouvre que de 8H à 16 heures du lundi au vendredi. Nous sommes dégoûtés car rien n’indique les horaires d’ouverture nulle part, sauf sur la porte d’entrée du service. C’est débilissime.

Pas d’autre choix que de dormir à Piedras Negras. Non loin de la douane nous trouvons une petite place calme et passons une nuit tranquille. Honnêtement, le quartier a l’air très safe. Pas de peur à avoir de passer la nuit de ce côté de la frontière.

Vers 8H30 du matin, le lendemain, nous retentons notre chance au poste frontière. Bonne nouvelle, il y a très peu de véhicules entrant à cette heure là.

Nous arrivons au Banjercito. Après quelques minutes d’attente, la préposée nous reçoit et nous annonce que s’il est bien possible de faire ici un permis d’importation du véhicule, il est en revanche impossible de l’annuler (on parle de mettre un tampon sur un document et de rendre la caution de 200 dollars). Incrédules bis, nous pensons qu’elle se moque de nous. On a attendu toute la nuit pour passer le matin et personne ne nous a dit qu’on ne pouvait pas annuler un TIP ici. Alors que je l’avais mentionné au gars rencontré la veille. Nous sommes furieux.

 

Le péage du pont

 

 

La solution ?

La préposée nous invite à refaire 53 kms en arrière, jusqu’à la ville de Allende pour aller annuler notre TIP. Car c’est ici que cette formalité se fait pour sortir et pas à Piedras Negras. Mais ça, personne ne te le dit avant. C’est un secret bien gardé par l’administration que tu n’apprends qu’en situation. On aime bien prendre les gens pour des imbéciles et les faire tourner en bourrique dans cette ville.

Nous avons donc parcouru 2 fois 53 kms pour aller faire tamponner notre bout de papier.

 

A Allende, la procédure est la suivante :

1) sur le parking du Banjercito, tu passes en voiture devant une cabane où le préposé prend des photos de celle-ci et du VIN qui est collé sur la portière conducteur et du numéro de VIN sur le pare-brise. Il te demande ton TIP et l’annule. En revanche il ne te demande pas les papiers du véhicule. Il te remet le certificat d’annulation.

2) tu entres dans le bâtiment et passe au guichet avec ton certificat d’annulation. Tu dois ici fournir une photocopie de ton passeport. Si tu avais payé en liquide ta caution, on te la rembourse en liquide. Sinon, c’est recrédité sur ta CB.

3) tu peux aussi réaliser tes formalités migratoires ici et faire tamponner tes passeports, ce que nous avons fait

Avec tout cela, il était déjà 12H30 quand nous sommes revenus à Piedras Negras. Après un bref déjeuner, nous nous sommes remis dans la file d’attente qui était devenue très très longue.

Au bout d’une bonne heure nous avons enfin passé le péage du pont passant au-dessus du Rio Grande (36 pesos ou 2 dollars). Plus d’autres formalités à faire côté mexicain.

 

 

Le Rio grande

 

Et du côté US ?

Mais il y avait encore une demie heure de file à faire avant d’arriver du côté des US.

De ce côté, on commence par les voitures.

Comme à Colombia, ici aussi c’est comme une sorte de péage où tu ne paies pas. Ton véhicule est pris en photo et tu présentes tes passeports au préposé. Il n’a pas demandé les papiers de celui-ci, même si on les lui a donnés. En revanche, il a brièvement fouillé le CC et des chiens anti-drogue l’ont reniflé depuis l’extérieur. Aucun document attestant de l’entrée du véhicule sur le sol américain ne nous a été remis.

Comme on devait avoir l’air trop louche avec nos passeports de français, nous avons eu droit à une autre fouille du véhicule une fois le péage passé. Succincte néanmoins.

Juste à côté, nous sommes passés aux services migratoires où des questions débiles nous ont été posées. J’ai eu faux sur toute la ligne, mais ça n’a pas prêté à conséquence.

Après avoir payé 3 fois 6 dollars de visa touristique et sans avoir eu à montrer nos ESTA ou nos carnets de vaccination, nous avons enfin pu entrer aux US !

Il nous aura fallu … 24 heures …………

 

4) Sortir du Mexique pour entrer au Guatemala

 

4-A- Sortie du Mexique : nous avons passé la douane dans le Chiapas à Ciudad Hidalgo (mai 2022)

 

Pourquoi on flippait ?

Souvenez-vous que nous avons acheté au Mexique en 2022 notre petit Ford Coachmen à un français. Nous avons refait faire ses plaques (par correspondance) au Vermont aux USA et sommes partis depuis Oaxaca jusqu’au Guatemala avec un van certes à notre nom et avec de nouvelles plaques, mais avec un TIP au nom de son ancien propriétaire.

On devait rendre ce type à la frontière et on avait peur que le douanier mexicain constate que les plaques et le nom ne correspondaient pas avec les données du TIP et nous fasse donc des problèmes car son ancien propriétaire n’était pas avec nous pour l’annuler lui-même.

 

Comment ça s’est passé ?

Dans le concret, c’est une petite et étroite douane.

Nous rentrons au Banjercito, tendons la TIP à la préposée et demandons son annulation. Celle-ci ne tique pas sur le changement d’identité entre le passeport que Jérôme lui tend et le TIP où il est écrit Jean-François. En tout cas, elle n’en fait pas cas.

En revanche, pour annuler le TIP, cette dernière doit faire une inspection préalable du véhicule et le prendre en photos. Gloups … Elle va s’apercevoir que le véhicule a changé de plaques … Nous sortons avec elle : inspection, photos… Pas un mot de reproche. Nous retenons notre respiration. « Suivez-moi au bureau ! C’est tout bon, circulez et bon voyage !!! ». Oufff ! Nous sommes passés sans aucun problème en 10 minutes chrono, formalités migratoires incluses.

Mais il nous restait à entrer au Guatemala !

 

 

La douane côté Guatemala

 

4-B- Entrée au Guatemala

 

Pourquoi nous étions confiants ?

Note TIP mexicain ayant été annulé sans souci, le van était totalement en règle au regard du Guatemala. Il n’y avait absolument aucune raison pour que ça se passe mal.Nous nous pointons confiants +++ au service des importations provisoires.

 

 

Oui, mais ça s’est mal passé à l’entrée au Guatemala

Nous traversons la rivière qui nous sépare de la douane guatémaltèque.

On passe le véhicule au désinfectant, présentons nos carnets de vaccination covid, faisons tamponner nos passeports.

Il ne reste que le certificat d’importation temporaire du véhicule à faire établir. Seuls dans la douane, nous tendons fièrement le titre de propriété du van au douanier et là, le mec décide que le document ne lui convient pas. D’après lui, il est moche et écrit au stylo. Il en voudrait un beau et écrit à l’ordi. Sans rire. Je le regarde incrédule, mais le gars n’en démord pas. Si l’administration du Vermont ne nous délivre pas sur le champ un joli titre de propriété qui fasse plus officiel que le nôtre, il ne nous laisse pas rentrer au Guatemela. J’ai beau lui expliquer que nous n’en avons pas d’autres plus jolis à lui offrir et que le nôtre est tout à fait légal et officiel, il s’amuse avec nous comme un chat avec une souris. Rien à faire. Le temps passant, on finit par s’asseoir. Le mec jubile. Il n’a que ça à faire car nous sommes seuls. Heureusement, une cheffe finit par passer par-là, reconnaissant que notre titre de propriété est certes hideux, mais valide. En 45 minutes supplémentaires (la maladie de la tamponnite aiguë qui oblige le préposé à tamponner 72 docs inutiles), par 36 degrés et 80 % d’humidité, l’affaire est réglée.

 

Le problème ?

Les titres de propriétés et la « carte grise » délivrés par le Vermont sont de simples bouts de papier qui ne font pas officiels. Bien qu’ils soient absolument authentiques, ils ressemblent … à des faux. Du coup, hormis les douanes américaines qui les connaissent, dans les autres pays les douaniers te soupçonnent illico de présenter des faux ou de simples copies. C’est la grosse m****

Il a fallu que le gars aille voir sur internet pour constater que tous les papiers du Vermont ressemblaient bien à ceux que nous avons pour enfin accepter de considérer les nôtres comme des vrais (ce qu’ils étaient, c’est le plus vexant).

 

 

Conclusion :

 

Avec 4 ans de recul et de voyages au Mexique, le meilleur conseil que je pourrais vous donner c’est de … de rester chez vous ! Vous n’imaginez même pas le nombre d’emmerdements que vous éviteriez si vous ne vous lanciez pas dans cette aventure hihi…. Mais, non ! Je plaisante ! C’est trop chouette de voyager et les douanes font partie de l’expérience ! Donc, mon meilleur conseil serait de vous suggérer de circuler avec votre propre véhicule avec des documents à votre nom. Si ça ne garantit pas une sérénité à 100% d’un point de vue douanier, en tout cas ça minimise les mauvaises surprises. 

 

Le second est de bien vérifier :

1°) que les documents officiels à votre nom ne comportent aucune erreur administrative initiale. C’est compliqué quand il s’agit d’un véhicule enregistré aux USA car, à moins d’être un spécialiste, on ne sait pas très bien si « la carte grise » est correcte ou non. On l’a appris à nos dépens.

2°) que le TIP établit par la douane ne comporte à son tour aucune erreur : sinon on ne peut pas le rendre en sortant du pays et le véhicule reste enregistré comme s’il était toujours au Mexique. Ce qui peut poser problème si on souhaite y revenir un jour.

 

Le troisième, si le véhicule est administrativement considéré comme une voiture, c’est de :

1) vérifier son poids : s’il est trop lourd, il ne pourra rentrer au mexique, sauf à parlementer (max 3,5 tonnes).

2) considérer que le délai maxi pour laisser sa voiture au Mexique est alors de 6 mois.

Si le véhicule est administrativement considéré comme un VR, l’autorisation d’importation provisoire est alors de 10 ans.

 

Le quatrième, si vous voyagez avec un « poder » c’est de vérifier qu’on a bien encore le droit de faire passer un véhicule aux frontières avec ce type de document : il y a de plus en plus de pays qui les refusent.

 

Sur ce, bon voyage !

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