Montana : le « treasure State » !

Bozeman, Deer Lodge, Grant-Kohrs-Ranch, Helena, Gates of the moutains, Great Falls, Choteau, Glacier National Park, Livingston

 

 

Laissant Yellowstone derrière nous, nous entrons dans le Montana, Etat du nord-ouest américain, frontalier avec le Canada. C’est vert, beau, abondant, mais qu’est-ce qu’il y tombe comme pluie ! 

 

Comme nous sommes très au nord du pays, le printemps vient tout juste de débuter en cette fin de mois de mai. Non pas que les hirondelles nous l’aient annoncé, mais plutôt les buissons de lilas qui foisonnent partout, l’herbe vert-pomme à perte de vue et … les quelques bagnoles qui roulent encore avec leurs pneus cloutés !

 

 

 

A l’entrée des boutiques et des établissements publics, nous sommes sommés de nettoyer nos bottes pleines de boue dehors, avant d’entrer. Par chance, ce n’est plus de saison !

 

Notre parcours de la semaine

 

 

Le Montana, fenêtre ouverte sur un riche passé minier

 

 

Du Montana nous ne savons rien ! Certes Robert Redford, quand il murmurait encore à l’oreille des chevaux, nous en avait donné une image idyllique, à la fois tendre et virile, mais est-il possible de se fier aux images d’Epinal véhiculées par Hollywood ?

 

 

C’est vert le Montana, ça change !

 

 

La première ville (au sud) où nous élisons domicile pour quelques jours est Bozeman. Nous attendons, en poste restante, notre renouvellement de plaques d’immatriculation du van. On se plaint beaucoup de La Poste française, mais son homologue américaine n’a rien à lui envier : files d’attentes interminables et acheminement « escargotesque » du courrier (sûrement en diligence) font le bonheur des usagers.

 

Cela nous permet d’investir plusieurs jours durant sa magnifique bibliothèque :

 

 

De nous balader dans sa ville début  20ème siècle :

 

 

Ou de profiter de ses nombreux et bien aménagés chemins de marche urbains :

 

 

Nous découvrons que le Montana n’est pas super friendly avec les camping-caristes en ville comme en campagne. A Bozeman, il n’existe qu’une alternative : dormir dans la rue réservée aux SDF (on l’avait déjà fait à Boulder au Colorado, mais l’expérience était moyenne) ou sur le parking du Walmart (qui interdit le « overnight »). Malgré l’interdiction, nous choisissons le second, comme beaucoup d’autres d’ailleurs. Personne ne nous chassera pendant les 3 nuits que nous y passerons.

 

Il pleut.

 

Notre plaque d’immat’ étant enfin arrivée, nous reprenons la route pour Butte. Seul Carlito connaît le nom et l’histoire de cette ville, car Picsou en personne en canard y aurait fait des affaires dans une histoire appelée La colline de cuivre et dessinée par Don Rosa. Comme quoi, la culture générale peut avoir des sources variées et insolites hihi.

 

A la recherche des filons de cuivre

 

Et que faisait le jeune Balthazar Picsou à Butte me demanderez-vous ? Il était alors prospecteur de cuivre, señores y señoras ! Et ouais ! Vous apprendrez que dans les années 1864 quelques personnes découvrirent ici des filons de cuivre, et que lorsque notre canard arrive dans cette ville en 1884, elle est devenue le plus vaste site mondial d’exploitation de celui-ci ! On la surnomme alors « la plus riche colline du monde », or, argent et zinc étant également présents ici.

 

 

 

 

En 2023, il ne reste que des vestiges de ces mines, comme des témoins d’un temps glorieux n’existant plus.

 

 

 

On dirait qu’il va pleuvoir.

 

En effet, le site de l’Anaconda Hill a peu à peu périclité quand les gigantesques filons de Calama au Chili ont été découverts et que de trop nombreuses grèves ont incité la multinationale qui exploitait Butte à transférer ses activités là-bas.

 

 

Aujourd’hui Butte n’est plus qu’une ville semi-fantôme. Quelques anciens beaux bâtiments demeurent, souvent abandonnés. Des poivrots devant des bars enfumés, maintiennent un semblant de vie dans son centre à l’agonie. Il n’en reste pas moins que la petite cité, devenue la « plus polluée du monde » grâce aux rejets des produits toxiques qui ont eu lieu pendant plus de 100 ans par les mines, peine à trouver un nouveau souffle.

 

 

Le Montana, fenêtre ouverte sur le « ranching »

 

Il pleut. Encore. 

C’est vert partout, partout , partout. Le vert des prairies semble de velours. Le Montana du sud s’apparente  à une vaste pelouse, ça change des déserts !

 

 

 

Nous dormons à Deer-Lodge à côté d’une prison historique devenue musée : l’ambiance est dingue …

 

 

Il se remet à pleuvoir hihi

 

Notre objectif est de nous rendre au Grant-Khors ranch. Il s’agit d’un ranch établi en 1862 par un commerçant de fourrures canadien, puis cédé en 1866 à un allemand du nom de Konrad Kohrs. L’endroit est connu pour avoir abrité la première et plus immense exploitation bovine du Montana, quand celui-ci n’était encore qu’un trou absolument paumé, puisque 50 000 bovins y paissaient en liberté sur une superficie de 40 000 km². Il est présenté comme un précurseur de l’exploitation bovine moderne et un fournisseur de viande fraîche à une époque où l’arrivée permanente de nouveaux travailleurs attirés par le rêve américain rendait difficile de nourrir correctement toute la population américaine.

 

 

 

Aujourd’hui, il est géré par les parcs nationaux et se visite librement. Seule la demeure principale nécessite un guide car elle a été gardée telle qu’elle depuis son aménagement par sa première propriétaire. Une allemande habituée à la modernité des villes à qui son futur mari avait vanté l’ambiance incroyable du Montana pour la convaincre d’y déménager. Elle n’y trouva que vaches et cowboys mal dégrossis, la première gare lui permettant de fuir étant  à 250 miles de chez elle…

 

 

 

Il pleut. Je cherche Redford partout, mais ne trouve que Robert.

 

 

On boit un café préparé au feu de bois par un ranger qui nous explique le fonctionnement des chariots de l’époque sur le domaine visité.

 

 

 

Pendant que nous faisons le tour du ranch, de nombreux coups de feu tirés non loin attirent notre attention. De quoi peut-il bien s’agir ?

 

C’est en sortant du ranch que nous nous rendons compte qu’à proximité un concours hippique est organisé. Un peu différent de ceux que l’on connaît en France car les cavaliers doivent faire un slalom entre 10 piquets ou barils et à chacun d’eux crever des cibles en ballons baudruches en tirant dessus avec un flingue.

 

 

Il s’agit en fait d’un sport équestre « officiel » appelé « mounted shooting cowboys », qui impose aux concurrents d’être vêtus en tenues du far-west et d’utiliser tour à tour, dans plusieurs épreuves, 2 revolvers à simple action, une carabine à levier chambré et un fusil à double canon juxtaposé, tous chargés à blanc.

 

 

Gagne celui qui a fait le meilleur chrono, a renversé le moins de barils et abattu le plus de cibles.

 

 

Très divertissant !

 

Le Montana, fenêtre ouverte sur l’expédition « Lewis and Clark »

 

Il pleut va encore  pleuvoir.

 

 

Nous reprenons la route pour la ville de Great Falls. Tout le monde ici la connaît parce que Picsou Lewis et Clark y ont connu des revers lors de leur célèbre expédition au début du 19 ème siècle.

 

Vous connaissez Picsou mais pas Lewis and Clark, militaires-aventuriers, dont la célèbre expédition est aujourd’hui considérée comme un mythe fondateur de la nation américaine ? Aucun problème, je vous explique. Le premier président des USA, Thomas Jefferson (1801-1809), rêvait de diligenter une expédition officielle à travers le futur territoire des Etats-Unis jusqu’au Pacifique. Mais il dû attendre la vente de la Louisiane par la France (elle s’étendait alors du Golfe du Mexique au Canada) et son transfert effectif aux Etats-Unis en 1803 pour faire organiser une expédition militaire pour remonter le fleuve Missouri.

 

 

Drapeau de l’expédition Lewis and Clark

 

L’idée était non seulement de faire rechercher les interconnexions entre les fleuves pour permettre d’ouvrir une voie commerciale jusqu’au Pacifique, mais aussi de recenser les tribus amérindiennes, la faune, la flore et la géologie de cette zone encore méconnue. Et de confirmer tout ce que de nombreux trappeurs avaient d’ores et déjà établis.

 

Un petit morceau du Missouri

 

L’expédition fut confiée à deux hommes, devenus héros nationaux, Lewis et Clark, qui explorèrent en compagnie de leurs troupes et d’indiens le nord américain de 1803 à 1806.

 

C’est en juin 1805 que l’expédition se heurta aux grandes chutes du Missouri (devenues la ville de Great Falls), passage qui restera célèbre pour avoir été l’un des plus difficiles de l’expédition, obligeant l’équipe à porter ses bateaux hors de l’eau et à les tracter sur des champs pentus de cactées abritant une faune de prédateurs peu aimables pendant des kms et des kms.

 

 

Il est proposé à Great falls un  génialissime musée interactif de l’expédition. Nous y passons un long moment.

 

 

Des chutes d’eau, il ne reste en revanche plus grand-chose car elles ont été domestiquées par des barrages électriques.

 

 

La balade en bord de Missouri, entre 2 averses, vaut néanmoins le détour.

 

On y trouve encore ce que Lewis et Clark nommèrent la « Giant spring », une vaste source d’eau claire et pure jaillissant du fin fond de la terre et se jetant immédiatement dans les eaux boueuses du Missouri.

 

 

 

Elle devient, immédiatement après sa source, la plus petite rivière des USA (161 mètres) !

 

 

Avec tout cela … on dirait qu’il va encore pleuvoir !

 

Great falls n’étant pas très amical avec les camping-caristes, nous partons en fin de journée pour Choteau.

 

Le Montana, fenêtre ouverte sur la faune

 

Quelques kms avant Choteau, nous obliquons en direction d’une réserve naturelle abritant des milliers d’oiseaux. Nous avons repéré sur Ioverlander qu’il est possible d’y dormir.

 

A la tombée de la nuit, nous sommes accueillis par des essaims de moustiques … qui ne piquent pas ! Déjà une bonne chose.

 

 

Contrairement à nous, plein d’oiseaux sont ravis de ces essaims : ils n’ont aucun autre effort à faire que d’ouvrir le bec et de le fermer, bien calés sur des roseaux, pour avaler les insectes suicidaires.

 

 

Des pélicans américains font une drôle de nage.

 

 

Si certains oiseaux sont occupés à chercher de la nourriture, ce n’est en revanche pas le cas de ces maudites sternes qui attaquent comme des folles hihi

 

 

Le coucher de soleil, quant à lui, est fantastique.

 

 

Il ne manque qu’une chose : la pluie : ça fait au-moins une demi-journée qu’on ne s’est pas trempé !

 

Le Montana, porte d’entrée pour le parc national de Glacier

 

Quand nous nous réveillons, devinez quoi ? Il pleut ! Punaise, ça devient lourd car, en plus, il ne fait pas chaud du tout.

 

Notre objectif ultime de la visite du Montana est d’aller jusqu’au célèbre parc de Glacier qui est à cheval entre les US et le Canada.

 

 

Seule une fenêtre d’un vrai jour de beau temps se profile dans les 15 jours à venir : le lendemain mardi.

 

Glacier, c’est un immense parc un peu compliqué à visiter avec 3 entrées à l’est et une entrée à l’ouest. Normalement, l’entrée n°2 de l’est rejoint celle de l’ouest par sa route la plus renommée la « Going to the sun road » ; tandis que les 2 autres (« Two medicines » et « Many glaciers ») nécessitent de faire un aller-retour pour ressortir du parc à l’endroit où on y est entré. Par ailleurs, le site internet officiel du parc indique que les entrées ne peuvent se faire que sur réservation préalable du 26 mai à fin octobre (comme à Arches NP ou Rocky Moutains NP, par exemple).

 

Plan de Glacier NP

 

Pour nous c’est compliqué : toutes les entrées sont réservées depuis des mois et il n’y a plus aucune place. Nous devrons donc pénétrer dans le parc soit avant 6 heures du matin, soit après 15 heures, comme l’indique le règlement (c’est surveillé). Néanmoins, en approchant de celui-ci, nous nous rendons compte que le site internet officiel dit n’importe quoi et, pour une fois, c’est une chance : les 3 entrées de l’est sont finalement en accès libre jusqu’au 1er juillet 2023 ! Super ! On n’aura pas à se lever aux aurores.

Avec tout ça, il pleut.

 

« Two medicines« 

 

Nous entrons à « Two medicines », tout au sud-est.

 

 

Un joli lac est blotti dans une vallée glaciaire.

 

 

L’endroit est encore très sauvage et peu fréquenté en cette fin de mois de mai.

 

 

Et des marmottes bicolores :

 

 

Des biches aussi …

 

 

Mais, la curiosité locale est une chute d’eau la « Running Eagle falls » qui jaillit de deux ouvertures superposées dans la falaise.

 

 

Il pleut encore.

 

 

En fin d’après-midi, nous remontons vers Saint Mary, village « porte d’entrée » de la « Going to the sun road ». Les campings sont hors de prix ou encore fermés et le bivouac sauvage est strictement interdit. Bueno.

 

Saint Mary

 

De guerre lasse, nous élisons domicile pour la nuit au bord d’un petit étang à Babb, le bled suivant. Rien ne dit que c’est interdit ici. De fait, personne ne vient nous y déranger.

 

 

« Many Glaciers »

 

De Babb, nous partons voir la vallée de « Many Glaciers » : un ranger nous a dit que c’était le plus joli coin du parc et, c’est surtout le seul jour de beau temps dont nous disposons.

 

Babb, c’est un minuscule bled doté d’une poste, d’une station-service et d’une ravissante épicerie :

 

 

Un peu plus loin, nous pénétrons dans la vallée de Many Glaciers par un premier lac glaciaire.

 

 

 

Nous laissons l’hôtel historique dans notre dos, et, tombons nez à nez en bord de route avec 3 boules de poils ! C’est génial car nous sommes sur le bord du chemin, bien à l’abri dans le van et … seuls au monde. Aucune autre voiture ne vient gâcher ce beau moment.

 

 

Après un bon moment à regarder nos ursidés dévorer des fleurs de pissenlits, nous continuons en direction du fond de la vallée où nous partons randonner pour voir d’autres lacs et cascades.

 

 

 

Les ours ont disparu, remplacés par les biches et les tiques des bois. Ayant déjà attrapé cette saloperie de maladie de Lyme, je m’en méfie comme de la peste…

 

 

 

 

De retour au parking, celui-ci s’est totalement rempli de véhicules et … d’ours ! Pas inquiets et à quelques centaines de mètres de l’endroit où nous les avions vus en arrivant le matin, nos peludos sont devant les toilettes publiques. On pourrait les toucher tellement ils sont prêts de nous, mais nous préférons rester à distance raisonnable.

 

 

 

Ceux-ci se lassant de toute compagnie humaine, nous poursuivons vers l’hôtel de Many Glaciers, construit en 1915. 

 

 

 

L’hôtel ressemblant au célèbre Overlook Hotel de Shinning, je cherche Jack Nicholson en fabuleux Jack Torrance, mais ne trouve que des oies et des chèvres de montagne.

 

 

C’est tellement beau que nous repartons faire une marche de quelques kilomètres autour du lac !

 

 

Je charge un peu en photos, mais même côté « face » c’est sublime ! On rate de peu un élan que d’autres marcheurs nous ont indiqué…

 

 

Fatigués mais heureux, il nous reste une dernière cascade à saluer. On aura fait au-moins 20 bornes de marche à pied ce jour-là ! 

 

 

Nous repartons : il est 21 heures, le soleil se couche.

 

 

 

« Going to the sun road »

 

Il nous reste le « clou du spectacle » à visiter, la fameuse « Going to the sun road » qui est notée 3 étoiles sur tous les guides de la planète.

 

Quand nous nous éveillons … il va pleuvoir … pffff …

 

Lac de Saint Mary

 

On y va quand même. Nous passons un premier lac après l’entrée et prenons la direction de la seule entrée « ouest » du parc puisque cette route est sensée traverser le parc d’est en ouest.

 

 

 

Le site officiel du parc nous a informé que la route n’était pas encore ouverte totalement et qu’en cette fin mai, le col est toujours fermé. Ce qui nous laisse la possibilité, en théorie, de faire 30 bornes et de rebrousser chemin.

 

 

Pourtant, au bout de 13 kms, la messe est dite : il faut faire demi-tour car la route est coupée beaucoup plus tôt que ce que le site officiel annonce. Déçus, nous stationnons et partons marcher. Mais le décor calciné par un feu de forêt il y a 5 ans est peu engageant.

 

 

Heureusement que les fleurs de printemps égaient la forêt, sinon ce serait sinistre.

 

 

Néanmoins, au bout d’une marche de 6 kms, deux belles cascades nous attendant :

 

 

Il est enthousiasmant de voir à quel point l’eau est claire.

 

 

Quand nous revenons au van, il est temps de quitter le parc, la fin d’après-midi approchant à grands pas.

 

 

Il reste à déterminer où nous irons pour notre fin de séjour ?

 

Comme nous sommes au nord-ouest des US, 2 options s’offrent à nous : nous rendre sur la côte ouest dans le Washington et l’Oregon ou monter dans les rocheuses canadiennes qui sont juste au nord du parc de Glacier ?

 

Quand nous nous levons en ce jeudi matin 1er juin, nous avons subitement une toute autre idée, à 1000 lieues de ce qui était prévu ! Une idée qui chamboule tout notre programme initial, mais nous paraît intéressante, bien que difficile à concrétiser.

 

Je vous en parlerai la semaine prochaine (enfin, si dios quiere, bien sûr !)

 

 

2 pensées sur “Montana : le « treasure State » !

  • 12 juin 2023 à 18 h 21 min
    Lien Permanent

    Paysages magnifiques et quel régal de te lire merci Val vite raconte nous la suite…. Pour la pluie nous aussi en ce moment tous les jours à partir de la fin de l’après midi (mais c bien nous avons besoin d’eau). Des bisous à vous trois et belles découvertes !
    Marco et Suze

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