Derniers pas au Guatemala

Antigua, Chichicastenango

 

Bon, le moins que l’on puisse dire, c’est que nous n’aurons pas traîné au Guatemala ! La faute à leurs abominables noms de villes : Huehuetenango, Quetzaltenango, Chichicastenango, etc … C’est impossible à prononcer et ça vous perturbe un voyage hihi. Surtout qu’ici, à part l’espagnol, 23 langues sont pratiquées, de quoi vous rendre un peu fou.

 

Plus sérieusement (of course), je vous expliquerai plus loin pourquoi nous avons remis les voiles plus tôt que prévu.

 

En attendant, je vous avais quittés au milieu des volcans et des ordures du lac Atitlan, et je vous retrouve dans l’ancienne capitale d’un empire colonial s’étant un jour étendu du Chiapas au Panama : la ville d’Antigua.

 

Antigua, la belle endormie

 

Antigua, c’est un peu le summum du Guatemala : tout le monde s’y presse pour admirer ce qu’il reste d’une cité s’étalant au pied de plusieurs volcans et détruite à quelques reprises par des tremblements de terre. D’autres, aussi, y vont pour gravir le volcan Acatenango qui est en activité permanente. Evidemment, nous souhaitions la connaître aussi.

 

 

 

 

L’activité «volcanique » ayant été écartée, faute pour nous d’être un minimum équipés (et aussi, avouons-le, faute d’avoir envie de grimper sur un volcan, activité déjà réalisée en Islande et au Chili), nous optons pour l’option visite de la ville et nuits gratuites dans le jardin de la police touristique (du jamais fait, ça hihi).

 

 

Une visite immanquable : le jardin de la police touristique

 

 

Déambulant dans ses rues colorées, au détour desquelles apparaissent églises et couvents, plus ou moins délabrés car victimes des caprices de la nature ou simplement inachevés, nous en faisons assez vite le tour.

 

 

 

 

 

Le plus long reste encore de gravir la colline qui conduit au mirador offrant une vue superbe sur la ville.

 

 

 

 

En fait, tout est mignonnet et propre (ô joie), mais je ne suis pas plus emballée que ça. Le Routard et le Lonely vendent, en effet, Antigua comme la plus belle ville coloniale d’Amérique centrale, mais à mon avis elle ne rivalise en rien avec celles du Mexique ou avec Cartagena en Colombie. En cette période de l’année, elle a même l’air profondément endormie.

 

 

 

De visite d’églises en visite de cimetière (qui font dire à Carlito qu’il aimerait avoir des parents normaux qui l’emmènent chez Disney plutôt que chez les morts hihi), nous nous y ennuyons finalement assez vite, regrettant la chaude ambiance de San Cristobal de la Casas dans le Chiapas mexicain que l’on pensait un peu retrouver ici.

 

 

 

Notre mini séjour est seulement égayé par le dîner au resto que nous faisons avec Cristian, un ami guatémaltèque vivant dans les environs d’Antigua, qui nous fait revoir nos plans de A à Z quant à la visite de son pays et de l’Amérique centrale qu’il connaît très bien. Nous pensions nous rendre ensuite à Florès et au site archéo de Tikkal ? Il nous le déconseille en raison de l’énorme chaleur humido-moustiquée qui y règne actuellement, rendant les nuits en van abominables et les visites diurnes fastidieuses. Nous souhaitions quitter le Guatemala par le Salvador et enchaîner par le Honduras ? Il se montre pessimiste : en raison de l’état d’urgence décrété au Salvador pour emprisonner un maximum de maras (vous savez les membres des gangs qui y règnent en maîtres), la zone est devenue encore plus dangereuse que d’habitude et nécessite de prendre de vraies renseignements avant de s’y rendre. Bueno … Quant au passage de frontière au Nicaragua, il nous décrit comme tout le monde une douane compliquée, chaotique voire corrompue, qui ne laisse généralement pas de bons souvenirs. Pffff …. que pereza ! L’idée de passer 2 fois 6 douanes en quelques mois me donne une vraie flemme, surtout avec notre papier de véhicule américain tout pourri qui attire injustement la suspicion des douaniers…

 

 

Autant rester assis à regarder le paysage hihi

 

 

Nous nous couchons un peu dépités. Que faire ? Nous savions, bien avant cette soirée, que la descente de l’Amérique centrale avec notre van allait être compliquée en raison du combo « contraintes douanières et migratoires fastidieuses de chaque pays + contraintes sanitaires covido-fièvre jaune variables + contraintes personnelles de vente de maison-emménagement-demandes de visas ». Notre pote n’a fait que confirmer cela. Nous décidons de renoncer à ce projet tentant en théorie, mais peu conciliable avec notre réalité perso du moment.

 

 

 

 

Mais que faire pour la visite du reste du Guatemala ? Le plus rapide en kms serait pour nous de pouvoir revenir au Mexique via le Belize, d’y garer le véhicule à Cancun (Hannibal Lecter nous y attend hihi) et de prendre un avion pour le Panama. Nous envisageons donc de passer la frontière du Belize, à proximité de Florès et Tikkal. Mais, pas de chance ce pays a instauré des règles d’entrée encore plus idiotes que ses voisins et leur seule lecture nous gonfle. On laisse tomber. Tout comme nous abandonnons l’idée de nous rendre à Florès et Tikkal en raison de la chaleur. L’unique solution qu’il nous reste est de revenir au Mexique, via le Chiapas. Retour donc à la case départ.

 

 

Le parque principal, un peu désert en cette saison

 

 

Un détour chez les mayas

 

 

En attendant, nous souhaitons profiter de la région Quiché, où de nombreux mayas vivent encore. Direction le célèbre marché de Chichicastenango, réputé pour la variété de son artisanat, notamment de tissus.

 

 

L’endroit est vraiment intéressant et mérite un détour. Ce sont les femmes qui gèrent le marché, toutes en tenues traditionnelles. Celles-ci apparaissent d’emblée comme les gardiennes des traditions. Si nous les trouvons superbes, dans leurs vêtements aux motifs et couleurs chargés de symbolisme, la veille, notre ami Cristian n’était pas vraiment d’accord avec nous. Pour lui, les femmes guatémaltèques sont trop habillées et trop folkloriques, c’est pour ça qu’il s’est fiancé à une colombienne « beaucoup plus aphrodisiaque » (selon ses dires) que ses congénères. En y regardant de près, je le comprends un peu hihi : alors que les femmes d’ici sont emballées dans plusieurs couches de tissus, les colombiennes se baladent dans les rues le plus dénudées possible, faisant saliver les hommes avec leurs gros seins et grosses fesses nouvellement refaits. Comme quoi, ce que nous trouvons « authentique et magnifique » peut être perçu par les autochtones, eux-mêmes, comme moche et rétrograde hihi.

 

 

 

Pour en revenir au marché, partout on s’affaire, partout on négocie. Immense, il se transforme en labyrinthe pour ses visiteurs. C’est absolument passionnant d’y déambuler. Mais à chaque étal, le même refrain revient : les touristes internationaux ne sont pas revenus et le business n’est plus aussi florissant qu’avant… Il est vrai que ce jour-là, nous ne croisons qu’une petite dizaine de gringos dans notre genre. Je me demande si le coût élevé de la vie dans le pays n’y est pas pour quelque chose ? 

 

 

 

 

Pour en revenir au pueblo de Chichicastenango, ce qui m’intéresse le plus est ailleurs qu’au marché. Il est dans cette espèce de lutte que se livrent les différentes religions dans cet endroit. D’un côté, toutes les sectes protestantes qui cherchent à évangéliser à tours de bras les indigènes pauvres et donc réceptifs à « l’argent miraculeux de Dieu ». Avec leurs prédicateurs arpentant les rues, leurs messes déjantées, le pognon (provenant directement des « maisons mères » aux USA ou d’un pourcentage des revenus que leur versent leurs aficionados un peu plus fortunés) distribué directement ou indirectement aux communautés, elles sont omniprésentes. Je les trouve très agressives dans leurs façons de prêcher et de démarcher les brebis perdues. Alors que le Dios des colombiens catholiques, auquel nous sommes habitués, est plutôt sympa, protecteur et bienveillant, le Dios des sectes guatémaltèques est beaucoup plus exigeant et effrayant. Il suffit d’écouter les sermons des pasteurs pour s’en convaincre : qui ne se convertit pas ira en enfer, qui ne donne pas d’argent ira en enfer, qui n’adhère pas à la « vraie parole » ira en enfer, etc … Mais qui fait tout bien se verra récompensé sur la Terre comme au Ciel : aides matérielles, puis Paradis. Flippant !

 

 

 

 

Forcément, la religion catho fait pâle figure à côté de ce grand cirque. Alors qu’elle a longtemps été la religion dominante du Guatemela, on la sent en forte perte de vitesse. Pour subsister dans la région, elle a même dû pactiser (depuis longtemps) avec les coutumes mayas qui n’ont jamais disparu. Et c’est ainsi que les deux églises catholiques du village, qui se font face, accueillent en leur sein non seulement Dios et toute sa clique de saints, mais aussi des chamans et des fidèles exécutant des rituels mayas sur leur parvis ou à l’intérieur. Le tout sous le regard réprobateur des sectes protestantes qui condamnent fermement cette alliance inattendue et contre nature permettant à ses rivales de subsister. Mais qu’importe ! Sur les parvis des 2 édifices, des vieilles femmes agitent des encensoirs qui noircissent les murs blancs des façades, répandent des offrandes de pétales de fleurs … se moquant bien d’aller brûler en enfer pour méconnaissance de « la vraie parole » !

 

 

 

J’aurais bien passé quelques jours de plus dans ce village fascinant, mais les « Adventistes du 7ème jour » ont eu raison de nous. Nous sommes vendredi 13 mai, 4 heures du matin. Dormant à poings fermés, nous sommes réveillés par une sono ultra forte. Horreur ! « Les plouquitos », nos voisins colombiens, nous ont retrouvés ! Non … c’est impossible … Un mec bourré, alors ? C’est ce que nous pensons, avant de réaliser que toutes les paroles des chansons parlent du petit Jésus et de la Virgen Maria. A 4 heures du mat’, c’est la secte d’en face du camping qui débute sa journée de fête en l’honneur de je ne sais qui dans les Cieux. Le Pasteur prévient : on va chanter, hurler et danser jusqu’à la nuit ! Youpi !!! A l’intérieur du van, on a plus de 75 décibels de gros son. A 7 heures, n’en pouvant plus de l’évangélisation forcée du quartier, nous quittons à regret le bon camping que nous avions trouvé la veille. Les dingues !! 

 

Ce n’est que le début d’une longue journée pourrie. Le vendredi 13 ne nous aura pas porté chance. Je vous raconterai pourquoi dans l’article suivant…

 

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