Latacunga, Pujili, Parc national du Cotopaxi, Parc du Pasochoa, tremblement de terre bis
Pour nous le voyage rime globalement avec surprise. En effet, nous préparons au minimum notre programme, ce qui nous laisse la possibilité de nous confronter chaque jour à de l’inconnu, pour le meilleur et parfois pour le moins bon.
J’en vois déjà certains froncer les sourcils et penser que nous ne sommes pas assez prévoyants. D’un point de vue de sédentaire, la remarque est juste. Elle l’est beaucoup moins de celui d’un voyageur : quel serait l’intérêt de partir si on avait déjà tout vu sur internet ? En ce qui nous concerne, nous ne savons généralement pas ce que nous allons faire à plus de 24 heures, ni où nous allons dormir. Je rassure néanmoins les inquiets, nous nous tenons au courant des zones de guérillas, d’épidémies et de catastrophes naturelles, pour autant que ces dernières soient prévisibles. Autrement, la plupart du temps nous nous laissons porter par nos envies et la météo, seulement bridés par nos peurs éventuelles. Ce qui est, finalement, moins facile que vous ne pouvez l’imaginer, mais c’est une autre histoire !
Comme beaucoup d’entre vous, nous pensions que l’Equateur est un pays tropical très chaud et recouvert de jungle. Plus nous y voyageons, plus nous découvrons que celui-ci présente de nombreux autres visages. En effet, on peut diviser le pays en 3 zones verticales : la zone côtière que nous ne connaîtrons pas (tremblement de terre oblige), la zone andine que nous aurons intégralement remontée et la partie amazonienne. S’il fait chaud et très humide dans cette dernière, il fait globalement froid et très humide en montagne. Très humide … c’est vraiment le problème de ce pays au mois d’avril. La pluie et le brouillard auront en grande partie gâché notre séjour et je déconseille vraiment à tous ceux qui seraient tentés de voyager dans ce pays la saison des pluies qui est très pénible. C’est bien simple : en 3 semaines pas une journée entière de vrai beau temps. Disons que cela fait partie des mauvaises surprises.
Autres mauvaises surprises ? En vrac : le fait qu’on doive rouler sans assurance (car aucune compagnie nationale ou internationale n’assure les véhicules étrangers pour l’Equateur), le coût de la vie qui est presque comparable à celui de la France, le coût des excursions touristiques qui est totalement prohibitif, l’état défoncé des pistes dès que l’on s’écarte des grandes routes … Pour la blague, l’Equateur c’est aussi le pays du « un dollar ». A chaque fois que tu vas au marché, le commerçant te répond que ça coûte un dollar. Le problème c’est que ce dollar est à géométrie variable dans le nombre de choses qu’il permet d’acheter : un jour 6 œufs, le lendemain 4, le surlendemain 7 !
Des bonnes surprises ? Heureusement, il y en a beaucoup, dont le coût du diesel : environ 25 centimes d’euro (ce qui rend le litre d’eau à boire plus onéreux que le carburant) ! J’ajouterais aussi, la diversité et la beauté des paysages, de la flore et de la faune, la globale gentillesse des équatoriens, le bon état des routes principales, la facilité de passer d’un décor à un autre …
Bref, en Equateur et cette semaine en particulier, nous sommes allés de surprise en surprise.
On a retrouvé de jolies villes !
C’est la première bonne surprise de la semaine ! Nous avons (re)découvert avec plaisir, depuis que nous sommes sortis d’Amazonie, que des villes pouvaient être jolies et agréables.
C’est partiellement le cas avec la grande ville de Latacunga, qui présente de jolis bâtiments coloniaux.
C’est tout à fait le cas avec sa voisine Pujili, beaucoup plus petite.
L’une et l’autre ont de beaux et grands marchés, ce qui me donne l’occasion d’aborder un sujet central pour tout français qui se respecte : celui de la nourriture en Equateur !
A table !
On avait excellemment mangé au Chili, très bien au Pérou. On espérait qu’il en irait de même en Equateur. Bon, au bout de 3 semaines, hors quelques restos sympas, je suis en mesure d’affirmer que nous ne sommes pas dans un pays de haute gastronomie (sans qu’on y mange mal pour autant) !
Parmi les gourmandises, on trouve les habituelles glaces, crèmes fouettées et gélatines dont raffolent les sud-américains, mais dont nous ne sommes pas clients. On se rabat donc sur les fruits connus ou inconnus en France, de la canne à sucre, des ananas, quelques mangues bien que ce ne soit plus la saison.
L’offre en légumes, quant à elle, est abondante (si j’excepte le manioc, ce sont les mêmes qu’en France du poireau aux petits pois, de la tomate à l’avocat, etc).
Bien sûr chaque région a ses spécialités, comme les larves de palmiers ou le poisson de rivière en Amazonie, mais globalement la patate, le riz, le « choclo con queso » (un épis de maïs bouilli vendu avec une tranche de fromage élastique et très salé, comme au Pérou), le manioc, la banane plantain et le porc rôti ou frit restent les aliments de base d’une alimentation assez rustique.
On cuisine aussi le maïs en tamales ou humitas, les premières étant constituées d’une bouillie de maïs sucrée (comme en Bolivie), les secondes d’une bouillie de maïs salé avec du poulet, des œufs durs, des raisins secs. Pas mauvais …
Côté boissons, des sodas ou de la « chicha équatorienne », boisson de manioc au goût presque salé (qui n’a donc rien à voir avec la savoureuse chicha de maïs péruvienne, sucrée et à base de cannelle). Disons qu’il faut être équatorien pour l’apprécier ! Heureusement qu’on trouve quelques bonnes bières !
Tant qu’au pain, il est souvent sucré et fourré d’une espèce de fromage. On a eu quelques déconvenues quand, croyant acheter des brioches au sucre (comme en France), on s’est retrouvé avec des brioches au sucre et au fromage !!
Ce qui est amusant avec le voyage, c’est qu’il nous permet régulièrement de passer pour des ploucs aux yeux des locaux qui se moquent gentiment de nous quand nous les interrogeons sur tel ou tel produit. C’est chose faite cette semaine avec les pains de sucre de canne (on trouvait qu’ils ressemblaient à des pains de savon de Marseille hihi) et les crabes vendus en blocs !
L’Islande ou l’Equateur ?
La météo nous ayant dissuadé d’aller à la lagune Quilotoa et la nourriture ne constituant pas un refuge digne de ce nom pour attendre la fin de la pluie, nous avons jeté notre dévolu sur le parc national du Cotopaxi plus au nord, volcan actif et dangereux culminant autour de 6000 mètres.
La politique touristique y est un peu bizarre puisqu’il est impossible d’y entrer après 14 heures, ce qui nous vaudra un aprem d’attente et un bivouac sur le parking de la maison du parc à l’entrée sud. En outre, on exige des étrangers qu’ils viennent avec un guide, lequel n’est pas nécessaire pour les équatoriens. Est-ce à dire qu’il faut faire marcher l’économie locale ou que les étrangers sont plus stupides que les locaux pour se diriger en montagne ? En ce qui nous concerne, j’ai négocié une entrée sans guide, nous estimant assez aguerris pour faire le tour d’une inoffensive lagune à pied.
Quand nous nous réveillons le lendemain, c’est un temps islandais qui nous guette : froid de canard, humidité et brouillard à couper au couteau. En 3 jours nous sommes passés d’une quarantaine de degrés à une température aux alentours de cinq degrés. Curieux qu’en 9 mois de changements climatiques quasi quotidiens nous ne nous soyons jamais enrhumés. Toujours est-il que la journée semble une nouvelle fois gâchée.
Notre envie de marcher étant plus forte que le mauvais temps, nous pénétrons malgré tout dans le parc.
C’est bien joué car à 3800 mètres d’altitude le brouillard est moins dense, ce qui nous permettra finalement de passer une magnifique journée.
Le Cotopaxi, clou du spectacle joue à cache-cache avec les nuages.
Au bord de la lagune, nichent de nombreux oiseaux, des lapins, des petites iguanes, des chevaux sauvages, des vaches et des biches. Superbe !!
La flore locale est automnale : colchiques et sortes de bruyères tiennent compagnie à d’autres fleurs dont je ne connais pas le nom.
D’autres volcans montrent aussi leur sommet :
Le soleil perçant à travers la fine bruine qui se remet à tomber crée des arcs-en-ciel un peu partout. Le paysage paraît presque irréel et rappelle vraiment celui de l’Islande, âpre et volcanique.
Très beau parc donc, à conseiller à tous !
Forêt tropicale ou de brouillard ?
Les bivouacs étant interdits au parc du Cotopaxi, nous reprenons la route en fin de journée. La sortie nord nous permet de nous faire 20 bornes sur une mauvaise route pavée.
C’est donc de nuit que nous nous rendons au parc Pasochoa dans la banlieue de Quito. La piste qui y accède est littéralement défoncée.
Le garde parc ne voit aucun inconvénient à ce que nous dormions sur le parking propre et aménagé (il y a aussi une aire de camping pour tentes), ce qui nous arrange bien vu l’heure tardive. Surprise du soir : à 22 heures, alors que Carlito dort profondément et que nous observons par la fenêtre un ballet de lucioles, le fourgon se met à bouger assez fortement, comme si quelqu’un le secouait. La sensation, sans être vraiment effrayante, est encore une fois impressionnante. Nouveau tremblement de terre de magnitude 6,2 sur la côte (apprendrons-nous le lendemain), suivi d’un autre au petit matin. Damned !! Pour me rassurer Jérôme me dit que nous risquons d’essuyer des alertes aux tsunamis aux Galapagos, si les choses continuent ainsi ! Cet homme sait être réconfortant hihi ! Tant qu’au voyage, il est décidément plein de surprises !
Bon, la situation étant ici sous contrôle, nous décidons de partir profiter du beau temps (vous avez bien lu, une journée sans pluie) dans la très belle forêt de Pasochoa. On la nomme normalement « forêt de brouillard » (à cause … du brouillard omniprésent), mais aujourd’hui nous y voyons plutôt une forêt andine, presque tropicale à l’altitude de 2800 mètres où nous nous trouvons, de bambous en fougères, de broméliacées en daturas.
Au détour d’un chemin, nous croisons le fils de Tarzan, content de nous faire une démonstration.
Nous passerons deux nuits dans ce parc, l’endroit étant d’un calme reposant !
Et maintenant ?
J’achève ici mon dernier article avant notre départ en avion aux îles Galapagos, mercredi 27 avril à 6 heures du matin (retour le jeudi 5 mai dans la journée) !
La préparation du voyage nous a donné l’occasion de visiter un magnifique mall cet aprem pour acheter la nourriture nécessaire à la semaine et des accessoires de baignade. Ce qui est génial avec les supermarchés équatoriens c’est que les rayons sont rangés dans une logique … disons … très nationale hihi. Tu peux donc trouver au début de l’un d’eux de la margarine, immédiatement suivie par les savonnettes, puis par des pneus !! C’est donc très logiquement que nous avons découvert les boîtes de thon à proximité des serviettes hygiéniques et les cotons tiges vers les tomates. Bon, ça a pris un peu de temps, mais nous y sommes arrivés !
Ensuite, coiffeur pour Jérôme et Charles qui commençaient à ressembler à capitaine caverne et qui présentent désormais une forte ressemblance avec Mireille Mathieu (enfin, surtout Charles avec sa frange bien droite et sa coupe au bol). Surprise ! Pour laver les cheveux des enfants, on ne les assied pas dos au bac à shampoings, on fait mettre l’enfant à genou tête première dans le bac (genre « je vais vomir, passe moi une bassine ») ! Evidemment le tout a fortement déplu à Carlito qui 1) n’était pas malade à vomir 2) s’est fait laver les cheveux, les yeux et les dents en même temps !
Sur ce, il est temps de vous laisser jusqu’au 6 ou 7 mai. Prochain article sur les Galapagos, à notre retour ! Pour ceux qui seraient accros aux nouvelles, on en donnera sur facebook.
Comme d’habitude. Ton récit me donne envie de voyager . Bonne route pour demain et faites attention à vous!! Gros bisous
Bonne continuation aux Galapagos… Le parc de Cotopaxi … Magnifique 🙂
Bise
coucou, toujours autant magique. Pas besoin de voyager pour le changement de température…. 35 dans le sud, 11 dans le nord…. nous sommes en vacances ce 14 juillet en Normandie, nous revenons le 22. Bon là, il fait soleil et beau mais frais….
Le pauvre Carlito, il a eu le droit à la douche complète de visage, mdr, lui qui adore la douche je suis sûre… il a été gâté, c’est une surprise aussi ca 🙂