Reserva natural de Rio Claro, Puerto Triunfo, San Luis
A proximité, voir aussi aussi le village de Cocorna
Quand on regarde sur une carte l’envergure de l’Antioquia, il y a de quoi se demander si l’on parle d’un département, d’une région, voire d’un petit Etat qui aurait, au nord, ses accès à l’océan et, au sud, une assise montagnarde ! Regardez plutôt :
Pour changer un peu d’air, nous nous sommes rendus depuis Guatapé jusqu’à la Reserva Natural de Rio Claro, avant de mettre un moment le cap sur deux villages totalement à l’écart des circuits touristiques, à savoir Puerto Triunfo au bord du Rio Magdalena et San Luis, perché dans la montagne.
Nous étions donc aux confins de l’Antioquia profond, dans le creux de la vallée creusée par l’immense fleuve Magdalena, mais facilement accessible car traversée par l’autopista Medellin/Bogota (route 60, pour les experts). En climat chaud. Et quand je dis chaud, c’est chaud ! Il faisait 37 degrés à l’ombre les jours où nous nous sommes hasardés dans cette petite région, bien loin des 24 degrés de Guatapé hihi. Avantage immédiat : comme un petit air de vacances à bon compte ! Inconvénient : comme un petit remake de la canicule française, avec 80 % d’humidité dans l’air !
Qu’avons-nous visité dans ce secteur ?
La Reserva Natural del Rio Claro
En fait, le secteur de la Reserva natural del Rio Claro est généralement mieux connu pour abriter l’une des plus célèbres demeures de Pablo Escobar, la Hacienda Napoles. Nous n’y sommes jamais allés car les retours que nous en avons eu ne sont pas positifs, loin s’en faut. A vous de voir si le culte de Pablo mérite de payer une entrée ou pas.
Du coup, nous avons préféré jeter notre dévolu sur cette petite réserve privée qui a une véritable vocation écologique dans ce secteur. En effet, en 1970, ce dernier était composé à 95 % de forêt tropicale, avant que celle-ci ne soit presque anéantie par les nécessités de l’élevage, mais surtout par la construction de « l’autoroute Medellin/Bogota« , puis par l’installation des mines et d’une gigantesque cimenterie qui défigure totalement le paysage à 2 pas de la réserve ….
La spécificité du lieu tient non seulement à sa rivière cristalline (hors saisons des pluies) mais aussi à ses nombreuses grottes de marbre. Ces dernières peuvent se visiter à pied (ce que nous avons fait), en spéléologie grand public ou dans la rivière par rafting.
A titre personnel, nous nous sommes contentés de nous balader le long du sentier bien aménagé qui longe le rio et qui permet déjà de voir pas mal de faune : des papillons morphos aux grandes ailes bleues métallisées, des singes Mico Titi, un serpent noir qui a fait hurler de peur Carlito, etc … Mais c’est un écureuil qui a failli nous faire mourir de rire, tellement habitué à la présence humaine qu’il demandait à se faire promener sur les épaules des passants !
La température de l’eau de la rivière étant parfaite, nous nous y sommes aussi baignés longuement.
Sans rien présenter de spectaculaire, cette petite réserve est absolument charmante et peut vraiment constituer une halte « nature » pour ceux se rendant de Bogota à Medellin. En plus les visiteurs font une bonne action car la réserve consacre une partie de ses revenus à la défense et à la protection de ce qu’il reste du « bosque tropical » dans cette zone.
- prix d’entrée par personne : 15 000 pesos (permettant de se promener dans la réserve et de se baigner dans la rivière)
- rafting (à partir de 7 ans) : 30 000 pesos
- canopy (à partir de 7 ans) : 20 000 pesos
- spéléologie (à partir de 12 ans)
- via ferrata (à partir de 18 ans)
Sur place, repas à 20 000 pesos et 3 types d’hébergements hôteliers.
Bonne nouvelle pour les camping-caristes, il est possible d’y camper (25 000 pesos nuit et journée dans la réserve).
Pour se loger à proximité il faut quand même faire gaffe car de nombreux hôtels sont non seulement en bord de route (et doivent subir des nuisances sonores pénibles), mais aussi le « nez » dans la cimenterie. Nous avons donc choisi l’hôtel Los Colores Ecoparque qui est un peu en retrait de l’axe routier et offre un beau parc avec piscine et tennis à prix raisonnable (demandez la chambre 7/8 qui est la plus éloignée de la route). Nous y avons séjourné 2 nuits et avons rayonné dans les environs à partir de celui-ci.
Puerto Triunfo, loin, loin, loin des circuits touristiques
En sortant de la réserve de Rio Claro, je voulais vraiment faire 20 bornes en direction de Bogota pour aller voir le rio Magdalena (qui, avec ses 1558 kms de long, est le plus grand de toute la Colombie) à Puerto Triunfo.
Puerto Triunfo, c’est une petite bourgade alanguie par la chaleur qui propose néanmoins à ses rares et éventuels visiteurs un « malecon turistico » en bord de fleuve (comprenez une petite promenade aménagée ^^). Autant dire que les habitants n’ont pas tous les jours l’occasion de voir des gringos de notre espèce hihi !
Je suis presque sure que beaucoup ne verraient aucun intérêt à cette bourgade, pourtant j’ai vraiment apprécié y faire un tour et y reviendrais !
Son « phare » d’une trentaine de mètres de haut offre à qui n’a pas le vertige une vue incroyable sur le Rio Magdalena. Perso, j’adore ce genre de fleuve maroncito chariant des tonnes de boue…
Une vieille loco, épave d’un temps passé où la Colombie les utilisait encore volontiers décore la place centrale. On murmure néanmoins qu’un train aurait repris du service depuis novembre 2018 dans la région, reliant une à 2 fois par semaine La Dorada, Caldas, Puerto Triunfo, Puerto Nare et Puerto Berrío, pour transporter les récoltes de café, pour le plus grand bonheur des habitants du coin.
Un peu plus loin des statues d’animaux potentiellement présents dans le fleuve amusent les enfants, comme ce caïman del rio ou ce serpent géant.
San Luis de Antioquia, le village menacé par les projets miniers et d’hydroélectricité
C’est en reprenant la route en direction de Medellin que nous avons décidé d’achever notre micro séjour en terres chaudes dans le petit village de San Luis de Antioquia (situé à 124 kms de la grande ville).
Bien caché dans ses montagnes, au bout d’une délicieuse route serpentant dans les arbres et offrant des vues superbes sur la vallée, le village paraît sommeiller en ce dimanche de juillet. De toute évidence les touristes internationaux ne sont pas légion dans le coin car les habitants semblent ébahis de nous entendre parler français hihi.
Son principal attrait touristique réside dans ses superbes cascades et « charcos« .
Inutile de se fatiguer beaucoup pour apercevoir la cascade de la Cuba qui se situe au bord de la route d’accès au village.
Plus fatigant, en revanche, est le charco de la planta, situé en contrebas du village non loin du collège. A ses abords, les vendeurs ambulants nous préviennent : il faudra descendre plus de 700 marches pour aller voir le spectacle naturel. Gloups…! Il doit faire 35 degrés et l’idée de la remontée m’effraie un peu. En même temps, on va pas craquer si près du but. C’est donc parti : 1 marche, 13 marches, 596 marches … l’endroit est en effet superbe !
Une cascade de 30 mètres d’eau se déverse dans un immense charco dans lequel se baignent un certain nombre de locaux.
Comme prévu, la remontée est moins enthousiasmante que la descente et c’est dégoulinant de transpiration que nous en ressortons !
En dépit du cadre enchanteur, plusieurs banderoles attirent néanmoins notre attention se plaignant de la corruption de la CORNARE (on va dire, pour faire simple, corporation régionale pour l’environnement) ou soutenant que « sin rio no hay futuro« . Renseignements pris auprès de quelques habitants, nous comprenons que les rivières locales sont menacées par des projets miniers ou d’hydroélectricité, risquant de priver les villageois de cours d’eau faisant partie intégrale de leur patrimoine. On peut les aider en signant la pétition ci-contre…
… et/ou en venant à leur rencontre !