Medellin
Voilà 2 bonnes années que je me demandais s’il valait ou non la peine d’assister au Desfile de silleteros à Medellin, show clôturant chaque année la Feria de las Flores.
Comme beaucoup, j’avais vu des images à la télé qui m’avaient à la fois subjuguée par leur beauté et refroidie en raison de la foule immense et compacte assistant à l’événement (environ 800 000 personnes cette année, tout de même ^^).
J’avais donc bien compris que si je souhaitais le voir il me faudrait soit arriver aux aurores pour prétendre obtenir une place non payante le long des barricades délimitant le parcours du défilé, soit obtenir un billet pour l’admirer depuis les gradins payants. J’ai choisi la seconde option car la première me paraissait difficile. Pour ceux souhaitant faire comme moi, il existe un site de réservations ouvert quelques semaines avant le desfile, mais qui est rapidement pris d’assaut (ticketexpress.com.co). Par chance, j’avais obtenu une invitation par la mairie ! Ce qui ne m’a pas empêché de m’organiser un peu, de patienter beaucoup et d’avoir très très chaud hihi
Au final, ma patience a-t-elle été récompensée et vaut-il la peine pour vous de réserver des places pour l’année prochaine ?
Patience, patience !
Bien que le desfile des silleteros ne commençât à proprement parler qu’à 14 heures, le règlement imposait d’être dans les gradins avant 11 heures, sous peine de ne plus pouvoir entrer. Jusque là, c’était facile à comprendre. Ce qui l’était moins, c’est que les numéros des gradins ne correspondaient pas forcément avec les numéros d’entrées aux gradins (une entrée pouvant en desservir une flopée). Et c’est ainsi que mes comparses et moi-même avons mis un certain temps à comprendre où et comment accéder à nos places faute d’avoir pensé à venir avec le plan fourni en amont ! Néanmoins, de tours de taxis en tours de taxis, nous avons enfin pu regagner nos sièges avant l’heure fatidique !
Contrairement à nous, l’organisation événementielle était, en revanche, impeccable : un petit sac à dos contenant une grande gourde d’eau fraîche, un pic-nique, de la crème solaire et un éventail nous a été remis avant de nous asseoir. C’était chouette.
Mais, c’est en m’asseyant, bien à l’ombre sous un toit en tissu, que j’ai compris que notre décision des gradins était la bonne : en face de nous, de l’autre côté des barrières, des milliers de medellinois d’une patience d’ange s’entassaient en plein soleil pour voir le même spectacle que nous sans payer. Bravo les gars car avec la chaleur qu’il faisait, attendre pendant des heures entières le spectacle était en soi une épreuve !!
Vers 11h30, un premier défilé est venu égayer notre matinée qui l’était déjà par l’orchestre de l’entreprise « EPM » qui, dans ses propres gradins, avait fait venir un orchestre chantant des « trovas » (sortes de chansons de troubadours dont les paroles s’improvisent au fur et à mesure avec des jeux de mots).
D’énormes camions au nom des entreprises partenaires se sont d’abord succèdés.
Camions suivis de prêts par un défilé des différents corps de l’armée, de la police, des pompiers et des employés de la voirie. Deux choses m’ont étonnée : l’ovation réservée à la police et celle beaucoup plus forte encore en faveur des nettoyeurs des rues qui ont remporté la palme de l’ovation du jour. Whaou ! Dans ce pays, les défilés créent du lien ! Plus fort, encore, à mes petits yeux velus de française, c’est que la police – celle qui ne défilait pas, mais qui assurait la sécurité du jour – était particulièrement efficace et cool. Attentionnée. Sans mauvaise blague, aucun de nous ne s’est retrouvé parfumé à la lacrimo ou mis à tremper dans le Rio Medellin qui coulait juste derrière. Pourtant on a tous chanté et fait du bruit, dansé et rigolé. Comme quoi le maintien de l’ordre peut se faire différemment qu’en France (c’était ma parenthèse militante hihi).
Une police helpful …
Sont ensuite venus les défilés à chevaux et de vieilles voitures conduites par de vieilles personnes. Il faisait chaud, on était bien !
Et les fleurs ???
Nous étions déjà rassasiés de nourriture, de bruit, de spectacle et de chaleur, quand le desfile de silleteros , à proprement parler, a commencé vers 14 h. Cette année était particulièrement importante car elle coïncidait avec le bicentenaire de la Colombie et les 100 ans de sa force aérienne. D’où (nous y reviendrons) quelques démonstrations aériennes militaires en supplément.
La première silleta à ouvrir le défilé était celle ayant remporté le concours toutes catégories confondues (15 millions de pesos de prix étaient à la clef), composée d’une variété de 130 fleurs !
Au dessus et en dessous des silletas se cachent quelques héros. Dessus, bien qu’ils soient invisibles, les artistes qui ont composé dans la nuit même du défilé ces énormes compositions florales. En effet, si les fleurs sèches sont fixées à l’avance sur les supports, les fleurs fraîches le sont à la dernière minute. Dessous, les porteurs (il y en avait 500 au total) (qui peuvent aussi être les confectionneurs de leur silleta) qui portent sur leur dos des oeuvres pesant parfois jusqu’à 100kgs. Respect et admiration pour tous !
Hommage à la tradition horticultrice et paysanne de l’Antioquia, le défilé, mi- événement floral, mi-carnaval, s’est ensuite déroulé pendant plus de 4 heures, le temps pour les participants de parcourir les 2 kms attribués. Le spectacle était réellement hors du commun et fantastique, justifiant bien un déplacement jusqu’à Medellin. Les photos l’illustreront mieux que mes propos :
Les silletas traditionnelles
Ce sont peut-être celles que j’ai préféré dans la mesure où elles constituent un hommage direct aux vendeurs de fleurs qui, jadis, descendaient depuis Santa Elena, vendre ces dernières à Medellin. A mon goût, il s’agissait des plus touchantes car les plus proches d’une réalité traditionnelle passée.
Les silletas des catégories junior et infantile
Elles aussi étaient exquises, toutes composées et portées par des enfants et ados d’horticulteurs.
Les silletas emblématiques
Elles aussi étaient formidables car, non seulement sublimes à regarder, mais aussi porteuses de messages forts.
Un défilé ponctué par des orchestres et des danseurs
Comme souvent en Colombie, la musique et les danses étaient également présentes, jouant le rôle d’intermèdes entre la présentation de chaque catégorie de silletas. Un vrai carnaval au sein du défilé !
Nous en étions là, à admirer toutes ces merveilleuses couleurs, quand plusieurs hélicoptères de l’armée se sont mis à survoler à basse altitude le défilé. En soi, c’était déjà assez curieux de recevoir sur la tête des pétales de fleurs jetés par des militaires hihi. Mais le comble du bizarre fut de voir passer 2 hélicos auxquels étaient suspendus à chacun un drapeau et 2 militaires :
En les regardant passer, je dois bien avouer que j’étais un sceptique et effrayée pour eux car le filin auquel ils étaient accrochés paraissait très frêle. Mais bon. Je ne suis pas une spécialiste des acrobaties aériennes. J’avoue néanmoins avoir été très choquée quand, le soir, de retour à la maison, j’ai appris que quelques secondes après nous avoir survolés les deux militaires avaient perdu la vie car ledit filin s’était rompu. J’en suis encore triste pour eux et leur famille rien que de l’écrire. Paix à leur âme.
Retour à des considérations plus joyeuses
Pendant que cet affreux drame se déroulait loin de nos yeux, nos regards s’étaient de nouveau tournés vers la fin du défilé qui n’avait rien perdu de sa splendeur.
Les silletas monumentales
C’est incontestablement le point fort du défilé : des dizaines de silletas gigantesques croulant sous les fleurs fraîches et portées tant bien que mal par des hommes et des femmes harassés par le poids de leur fardeau. Incroyable démonstration florale et humaine !!!
Les silletas artistiques
Un colombien ayant remporté le Tour de France, n’y faire aucune allusion aurait été inconvenant. L’erreur n’a donc pas été commise et l’auteur de la silleta rendant hommage à cet exploit a même eu le bonheur de remporter le premier prix dans sa catégorie.
D’autres étaient superbes également :
Les silletas publicitaires
Enfin, après cette débauche de fleurs, ce sont les silletas publicitaires qui ont fermé la marche. Les plus volumineuses d’entre elles, bien que composées de fleurs séchées, ont nécessité 6 h de travail par jour durant 28 jours. En voici quelques unes :
Conclusion :
J’ai vraiment adoré le Desfile de silleteros et ne regrette absolument pas d’y avoir assisté !
Petits conseils pour ceux souhaitant y assister :
- ne pas radiner et s’acheter une « vraie » place en gradins (ticketexpress.com.co). L’attente est déjà longue quand on est bien assis… Je n’ose imaginer sans siège et en plein soleil… Pour info, nous étions au total 800 000 personnes à y assister, réparties sur 2kms (2 x 2 kms en réalité puisque les deux côtés du parcours permettent de se positionner) : ça fait du monde au mètre ² hihi
- inutile d’emporter de quoi manger : il y a des vendeurs partout, que ce soit en zone gratuite ou en zone payante
- prendre beaucoup d’eau, de la crème solaire et une casquette car il fait chaud (PS – en zone payante, il y a des toilettes un peu partout ^^)
- prévoir d’arriver assez tôt en « zone gradins » (en effet, contrairement à ce que laisse penser le billet d’entrée, dans les gradins, on se place ou l’on souhaite, voire où l’on peut) et très très tôt en zone gratuite
- les défilés ont commencé vers 11 h du matin. Mais, le défilé des fleurs n’a commencé qu’à 14 h. Il dure environ 1h30.
- on peut facilement accéder aux différentes entrées en taxi. Même à la fin du défilé, il n’y a pas de difficultés pour en trouver facilement.
A l’année prochaine, si Dios quiere !
Voir aussi :
Medellin et Guatapé fêtent en grand les fleurs et les orchidées (2019)
Le défilé a l’air vraiment magnifique ! Moi qui suis fan de nature et de fleurs, je crois que la je serai servie. Toutes ces fleurs, ce travail et cet engouement : ça doit être quelque chose à vivre !