Voir au préalable :
- La Colombie, le coronavirus et nous : une histoire courte devenue roman fleuve
- La Colombie, le coronavirus et nous : ô rage, ô désespoir !
Le très beau texte en espagnol d’une habitante du village : El tiempo silente
N.B : je précise que les observations faites dans tous mes articles ne valent que pour Guatapé. Je suis incapable de témoigner sur autre chose que ce que je vois puisque nous sommes enfermés dans le village depuis le 20 mars. Les choses sont sûrement différentes ailleurs … En outre, il s’agit d’un ressenti subjectif qui ne vaut pas vérité universelle.
Résumé des épisodes précédents : la quarantaine s’éternise en Colombie et l’enfermement devient de plus en plus difficile pour ses habitants, dont nous. Heureusement, celle-ci doit être levée le 31 mai 2020. Comme tout le monde (c’est le cas de le dire) nous comptons les jours nous rapprochant d’une reprise de vie normale ! J’ai même prévu d’ouvrir ma dernière bière Leffe rapportée de France pour fêter ça ! En attendant, les difficultés continuent à s’accumuler ….
EPISODE 8 –
LA DETENTION PROVISOIRE
SE MUE EN PERPETUITE
Samedi 23 mai : la quarantaine encore et toujours, assortie de son cortège de problèmes. Une vénézuélienne du pueblo que je connais un peu m’appelle : sa mère qui était venue lui rendre une visite légale en Colombie quelques jours avant le début du confinement est, non seulement toujours bloquée à Guatapé, mais gravement malade. Pour d’obscures raisons, l’hôpital de Guatapé refuse de la soigner (gratuitement) et elle ne peut se rendre ailleurs puisque c’est interdit. Il semblerait que celui-ci n’accepte plus que les cas de conarovirus en son sein. Foutage de gueule : voici plus de 8 semaines qu’il n’y a plus un seul cas de covid dans le village ! On se moque donc d’elle qui a plus de 40 de fièvre et une infection dentaire carabinée. Seul un médecin payant accepte de la recevoir, mais elles n’ont pas un sou devant elles. Nous nous acquittons donc des frais et rendons par-là même un bien fier service à la maman qui est au bout du rouleau. J’enverrai la note à Dios à la fin de la quarantaine car les nombreuses bénédictions que je reçois en son nom commencent à avoir un goût amer.
Dimanche 24 mai : plus qu’une semaine de confinement et nous pourrons sortir !
Mercredi 27 mai : la stratégie de confinement des colombiens a porté ses fruits : l’épidémie se poursuit inexorablement, mais les cas augmentent si doucement que nous n’atteindrons jamais ce fameux « pic » dont on a bassiné l’humanité entière, hormis peut-être sur la côte, à Bogota et en Amazonie qui restent les régions problématiques. Pour fêter cette bonne-mauvaise nouvelle, le Président Colombien prend son plus beau sourire télévisuel pour nous annoncer que finalement, tout compte fait, à bien y réfléchir, la punition collective se poursuivra sur l’intégralité du territoire jusqu’au 30 juin 2020. Je plaisantais il y a quelques semaines en suggérant que la date de sortie pourrait s’éloigner inexorablement pendant des mois, voire des années, mais là, je ris très très jaune. D’ailleurs, Jérôme pense que je lui fais une blague de mauvais goût et refuse de me croire. Interrogeant mes connaissances colombiennes – celles qui vivent dans de beaux appartements le ventre bien plein – toutes approuvent ces « indispensables mesures de protection contre ce virus si dangereux ». Interrogeant mes connaissances colombiennes – celles qui vivent dans des taudis avec le ventre vide – toutes s’avouent désespérées. Encore une fois, je constate qu’il y a deux Colombie qui se côtoient sans se connaître.
Jeudi 28 mai : personne ne comprend plus rien à rien. Et surtout pas mon mari qui vient de réaliser que je ne plaisantais pas. En fait, nous ne sommes plus en « quarantaine », sauf Bogota qui le demeure jusqu’au 15 juin. Nous sommes désormais en « aislamiento preventivo » ou encore en « cuarentena inteligente« , le tout se déclinant en 50 nuances de grey selon l’endroit où tu habites. Ainsi, chaque municipalité organise comme elle le souhaite son pico y cedula permettant aux habitants d’aller faire leurs courses. Par ailleurs, dans certains villages, comme Guatapé, il existe officiellement ou officieusement des couvre-feux municipaux qui interdisent les sorties entre 17h et 6 h du matin. Au niveau national, on autorise 47 secteurs économiques à travailler, mais dans les faits il faut encore qu’ils obtiennent des permis municipaux pour que les travailleurs puissent retourner au boulot. Comprenne qui pourra … Quant aux enfants, ils peuvent désormais sortir pendant une heure un jour sur 2, même les 0-5 ans qui étaient privés de sortie jusqu’alors. Enfin, les vieux sont libérés de leurs prisons : comme les mômes il leur était totalement interdit de mettre le nez dehors depuis le 20 mars. Mais leur révolte a porté ses fruits : à partir du 1er juin, ils pourront sortir 3 fois par semaine pendant une heure ! Un colombien me raconte comment ses très vieux grands-parents de plus de 90 ans avaient quand même pris l’habitude de sortir en cachette dans le village avec des indics leur signalant l’arrivée éventuelle de la police hihi.
Dimanche 31 mai : devant l’insatisfaction générale rampante, le maire annonce que nous pourrons désormais faire nos courses 2 fois par semaine de 9h à 17h. Pour le reste, les frontières du pueblo restent fermées et il faut encore et toujours obtenir des permis accordés arbitrairement pour se rendre dans la localité voisine, pour accomplir des formalités bancaires par exemple. Pire, comme il y a eu 2 cas de conarovirus fin mars à Guatapé, certaines municipalités interdisent formellement l’accès des habitants de Guatapé sur leur territoire. Voilà ! Alors que les guatapenses avaient fait une petite crise de racisme contre les étrangers potentiellement porteurs de covid, durant le mois de mars, ils sont à leur tour collectivement victimes de la connerie ambiante. Retour de karma malheureux et d’une stupidité accablante !
EPISODE 9-
S’ECHAPPER DU QUOTIDIEN COUTE QUE COUTE !
Lundi 1er juin : depuis mi-mars les cours de danse de Carlito (et les miens) se déroulent virtuellement. Mais, le spectacle de la mi-année arrivant, le prof de danse parvient à infléchir la mairie pour qu’il puisse recevoir une fois les danseurs 4 par 4 pendant des sessions de 20 minutes dans le salon de danse. Ce lundi là, c’est le tour de Carlito ! Pour la première fois depuis le 17 mars, il va enfin se rendre au village. Le temps nous est compté puisque nous ne disposons que d’une heure entre 12h30 et 13h30. Pas grave ! On amortit ! On fonce tout d’abord chez le marchand de glaces qui vient lui aussi de rouvrir. Petit souci : comme le port du masque est obligatoire, comment faire pour déguster quoi que ce soit en pleine rue ?!!!
Je trouve attendrissant de voir mon fils s’extasier sur tout ce qu’il avait déjà oublié dans le village : les rues, les couleurs, le simple goût d’une glace… Mais, pas le temps de s’endormir, nous fonçons au salon de danse. Ici désinfection en règle des enfants, littéralement douchés à l’alcool à 70. Puis, entrainement avec le masque sur la bouche et le nez. C’est impossible ! Comment respirer ? Qui a imaginé cette absurdité de faire faire du sport aux gens sous un masque. C’est l’évanouissement presque à la clef ! La séance qui s’annonçait sympa, vire un peu au cauchemar … Mais vite ! vite ! vite ! Il nous faut déjà rentrer avant que la police ne nous verbalise !
Mercredi 3 juin : c’est mon jour de pico y cedula, donc de sortie. Je prédis d’avance la météo : comme tous mes jours de sortie depuis le début de cette galère, il tombe des trombes d’eau ! Trop sympa de faire ses courses dans ces conditions. Et comme je ne suis pas assez mouillée, le prof de danse, me souhaite à mon tour la bienvenue dans son salon de danse, en m’aspergeant de désinfectant des pieds à la tête. Je vous jure que je l’écris pour ne jamais oublier à quel point l’humanité est devenue dingue au printemps 2020 sur l’ensemble de la planète !
Jeudi 4 juin : ce n’est pas mon jour de sortie, ni celui de Carlito, mais je l’emmène quand même en ville faire du vélo sur le Malecon et revoir quelques copains dans l’heure impartie aux niños y adolecentes. Merde aux règles débiles ! Il a tellement perdu l’habitude de voir du monde, qu’il n’a plus rien à dire, lui, le bavard invétéré en temps normal !
Vendredi 5 juin : ce n’est pas le jour de sortie de Jérôme, mais c’est celui de Carlito : les deux partent malgré tout en moto au village manger une glace. Toujours dans l’heure impartie. Re-merde aux règles débiles !!!
Samedi 6 juin : A l’entrée de chaque boutique on nous fait désormais laver les mains et on aseptise noes chaussures… Comme je dois me rendre dans une dizaine de commerces, je recommence l’opération à chaque fois. Or, les magasins sont presque les uns contre les autres ! C’est n’importe quoi ! Ils croient quoi ??? Qu’entre deux boutiques je vais jouer avec les cacas de chiens du quartier et que je me barbouille avec ?!!!
Heureusement, on peut de nouveau se rendre à la messe ! Mais comme le dit l’écriteau, il faut garder son masque tout le temps, sauf pour déguster l’hostie. Si on a le droit d’ouvrir la bouche pour la recevoir, en revanche, on doit vite la refermer et dire amen « intérieurement ». Bien, bien, bien …. je suis presque tentée de m’y rendre tant j’ai manqué de distractions ces derniers mois !
Dimanche 7 juin : comme la vie n’est pas assez pesante, le maire de Guatapé attend systématiquement le dimanche soir pour nous expliquer comment va s’organiser la semaine et en particulier le pico y cedula, l’ordre des numéros (oui, nous sommes devenus des numéros, le statut d’être humain nous ayant aussi été retiré) à pouvoir sortir n’étant jamais le même d’une semaine sur l’autre, créant ainsi une forte désorganisation. Il doit s’amuser à jouer au loto chez lui, c’est pas possible autrement !!! Je l’imagine bien avec sa machine à faire tourner les petites boules numérotées : le 5, le 2, le 0, le 9, le 4, le 8 … Et nous autres braves cons : « hourra ! C’est le 5 qui est sorti en premier ! Je peux aller faire les courses demain ! » « Oh non ! Je suis un 8 ! Consigné pour 6 jours de plus à domicile ! »
EPISODE 10-
S’ECHAPPER UN PEU DE GUATAPE
Lundi 8 juin : Ma mission cette semaine : franchir les frontières de Guatapé pour me rendre dans le village voisin, sans me faire coffrer par les flics ou les militaires. Je n’ai pas eu le droit d’y mettre un pied depuis le 20 mars. Dans une autre vie, c’était facile. Mais dans le monde de maintenant, il faut obtenir un permis signé par le maire à montrer à la « frontière ». Or, ce permis, je l’ai enfin obtenu ! J’ai un peu menti en disant que je devais à tout prix aller à la banque (il n’y en a pas à Guatapé), car, en réalité je dois juste me rendre dans une finca cafetera pour faire torréfier nos 15 kilos de café du jardin. Mais si j’avais donné cette raison ou si j’avais juste eu envie d’aller faire des courses ou de rendre visite à des amis, on m’aurait refusé le droit de m’y rendre. La privation de liberté est totalement disproportionnée.
Mercredi 10 juin : le coeur battant je m’approche de « check-point Charlie« , et ça aurait presque pu donner ça :
« VOUS SORTEZ DU SECTEUR GUATAPENSE«
« VOUS ENTREZ DANS LE SECTEUR DEL PEÑOL –
« RESPECTEZ LES REGLES DE PICO Y CEDULA«
En réalité, ça ressemblait à ça : frontière matérialisée par un bus (sur la photo je croise un camion) et gardée par des militaires … Je n’arrive toujours pas à concevoir, que ce soit en tant qu’habitante lambda ou en tant que juriste, comment des villages peuvent décider d’instaurer des frontières physiques à l’entrée de leur territoire ! Mystère ….
Finalement, je ne prends aucun plaisir à m’éloigner de Guatapé. Le coeur n’y est pas, pas plus que le dépaysement, comme vous pourrez en juger par la photo suivante ! C’est superbe, mais le décor est immuable.
Le coeur y serait si nous pouvions de nouveau décider de sortir en famille pour faire des choses que nous apprécions. Pas pour me rendre seule au village voisin, pour aller faire torréfier du café et remplir un chariot au supermercado. Certes, cette visite au supermarché je l’attendais de longue date, ne serait-ce que pour acheter des bouteilles de vin que nous n’avons plus consommé depuis les débuts de la quarantaine, mais bon, bof … Tout est bof. Notre moral est bof, le temps est bof, les activités hors de la maison sont bof … Le seul truc positif c’est que j’ai enfin appris à faire des courses dignes de ce nom pour pouvoir survivre plusieurs jours d’affilée : quelle évolution quand on regarde mon caddy aujourd’hui et le contenu du frigo familial il y a seulement quelques mois hihi
Jeudi 11 juin : bien que la situation économique soit très très dure pour la plupart des habitants, nos amis colombiens et habitants de Guatapé continuent dans leur grande majorité à soutenir les politiques d’enfermement nationales et locales. La plupart sont en réalité terrifiés par le conarovirus et prêts à consentir à tous les sacrifices pour ne pas l’attraper. Quel genre de lavage de cerveaux la télé leur fait-elle subir ??? J’aimerais bien le savoir car leur passivité et leur docilité, leur incapacité à soulever publiquement des interrogations légitimes (hormis sur Facebook et souvent en faux profil), me font froid dans le dos … A moins qu’ils ne cherchent à profiter, pour la première fois de leur histoire, de la protection d’un Etat qui a toujours été défaillant à leur égard, notamment pendant les années FARC et narcos ? Le Président colombien reste très bien perçu dans les sondages quant à son action sanitaire, en dépit des privations de libertés. Mais les colombiens les ont de toute façon subies pendant de si longues années…
Vendredi 12 juin : la situation est pourtant dramatique. Des statistiques datant du mois de mai 2020 ont mis en évidence que 71 % des foyers guatapenses dépendent financièrement du tourisme. Parmi eux, 32 % des commerçants ont avoué avoir eu une perte sèche de 100 % de leurs revenus , 54 % d’entre eux une diminution de 90 à 50 % de ceux-ci. Pour les autres, les rentrées d’argent vont en s’affaiblissant car les villageois se sont appauvris et dépensent de moins en moins d’argent. Aucune évolution positive n’est à prévoir à moyen terme car la quarantaine nationale est toujours en cours et que, de toute façon, il y a une frontière à l’entrée du village nous isolant du reste du monde et surtout des medellinois qui pourraient avoir envie de revenir dans leurs maisons de fin de semaine, au mépris des règles. Nous tournons donc en vase clos, entre pauvres et très pauvres et quelques gringos comme nous qui n’ont pas de problèmes financiers, mais qui ne peuvent soutenir à eux seuls l’économie locale. On aura essayé, pourtant. De faire travailler les commerçants et restaurateurs qui peuvent désormais livrer des « domicilios » ; de donner du travail à nos voisins ; de donner de l’argent aux plus démunis ; d’offrir nos fruits … Et nous continuerons. Mais, c’est une goutte d’eau dans un océan de misère. Pourtant, le risque sanitaire étant écarté à Guatapé depuis début avril, les gens ne se rebellent pas. Ils meurent de faim et de désespoir, mais pas de conarovirus. Et ils en sont fiers !!!
Samedi 13 juin : la poule aux oeufs d’or ne pond plus. Les villageois qui ont sacrifié leur âme et leur identité au Veau d’Or de l’argent facile du tourisme cheap, s’en mordent aujourd’hui les doigts. Où sont passés les cultures, les industries locales, l’élevage du bétail ? Où sont passés les potagers des arrières cours et les poulaillers ? Tous ont été transformés en hôtels bons marchés, en attrape-touristes, en restaurants ou en boutiques de souvenirs made in china… Vivant dans une bulle alimentée par les visiteurs nationaux à la recherche d’un lieu sympa pour venir la fête chaque fin de semaine ou les instagrameurs internationaux à la recherche de la photo qui fera le buzz, les villageois ont perdu le sens des réalités. Aucun n’aurait pu penser que la bulle exploserait un jour. Et pourtant, Guatapé, avait connu tellement pire que le conarovirus. Tous ont oublié trop vite d’où ils venaient.
Dimanche 14 juin : nous partons nous promener à pied dans notre quartier. Mais vu le nombre de militaires déployés dans la zone, nous rebroussons chemin rapidement. C’est un WE férié, les forces de l’ordre sont mobilisées pour veiller à ce que nous respections bien le confinement. Positif de la situation : nous vivons depuis 3 mois dans un paradis sans bruit …
EPISODE 11
S’ADAPTER OU DISPARAITRE
Lundi 15 juin : Hourra !!!! Hourra ! Hourra ! Enfin une bonne nouvelle ! Nous avons désormais le droit de nous rendre dans les 2 villages voisins (de El Peñol à San Rafael) sans permis de circulation et pouvons sortir un jour sur 2 de 7h à 19h, en fonction du numéro pair ou impair de notre cedula ! Quand j’entends le maire nous annoncer cela, j’en ai les larmes aux yeux. Comme si on venait d’annoncer une remise de peine à un criminel. A 5 jour près, nous allions fêter nos 3 mois de réclusion sans condamnation pénale, ni contrôle d’aucun juge. Et, enfin, une vraie porte qui s’ouvre ! Elle est encore petite puisque nous ne pouvons toujours pas faire ce que nous voulons comme nous le souhaitons, mais retrouver un peu de liberté de mouvement va nous faire un bien fou. Le problème reste que les enfants ne sont toujours pas libérés, ceux-ci ayant désormais la possibilité de sortir entre 12h et 14 h un jour sur deux. Carlito est dégouté. Nous aussi.
Néanmoins, ce jour-là, il profite d’une session d’art-plastique en tête à tête avec son prof dans la salle communale, pour mettre au point l’expo de milieu d’année. Un peu de divertissement dans ce monde d’abrutissement !
Mardi 16 juin : j’ai fini de décorer ma muselière. Euh mon masque d’apparat pour la future expo virtuelle d’arts plastiques. D’ailleurs je passe mes journées à peindre tout et n’importe quoi et surtout des aquarelles. La quarantaine s’éternisant, j’ai largement le temps de me perfectionner hihi
Mercredi 17 juin : malgré le marasme, tout le monde ou presque s’est remis à se battre (légalement) pour subsister. Ce qui nous avait tant plu en arrivant en Colombie il y a 4 ans est à l’oeuvre : le dynamisme, l’esprit d’entreprendre, la résilience et la volonté d’avancer coûte que coûte même sans aides extérieures. Pour ne pas rester au fond du gouffre, chacun cherche à se renouveler : les lancheros d’hier ne conduisent plus de bateaux, mais vendent des masques et des produits désinfectants ; les restaurateurs sont devenus jardiniers ; les taxistas cuisinent depuis chez eux ; d’autres se sont mis à pécher ou à récupérer le sable des alluvions du lac pour pouvoir le revendre… Les gens déménagent, réaménagent, se regroupent … Et tous vendent désormais leurs produits aux autres habitants via un groupe FB constitué à cet effet. Il y a malheureusement plus d’offres que de demandes, mais au-moins beaucoup ne restent pas les bras croisés en attendant la fin de leur monde. Bravo les colombiens vous forcez tous l’admiration !!!
Jeudi 18 juin : c’est officiel, les écoles publiques de l’Antioquia ne rouvriront pas lors de cette année scolaire (qui, ici, pour info, se termine non en juin, mais en décembre …). En revanche, Guatapé, El Peñol et San Rafael souhaitent de venir des villages pilotes pour un retour du tourisme local en juillet ou en août, avec l’ouverture « normale » (j’imagine avec des précautions de dingues te dégoûtant par avance de t’y rendre) au public de … 5 restaurants et de 5 hôtels ! On ne dira pas que ce pays a manqué de prudence dans la gestion de la pseudo pandémie hihi . En attendant, tous les autres restaurateurs et hôteliers, désespérés, se résolvent les uns après les autres à mettre la clef sous la porte, tandis que les habitants continuent à leur faire une rude concurrence en cuisinant et en vendant depuis chez eux.
Vendredi 19 juin : il y a tout juste 4 ans, nous arrivions pour la première fois de notre vie à Guatapé et prenions la décision insensée de nous y installer. 4 ans plus tard, malgré les soucis des derniers mois, nous demeurons très attachés à ce pueblo, à ce pays et à ses habitants.Nous y avons passé des moments inoubliables et rencontré un peuple extraordinaire. Seul l’avenir nous dira si nous y serons encore l’année prochaine ou si la vie nous offrira d’autres chemins à parcourir. Mais, une chose est sure, notre coeur restera colombien pour toujours.
Samedi 20 juin : nous fêtons nos 90 jours d’enfermement, nos 3 mois, notre quart d’année … Qui aurait cru cela un jour ??? Je vous envie d’avoir été libérés car la privation de liberté devient ici vraiment pesante ! Il y a quelques semaines, je ne savais pas encore à quelle sauce nous serions mangés dans le futur. Maintenant, je le sais et en ai presque fait mon parti : la situation va durer trrrrès longtemps. Je vous donne donc rendez-vous le mois prochain pour en rediscuter, vous les fesses sur une plage à me faire l’honneur de jeter un oeil à mes bafouilles et nous enfermés ! En attendant, j’attaque les mémoires de Nelson Mandela car notre timing risque de s’inscrire dans le même que le sien hihi
PS – A ce jour, il n’y a que 11 morts du conarovirus dans tout l’Antioquia et 1870 dans toute la Colombie ……………
Hola Dona Valerie, on est rassurés de voir qu’après 90 jours il te reste encore un peu d’humour!
O dios, on espère quand même que les autorités vont retrouver un peu la raison le plus vite possible.
Ici, fort privilégiés, les enfants reprennent l’école à temps plein à partir de lundi, pour les deux dernières semaines de l’année scolaire.
Qui sait si cet enfermement chez vous vous donnera peut etre envie de venir en France quand ce sera possible?
En tout cas Arthur et Paul ont attaqué un grand trou dans la terre du jardin ‘comme chez Charles’, et on pense bien à vous, même entre les articles du blog!
Bises à vous trois
Edwige et Guillaume
Je suis atterrée pat vos articles et la folie des hommes…Je pensais que les français étaient fous d’être lobotomisés ainsi mais finalement en France ça allait comparé à la Colombie…Le coronavirus a transformé le monde en système de procédures et en a enlever l’humanisme.
Bon courage à vous en espérant que les gens se réveillent.