Cochabamba Oruro
Notre visa de 30 jours expirant prochainement, nous avons décidé de regagner la frontière sud de la Bolivie, pour rejoindre ensuite la route 40 en Argentine. Nous achèverons donc notre tour bolivien (La Paz, notamment) quand nous reviendrons visiter le lac Titicaca au Pérou en mars 2016. Mais, regagner le sud depuis Cochabamba via Oruro, Potosi et Tarija est en soi une aventure à part entière hihi. Nous qui avions peur de nous ennuyer sur les routes, n’avons pas été déçus des surprises qu’elles nous ont offertes !
La route de l’impossible : Cochabamaba – Oruro
Vous pensez sûrement que je parle beaucoup de nos déplacements en Bolivie, et c’est vrai ! Il faut dire que rouler sur une route ou une piste bolivienne est en soi une aventure. Et je ne galvaude pas le terme. Il existe une part d’aléas à ce point importante qu’il est impossible de déterminer à l’avance si on arrivera ou pas à destination.
La panaméricaine qui relie Cochabamaba à La Paz, via Oruro, constitue un bon exemple de ces routes improbables. Construite à flanc de montagne, relativement étroite pour une nationale de première importance, elle s’élève de 2500 mètres jusqu’à 4500 mètres d’altitude, proposant à l’automobiliste une succession de mauvais virages au-dessus du vide, avec des pentes à plus de 20 % ! Nous étions prévenus d’avance : cette route est dangereuse !
Ce que nous ne savions pas, c’est qu’elle est parcourue par d’innombrables camions, très longs, très lourds, très bâchés (le même genre que ceux circulant depuis la Tunisie jusqu’en Libye) qui tentent de se dépasser les uns les autres, en montée comme en descente, créant souvent une 3ème voie de circulation sur une route ne pouvant en supporter que 2 !
Nous nous lançons à l’assaut de la montagne qui a vite fait de calmer nos ardeurs ! Ralenti par les camions, asphyxié par le manque d’oxygène, le moteur du fourgon se (re)met à chauffer dangereusement, comme aux lagunes du sud Lipez. Nous nous arrêtons comme nous le pouvons sur le bord de la route, manquant de nous faire accrocher à chaque instant, klaxonnés de toutes parts. Le niveau de stress dans le véhicule est à peu près proportionnel à la température affichée sur le tableau de bord. Casser ici serait vraiment dangereux. Nous repartons prudemment quand tout à coup au milieu des 3 voies de circulation apparaissent sous nos yeux effarés des petits enfants entrain de reboucher des trous dans la chaussée. Nous les évitons à la dernière seconde, nous déportant sur la file de gauche à nos risques et périls, alors que les camions leur foncent dessus sans scrupules. Aux enfants inconscients de se débrouiller pour ne pas finir écrasés ! Les seigneurs de la route se foutent pas mal des autres, tout occupés qu’ils sont à se doubler en prenant des risques insensés. Mais toute prise de risque a ses revers : nous en croisons deux en trrrrès mauvaise posture, dont un camion citerne la cabine au-dessus d’un aplomb de plusieurs centaines de mètres, accroché à la montagne par sa seule remorque…
La route du Rhum
Epuisés par la route nous nous garons finalement à Paria (ça ne s’invente pas), petit village que nous pensons abandonné, pour y passer la nuit peinards. Nulle âme qui vive de prime abord. Et pour cause, ils sont tous à la fête du village. Voyant de la lumière, nous nous approchons : dans une cour d’école un groupe de rock met une ambiance de folie. Nous nous invitons sous les yeux incrédules des villageois qui n’ont pas vu de visages pâles depuis longtemps.
Finalement, l’un d’eux ose enfin venir nous parler. Nous allons passer la soirée la plus alcoolisée depuis notre départ ! Une fois la glace brisée, les boliviens sont en fait extrêmement chaleureux et affables. Tous les habitants défilent à notre table pour nous payer une tournée de bière et d’alcool local, nous offrant à chiquer les fameuses plantes médicinales andines interdites en France. Deux heures plus tard, je suis incapable d’aligner deux mots en espagnol, mais le quechua me paraît tout à fait familier !! Pendant ce temps, Charles danse comme un fou sur la musique locale, embrassé et béni par tous ceux qui croisent son chemin. On lui donne même de l’argent car les gens le considèrent comme un porte bonheur !
Evidemment le réveil est un peu pénible, d’autant que les villageois viennent nous rechercher vers 9 h du matin pour repartir picoler avec eux. Nous déclinons poliment, bien incapables d’entamer la journée à la bière ! Petits joueurs que nous sommes !!
Vers 14h une sieste s’impose. Nous nous garons au milieu de nulle part, nous pensant tranquilles. C’est à ce moment précis qu’un bus s’arrête en face nous, libérant … une fanfare ! Une procession sonore s’organise autour de lui, jouant et dansant dans un vacarme incroyable. Nous sommes totalement médusés et notre effarement redouble quand à quelques kms de là, un petit volcan libère une énorme poche de souffre, dans l’indifférence générale. On se croirait dans un film de Kusturica … Nous fuyons la fanfare et le volcan espérant arriver un jour à Potosi…
La route de tous les blocages
Revenir à Potosi n’était pas pour nous une source de joie, tant la ville est haute, polluée et difficile à circuler. Retour à la lagune « Ojo del Inca » que nous avions tant appréciée où nous passons la soirée en compagnie de voyageurs français sur les routes depuis un an et demi (magoth.uniterre.com)
Au matin nous pensons partir tranquillou en direction de Tarija, quand le propriétaire du camping nous fait savoir que Potosi sera bloqué par ses mineurs à partir de midi, pour une durée indéterminée. Or, la dernière fois qu’un blocage a eu lieu (en juillet 2015), il a duré plusieurs semaines, paralysant toute la région, voire le pays. Notre montre indique 10H30 ! En toute précipitation nous quittons la lagune comme des fous, espérant atteindre la sortie de la ville à temps ! Petit problème : nous n’avons plus assez de diesel. En France, ne pas avoir de carburant ne pose aucun souci : tu passes à la pompe, tu payes et tu t’en vas. En Bolivie, trouver du carburant est un enfer quand on a une plaque étrangère (j’expliquerai pourquoi dans un prochain article) : non seulement les stations te le vendent à 9 bolivianos le litre (environs 1,20 euros) alors que les boliviens l’ont à 3,72, mais la plupart ne veulent carrément pas te servir. Il nous faudra faire 3 stations, alors que la montre tourne à grande vitesse, pour pouvoir enfin faire le plein. Nous sommes tellement tendus que nous quittons la ville à toute allure (passant un col à 4200 m) et nous faisons flasher à la sortie ! Le policier veut nous renvoyer à Potosi régler l’amende … avant de renoncer et de nous apprendre que le blocage n’aura lieu que le lendemain … pfffff …. Tout ça pour ça !! Adieu Potosi, tu ne nous reverras pas !
Salut à vous 3! Vos aventures sont toujours aussi palpitantes et nous nous régalons à les lire !! Nous vous embrassons très fort
Pleins de souvenirs a raconter au retour.. Charles du haut de ses 6 ans aura vécu des aventures que la plupart des adultes ne connaitrons jamais.. C’est génial.. Continuez.. On vous suit… Bises a tous les 3!!
C’est vraiment un plaisir de lire tes articles et votre voyage se transforme déjà dans une aventure avec une avalanche des situations remarquables!! Je vous embrasse fort et bonne route pour la suite!:*
Coucou, message spécial à l’attention de Charles qui attend un petit mot de papi et mamie. Je suis sure qu’ils pensent beaucoup à toi depuis leur camping à Balaruc. En attendant leur retour, nous t’embrassons très fort à leur place. Tu as l’air de bien t’amuser sur les photos. Profite bien de toutes ces rencontres et garde bien en mémoire les beaux paysages que tu peux traverser. De loin, on garde un œil sur vous. Gros bisous à tous les 3.
Encore ce moteur qui chauffe !! Purée Jérome ! Je t’avais dit le Toy !! 😉
Merci pour ces magnifiques photos et le récit :)) On vous suit et vous embrasse 😉
Céline et Stéphane