Les brèves de comptoir

 

« Waouh ! Vous avez de la chance ! », « Quelle idée ! Vous n’avez pas peur ?!!! »

 

Mettre en place un tel projet laisse rarement les autres indifférents, les réactions étant très contrastées.

C’est un peu comme si on servait de miroir aux autres qui, en nous regardant, projettent leurs fantasmes positifs ou négatifs. Du coup, après quelques minutes d’échange, nous n’avons souvent pas dit grand chose de notre projet, mais on sait tout sur la personnalité de notre interlocuteur  ! C’est vraiment enrichissant comme expérience :mrgreen:  :mrgreen: !

C’est comme ça qu’on voit tout de suite l’envieux («Tu as  bien de la chance de pouvoir te le permettre ! »), l’angoissé (en vrac : « vous n’avez pas peur des autres, des accidents, des terroristes, du climat, des chiens, des punaises de lit, des maladies, des soucoupes volantes ?! », etc), celui qui est au bord du divorce  (!!) (« Passer un an à 15 cms de ma femme 24h/24h ?!! Moi je pourrais pas !! Vous êtes pas fous ??? ») , le carriériste (« ça va pas compromettre vos carrières? » ), le perpétuel coupable (« Je sais pas comment vous faites pour laisser vos familles ? C’est pas un peu égoïste ?»),  et puis le hors-concours qui, n’ayant aucune raison de décéder avant de nombreuses années, vous pose quand même  la question fatale  : « Et si je meurs ? J’en déduis que vous ne pourrez pas venir à mon enterrement ? » 😯 .

Heureusement, il y a aussi tous ceux qui se réjouissent sincèrement pour nous : les vrais potes, quoi !! Nous les remercions chaudement !

Alors, que répondre ? Puisque on nous demande souvent de nous justifier, petit florilège des meilleures fausses bonnes questions et des vraies bonnes réponses :

 

Est-ce qu’on a de la chance ?

 

Pour être franche, ce voyage tient moi à la chance qu’à un gros boulot derrière   😆 .

Gros boulot pour  mettre en place le projet et l’organiser et gros boulot tout court depuis de très nombreuses années pour gagner et économiser de l’argent !!

 

Vous êtes surs que c’est le bon moment de partir  ?

 

Izondi à la télé qu’avec tout c’qui passe dans le monde c’est pas raisonnable de sortir de chez soi !! 

Une chose est sure, ce n’est jamais le bon moment de partir.

Si l’on n’est pas totalement décidé, tous les prétextes sont bons pour ne rien entreprendre (ce qui vaut dans tous les domaines). Le petit dernier qui est trop petit, l’aîné qui est trop grand, la fonte de la banquise, le crépi de la façade de la maison à refaire … tout constitue  une excellente excuse.

Alors, sauf empêchements physique ou monétaire absolus de dernière seconde … Vamos !

 

 Oui, mais pour vous c’est facile ! 

 

Tu penses !!! Pour nous tout est facile ! C’est bien simple, il me suffit de claquer une fois dans les doigts pour que la maison se range toute seule. Si je claque une deuxième fois, c’est la poussière qui s’envole par la cheminée. J’ai besoin d’argent ? Aucun problème : j’ai planté un dollardier dans le jardin, je cueille quelques billets et hop ! Je veux une promotion universitaire ? Immédiatement mes pairs me promeuvent, j’ai même dû refuser un poste de premier ministre parce que je n’avais pas le temps. Et Jérôme, quant à lui, il fait encore plus fort. Il dirige tout par le regard. L’autre jour, il a visuellement donné l’ordre à un petit arbre de se déraciner, et bien,  ça n’a pas fait un pli : il a aussitôt pris ses racines à son cou et est parti se replanter tout seul au fond du jardin !! Il fallait voir la tête des voisins !

Oui, vraiment, nous formons un couple formidable pour qui tout est facile !! Allez ! Champagne et paillettes ! https://www.youtube.com/watch?v=MFOe5sGnQK0

Plus sérieusement, rien n’est simple. Ce projet tient plus de la quête héroïque que du long fleuve tranquille : à chaque étape il a fallu résoudre des énigmes, dépasser ses peurs, ses préjugés, ses attentes, développer de nouvelles compétences pour débloquer un nouveau « palier » (comme dans les jeux vidéos, mais en vrai !!) …

Le plus compliqué c’est que  nous n’avons pas attendu notre retraite pour voyager et montons un projet alors que notre vie active bat son plein. OK, pour Valérie, c’est moins dur car son statut lui permet de prendre un congé sans solde. Pour Jérôme, c’est beaucoup moins évident car il laisse une entreprise qui marche bien à la responsabilité d’une autre personne. Avec tous les risques que cela comporte et sans garanties. Pour Charles, c’est un voyage au long cours alors que les enfants sont casaniers dans l’âme.

 

Mais quand même, vous saccagez la nature avec vos 4×4, c’est pas du tout écolo !!

Rhoooo  j’adore cette remarque !!

Ami écolo, avant de critiquer les autres, es tu sûr et certain que ta vieille bagnole ne pollue pas plus que la notre qui est parfaitement entretenue  ? Sais-tu que nous ne parcourons guère plus de 5 à 6000 kms par an en 4×4 (forcément plus en Amérique du sud, je te l’accorde) ? Que nous ne sortons jamais des pistes afin de ne pas abimer la nature, que nous ramassons les poubelles que nombre de  promeneurs « écolos » n’ont pas envie de ramener dans leurs sacs et abandonnent en pleine nature (parce que c’est biodégradable !! Pour mémoire, le verre, le plastique et le fer ne le sont pas vraiment. Tant qu’aux morceaux de papiers toilette qui trainent partout, c’est juste immonde : tu as le droit de les ramasser ou de  les bruler une fois le boulot accompli !!)  ?  Sais-tu que pendant un an, notre  impact écologique sera bien en-deça du tien ? Car, oui,  nous allons consommer plus de carburant, mais aucune électricité et environ 100 litres d’eau tous les 2 ou 3 jours, pour 3 personnes. Qui dit mieux ?

 

 Vous n’avez pas peur ? 

 

Non, plus du tout depuis que nous avons jeté notre télé à la poubelle il y a de nombreuses années et que nous évitons de nous informer à partir des médias grands publics  :mrgreen: .  En plus, on évite de se focaliser sur le négatif en permanence, ça aide !! 

Néanmoins, sur place et en situation, il a pu arriver que nous ne soyons pas très à l’aise face à certaines situations concrètes, pour être tout à fait francs.

A l’étranger, il y a eu  deux occasions, dont une partagée avec Jérôme, où je ne me suis pas sentie très à l’aise:

– La première en Algérie en 2005 quand, à l’atterrissage du vol Marseille-Alger, je me suis rendue compte que l’avion était accueilli par de nombreux militaires armés jusqu’aux dents (mesure de sécurité, m’a-t-on glissé à l’oreille). Gloups ! Welcome ! Sans parler des risques de faux barrages policiers et de l’abandon sans eau ni nourriture une journée entière sur l’îlot de Tipaza :mrgreen: . Zehor … si tu me lis, je te remercie pour ces moments merveilleux !

Ilôt de Tipaza, enfin nourrie et rafraichie (!)

Ilôt de Tipaza, enfin nourrie et rafraichie (!)

 

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– La seconde dans la Libye de Kadhafi, en 2008, quand notre guide véreux et alcoolique a confisqué nos passeports pour nous faire chanter. 3 jours à Tripoli dans ces conditions, c’était long … Nathalie et Jean-Philippe, si vous me lisez, je suis contente que nous ne croupissions pas dans les geôles libyennes en votre compagnie 😉 !!

 

 

Pour le reste, rien à signaler, à part 2 réveils nocturnes musclés en France. Le premier c’était en novembre 2011, sur une plage du sud de la Corse, cachée loin de toute habitation, lorsque des braconniers roulant en quads nous ont réveillé vers 2h du matin pour nous chasser brutalement. Le second en novembre 2013, sur un parking proche de l’océan à Biarritz, où nous avons été bousculés un peu avant l’aube par des policiers qui pensaient que nous avions volé notre véhicule … Amis corses et amis basques, je vous salue ! 

Ok !! Mais quid des risques d’accidents ou de maladies ? On les connaît, ce sont des impondérables. Il y a quasiment les mêmes en France. Et puis, nous avons une assurance rapatriement dans le pire des cas (elle coute assez cher comme ça hi hi) !

 

Bon Ok ! Mais, vous n’avez pas peur que les autres vous regardent de travers ?

 

Oh ! Nous ne connaissons aucune langue de vipère, n’étant entourés que de merveilleuses et bienveillantes personnes !

Pour le reste, dans la mesure où nos projets ne sont délibérément orientés contre personne, qu’ils ne portent atteinte à quiconque, nous n’avons pas de raison de nous cacher ou de mentir sur notre année sabbatique. Si certains devaient se sentir offensés ou jaloux, cela relève  de leur propre responsabilité et non de la nôtre !

Alors, ami médisant, ami qui nous juge durement, ami jaloux, ami mal à l’aise avec ce blog, ami qui savonne la planche de notre retour en ricanant, ne t’inquiète pas pour nous. Inquiète toi pour toi !!  Désolés de te le dire un peu sèchement, mais tes réactions ne parlent que de tes propres limites. N’oublie pas que toi aussi tu peux t’autoriser à vivre tes passions (et lâcher la grappe aux autres) !

 

Et cette histoire de vivre 24h/24 h ensemble ? 

 

J’adore aussi cette question ! Je crois même que c’est ma préférée !

Ben en fait, je me suis mariée avec un homme que je déteste et qui, en retour, me le rend bien. Comme beaucoup de couples établis nous sommes devenus nos pires ennemis et persistons à vivre ensemble (genre « Un crime au Paradis »). Comme nous sommes en plus  totalement masochistes nous ambitionnons de passer un an enfermés dans un fourgon :mrgreen: .

 Pour de vrai, comme disent les enfants, on devrait y arriver ! D’abord parce que nous sommes rompus à l’exercice et que nous aimons passer du temps ensemble. Ensuite parce qu’avec Jérôme nous nous sommes soudés autour des voyages depuis que nous nous connaissons, l’un et l’autre aimant vivre à l’extérieur, découvrir de nouveaux endroits, rencontrer des gens … et passer le moins de temps possible à la maison !! Bien sûr, partir en voyage dans un véhicule aussi petit impose de trouver ses marques et les premières semaines sont toujours marquées par quelques belles engueulades ! Mais les tensions s’apaisent rapidement quand chacun a exprimé ses besoins et que l’autre les a compris. Il reste les mémorables colères de Charles qui manifeste parfois son stress de cette façon, ce qui est bien normal et excusable !

Sinon, pour ceux qui sont vraiment inquiets de partir en voyage en tête à tête avec leur moitié, voici un lien amusant : https://www.unsacsurledos.com/voyager-en-couple-du-reve-au-cauchemar-les-9-pieges/

Quid de la liberté ? 

 

Ah oui ! C’est le titre de notre blog ! Fuyons-nous quelque chose ? Pensons-nous trouver la liberté ailleurs plutôt qu’en France ? Pas du tout ! Nous croyons que la liberté est d’abord dans la tête de chacun. C’est parce que nous avons pu dépasser  un certain nombre de nos peurs, de nos attachements  et de nos limitations (tyrannie de l’ego professionnel,  besoin d’une maison  confortable, sécurité  uniquement fondée sur l’argent et le pouvoir, etc …), que nous avons pu monter ce projet. C’est donc parce que nous nous sommes libérés de beaucoup d’entraves inventées par nous seuls ou implicitement imposées par la société « pour être bien vus » que nous pouvons aller concrétiser cette liberté à l’occasion d’un voyage. Absolument pas l’inverse. Ce n’est pas le voyage qui nous rendra libres, c’est d’ores et déjà de nous être évadés de nos propres prisons mentales .

 

Au-moins, j’espère que votre parcours est tracé !!  Il ne faudrait pas rater quelque chose !

 

Nous nous sommes posés la question lors de la préparation de ce voyage. 

En fait, il y a deux solutions.

La plus commune consiste à se renseigner au maximum sur les pays, à définir les sites à ne pas rater, les routes à prendre. A utiliser Google Earth pour pré-visualiser, à vivre en symbiose avec « conseils aux voyageurs du ministère des affaires étrangères », pour anticiper toute galère, toute surprise bonne ou mauvaise.

Et puis, il y a la seconde façon de préparer : vérifier qu’il n’y a pas de zones de guerre, d’épidémies particulières et … partir sans savoir dans le détail où nous allons, ce que nous verrons. Bref, se laisser porter par le vent et accorder de l’attention au chemin plutôt qu’au but… Tous ceux qui sont partis longtemps savent bien qu’il est impossible de faire un planning détaillé et de parvenir à tout contrôler. Le penser est au contraire une source de stress extrême qui empêche de vivre au présent en condamnant le voyageur à courir après un hypothétique futur où « la météo sera plus clémente », « les gens plus sympas », « les sites plus merveilleux »…  

Au final, notre idée est donc plutôt de profiter de chaque étape du chemin en avançant à notre rythme. Nous laissons une vie de contraintes, ce n’est pas pour s’en créer de nouvelles en voyage ! Au final, nous ferons gardienner le véhicule là où nous en serons de notre périple, sans se mettre la pression d’achever un quelconque parcours prédéfini à l’avance.

 

Et si vous étiez déçus ? 

 

Il y a peu de risques que nous le soyons. Le simple fait d’avoir  su écouter nos envies profondes et d’avoir réussi à mettre en place ce projet pour les concrétiser est déjà  en soi une magnifique réussite. Grâce à ça, nous avons  déjà appris énormément sur nous-mêmes et découverts des compétences qu’on ne soupçonnait pas posséder !

Du coup, le voyage n’est qu’un plus, la cerise sur le gâteau ! S’il ne nous convient pas, tourne mal, nous lasse, nous rentrerons sans regrets, et cela d’autant plus que nous n’avons rien à nous prouver ou à prouver aux autres.

 

 Yapluka ! 

 

Absolument ! Le plus dur c’était de prendre LA décision. Tant que celle-ci n’est pas prise fermement, rien ne peut se faire, car on hésite, on peut encore reculer. Une fois que la décision est devenue définitive, tous les problèmes trouvent magiquement des solutions et le projet se concrétise ! Essayez vous aussi ! …