Nouveau-Mexique : Tucumcari, Las vegas, Fort Union, Raton

 

Un beau matin, nous nous sommes réveillés et … tout était beau autour de nous !

Les montagnes, encore engoncées dans leur manteau hivernal, scintillaient au soleil. Les oiseaux piaillaient dans un concert joyeux, les chiens de prairies jouaient à cache-cache devant leurs terriers, les biches et les wapitis profitaient des premiers beaux jours pour gambader dans les prairies …

Enfin un peu de gaieté autour de nous !

 

 

 

Mais pour en arriver là, amigos, on en a bouffé de la laideur, du désert et de l’abandon ! Avant d’en venir aux beautés du Colorado dans l’article suivant, je vous invite d’abord à faire un tour avec nous dans l’Amérique déclassée du Nouveau-Mexique. Non par voyeurisme, mais juste pour ne pas oublier que la première puissance mondiale génère beaucoup de misère dans ses villes, mais également dans nombre de ses territoires ruraux qui semblent totalement oubliés des « premiers de cordée » américains. 

 

 

 

 

Tucumcari

 

Le Nouveau-Mexique (du centre nord et centre sud) nous avait bluffés par sa beauté et ses villes si typiques en faux adobe, quand nous y étions passés en octobre 2022 (ici).

 

Cette fois-ci, nous y entrons par son côté est, celui prolongeant géographiquement les Panhandles plaines du Texas. Il nous surprendra, lui aussi, mais très différemment de la première fois !

 

Les plaines déjà peu avenantes au Texas sont ici désertiques. Nous sommes au printemps et la sécheresse n’a jamais pris fin.

 

 

 

La première ville digne de ce nom que nous rejoignons est Tucumcari. Hugues Aufray l’a célébrée en son temps et des westerns y ont été tournés.

 

 

 

 

Où sont ses 5 000 habitants ? Pas dans la rue principale (ex-route 66): on pourrait s’allonger au sol sans risquer de se faire écraser … Elle est déserte en cette saison…

 

 

 

Au centre-ville ? A part quelques fresques murales bien réalisées, nous ne croisons personne non plus.

 

 

Encore une fois, les boutiques sont fermées. Sauf le salon pour fumer du cannabis et le visitor center qui m’assure que Tucumcari est une ville pleine de vie. Sûrement … mais elle est bien cachée en ce début de mois de mai ….

 

 

En réalité, ici, 25 % de ceux qui sont restés vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Une ambiance fin du monde règne et seuls quelques vieux rocking-chairs sur des perrons en bois délabrés se balancent encore au vent. Je salue un fantôme, trop content de voir des âmes qui vivent !

 

 

On n’est pas trouillards, mais une nuit dans ce charmant bled suffira. 

 

Las Vegas 

 

On met le cap sur Las Vegas ! Si le nom paraît attirant, quelque chose nous dit que nous ne devrions pas nous réjouir trop vite car, en espagnol, « las vegas » ne signifie rien d’autre que « les plaines » (encore ….!). On espère néanmoins que la petite ville s’inspirera ne serait-ce qu’un peu de son homonyme du Nevada !

 

Comment vous dire ?! Si Las Vegas du NM a connu une ère de folie, c’était il y a longtemps car en 2023, il ne reste guère que sa jolie place principale pour en témoigner. Les humains ? Nous en croisons deux en centre-ville historique ! Très sympathiques au demeurant et étonnés de croiser des français « de France » et non des « french » canadiens.

 

 

 

Mais où sont les gens dans ces bleds du Nouveau-Mexique ???!!!

 

Coup de bol monstrueux, c’est en nous rendant au Walmart que nous nous rendons compte que toute la ville est là ! Comme c’est le seul de la région, c’est THE PLACE TO BE ! Allez ! On va prendre un petit bain de foule au rayon viande hachée, ça nous remontera le moral (on ne peut plus compter sur l’alcool, on a décidé de faire un long break suite à notre séjour en France hihi) ! Mais plus exactement, c’est le parking qui est le LE lieu de rencontre ! Chacun vient y exposer sa caisse et la faire rugir pour épater la galerie ! Plus typique, tu meurs !

 

 

 

 

En plus, pour une fois, on n’a pas l’air de ploucs ! Plein de gens nous abordent pour savoir si on ne vend pas notre van de surfeurs ! La classe au milieu des « fast and furious » hihi

 

Le lendemain dimanche, avant de poursuivre notre route, nous partons faire trempette dans une source d’eau chaude en pleine nature. Un peu de réconfort thermal à quelques encablures de Las Vegas !

 

 

Puis, nous poursuivons en direction du nord, espérant que l’ambiance locale redeviendra enfin franchement joyeuse.

 

Fort Union National Monument

 

Nous stoppons dans un monument national américain, Fort Union. Un endroit stratégique au croisement du chemin commercial historique de Santa Fé, des camps indiens (de l’époque) et du Colorado, où les pionniers du 19ème siècle avaient établi une base militaire.

 

 

Le moins que l’on puisse dire c’est … qu’il n’en reste rien ! Il faut croire que les bâtiments en ruine sont une tradition locale qui se prolonge même dans les monuments historiques…

 

 

Et encore une fois c’est désert et il faut bien toutes les explications du guide en papier et beaucoup d’imagination pour se figurer une garnison dans ces lieux !

 

 

Seule la prison, construite en pierres, est intacte !

 

 

 

Bien que le site soit superbe, dans une plaine jaunie et désolée, au bord d’une chaîne de montagnes enneigées, Jérôme et Carlito sont à 2 doigts de se pendre au mat du drapeau : ils n’en peuvent plus de toute cette désolation que nous traversons depuis 15 jours. Heureusement, j’ai plus d’un tour dans mon sac ! Pour les remotiver, je leur fais miroiter notre future soirée à Raton ! Les guides sont unanimes : c’est une petite ville formidable !

 

Raton 

 

Les plaines succèdent aux plaines et nous y parvenons en milieu d’aprem.

 

 

 

L’ambiance y est dingue ! Ou plutôt a dû y être dingue avant 1992 (certains disent 1950). Depuis, les mines (seul pôle économique de la ville) ont fermé et encore une fois la majorité de ses habitants sont partis (histoire sans fin …). Il en reste quelques-uns dans des taudis à l’entrée de la bourgade et d’autres, un peu plus riches, à l’exact opposé géographique.

 

 

La ville de Raton : 

 

 

Qu’il est agréable de se balader au milieu de vieilles bagnoles rouillées et de boutiques fermées ! Même pas une souris dans les parages … le comble pour une ville appelée Raton !

 

 

Il reste la voie ferrée et sa gare (anciennes gloires locales) et … un très vieux bazar fondé en 1913. Quand ferma-t-il ses portes ? Même ses habitants ne s’en souviennent plus. Ses vitrines encore pleines de mannequins délabrés et habillés comme dans les années 1950, ses locaux puant la moisissure à travers les vitres, semblent nous dire que tout est à l’abandon depuis plus d’un demi-siècle. Il ne reste que la façade, tel un décor de théâtre illusoire.

 

 

 

 

Notre moral est à l’unisson des lieux. Les biches ont pris possession du centre-ville, tandis que quelques maisons relativement pimpantes sont encore habitées non loin de la piscine municipale, seul lieu de vie que nous soyons en mesure d’identifier ce soir-là. Elle nous offrira une douche chaude contre quelques dollars.

 

 

 

Mais à ce moment du périple, une question familiale se pose : que fait-on là ? Nous qui adorons rencontrer du monde et partager des moments avec les locaux, c’est ici chose impossible. Voilà 15 jours que nous sommes de retour aux USA et tous les endroits traversés sont angoissants. Il nous en faudrait peu pour que nous renoncions à continuer à y voyager. Quand soudain .… !

 

(à suivre)