Cartes postales automnales du Colorado (région de Grand Junction)

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L’Utah du Nord et ses incroyables paysages n’était pour nous qu’une parenthèse dans le voyage au Colorado. De celui-ci, je n’attendais rien, aussi n’avais-je aucune possibilité d’être déçue. C’est Carlito qui, pendant tout le mois d’août, avec patience et précision, avait élaboré le parcours. Et il s’est débrouillé comme un chef, je dois bien le reconnaître.

 

Nous nous lançons à la découverte de la région de Grand Junction (centre ouest du Colorado) et nous avons tous été absolument conquis.  Une vraie claque esthétique aux couleurs automnales.

 

A tel point que je suis peu à peu entrain de me réconcilier avec un pays avec lequel je n’avais jamais eu d’affinités particulières jusqu’à ce séjour (nous nous sommes fait une raison quant à la gastronomie locale et quant aux moeurs sociétales pas toujours géniales et souvent hypocrites à souhait …)

 

Colorado National Monument

 

 

Au nord de Grand Junction, à Fruita, se trouve un parc national moins connu que ses voisins de l’Utah : Colorado national Monument. Idéalement, il faudrait le découvrir avant eux car, si la géologie du site – avec ses roches rouges – est la même que de l’autre côté de la montagne, l’ensemble est malgré tout moins spectaculaire qu’à Arches ou Canyonland.

 

 

Le plateau d’Uncompahgre observé depuis le parc

 

 

Peu importe. Nous nous y dirigeons en fin d’après-midi pour admirer ses curiosités au coucher du soleil. Culminant à plus de 600 mètres au dessus du plateau d’Uncompahgre, il offre une vue bien dégagée sur celui-ci, vignobles et vergers inclus.

 

 

 

Et la magie opère encore une fois …

 

 

Nous observons même des mouflons, enfin des big horns

 

 

 

 

Surtout, nous apprécions la faible affluence touristique qui nous permet de profiter du parc comme si c’était le nôtre !

 

 

 

 

Grand Junction la charmante inattendue

 

Nous n’avions jamais entendu parler de Grand Junction, petite capitale provinciale de 60 000 habitants située à la confluence du Colorado et du Gunnison, au pied du Colorado national Monument, sur le plateau d’Uncompahgre.

 

 

 

 

On aurait même pu passer complètement à côté, si le GPS piloté par Carlito ne nous avait pas conduit malgré nous dans son petit centre-ville rempli de jolies boutiques et d’antiquaires.

 

 

 

Nous y arrivons en fin d’après-midi et, surprise, il n’y a presque plus personne dans les rues. Nouvelle surprise : la plupart des commerces ferment à 17h et nous n’avons que peu de temps pour nous jeter à l’intérieur d’une épicerie fine et en ressortir armés pour la soirée.

 

La rue principale étant absolument charmante, nous décidons d’y flâner, à l’ombre de ses nombreux arbres. Cerise sur le gâteau, la ville propose un programme culturel de statues en plein air, « art on the corner », qui incite à y passer du temps.

 

 

 

Ici, la fin de l’été s’étire paresseusement en ce début de mois d’octobre…

 

 

 

 

C’est un moment charmant que nous passons, dans une petite ville très pimpante.

 

Grand Mesa, la table qui prend de la hauteur

 

Le lendemain, nous reprenons la route en direction de « Grand mesa », une gigantesque « montagne plate » que l’on peut traverser pour se rendre à Cedaredge. C’est en fait la plus vaste « Mesa » du monde avec ses 1300 km² de superficie.

 

Comme elle n’est pas vraiment mentionnée sur les guides touristiques, nous nous fions uniquement à notre carte du Colorado qui indique que la route qui la parcourt est « scenic ».

 

De fait, nous nous retrouvons dans un décor automnal éblouissant. La montagne disparaît sous l’or des feuilles des arbres caducs.

 

 

Plus nous nous élevons, plus la vue sur le plateau d’Uncompaghre devient incroyable, portant à des centaines de kms. Il faut dire que la Mesa est à 1500 mètres d’altitude, culminant à 3 425 mètres au plus haut : de quoi offrir un beau belvédère !

 

 

 

De petits lacs reflètent les montagnes.

 

 

Je ne pensais pas le Colorado aussi esthétique.

 

Carlito a même trouvé de la neige, à sa plus grande joie.

 

 

 

En fin d’aprem, nous atterrissons (c’est presque le cas de le dire, vue la descente effectuée depuis le sommet de la « mesa ») à Cedaredge, petite bourgade « historique » du coin (comprenez, ville d’une centaine d’années hihi).

 

 

 

 

Si les paysages observés nous ont jusque-là éblouis, il manque néanmoins dans notre séjour un aspect fondamental : les rencontres avec « des gens du pays ». Nous sommes tellement habitués aux latinos et à leur convivialité que nous sommes ici clairement en manque de chaleur humaine. Non pas que les américains rencontrés furtivement de-ci de-là aient été désagréables avec nous, loin s’en faut, mais on sent bien que les mœurs « occidentales » créent un fossé qui empêche souvent d’aller au-delà du « bonjour / bonsoir ».

 

 

Parfois, même, t’as pas envie de pincer les fesses de ton interlocuteur, aussi sympathique soit-il par ailleurs

 

 

C’est à la bibliothèque de Cedaredge que nous faisons cette rencontre tant attendue et totalement insolite. Un monsieur (qui souhaite garder l’anonymat mais qui se reconnaîtra), américain, m’aborde dans un français parfait et sans accent. En général, quand les gens viennent nous parler, c’est pour savoir d’où nous venons et quel voyage nous faisons. Mais, en l’occurrence, mon interlocuteur s’en moque. Il veut juste savoir si … je m’y connais en chansons françaises des années 1960 hihi. Tu penses ! Juste moi dont la culture s’arrête à Françoise Hardy dans son meilleur tour de Caliméro déplorant de n’aller main dans la main avec personne… Lui, en revanche, est intarissable. Il nous invite à revenir le lendemain à 11 heures pour nous montrer sa collection de 45 tours… Why not ? Je mourrai moins bête …

 

En plus, le lendemain, à Cedaredge, c’est le jour de la marmotte. Euh non, la fête de la pomme. 

 

 

 

 

De fait, le lendemain samedi, notre fan des sixties nous attend avec une montagne de 45 tours tous plus démodés les uns que les autres. Il possède des singles de chanteurs et chanteuses françaises dont nul n’a jamais entendu parler depuis 1963… Un truc de fou ! Il nous gratifie d’ailleurs de quelques CD qu’il a gravés en notre honneur avec tous ses meilleurs titres. Por Dios ! C’est sûrement la personne la plus pointue au monde en la matière !

 

 

Des amies de Françoise …

 

Nous filons ensuite à la fête de la pomme, abandonnant quelques instants Françoise Hardy à son triste sort. Un orchestre joue de la bonne musique américaine, tandis que les pommes cultivées localement se vendent à 5 dollars le kilo. On ne se mouche pas du coude dans la région. Comme Françoise a les mains vides et ne sait pas ce que c’est d’être heureuse, nous lui achetons quand même quelques kilos de fruits, histoire de la consoler.

 

En chemin, nous croisons une vespa et quelques bagnoles vintage qui auraient pu lui appartenir à l’époque …

 

 

 

La bouffe américaine ne nous épatant pas, c’est le ventre vide et les bras chargés de pommes que nous reprenons la route en direction de Somerset pour rejoindre nos amis Cathy et Philippe. Nous disons au revoir à notre fan des sixties, une bien sympathique rencontre qui se poursuivra de façon épistolaire (et musicale)… Françoise , qui a retrouvé le moral, pousse la chansonnette dans l’auto-radio. Tout est pour le mieux.

 

 

Arrête de chialer Françoise ! Tu ne voulais quand même pas manger ça ?!

 

 

Nous bivouaquons au bord d’une rivière, éclairés par un petit feu qui ne réussira ni à vaincre l’humidité glaciale, ni à faire fuir les animaux sauvages. Au matin, nous constatons qu’un cougar a laissé sa trace à proximité des véhicules. Dommage, nous ne l’avons pas aperçu …

 

 

 

 

En route pour Crested Butte !

 

 

Au matin, avec les amigos, nous prenons la piste qui monte en direction de Crested Butte, petit village typique de pionniers et désormais station de ski huppée du Colorado.

 

 

 

Les paysages sont encore une fois superbes.

 

Qu’il s’agisse des forêts …

 

 

… ou des lacs de montagnes …

 

 

 

Après le déjeuner, nos routes se séparent avec Cathy et Philippe puisqu’ils doivent retourner le lendemain à Denver.

 

Quand nous arrivons à Crested Butte, le ciel s’assombrit dangereusement.

 

 

 

Nous décidons néanmoins de faire un tour à pied dans le pueblo.

 

 

Avec ses barraques en bois « de l’époque » (donc fin 19ème, début 20ème mas o menos), on se croirait revenu à l’époque des chercheurs d’or. C’est très mignon.

 

 

Si les filons de matières précieuses sont épuisés depuis belle lurette, les descendants des premiers habitants ont su très bien rebondir. C’est ainsi que la moindre bicoque en bois se vend au minimum un million de dollars. Les pionniers seraient sûrement ravis d’apprendre que le prix de leurs taudis, en moins d’un siècle, a été multiplié par un chiffre à six zéro … Plus rentable que l’or, le vieux bois pourri …

 

 

C’est la moins chère que nous ayons trouvée : s’il y a des amateurs, dépêchez-vous !

 

 

Carlito aurait voulu passer 5 jours à Crested Butte, mais la légendaire hospitalité de l’ouest fait ici défaut. Les RV ne sont pas du tout les bienvenus, les riches ayant horreur que des ploucs viennent camper sous leurs fenêtres. Je les comprends. A 10 millions de dollars le 3 pièces/cuisine, on peut exiger que les gueux soient bannis hihi.

 

La neige commençant à tomber sur les montagnes environnantes, nous filons plus bas en altitude dans la petite ville de Gunnison où l’on se contente de mépriser les camping-caristes sans pour autant leur tirer dessus sans sommation.

 

 

 

 

Black canyon, le canyon qui donne le vertige !

 

Nous achevons notre tour de la région de Grand Junction par une étape vertigineuse : Black Canyon of the Gunnison.

 

Depuis la ville de Gunnison, nous traversons toute l’immense zone de Curecanti National Recreation Area qui, normalement, est composée de nombreux lacs. Tristement, la sécheresse qui sévit au Colorado et tarit son fleuve principal fait ici aussi des ravages. Il ne reste presque plus de lacs…

 

 

J’immortalise l’un des derniers

 

En arrivant dans le secteur, nous avons une pensée émue pour les pionniers qui essayaient de conquérir l’ouest. Après des milliers de kms de plaines arides, suivies par des montagnes hostiles, l’arrivée au bord de ce canyon long de 73 kms et incroyablement profond a dû sonner comme un coup de grâce.

 

 

 

 

Le nom de « Black Canyon » serait dû au fait que sa profondeur et son étroitesse ne laissent que peu de chance à la lumière du soleil d’éclairer ses parties les plus basses. Certaines ne recevraient même qu’une trentaine de minutes d’ensoleillement quotidien.  D’où le terme de « canyon noir » car obscur.

 

 

 

Par chance, le parc offre de multiples points de vue sur le canyon. Mais, quand tu souffres du vertige, c’est presque un cauchemar de s’approcher du vide. Même bien en sécurité.

 

 

Il offre aussi la possibilité de réaliser quelques jolies marches, dont celle située à l’extrémité du parc.

 

 

 

C’est ainsi que nous achevons notre boucle dans le centre ouest du Colorado. Définitivement, de formidables souvenirs esthétiques !

3 pensées sur “Cartes postales automnales du Colorado (région de Grand Junction)

  • 21 octobre 2022 à 12 h 04 min
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    Quel plaisir de vous lire et d’avoir de vos nouvelles. Ta prose est toujours un délice. Les couleurs sont splendides!

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