La Colombie, le conarovirus et nous : le désastre du mois d’août … (5)

Pour les épisodes précédents, voir ici :

 

N.B. : je précise que les observations faites dans tous mes articles ne valent que pour Guatapé. Je suis incapable de témoigner sur autre chose que ce que je vois puisque nous sommes enfermés dans le village depuis le 20 mars. Les choses sont sûrement différentes ailleurs  … En outre, il s’agit d’un ressenti subjectif qui ne vaut pas vérité universelle.

 

Résumé : après des semaines de confinement strict, c’est désormais la débandade totale en Colombie. La grande déroute, le n’importe quoi absolu. Comme tout le monde ici, nous avons souffert de la désorganisation  du pays, ne serait-ce que moralement, ces derniers mois. Mais cette fois nous sommes projetés dans une dimension qui n’existe pas en Europe (même si en la matière, le vieux continent n’est pas une référence, vous le savez mieux que moi). Un truc de fous. Parfois j’en ris à m’en étrangler, parfois j’en pleure pour ceux qui en souffrent plus que nous. Et ils sont très nombreux.

En route pour la planète Colombie et son 5ème mois de confinement !

Et pardon à mes amis colombiens si je ne suis pas tendre, mais qui aime bien … s’étonne de tout !

 

EPISODE 15

EN ROUTE POUR UNE CONTAMINATION MASSIVE !

 

 

19 juillet :  Comme je l’avais expliqué dans mon article du mois dernier, le maire de Medellin (que je trouvais jusqu’alors pertinent et plutôt bon) a eu l’idée formidable d’instaurer chaque semaine de la pandémie un WE de confinement absolu pour tous les habitants de sa ville, ce qui offre aux plus riches et moins scrupuleux la possibilité  de systématiquement s’échapper pour un WE férié de 3 ou 4 jours dans les campagnes avoisinantes. Il y a bien de strictes interdictions de circuler, des barrages de police un peu partout, mais quelques billets de 50 000 pesos glissés adroitement dans des mains avides règlent cette difficulté. En Colombie, les règles de droit sont parfois  solubles dans l’argent liquide.

En ce 19 juillet, le contraste entre les images de Medellin confinée totalement pour 4 jours et ce qui se passe dans les campagnes environnantes est donc absolument sidérant et inquiétant. 

 

 

Dans le même temps, en plein pic de l’épidémie, la localité voisine de Guatapé organise une procession géante  pour célébrer la Sainte Vierge : des dizaines de personnes seulement protégées du conarovirus par la foi acclament  leur star préférée. No comment.

 

 

 

Parallèlement, à Guatapé, avec la bénédiction de la mairie et de la police, des centaines de touristes medellinois continuent illégalement à venir faire chez nous ce qu’ils n’avaient pas le droit de faire chez eux . Partout sur les réseaux sociaux les villageois hurlent au scandale de les voir se comporter sans aucun respect des normes sanitaires pendant que notre droit de sortie a de nouveau été considérablement restreint, que le nombre de contaminations a explosé dans le pueblo et que beaucoup de ses habitants sont sans ressources faute d’être autorisées à travailler. Dans le même temps, les autorités nous inondent de messages culpabilisant nous enjoignant de porter nos masques correctement, de ne pas sortir en dehors de nos jours de pico y cedula et de respecter la distanciation sociale. No comment, bis.

 

 

Foutage de gueule institutionnel

 

 

 20 juillet : fête nationale colombienne. Le Président de la République, sans aucune visibilité ni certitude scientifique, nous annonce que la Colombie se débattra  avec le conarovirus  pendant encore une année. Résultat immédiat improbable :  apparition d’un OVNI pendant la parade aérienne. Mouaf ! mouaf ! C’est plus moderne que la Sainte Vierge à Guatapé !!! Résultat second prévisible : beaucoup d’investisseurs étrangers découragés commencent à émettre l’idée de se barrer du pays. Encore une fois, bien joué les gars de la comm’ présidentielle :mrgreen: !!! 

 

 

 

 

22 juillet : Nous n’avons pas d’OVNI à filmer à Guatapé ?! Qu’à cela ne tienne ! La vidéo d’une conseillère municipale participant à une grosse bringue avec ses amis pendant le WE férié, sans aucune précaution sanitaire, devient virale. Il faut dire que l’orgie contraste un peu avec les exigences imposées aux villageois. Double scandale, un fonctionnaire est aussi mis en cause pour avoir organisé une partie fine avec des prostituées ce même WE à Guatapé. Dommage, on n’a pas la vidéo hihi

 

24 juillet : le maire est sorti de sa quarantaine. Il dément avoir attrapé le coronavirus, mais le conarovirus a définitivement altéré ses fonctions cérébrales. Il nous annonce que le village qui était encore « libre de covid » il y a 15 jours, compte désormais 12 cas. Sans aucune honte, plutôt que de condamner publiquement sa conseillère municipale et son fonctionnaire libidineux, plutôt que d’annoncer une re-fermeture des frontières du village aux  medellinois qui enfreignent la loi, il demande aux villageois de se la boucler, de faire cohésion contre le virus et rejette sur nous, habitants, la faute de l’accélération des cas de contagion dans le pueblo ! Nous tenons le successeur de Kim Jong 2 ! 

 

26 juillet : comme toujours le « pico y cedula » régissant nos droits de sortie de la semaine est publié le dimanche soir à la dernière minute. Ce ne serait pas grave si l’ordre des numéros restait toujours le même, ce qui permettrait de s’organiser à l’avance. Mais, comme je l’avais déjà dit, il change aléatoirement chaque semaine, sans aucun logique. Ainsi, les « 0 et 1 » ont eu droit à 2 jours de sortie dans la semaine venant de s’écouler et ont de nouveau l’autorisation de faire leurs courses le lundi, tandis que les « 6 » comme moi n’ont pu sortir qu’une fois et doivent encore attendre  jusqu’au jeudi suivant  pour aller se ravitailler. La désorganisation est totale et règne en maître. C’est FASCINANT ! FASCINANT ! FASCINANT ! Pfff !  C’est pas un vaccin contre le Covid qui va les sauver, je vous le dis !  Comment les gens peuvent-ils respecter des mesures qui n’ont aucune logique ? Même en voulant  jouer le jeu, on ne va pas rester 10 jours sans faire de courses. Donc, je sais très bien que demain je serai obligée de tricher pour me rendre dans les boutiques. Et comment relancer une économie avec tant de désorganisation ??? C’est aberrant ….

 

 

 

 

 

EPISODE 16

LE FLEAU DU CONAROVIRUS EN MARCHE ! 

 

 

Lundi 27 juillet : le maire de Guatapé annonce 20 cas de conarovirus dans le village. L’ouverture complaisante et inutile  des frontières du pueblo aux visiteurs extérieurs semble porter ses fruits au-delà de toute espérance ! Je me demande s’il y a désormais une chance pour que nous échappions à la contamination. Comme l’écrit une habitante du village sur FB : « Que la sangre de Jesus Cristo nos cubre para salvarnos ! ». Je ne connaissais pas cette délicieuse expression, signifiant  « que le sang de Jésus Christ se répande sur nous pour nous sauver » .  Mais comme tous les autres lui ont répondu « amen », alors je ne fais pas la maligne en écrivant « beurk » à côté du commentaire hihi. 

 

Un nouveau fléau apparaît dans le village que nous n’avions pas connu jusqu’alors : le racisme anti-malades et les actes malveillants à leur égard. C’est quelque chose dont tout le monde a entendu parler ou que certains ont malheureusement expérimenté en France ou ailleurs, mais c’est nouveau à Guatapé. Phénomène scientifique intéressant pour qui voudra l’étudier : la connerie est encore plus contagieuse que le conarovirus ! La mairie se fend donc d’un communiqué : 

 

 

 

 

Mardi 28 juillet : j’ai quand même un gros doute sur la fiabilité des tests pratiqués. Sur 20 personnes positives dans le village, 13 sont dites « asymptomatiques » et donc sans aucun symptôme. Je trouve que ça fait beaucoup 😕 Si ça se trouve, ils testeraient une bandeja paisa ou un ver de terre et les résultats seraient quand même positifs…..  

 

Mercredi 29 juillet : le Président – hélas sans ses marionnettes en carton qui nous avaient tant fait rire le mois dernier – prolonge pour la 8ème fois depuis le 20 mars l’isolement préventif obligatoire. Jusqu’au 1er septembre. C’est un cauchemar dont nous ne sortirons plus. Nous nous dirigeons désormais vers 5 mois et demi de confinement. Est-ce que vous imagineriez ça en France ? Quand je vois certains français hurler après le port obligatoire du masque dans les espaces publics, ça me fait doucement rigoler (ou m’inquiéter pour la santé mentale de ceux qui dénonçaient la pénurie en avril pour ensuite affirmer qu’ils n’en veulent pas) ! On vit dans un monde de dingues, ici comme ailleurs !

 

 

Les français, ça ne vous rappelle rien ?!

 

 

Jeudi 30 juillet : à propos de folie ambiante, certains colombiens en sont désormais sûrs et certains : l’Apocalypse a officiellement débuté. Après l’apparition de la soucoupe volante dans le ciel de Bogota, c’est Manizales cette fois-ci qui se retrouve témoin de très étranges bruits dans le ciel de toute la ville. Ecoutez plutôt ! C’est vrai que ça fait flipper !

 

 

 

 

Vendredi 31 juillet : Double bonne nouvelle !  L’Apocalypse n’aura finalement pas lieu ! Les bruits entendus dans le ciel auraient une explication scientifique ! Et, en plus, la police de Copacabana dans la banlieue de Medellin a capturé le conarovirus (video géniale  ici) ! Il se balade fièrement dans la bagnole des flics avant d’aller finir sa vie dans une sordide prison. Nous sommes sauvés !!! 

 

 

 

Capturaron al Covid !

 

Por Dios ! Ce pays est décidément totalement loufoque hihi ! C’est au moins le bon côté des choses !

 

 

EPISODE 17

UNE AFFAIRE  EN CHASSE UNE AUTRE

 

 

Lundi 3 août : le maire de Guatapé prend désormais grand soin de ne plus communiquer. Il se contente de balancer sur le FB de la mairie une espèce de bulletin comptabilisant le nombre de coronavirussés dans le village. Or, celui-ci ne cesse d’augmenter. En 3 semaines, nous sommes passés de 0 à 39 cas. Donc le bilan est le suivant : le maire a strictement enfermé tout le monde et brisé l’économie locale quand le village n’était pas contaminé. Et maintenant que nous sommes au pic de la pandémie, il laisse les visiteurs venir se balader dans le village histoire de bien nous apporter le virus … sans pour autant laisser  les commerçants, hôtels et restaurateurs fonctionner officiellement (pour être honnête, ça, c’est plutôt la faute du Gouvernement). Double peine donc : contaminés mais sans aucune reprise économique.

 

 

 

Mardi 4 août : miracle, ô miracle ! Les lois s’appliqueraient même aux puissants dans ce pays ?! L’ancien et très controversé président de la République Uribe est assigné à résidence par la Cour Suprême dans une « petite affaire » de subordination de témoins, arbrisseau cachant la forêt de toutes les potentielles nombreuses affaires criminelles dont il pourrait être inculpé. Déclaration de l’intéressé :  « Etre privé de ma liberté m’attriste profondément pour mon épouse, pour ma famille et pour les Colombiens qui croient encore que j’ai fait quelque chose de bien pour la patrie ». Je n’entrerai pas sur le terrain du débat politique, mais je rappelle incidemment au monsieur que pour des raisons sanitaires toutes les personnes vivant sur le sol colombien sont privées de leur liberté depuis le 20 mars. Supuestamente, en tout cas. Il ne devait pas être au courant …

 

Mercredi 5 août : miracle, ô miracle bis ! Les médias ne parlent plus du tout du conarovirus que l’affaire Uribe semble avoir éradiqué dans la nuit. On tient l’antidote !!!

 

 

Vaccin colombien jurant de dire toute la vérité

 

 

Jeudi 6 août :  tous ces blarfs qui manifestent dans les rues pour soutenir ou s’opposer au jugement de la Cour Suprême vont bien réussir à nous offrir un petit rebond de pandémie… S’ils mettaient le même zèle à revendiquer contre l’injustice sociale, la méconnaissance de leurs droits fondamentaux ou la corruption, le pays serait sauvé ! Mais non ! La majorité des colombiens s’en fout de ces conneries … ce sont des broutilles sans aucune importance :mrgreen: . On dirait qu’il n’y a que 3 sujets qui puissent les sortir de leurs apathie et passivité généralisées : le foot, la Sainte Vierge et … Uribe ! C’est cocasse quand même  :mrgreen: !

 

 

 

 

Vendredi 7 août : des files de bagnoles continuent à bloquer la circulation dans les villes en soutient à Uribe. Qui sait si ce ne sont pas les mêmes qui sont ensuite venus envahir notre pueblo en pleine-quarantaine-seulement-obligatoire-pour-les-pauvres ?  En tout cas, ce soir-là, alors qu’un strict confinement a encore été décrété pour 3 jours à Medellin, nombreux sont ses habitants qui envahissent une nouvelle fois le village. Comme en temps normal, il y a 5 kms de bouchons à l’entrée. Et la police laisse entrer tout ce beau monde en dépit des strictes interdictions de circuler pour tous ceux qui n’entrent pas dans les exceptions. Bref, comme tous les WE depuis 2 mois, c’est « Covid party » à Guatapé. Et tant pis si les habitants gueulent et tombent malade.

 

 

 

Dimanche 9 août : le dimanche est devenu mon jour fixe d’hilarité hebdomadaire. J’attends avec impatience le « pico y cedula » de la semaine, qui ne me déçoit jamais. Bingo !!! Je peux commencer à hurler de rire : après les numéros « 6 » et « 7 » autorisés à sortir le dimanche devaient logiquement suivre les « 8 » et « 9 » pour le lundi. Mais l’idiot du village en a décidé autrement, privant de fait Jérôme qui est un « 8 » de toute sortie pour 10 jours. La preuve en images ! C’est tellement con que j’en reste médusée à chaque fois :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: 

 

 

A priori je ne suis pas la seule à chercher à comprendre le pico y cedula ^^

 

 

EPISODE 18

LE TEMPS DES CONSTATS AMERS

 

 

Lundi 10 août : on ne parle plus d’Uribe. Ou presque. En tout cas, pas chez nous. Chez nous, on se contente d’observer un pays « lost in traslation« . La quarantaine imposée en mars était sensée permettre au système de santé de se mettre en ordre de combat pour faire face au virus (vous connaissez la rengaine, c’était la même en France). Soit. 5 mois (5 mois !!!) plus tard nous sommes toujours enfermés. De deux choses l’une : soit cela signifie que ledit système de santé ne peut toujours pas faire face, ce qui pourrait bien être le cas quand on voit le nombre de morts augmenter de façon inquiétante (à supposer qu’il soit réel), soit c’est une facilité pour les autorités qui ont la flemme d’imaginer une autre solution. Dans tous les cas, c’est absolument contre-productif. D’abord car le système de santé qui fonctionne à l’américaine reste avant tout une grosse machine à faire du cash avant d’être au service de ceux qui en auraient besoin (d’ailleurs, les hommes politiques qui en détournent illégalement chaque année plus d’un milliard de pesos l’ont bien compris). Brisé car pillé, ce ne sont pas 5 mois de délai qui lui permettront de se remettre à flot afin de venir au secours des malades. A ce compte là, c’est 15 ans d’enfermement que le Gouvernement doit imposer. Mais, et c’est le second problème, enfermer les gens parce qu’on ne peut pas les soigner, parce qu’on a pillé le système de santé (vous avez compris), c’est entraîner une crise économique sans précédent. Enfin, pour les pauvres. Car malheureusement, beaucoup des riches qui dirigent continueront à se servir dans les caisses. Mais quand même … si tout le pays plonge, il y aura moins de fric pour tout le monde … Alors … que faire …. ?

 

 

To be or not to be ???

 

 

Mardi 11 août : on sent que les autorités ne savent plus comment sortir de ce merdier (appelons un chat, un chat, même si ce n’est pas très élégant). Dans ce pays, l’Etat au sens français du terme n’existe pas (et n’a jamais existé) et s’est montré faussement fort en début de pandémie, avant de déléguer tous ses pouvoirs aux autorités locales pour mieux s’en laver les mains maintenant (quand il ne l’a pas implicitement fait à des bandes armées de paramilitaires ou de narcos comme dans le nord-est ou le sud-ouest du pays où ce sont ces bandes qui font désormais respecter la quarantaine à leur façon). Dans ce pays,  les autorités locales, plus ou moins compétentes, plus ou moins corrompues, font désormais ce qu’elles veulent  peuvent. L’atomisation des institutions est totale et, dans chaque municipalité, on navigue à vue. Sans aucune logique intrinsèque et sans coordination avec les communes voisines. Tout est improvisé et sans cohérence d’ensemble. L’organisation est un concept vide de sens, tandis que la désorganisation fait pleinement partie du folklore colombien. Les maires mentent comme des arracheurs de dents sur tous les sujets et n’ont même pas la dignité d’avouer qu’ils prennent leurs administrés pour des imbéciles. Alors que ces derniers s’en rendent parfaitement compte, puisqu’ils constatent les mensonges de leurs propres yeux et en temps réel.

 

 

 

 

Mercredi 12 août : la société est également atomisée… Il y à ceux qui peuvent payer et les autres. Pour les premiers, la quarantaine et ses contraintes n’ont jamais existé (ou alors comme une discipline personnelle et volontaire pour les plus consciencieux ou apeurés). Une bonne partie de cette frange de la population a continué à vivre comme bon lui semblait, payant la police au besoin. Je suis presque sûre que beaucoup sont convaincus que si la mort venait les frôler, ils pourraient glisser quelques billets à la Grande Faucheuse pour y échapper. Quant aux autres, la plupart sont des victimes consentantes qui n’ont finalement que ce qu’elles méritent. Je suis dure, mais je trouve un peu facile pour toute cette autre partie de la population de systématiquement mettre en avant son manque avéré ou supposé d’éducation pour feindre d’ignorer les injustices qui les accablent, continuer à soutenir leur médiocre  « leader » local (surtout s’il prie comme eux la Sainte Vierge) et ne pas se rebeller. Surtout dans une zone comme l’Antioquia medellinois où le risque d’ouvrir sa bouche est moindre que dans d’autres secteurs colombiens.

 

 

HOMMAGE GUATAPENSE AU MOUTON,

SYMBOLE  DU « C’EST COMME VOUS VOULEZ ! »

 

 

Jeudi 13 août : pour relancer l’économie, les parlementaires viennent d’avoir une idée géniale ! Transformer les 18 WE fériés de 3 jours des années 2021 et 2022 en ponts de 4 jours ! Sur les réseaux sociaux, les gens qui n’ont pas travaillé depuis 5 mois et crèvent la dalle faute de percevoir des aides sociales, demandent s’il ne serait pas plus utile de donner du travail aux gens plutôt que des vacances. C’est pas con … Mais la Colombie d’en haut n’y a pas pensé. D’ailleurs, les chefs d’entreprises aussi sont très fâchés : la plupart sont sur le point de mettre la clef sous la porte et l’idée de devoir fermer 18 x 4 jours ou payer double leurs salariés 72 jours par an, dans les années à venir, ne les satisfait guère. Perso je trouve l’idée totalement emblématique du pays : relancer l’économie par les jours fériés (sous-entendu par la fête, l’alcool et la musique) :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: 

 

 

Dans mon esprit restera à jamais gravé cette phrase que m’enseigna la pandémie : « Je pensais que les pauvres sortiraient pour prendre d’assaut et voler dans les marchés à cause de la faim, mais ce sont les hommes politiques qui sont sortis pour voler l’argent des pauvres  » (en référence à tous les contrats truqués signés soit disant pour aider les pauvres et dont l’argent a fini dans les poches des plus riches)

 

 

Vendredi 14 août : tiens ! On va rigoler 2 fois cette semaine ! Nouveau « pico y cedula » ! Cette fois nous avons 2 images publiées en même temps mais qui ont le bon goût de se contredire. Voilà, voilà … On est administré par des dingues … 

 

 

 

Samedi 15 août : étrange, on n’a pas vu passer la Sainte Vierge … le jour de sa fête … ça m’inquiète !

Finalement, j’ai décidé que cette histoire de « pico y cedula » ne me concernait plus. Je reste chez moi pour éviter de me contaminer, mais dorénavant je sortirai au village quand bon me semblera. Je ne respecterai plus des règles qui ne veulent rien dire. Du coup, j’entraîne Jérôme et Charles déjeuner chez notre amie Adriana. On est trop des fous !!!

 

 

EPISODE 19 –

5 MOIS DE CONFINEMENT PLUS TARD …

 

 

Dimanche 16 août : nous sommes enfermés chez nous, il pleut et la connexion internet qui nous relie au monde a été endommagée par les très gros orages de la semaine. Le confinement, c’est pas toujours drôle, même quand on vit dans une prison dorée. Certes, nous avons conservé notre santé physique, avons limité les pertes financières, poursuivi une vie aussi normale et rythmée que l’enfermement le permet, mais notre joie de vivre en a pris un coup.

 

 

 

 

Lundi 17 août : pourtant, le fait d’être limitée dans ma mobilité m’a finalement moins pesé que je ne le redoutais au début. Nous étions drogués aux voyages, aux rencontres et à l’attrait de la nouveauté. Nous avons découvert une forme de slow life paradoxalement très intéressante où l’essentiel se joue à l’intérieur et non plus à l’extérieur. Nous avions déjà arrêté de courir « à la française » et de consommer « à l’occidentale » depuis que nous vivions en Colombie. Mais cette quarantaine nous a offert la possibilité d’explorer d’autres horizons sans bouger de chez nous, comme la lecture, la peinture, la danse, le jardinage ou … les jeux vidéos. Carlito a su gérer son temps de solitude forcée, ce qui continue à m’impressionner. Il reste que les autres enfants lui manquent et qu’il n’est que trop content quand nous sortons pendant les 2 heures hebdomadaires autorisées pour les petits, avec son copain Sebastian.

 

 

Tu fais quoi quand tu peux sortir ? Je joue à me confiner dans une tente !

 

Mardi 18 août : cette quarantaine nous a aussi appris ou plutôt permis d’approfondir le concept de solidarité. J’ai eu l’occasion de l’expliquer tout au long de ces 5 mois. Un  parcours un peu semé d’embûches, fait de tâtonnements, de remises en question, de déceptions et de sourires. Apprendre à aider ou à donner. Avec tact et générosité, sans rien attendre en retour. Comprendre que certaines personnes n’ont même plus la possibilité de prononcer un merci, tant elles vivent mal leur situation. Apprendre aussi  à se faire arnaquer ou abuser. Sans rien pouvoir faire d’autre que d’en rire. Continuer car de toute façon il y a trop de misère pour s’arrêter au premier écueil…

 

Mercredi 19 août : même si cela peut paraître curieux, je ne regrette en rien d’avoir passé ces 5 mois de confinement à Guatapé. Nous avons eu la possibilité de vivre une expérience différente dans un pays étranger au nôtre. C’est absolument ce que recherche tout véritable voyageur : s’arrêter et prendre le temps de partager le quotidien des locaux. S’arrêter et prendre le temps de comprendre les autres, leurs qualités et leurs défauts, leurs forces et leurs faiblesses. Même si je n’ai pas toujours été tendre avec les colombiens et la Colombie dans cet article, je continue à les porter dans mon coeur, précisément parce que je comprends mieux qui ils sont. Et je les aime vraiment, même quand ils m’énervent au plus haut point !

 

Jeudi 20 août :  5 mois tout juste de confinement qui devrait encore durer au minimum jusqu’au 1er septembre. Je ne veux plus jamais entendre un français se plaindre :mrgreen:

 

D’un point de vue sanitaire, nous en sommes là. Jugez vous-même si la prolongation éternelle de ces mesures restrictives en valent la peine …

 

 

Et au niveau colombien au 19 août 2020

 

On se retrouve le mois prochain (car la quarantaine sera encore prolongée en septembre, nous a officieusement appris le ministre de la santé ce matin 20 août). Je sens qu’on va encore rigoler (jaune) et pleurer (de rage) …!

Hasta lueguito todos !

 

2 pensées sur “La Colombie, le conarovirus et nous : le désastre du mois d’août … (5)

  • 24 août 2020 à 9 h 17 min
    Lien Permanent

    Salut Valérie,
    Je lis avec intérêt et étonnement le feuilleton de votre vie de confinés à Guatapé. C’est assez incroyable on dirait de la science-fiction, tu gardes ton humour avec toutes ces règles qui n’ont ni queue ni tête Bravo
    Comme tu le dis si bien on n’a pas à se plaindre ici en France où il y a du laxisme, comme souvent. Ma fille son compagnon et mon petit-fils sont venus de Montréal au prix de 14 jours de confinement au retour. Ils ont été très surpris par les règles à l’aéroport de Marseille. A part le port du masque (même au passage de la sécurité) rien de plus.
    J’espère que tu vas continuer à alimenter ton blog c’est très intéressant et surprenant d’apprendre ce qui se passe ailleurs avec cette pandémie qui nous gâche la vie. Bon courage et Bises Mireille

    Répondre
    • 25 août 2020 à 15 h 45 min
      Lien Permanent

      Hola doña Mireille ! C’est super sympa de nous suivre et de me laisser un message ! ça me fait chaud au coeur ! Oui les choses sontincroyables, mais on devrait en sortir le 1er septembre. Gageons qu’il y aura encore pas mal de surprises néanmoins hihi grosses bises !

      Répondre

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