Trop dure la carretera australe ?

Chile Chico, Puerto Bertand, Cochrane, Caleta Tortel

 

 

Regardez tout en bas de la carte du Chili. Non, pas là. Un peu plus haut, entre le 48ème et le 47ème parallèle, dans la région des « Aysen » (ice end ?). Le petit point noir sur la carte, c’est nous !

 

 

 

Après la Patagonie argentine, nous voulions connaître le Patagonie chilienne et peut-être essayer de comprendre ce qui a pu pousser des colons européens à venir un jour s’installer dans cet autre bout du monde. Les Aysen, morceaux de terre écartelés entre lacs aux eaux bleues et torrents verts menthe à l’eau. Les Aysen, morceaux de terre coincés entre le Pacifique charriant de lourds nuages noirs et des vents complètement fous et des montagnes abruptes se chargeant de transformer les nébulosités en ondées systématiques. Autant dire que la région ne s’offre pas au premier venu et se mérite quelque peu !

 

Nous savions qu’emprunter la partie sud de la carretera australe ne serait pas de tout repos. Qu’importe, nous étions lassés de cette nature « prête à consommer » que nous avait offert l’Argentine ces deux derniers mois, ces endroits (souvent superbes il faut en convenir) aménagés pour le tourisme de masse où tout est fait pour cantonner l’humain d’un côté de la barrière, le végétal, le minéral et l’animal de l’autre. Ces endroits vendus et revendus comme des « incontournables » de l’Argentine et qui finissent par faire perdre toute âme aux lieux visités.

 

L’avantage de la partie sud de la carretera australe réside finalement dans son principal inconvénient : son état quasi bolivien qui opère un tri naturel parmi les visiteurs. On est bien loin de l’agitation del Calafate ou del Chalten !

 

 

La vraie bonne idée : quitter Chile Chico en longeant le lago General Carrera

 

 

 

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Nous rejoignons le Chili depuis Los Antiguos en Argentine et passons la frontière à Chile Chico. De là, une alternative existe : prendre un bateau pour regagner au plus vite et au plus facile le nord de la carretera australe ou longer l’immense lago Buenos Aires (devenu au Chili lago general carrera) pour (re)partir vers le sud.

 

 

Tout espoir de pouvoir prendre un bateau pour l’île de Chiloé depuis cette partie du Chili s’étant évanoui, nous choisissons de prendre notre temps et de redescendre vers le sud. A Chile Chico, nous rencontrons avec plaisir une famille française que nous ne connaissons pas encore, bien décidée à couper au plus court vers le nord vu l’état de la piste longeant le lac. Le lendemain, une famille belge très sympa nous prévient également de la difficulté de circuler par ici. Gloups !

 

 

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Bon, nous verrons bien. Après le sud Lipez bolivien, plus grand-chose ne nous fait peur. Les 25 premiers kms le long du lac sont effectivement assez remuants, la piste étant en ripio granuleux. Pour autant rien d’insurmontable. Et puis, comme par miracle, elle devient roulante sur les 100 derniers kms, permettant de profiter de superbes vues sur le lac. Nous sommes ravis ! Il y a très peu de monde et nous avons tout le temps d’en profiter !

 

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Plus loin, des champs de lupins fleurissent à perte de vue. Multicolores, ils ont une odeur suave dont les photos ne peuvent malheureusement pas rendre compte. Quel contraste avec l’aridité de l’Argentine ! Ici tout est vert fluo, gorgé d’eau et de fleurs ! Merci la cordillère !

 

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Nous dormons à Puerto Bertrand, minuscule bourgade surplombant un lac vert émeraude. Presque seuls au monde. On est pas bien, là ?!!

 

 

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 Tortel : le village qui se mérite !

 

 

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Contrairement à ce qu’on pourrait croire de prime abord, Tortel n’est pas une bière sans alcool, mais un petit village situé aux confins des Aysen, connu pour ses maisons en bois construites sur pilotis.

 

 

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Tortel

 

 

Et pourtant, gagner Tortel depuis Cochrane est suffisamment long pour que tu te mettes à espérer secrètement que quelqu’un t’attende là-bas si ce n’est avec une Tourtel, du moins avec une bonne bière bien fraîche (ou un thé chaud, rapport à la météo et au froid), histoire de te remettre des 130 kms (x 2 puisqu’il faudra revenir par le même chemin) de piste que tu as parcourus dans la journée (4 heures depuis Cochrane en ce qui nous concerne. 4 heures à se taper le derrière et à s’écorcher les oreilles !).

 

Parce que oui, se rendre à Tortel nécessite un petit effort, la carretera australe étant sous ces latitudes dans un état – au mieux – moyen (ripio granuleux) – au pire – pas très bon (tôle ondulée ou ripio en travaux non stabilisé). Nous y arrivons fatigués et très poussiéreux (comment est-ce possible quand on voit la pluie tomber 48 courtes fois par 24 heures ?!!).

 

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Les paysages traversés compensent néanmoins largement le désagrément de la route, en particulier les vues sur les montagnes, les lacs et les torrents. La végétation est dense et luxuriante, la carretera étant bordée d’églantines en fleurs. Une habitation aux 20 km², on est tranquilles !!

 

Une maison au milieu de nulle part

Une maison au milieu de nulle part

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A Tortel double bonne surprise. Non seulement le village est pittoresque  à souhait (surplombant un lac, il est accroché à la roche par des pilotis et des passerelles en bois qui tiennent lieu de rues), mais nous tombons par hasard sur Sylviane et Serge, un couple de suisses rencontrés l’an dernier en Islande, qui nous offrent … une bière bien fraîche pour Jérôme et un thé bien chaud pour moi ! La vie est belle !  (conclusion : la suite logique d’un voyage en Islande, ce sont les abords du pôle sud hihi)

 

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L’ambiance pluvio-nuageuse accroît encore le caractère mystérieux de Tortel. C’est assez incroyable. Et cela d’autant plus qu’on continue à se demander ce qui a pu pousser des hommes et des femmes à venir s’installer dans des contrées aussi lointaines, isolées, voire inhospitalières … Ici, on vit de la pêche, de l’exploitation forestière et du tourisme (bon, mieux vaut miser sur les deux premiers car en 2 jours nous n’avons pas pu dû en croiser plus de 7, nous inclus). Ici, aucune tentation consumériste : les seuls objets nécessaires à la survie étant une tronçonneuse, un groupe électrogène et une canne à pêche ! Et encore faut-il pouvoir se rendre à la « grande » ville la plus proche (4500 habitants tout de même), qui est Cochrane à 130 kms de piste !

 

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Regardez en arrière plan : il a neigé !

 

 

6 kms de passerelles plus tard, 1572 marches gravies ou descendues, 13 averses et autant d’éclaircies, 5 chiens et un chat roux caressés, nous sommes en mesure d’affirmer que ce petit village du bout des Aysen est un véritable havre de paix pour qui aime les climats pluvieux !

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Nous, nous avons adoré et ce d’autant plus que les passerelles sont bordées d’une végétation luxuriante, les fougères géantes alternant avec les fuchias arbustifs, les chèvrefeuilles, les framboisiers, les calafates, les cassissiers et autres plantes inconnues de nous.

 

 

Alors ? Trop dure la carretera australe ?! A notre avis, pas au point de décourager les motivés à venir jusqu’ici !

 

Nous repartons au bout de deux nuits. Il a neigé aux alentours. Ici le climat n’est pas du tout au courant que l’été débute officiellement dans une semaine. Il fait froid comme lors d’un mois de décembre européen, à une différence notable près : les jours sont trrrès longs ! Qu’il est bon de pouvoir bien se chauffer ! Retour à Cochrane où il fait bien meilleur et où … le Wi-Fi fonctionne bien ! La preuve !

Une pensée sur “Trop dure la carretera australe ?

  • 14 décembre 2015 à 7 h 02 min
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    On dirait que c’est que irréel. Les images nous montrent une paix absolue dans un endroit tellement lointain qu’il me semble quasi inexistant… Qu’elle chance de voir et admirer tout ça!! Gros bisous

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