D’Uyuni à Potosi : la route des couleurs

Potosi

 

Au-dessus du Salar la route pour Potosi s’élève brusquement. Ici le goudron a gagné, mais il n’en faut pas moins passer des cols à 4000 m d’altitude. Nous serpentons entre les curiosités géologiques rougeoyantes – rien de connu ou de déjà vu en France. Le soir approchant, nous décidons de nous arrêter dans un minuscule village en bord de route, Puente Pelca.

 

Au milieu des troupeaux de lamas

 

Nous nous garons dans le lit du rio asséché, pensant passer inaperçus. C’est râté ! Des français dans le village, qui plus est avec leur propre véhicule, c’est presque aussi incroyable que de croiser des extra-terrestres ! Chacun approche du fourgon à distance respectable, regardant du coin de l’œil, observant. N’y tenant plus, les plus curieux, bravant leur timidité, viennent enfin nous parler.

 

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Le prétexte est toujours le même : où sont nos autres enfants ? En Bolivie, avoir un enfant unique – surtout à notre âge – est tout simplement inconcevable. Un premier couple nous explique que leur famille en compte 12. Un autre nous explique que sur l’Altiplano, on ne saurait en avoir moins de 8. Aucun ne comprend pourquoi en France nous nous limitons à 1, 2 ou 3. J’ai bien quelques explications, mais je pressens qu’elles ne les satisferont pas, les enfants étant ici considérés comme une richesse. D’ailleurs les boliviennes portent quasiment toutes sur leur dos, dans un joli et résistant tissu coloré, leur dernier né. A moins qu’il ne soit porté sur le ventre pour qu’il puisse téter pendant que la maman vaque à ses occupations. C’est très joli à voir.

 

 

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Bolivienne des villes

 

A notre tour de nous étonner sur des vies qui nous paraissent rudes. Les maisons sont en briques de terre, le toit en tôle n’est pas isolé. On ne chauffe pas la nuit. Le linge est lavé à la rivière à la main. On ramasse le bois mort pour alimenter la cuisinière. On élève des lamas, des moutons, des chèvres … C’est la vie d’ici. Pire que la notre ? Peut-être, peut-être pas … Ici personne n’a jamais entendu parler des cours de la bourse, de l’Etat islamique, des attentats … Et tout le monde s’en porte bien. D’ailleurs, personne ne doit mettre un réveil le matin pour partir « gagner » sa vie. Le temps s’écoule et nul n’en fait cas…

 

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Tiens ! Voici le berger qui ramène son troupeau de lamas. Nous nous retrouvons à discuter au milieu. Tout va bien. Et où fait-on les courses ici ? Il n’y a qu’une minuscule épicerie qui vend du dentifrice, des bonbons, du fanta orange, des biscuits secs et de l’huile pour moteur. Des ados finissent par nous débusquer du pain. Il n’y a pas de boulangerie car les familles le font elles-mêmes. Inutile de demander des fruits et des légumes (encore moins de la viande, vu la façon générale de la conserver hi hi). Soudain un camion de maraîcher arrive. A grands coups de klaxons, il rameute le village. Jérôme nous rapporte pour l’équivalent d’1,80 euro une énorme papaye, un régime de bananes et un ananas. La Bolivie est l’un des pays les plus pauvres du monde et le coût de la vie est pour nous dérisoire (dans un bon resto on mange un repas complet pour moins de 6 euros. Dans un boui-boui, on déjeune pour 1,20 euro). A la campagne la pauvreté ne saute cependant pas aux yeux car chacun vit plus ou moins en auto-subsistance. Reste quand même le problème de l’accès aux soins, la dentition des villageois en témoignant. Ici celui de l’éducation est réglé : les habitants sont fiers d’avoir une école et un collège où se rendent à pied  chaque jour les enfants des 15 kms à la ronde.

 

Des yeux du Salar à l’œil de l’Inca

 

Le lendemain nous arrivons à Potosi, ancien centre névralgique de l’univers au 16ème siècle et désormais cité décatie. Plus haute ville du monde (4060 m), elle s’accroche sur plusieurs collines. La circulation y est folle (à croire que l’expression « rouler à tombeau ouvert » a été inventée par les boliviens et les argentins 🙄 ) et cela d’autant plus que les pentes sont très très raides, rendant difficiles les démarrages en côte . Nous renonçons et partons pour les termes de Miraflores à quelques kilomètres.

 

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C’est là que nous découvrons un délicieux endroit appelé « el ojo del Inca ». Il s’agit d’un petit cratère de volcan rempli d’eau chaude qui sort du fond. Il nous invite à la baignade dans un cadre fantastique. Le plus bel endroit visité depuis notre départ de France selon moi : farniente dans de l’eau à 35° à 3600 m d’altitude. Le soir, nous campons surplace. Des villageois viennent faire des rituels en offrande à la Pachamama, notre mère la Terre. Des prières, des incantations, des fumigations au clair de lune. Nous sommes dans un endroit sacré. Ce n’est pas pour autant que les villageois en question, après ou avant la cérémonie, se seraient donnés la peine de ramasser les ordures qui jonchent les alentours, comme un peu partout en Bolivie hihi. On adore la mère Terre et pourtant on la souille tant et plus. Curieux paradoxe !

 

 

 

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En contre-bas de la lagune les villageois profitent de l’eau chaude pour laver leur linge. On le fait sécher comme on peut. ici sur la ridelle du camion familial  :mrgreen:

 

 

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Potosi, ancien joyau et maintenant …

 

 

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Changement de décor le lendemain quand nous repartons à l’assaut de Potosi en « colectivo » (petit bus roulant à vive allure) et en taxi. La pollution y sévit, entre les pots d’échappement des véhicules et les émanations de la mine d’argent toute proche. Jérôme qui a du mal à respirer, déteste. Je suis plus enthousiaste. Charles, quant à lui, profite des activités pour les enfants, dont la peinture en plein air. Nous ne visiterons pas la mine car, si des enfants boliviens y travaillent (le travail des enfants est autorisé en Bolivie), le notre est trop petit pour avoir droit de la visiter … Cherchez l’erreur …

 

 

 

 

Charles profite des activités en plein air :

 

 

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La mine d’argent :

 

 

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Une pensée sur “D’Uyuni à Potosi : la route des couleurs

  • 22 septembre 2015 à 13 h 05 min
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    Allez, il est l’heure de reprendre le boulot, toujours magnifiques photos, Charles a bien grandi, quels souvenirs magnifiques dans sa petite tête d’enfant ;-). Ca doit faire un bien fou de se lav.. euh non de se baigner dans cette eau chaude, bah voilà Charles a pu prendre son bain sans gaspiller l’eau, lol gros bisous à vous 3 et continues comme ca, on ne se lasse pas d’avoir de vos nouvelles et de vivre en photos et récits vos si belles aventures 🙂

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