10 jours en demi-teinte dans le Chiapas

Cañon del aguacero, Cañon de Sumidero, Tuxtla, San Cristobal de las casas, San Juan Chamula, Palenque

 

Alors voilà, autant l’avouer d’entrée, le Chiapas, nous sommes un peu passés à côté … La faute à pas de chance essentiellement, mais qui nous a un peu laissé sur notre faim … Mais je crois aussi que notre moyen de voyager n’était pas super adapté au terrain …

 

 

Une entrée en matière déconcertante

 

 

Comme je l’ai écrit dans le précédent article, après des heures et des heures de fatigante route de montagne depuis le Oaxaca, nous voici donc foutus à la porte d’un pueblo de montagne par un très aimable chef indigène hostiles aux gringos-contaminateurs-potentiels-de-covid et contraints à passer notre première nuit dans une délicieuse station Pemex en bord de route au fin fond des montagnes précédant la vaste et peuplée capitale Tuxtla de Gutierrez. Et quelle nuit ! Je vous laisse imaginer…

 

 

Nuit pourrie, réveil pénible

 

 

Le chef indigène s’étant montré très  pointilleux quant aux risque de contagion par covid de sa communauté (ce que je ne conteste pas sur le fond), je m’attendais donc à des mesures drastiques dans le Chiapas. Première surprise : les affiches présentes un peu partout et indiquant à tous que « le virus existe vraiment et qu’il tue ». Etrange, vous avez dit étrange … Deuxième surprise : l’absence de port généralisé du masque dans la rue. Ultime surprise : lorsqu’un guide local nous apprend que le Chiapas a été  globalement peu affecté par le conarovirus et que ses habitants, souvent hostiles au gouvernement fédéral, ont initialement vu dans l’histoire du virus un problème politique plus que sanitaire, affichant d’abord une certaine défiance contre les mesures imposées par le Gouvernement central.  Pour autant, l’épidémie continuant, les habitants se sont progressivement mis à se masquer (ohé ! ohé !) dans la rue, comme dans les magasins, sans que personne n’agresse ceux souhaitant continuer à respirer librement en extérieur. Par politesse et sens civique, nous avons donc généralement gardé nos masques sur le museau, sauf quand nous étions seuls en campagne ou dans une rue

Biiiien ! Comme dirait notre bon Président colombien

Après la pluie, le beau temps

 

 

C’est l’histoire d’un cañon bouché par des ordures …

 

Cette entrée en matière dans le Chiapas a finalement été assez représentative du reste de notre séjour. Rétrospectivement, je crois pouvoir dire que j’ai aimé le Chiapas davantage pour ses paysages que pour ses habitants farouches, dont la relative distance et froideur contrastait avec la gentillesse sans chichis des habitants du Oaxaca. Aucune critique là-dessus, mais pour nous qui aimons discuter en espagnol avec les gens, il n’était pas possible de briser la glace en quelques jours avec les habitants des communautés indigènes rencontrées. Nous étions pour eux des clients un point c’est tout. Alors, nous le sommes restés malgré nous. 

 

Bref… Au réveil de notre première nuit, nous mettons le cap sur un endroit que nous avons beaucoup apprécié : le cañon del Aguacero, un magnifique endroit un peu isolé. Tellement isolé, que les 3 kms de piste pour y arriver nous paraissent une éternité et que le demi-tour juste avant  l’entrée « piste noire » du site (à ne pas prendre en camping-car, malheureux ^^), nous donnerons quelques sueurs froides. Sueurs froides vites réchauffées par les 720 marches d’escaliers à descendre pour aller se baigner dans une rivière délicieusement chaude et propre, admirer une jolie cascade et remonter par le même chemin. Un instant au Paradis !

 

 

 

 

Emballés par cette première visite, nous décidons d’organiser une visite au majestueux cañon de Sumidero (le plus connu du Chiapas) pour le lendemain. Petit souci, à cause du covid, la route panoramique le surplombant est fermée (je ne vois pas le rapport, mais bon … pensée magique politicienne sûrement). Nous nous pointons donc à l’un des embarcadères en fin d’après-midi, mais il est trop tard pour se lancer dans une visite par bateau. Chance malgré tout, les lancheros acceptent que nous passions la nuit sur leur parking, nous évitant le Walmart de Tuxtla. C’est impeccable : nous dormons comme des loirs, trop heureux de profiter de cette aubaine hihi.

 

 

Bien calés devant les lanchas

 

 

Le lendemain, le covid a disparu. S’il sévit comme un fou sur les crêtes du cañon, en revanche, sa dangerosité n’existe plus au niveau de l’eau ! C’est ainsi que nous nous retrouvons entassés à 40 dans un bateau, sans aucune distanciation, pour visiter les 30 kms de cañon. J’avais hésité à faire cette excursion dont le principe me déplaît en tous points : groupe de gens + bateau à moteur bien polluant + risques de déranger la faune par le bruit et les vagues. Mais comme la route était fermée, nous n’avions pas  trop le choix. Rétrospectivement, je ne regrette pas de l’avoir faite, mais pour des raisons inattendues. 

 

 

Avec le mouchoir sur la bouche

 

 

Le bateau file à toute vitesse, s’arrêtant uniquement aux endroits stratégiques. Honnêtement, le site est superbe. 

 

 

 

Pourtant, au fur et à mesure que nous avançons, le bateau perd en vitesse. Retardé par l’obligation qu’il a de se frayer un chemin parmi les monceaux d’ordures qui flottent à la surface de l’eau. Je n’ai jamais vu ça. Même pas au Panama. C’est écoeurant et révoltant. Le lanchero nous indique que les eaux de pluie drainent les poubelles des communautés indigènes avoisinantes. Mais quelle tristesse et quelle honte, encore une fois, qu’une volonté politique forte n’existe pas pour lutter contre ce fléau. Au-moins, la leçon de respect de l’environnement se fait toute seule et chacun dans le bateau prend conscience d’un problème effrayant. Finalement, ce tour aura permis de confirmer tout ce que nous apprenons à Carlito sur ce thème. 

 

 

Un croco au milieu des déchets

 

Je ressors donc un peu mitigée de ma visite. J’aurais envie de vous dire de boycotter cet endroit tant qu’il ne sera pas redevenu propre, mais, je me dis aussi, qu’en mettant la pression sur les lancheros qui ne pourront bientôt plus y naviguer, est peut-être  une conduite aussi valable…. A vous de voir … 

 

 

 

 

San Cristobal de las casas, la belle

 

Le tour fini, nous reprenons la route pour San Cristobal. Difficile d’y trouver un endroit pour dormir à proximité du centre. D’une part, les nombreux revendeurs de carburant volé ne donnent pas trop confiance pour s’arrêter n’importe où, ensuite les potentiels « campings » du coin (si on peut dire) sont soit fermés soit en travaux. Certes, il serait possible de camper vers la grotte de Nuevo Rancho, mais c’est à 14 kms du centre. Or, nous voulons visiter la ville le soir et rencontrer une famille française de voyageurs. 3 nuits durant, nous élisons donc domicile sur le parking de la Pemex (ambiance musicale diurne et nocturne assurée hihi) proche du Walmart ou sur le parking de celui-ci. Nul ………… Et vous connaissez l’histoire : quand on dort mal, dans le froid et sans confort, plusieurs nuits d’affilée, on devient vite de mauvais poil, ce qui jette une ombre sur l’appréciation des choses.

 

 

Au-dessus des nuages avant de revenir à une réalité plus prosaïque

Un bivouac fameux

 

 

Néanmoins, nous sommes très contents de rencontrer Véronique, Arnaud, Sarah et Thomas, une famille de voyageurs français confinés 8 mois au Pérou et enfin libres ! Nous partageons avec eux un « Free city walking tour » , accompagné d’un super guide, qui nous fait visiter toute la ville avec enthousiasme.

 

 

 

 

Nous sommes ravis de partager de bons moments ensemble, tout comme les enfants. Enfin ! Ces 6 mois de confinement colombien ont laissé des traces sur nous et nous ont rendu avides de rencontres et de liberté !

 

 

A San Cristobal, malgré le froid, j’ai tout aimé : l’immense grotte de Nuevo Rancho que nous avons visité un matin, la ville coloniale, la bouffe, l’artisanat … Tout ! C’est hyper touristique, mais nous nous y sommes sentis bien malgré nos mauvaises nuits (c’est dire hihi).

 

 

Je regrette uniquement l’approche superficielle que nous en avons eue. J’aurais apprécié apprendre de la bouche d’une habitante pourquoi celle-ci, comme toutes les femmes de son ethnie, portait une grosse jupe en laine d’agneau, très encombrante et très poilue. J’aurais aimé qu’on m’explique les symboles brodés sur les tissus ou les rites mystiques pratiqués dans l’église de San Juan Chamula que nous allions visiter le surlendemain. Mais les indigènes ne s’ouvrent pas facilement… Je suis donc restée sur ma faim de ce point de vue (bien que notre guide du City Tour ait répondu à mes questions).

 

Une tunique en poils d’agneau : ça peut aussi servir pour remplacer au pied levé Chubaka

 

Néanmoins, reconnaissons que ce n’est pas l’accueil distant des habitants qui nous a fait quitter San Cristobal, mais l’inconfort de notre bivouac walmartien. 

 

Avant de rejoindre Palenque, nous partons tout de même visiter l’étrange église de San Juan Chamula. Les photos de l’intérieur y sont interdites, alors imaginez seulement une église sans aucun banc, dont le sol est jonché d’aiguilles de pins fraîches. Le long des murs sont rangés de très nombreuses statues de saints chrétiens, Saint Jean-Baptiste remplaçant le Christ dans le choeur. Devant ces statues brûlent des milliers de cierges, noircissant les murs et les voûtes. A terre des groupes d’indigènes brûlent d’autres bougies, récitant des litanies dans une atmosphère enfumée suffocante. Des coqs attendent d’être sacrifiés dans des rituels christianos-chamaniques. Incroyable !!!

 

 

Un étrange cimetière

 

 

Palenque et nos petits déboires agaçants …

 

(Oui je sais, il y a des gens qui meurent de faim dans le monde et d’autres du conarovirus et d’autres qui n’ont qu’un oeil et d’autres qui sont tellement plus malheureux que nous bien qu’ils aient 2 yeux et 2 jambes…. Mais des fois, quand ça veut pas, c’est agaçant quand même ^^) 

 

Je ne sais pas si nous nous sommes pris le mauvais oeil à San Juan Chamula, mais la suite du périple n’est pas allée de soi ^^.

 

Première étape : rejoindre Palenque depuis San Cristobal. Pour ce faire, nous avions 2 solutions. Prendre la route directe reliant les 2 villes via Ocosingo. Ou repasser par l’autoroute via Tuxtla et Villahermosa. 3 considérations nous ont fait écarter la première branche de l’alternative, pourtant plus courte en kms. La première, c’est que j’avais lu le matin même du départ que … 382 topes (dos d’âne) jalonnaient un parcours d’environ 200 bornes. L’horreur absolue avec un camping-car ! La deuxième, je savais via Ioverlander que beaucoup de barrages sont dressés sur cette route par les indigènes pour rançonner un peu ou beaucoup les automobilistes. Enfin, j’avais lu ce témoignage datant de 2019 d’un couple de touristes pris en otage pendant 3 jours, qui avait achevé de nous convaincre de ne pas prendre cette route et de faire le tour. Ce que nous avons fait. C’était une bonne option puisque l’autoroute était sécurisée et sans aucun tope. Disons que nous nous félicitions de notre choix, avant qu’un accident ne nous contraigne à remonter plus au nord que Villahermosa pour le contourner et de passer une nouvelle horrible nuit dans une station Pemex (je vais écrire un guide, ne vous inquiétez pas : « Nos plus belles nuits dans les stations Pemex d’Amérique du Nord« , préfacé par le bonhomme Michelin en personne).

 

 

 

 

Le lendemain, nous arrivons enfin à Palenque et trouvons un endroit sympa pour passer la nuit (la cour de l’hôtel Nututun en bord de rivière). Les prix sont un peu exagérés, mais on ne va pas chicaner après les nuits que nous venons de passer. C’est tellement sympa que nous passons l’après-midi en bord de rivière.

 

 

 

Lundi 21 décembre. C’est le solstice et le début des vacances. Comme des couillons, nous jetons notre dévolu sur la visite des ruines mayas de Palenque (nous sommes venus pour ça). Covid obligeant, le site limite l’accès à 600 personnes par jour et à 2 entrées : une à 10h et l’autre à 12H30. Ce qui n’aurait dû être qu’un plaisir se transforme alors en galère monstrueuse : nous patientons d’abord 1H45 avant de passer le premier guichet … permettant d’accéder au second guichet. Au second guichet, on nous annonce qu’il nous faudra attendre le tour de 12H30 pour faire la visite. A 12H30, après des galères pour garer le CC, il y a encore 20 mns de queue pour rentrer en tant que piétons. Bref, voilà 4 heures que nous patientons, et comme tous les gens présents sur le site, nous sommes excédés +++. Pour des raisons sanitaires, le site concentre toute la foule au même moment et au même endroit.  Alors que c’est évidemment l’inverse qu’il aurait fallu faire. Nous sommes entassés, même dans le site, où la circulation se fait à sens unique et où la visite des temples est interdite. Bref, c’est la première fois au Mexique que j’accroche aussi peu avec un site archéologique pourtant très beau. 

 

 

 

 

La seule chose qui sauve un peu notre après-midi est la petite cérémonie chamano-maya  organisée par une poignée d’individus. C’était chouette de les voir danser et se brancher sur les énergies. 

 

 

 

Je ne sais pas si c’est l’influence des danseurs, mais nous ressortons du site sans la colère accumulée plus tôt. Pour ne pas rester sur une mauvaise journée, nous partons l’achever au pied de la magnifique cascade de Mihol-Ha. Sur le parking de laquelle nous passons une douce nuit. Formidable ! J’en aurais bien visité d’autres, mais la plus connue, dite de Agua Azul nous a été déconseillée en raison de la couleur actuelle des eaux plus maroncitas que azulitas. Les autres sont sur des pistes et nous ne voulons plus faire de pistes avec le CC. Trop pénible pour le véhicule, comme pour nous. Tant pis ! On reviendra un jour, autrement !

 

 

 

 

Je m’apprêtais à partir en excursion au site de Yax-Chilan (à environ 150 bornes) avec un tour operator, quand le sort en a décidé autrement. Curieusement, la ville de Palenque n’a que 3 distributeurs bancaires. 2 d’entre eux étaient hors-service quand j’ai voulu m’en servir, le 3ème était assailli par une file de 68 personnes (je les ai comptées), m’obligeant à patienter une demi-journée pour retirer de l’argent, à condition que le distributeur en question prenne ma CB (ce qui n’est pas forcément les cas partout au Mexique). Sans argent liquide, pas d’excursion. J’ai dû renoncer alors que j’aurais adoré me rendre sur ce site. Punaise, quand ça veut pas, ça veut pas !!!

 

 

Du calme les gars !

 

Nous nous sommes alors rabattus (mais avec joie) sur l’excellent refuge animalier Aluxes. Il sauve les animaux sauvages et mérite vraiment d’aller s’y promener. Le site est immense. Nous en avons fait le tour en 3 heures. Les cages sont belles et bien entretenues. Les animaux paraissent bichonnés. Le top ! C’est sur cette note positive que nous avons achevé notre court séjour dans le Chiapas.

 

 

 

 

C’est sûr, nous y reviendrons. Mais dans un autre véhicule, plus adapté aux routes et à leurs aléas. En espérant pouvoir entrer davantage en contact avec des habitants un peu énigmatiques …

 

 

 

 

 

 

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